Matthieu 5.1 à 2.
Jésus monte sur LA montagne et va annoncer les Béatitudes
Je ne vais pas faire ici un commentaire sur les Béatitudes. Je vais me situer en amont du texte, simplement sur les deux premiers versets cités dans le titre de cette réflexion.
Jésus voit la foule. Elle devait être dense, alors il s'éloigne un peu, comme pour rester seul et prendre de la distance. Il monte sur la montagne. A noter que l'auteur n'a pas dit : une montagne,
mais la montagne. Non pas une montagne quelconque, mais bien la montagne désignée. Elle ne peut être que celle de Dieu. Gravir la montagne, c'est se préparer à rencontrer Dieu. Alors cette montée
nous invite à faire de même ; la faire nôtre. Gravir lentement la montagne et lire, méditer puis s'imprégner des Béatitudes.
Il nous faudrait monter sur la montagne pour que l'Esprit nous pénètre de la profondeur du texte. Bien sûr nous ne pouvons pas trouver facilement une montagne à gravir . Alors dans notre coeur
commençons une ascension spirituelle en relisant ces lignes magnifques, lentement, au rythme de celui qui entreprend réellement la montée. Oui, afin que ces mots deviennent vie en nous.
"Heureux..." Chouraqui a traduit par : " En marche...." exprimant bien l'idée d'un
mouvement, d'une mise en route spirituelle. Gravir nous met en route.
Rentrons maintenant dans le texte.
Laissons comme les disciples, Jésus s'avancer seul devant. Il prend du recul car la foule est immense, et il doit demeurer seul en prière avec son Père. En union intime avec son Père Céleste avant de
prononcer ce discours d'une si grande beauté. Laissons le temps à Jésus de se séparer du bruit des hommes, laissons- nous le temps de nous approcher de lui. Montons à notre tour en nous écartant de
la cohut, et en faisons silence nous aussi derrière Jésus. Gravissons en priant à notre tour, en communion avec Jésus. Le texte des versets 1 à 2 est très court, mais dense dans les non-dits.
Les disciples attendent que Jésus soit assis pour s'approcher de lui. Ils le rejoignent une fois assis. Il l'ont laissé monter seul devant. Savaient-ils ce que leur Maître allait faire sur la
montagne ? Aller sur la montagne, dans tout l'Ancien Testament, c'était pour rencontrer le Dieu Vivant. Peut-être avaient -ils compris, les disciples, en laissant Jésus s'avancer seul pour qu'il
puisse prier. Derrière lui priaient-ils aussi ? La foule priait-elle ? Mais Jésus avait besoin de prendre de la distance, d'être séparé un instant.
Lorsque nous animons un culte n'est-il pas bon de nous éloigner un moment pour nous immerger dans la prière avant d'annoncer la Parole ? C'est aussi une ascension en silence pour se remplir de la
présence de l'Esprit avant d'ouvrir la bouche en chaire.
Mais Jésus ne s'agenouille pas ; il s'assied. Le face à face va commencer. Jésus est assis devant la foule. Il va parler à cette foule qui l'a suivi. Les disciples sont là tout près, certainement
entre Jésus et les gens venus sans savoir ce qui allait se passer. Un profond silence a du s'installer. Tous s'ouvrent à l'imprévu, l'mprévu de Dieu. Le silence est ouverture. Le coeur et l'esprit
deviennent disponibles, attentifs. Au sommet de la montagne des paroles suréalistes vont être prononcées. Des paroles incompréhensibles, inaccessibles sauf aux coeurs régénérés. Jésus ouvre la bouche
et casse le silence. La foule et les disciples vont accueillir les Béatitudes qui vont tomber dans un écrin de silence. C'est dans le silence et le calme que nous pouvons accueillir. Il nous faut
agrandir l'espace de nos silences pour recevoir la Parole de Dieu. Parole qui nous bouscule, qui nous dépasse et nous change. Jésus ouvre la bouche pour les enseigner, pour nous enseigner.
Ecoutons ce que Jésus va nous dire. Ces Paroles nouvelles, révolutionnaires prononcées par Jésus vont certainement les mettre en marche et nous aussi.
Quant à la première et la dernière des Béatitudes, remarquons qu'à l'inverse des autres qui sont libellées au futur, elles sont conjuguées au présent. Elles encadrent le texte ; elles l'entourent.
Voici donc une certitude et une réalité annoncées pour notre présent.
Ce matin, dans le silence du jour qui se lève sur cette humanité à la dérive, laisons-nous envahir par les Paroles des Béatitudes afin qu'elles illuminent nos vies dans la noirceur de nos jours
présents.
Claude Albano