Que ta volonté soit faite

 

 

 

 Que ta volonté soit faite

       comme au ciel sur la terre

             Matthieu 6 : 10       

 

Introduction :

 

L’exemple de prière que le Seigneur nous a laissée, au début de son ministère, résume les requêtes essentielles de nos besoins. Chaque humain cherche sur cette terre à se frayer un chemin heureux. Le parcours est parsemé d’épreuves, de déceptions et d’accidents de toute nature. Le chrétien, fort justement, n’échappe pas à cette règle. Toutefois, il a l’immense avantage de pouvoir s’appuyer sur les promesses de Dieu. La prière est le moyen de communication qui lui donne la possibilité d’exprimer concrètement tout ce qui construit une relation affective forte  et heureuse. En nous laissant un repère précis, le Seigneur Jésus nous a ouvert une voie ascensionnelle vers le but de l’existence.

Cette prière, répétée le plus souvent à l’envi, nécessite au préalable une réflexion. Il importe de savoir ce que chacun met derrière la formulation des mots prononcés. Avec tout le respect que nous pouvons avoir pour d’autres religions, notre conception de la relation à Dieu ne s’apparente pas à des moulins à prières. D’un point de vue humain, les redites  ne construisent pas une relation.  Sans une expression de cœur qui engage une adhésion aux promesses de notre Père céleste, nos prières peuvent rester vaines. Ainsi, après avoir défini Dieu comme un Père, le Christ nous conseille de reconnaître son autorité bienfaisante dans nos quotidiens (cf. « que ton nom soit sanctifié »). Puis, il rajoute le désir d’être ardemment en sa présence, aujourd’hui, demain, jusqu’à l’établissement de son royaume (cf. « que ton règne vienne »). Ensuite,  le Seigneur définit dans quel état d’esprit, il importe de bien se positionner : « que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » v. 10 ou « que ta volonté advienne sur la terre comme au ciel » idem. N.B.S, ou encore, « fais se réaliser ta volonté sur la terre à l’image du ciel » idem. TOB. Enfin, très littéralement : « (que) soit réalisée ou qu’arrive ta volonté comme dans le ciel, aussi sur la terre ». 

Essayons d’approfondir cette troisième requête.

 

Développement :

 

Comme à notre habitude, essayons de préciser les mots-clés de cette demande. Si le mot volonté ne pose pas problème, examinons le sens du verbe qui l’introduit.

 γενηθήτω = impératif aoriste = arriver. Venir à l’existence, comme naître (cf. Romains 1 : 3 ; 1 Corinthiens 15 : 37).  En bref, c’est tous les évènements qui arrivent ou se produisent, comme l’arrivée d’une tempête, ou celle du jour (Cf. Marc 4 : 37 ; Luc 4 : 42). Notons que les deux premières demandes ont le même temps. Ce temps indique que l’action est ponctuelle. Elle ne s’inscrit pas dans la durée. Elle a besoin d’être renouvelée. On retrouve chez Matthieu le  même verbe avec  cette même forme (cf. Matthieu 8 : 13 ; 9 : 29 ; 15 : 28). Que faut-il déduire de cette observation ?

Il s’agit bien du présent de la relation entre Dieu et nous dans un climat de confiance.

Là, plus précisément, c’est la volonté de Dieu que l’on veut voir arriver sur nous. La traduction classique « que ta volonté soit faite »  peut prêter à confusion. On peut l’entendre comme un présent passif qui renvoie à une soumission quotidienne, avec une bonne dose de fatalisme. Le « inch’ allah ! » traduit bien cette réalité. Ou alors, on verse dans une autre forme de soumission par le biais d’une obéissance méritoire et salvatrice.

 

Première observation : notre demande est centrée sur Dieu et non sur nous.

 

 « Qu’arrive ta volonté » c’est être solidaire du plan de salut conçu par Dieu. Cette demande complète la précédente. Elle dit notre désir de voir l’accomplissement du projet de Dieu se réaliser complètement et définitivement. La suite du texte donne du crédit à cette explication. Il s’agit bien là d’une demande de notre part, mais il n’est donc pas question d’être (dans une première lecture) dans un schéma d’obéissance. Ici  s’exprime notre souhait  d’être en harmonie avec Dieu.

 

Deuxième observation : Le Christ met l’accent sur la puissance d’intervention positive de Dieu.  L’épisode de Gethsémané éclaire la formulation du « Notre Père ». La même expression est employée. Le Seigneur, par son témoignage, montre qu’il est moins dans le domaine du faire (cf. obéissance) que dans celui de réaliser le grand projet de son Père  (cf. Jean 4 : 34 ; 5 : 30 ; 6 : 38-40). A ce moment crucial, le Seigneur demande « Que ta volonté soit faite » Matthieu 26 : 42. Jésus-Christ veut qu’en cet instant ultime du combat spirituel, ce soit la volonté du Père qui se réalise. C’est le total dépouillement de l’humain pour laisser place à l’action divine. C’est l’œuvre de salut du Père qui doit se produire en Christ à ce moment précis. Son obéissance n’est que le moyen de permettre la réalisation du projet de son Père.

 

Troisième observation : Demander « que ta volonté arrive », c’est prendre conscience que c’est lui qui produit cette œuvre de salut en nous, et non nous qui l’obtenons par notre obéissance. Et, quand le Seigneur présente cette prière à ses disciples, c’est aussi pour les inviter à voir l’accomplissement de son œuvre de salut totalement accomplie (notons que si Luc fait l’impasse de cette demande, c’est peut-être parce qu’elle est sous-entendue).

Ainsi, il y a  harmonie entre les trois requêtes qui concernent nos sentiments les plus forts vis-à-vis de Dieu. Cette harmonie nous plonge dans la reconnaissance de la souveraineté du Créateur. Elle est totalement indépendante de la volonté des hommes. Dieu engage son autorité. L’accomplissement de ses promesses n’est pas conditionnel à nos bons vouloirs. Esaïe l’a explicité : «  L’Eternel des armées l’a juré, en disant : oui, ce que j’ai décidé arrivera, ce que j’ai résolu s’accomplira » Esaïe 14 : 24. Et, ailleurs, « Je suis Dieu, et nul n’est semblable à moi. J’annonce dès le commencement ce qui doit arriver, et longtemps d’avance ce qui n’est pas accompli ; je dis : mes arrêts subsisteront, et j’exécuterai toute ma volonté » Esaïe 46 : 9-10.

Redisons-le encore une fois : tous les grands axes du plan du salut sont totalement indépendants des comportements humains. Que l’on accepte cette volonté ou pas, rien, ni personne, ne pourra changer quelque chose à la programmation du salut de notre humanité. Pourquoi ? Tout simplement parce que la Parole de Dieu est engagée.

 

Cette préséance divine doit être reconnue avec humilité dans nos vies. La célèbre formule de l’apôtre Jacques «  si Dieu le veut » a, à cet endroit, toute sa place. (cf. Jacques 4 : 13-15)

Cette reconnaissance va bien dans le sens des trois premières requêtes de l’homme face à son Dieu. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’elle engage totalement notre foi au Père, même et surtout si sa volonté nous est incompréhensible… Où serait la foi si nous avions le discernement de sa volonté à chaque instant !

Dès lors comment la comprendre ? Essayons d’esquisser un itinéraire comme un parcours sportif de santé.

En préambule, remarquons que la recherche de la volonté de Dieu dans son propre chemin est la quête la plus difficile qui soit. Elle requiert beaucoup d’humilité et de patience. Car soyons honnêtes ! Qui peut affirmer établir une nette démarcation entre sa volonté et celle de Dieu ? Comment détricoter la nécessaire confiance en soi et celle que nous vouons au Créateur ? Toute notre existence est ponctuée d’imprécisions concernant les différences claires et nettes entre ce qui vient de soi et ce que nous identifions venir de Dieu.

 

Approfondissons le sujet : comment comprendre la volonté de Dieu pour soi ?

  1.  Relativiser notre difficulté de compréhension :

La Bible contient de nombreux exemples d’hommes et de femmes qui ont eu beaucoup de peine à saisir du premier coup la volonté de Dieu.

 

L’exemple de Job est significatif. Comment pouvait-il saisir qu’il était le sujet d’un enjeu qui le dépassait (cf. Job 1 : 1-12 ; 10 : 1-10).

 

L’exemple des parents de Jésus : A douze ans, à la fête de Pâque, Jésus fausse compagnie à ses parents. Ils ne s’en aperçoivent qu’à la fin de la fête. Croyant qu’il fait partie des pèlerins, ils prennent la route du retour vers Nazareth. Ne le voyant pas, ils retournent à Jérusalem et au bout de trois jours, ils le trouvent au temple. Marie réprimande alors Jésus pour l’inquiétude compréhensible qu’il leur a causée et Jésus lui adresse cette cinglante réplique : « pourquoi donc me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? Mais eux ne comprirent pas la parole qu'il venait de leur dire. » Luc 2 : 49-50, version Bible de Jérusalem.

 

L’exemple des apôtres : en regard du prodige de la multiplication des pains, L’évangéliste Marc conclut : « ils  n’avaient pas compris le miracle des pains, parce que leur cœur était endurci  » Marc 6 : 542. De même quand Jésus leur annonce sa mort et sa résurrection, «  ils ne saisirent rien de tout cela ; cette parole leur demeurait cachée, et ils ne comprenaient pas ce qu'il disait. »  Luc 18 : 34, idem Jérusalem. Il en va de même lorsque Jésus entre triomphalement à Jérusalem, ses disciples ne comprennent pas (cf. Jean 12 : 16). Et que dire de la réaction primaire de l’apôtre Pierre à l’instant où Jésus veut lui laver les pieds ! Le Seigneur en grande empathie est obligé de lui dire : « ce que je fais, tu ne le comprends pas maintenant, mais tu le comprendras bientôt » Jean 13 : 7.Version de Genève.

  1.  Faire confiance à une parole donnée par le Seigneur :

L’exemple de l’apôtre Pierre est éclairant sur ce point : « Pierre lui dit : tu ne me laveras jamais les pieds. Jésus lui répondit : si je ne te lave, tu n'as pas de part avec moi  »  Jean 13 : 8, version Darby.  Autrement dit, lorsque nous prononçons les paroles : « que ta volonté soit faite comme au ciel sur la terre » nous faisons acte de foi.  L’important est  moins de comprendre que d’accueillir. Prendre conscience que Dieu, le Père qui nous a donné vie, veut notre bien. Sa volonté s’est clairement exprimée : il nous a créés par amour, et il veut nous conduire dans une relation éternelle (cf. 1 Timothée 2 : 3-4). Mettre toute sa confiance en une seule parole donnée, c’est bien le risque hardi de la foi. La superficialité n’est pas de mise en vraie relation. L’adhésion du cœur, comme dans nos relations amoureuses, est incontournable. L’apôtre Paul : « si, de ta bouche, tu confesses que Jésus est Seigneur et si, dans ton cœur, tu crois que Dieu l'a ressuscité des morts, tu seras sauvé »  Romains 10 : 9, version  TOB.  Accueillir dans sa vie la volonté divine ne concerne pas seulement notre intelligence, c’est avant tout une adhésion de cœur.

Même et surtout si on ne comprend pas tout ce qui nous arrive, le Seigneur nous invite à accueillir la bienveillante volonté de Dieu. Nous avons reçu suffisamment de gage de son amour pour oser persévérer dans une prière confiante (cf. Hébreux 10 : 35-36).

Faisons acte d’humilité et reconnaissons que nous croyons bien faire en agissant d’abord avant de le prier, au lieu de solliciter son aide avant d’entreprendre.

En relation  une parole responsable est engageante : ce que l’on promet doit être tenu. C’est là où la probité divine fait la différence avec le caractère humain. En plaçant notre confiance en Dieu, nous avons moins de risques de nous fourvoyer. Salomon avait raison de dire : « confie-toi de tout ton cœur à l'Éternel, et ne t'appuie pas sur ton intelligence ; dans toutes tes voies connais-le, et il dirigera tes sentiers. Ne sois pas sage à tes propres yeux… » Proverbes 3 : 5-7, version Darby.

  1. La bonne attitude : saisir à pleines mains les promesses divines :

« Vous me rechercherez et vous me trouverez : vous me chercherez du fond de vous-mêmes, et je me laisserai trouver par vous - oracle du SEIGNEUR -»  Jérémie 29 : 13-14, version TOB.

Le Seigneur Jésus a défini ceux et celles qui font réellement partie de sa famille : « Quiconque fait la volonté de Dieu, voilà mon frère, ma sœur, ma mère » Marc 3 : 35, version TOB. Il a aussi dénoncé les faux-semblants, les superficialités : « Il ne suffit pas de me dire: ‹Seigneur, Seigneur !› pour entrer dans le Royaume des cieux ; il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux »  Matthieu 7 : 21, version TOB.

Ailleurs le Christ énoncera un critère important : celui de notre cohérence dans nos demandes auprès du Père : « nous savons que Dieu n'exauce point les pécheurs; mais, si quelqu'un l'honore et fait sa volonté, c'est celui-là qu'il exauce »  Jean 9 : 31, version Louis Segond. L’apôtre Jean confirmera le fait : « c'est ici la confiance que nous avons en lui, que si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute »  1 Jean 5 : 14, version Darby.

Certes, nous sommes les témoins impuissants des dérives aberrantes de notre monde. Les valeurs morales fondent comme les glaciers de l’Arctique. Beaucoup de belles choses disparaissent et meurent (nous y contribuons), sauf la bêtise humaine. Devant ce constat ayons une positive attitude et prenons acte des recommandations de l’apôtre Jean : « le monde s'en va et sa convoitise, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement »  1 Jean 2 : 17, version Darby.

 

Conclusion :

 

Les incertitudes que nous offre notre monde sont trop conséquentes pour que nous négligions ce que Jésus de Nazareth nous a laissé. Il nous a ouvert la voie qui transcende toute considération spéculative sur l’avenir. Sa vie a valeur de repère, ses paroles sont sources de vie :

« car je suis descendu du ciel pour faire, non pas ma propre volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. Or la volonté de celui qui m'a envoyé, c'est que je ne perde aucun de ceux qu'il m'a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. Telle est en effet la volonté de mon Père: que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle, et moi, je le ressusciterai au dernier jour »  Jean 6 : 38-40, version TOB.

Faisons nôtre la belle attitude de l’apôtre Paul :

« Voilà pourquoi, de notre côté, du jour où nous l'avons appris, nous ne cessons pas de prier pour vous. Nous demandons à Dieu que vous ayez pleine connaissance de sa volonté en toute sagesse et pénétration spirituelle, pour que vous meniez une vie digne du Seigneur, recherchant sa totale approbation. Par tout ce que vous ferez de bien, vous porterez du fruit et progresserez dans la vraie connaissance de Dieu » Colossiens 1 : 9-10, version TOB.

                                                                               Jacques Eychenne

 

 

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