Le concept de Liberté

 

 

 

 

 

 Le concept de LIBERTE

              ou

     illusion ou réalité  

              Jean 8 : 36

 

 

Introduction :

 

Parmi les valeurs les plus essentielles à la vie, la liberté occupe une place prépondérante. Elle fonde tous les liens de relation. Ce bien précieux a toujours été au cours des âges l’objet d’aspirations, de luttes, de combats, de guerres.

En fait, la liberté est un concept fondateur de vie. Elle est incontournable si l’on veut viser à l’harmonie et au bonheur pour soi et dans sa relation à autrui. 

La liberté concerne tous les niveaux relationnels :

Il y a la liberté individuelle, la liberté de pensée ou de penser, la liberté civique, la liberté religieuse, la liberté institutionnelle, la liberté économique, la liberté des moeurs etc.…

La liberté est une valeur précieuse qui est à la base de toutes nos actions.

Mais qu’en est-il de la liberté dans le contexte biblique ?

 

Développement :

 

Dans l’Ancien Testament, la liberté est définie comme la victoire de Dieu sur l’esclavage. Elle a pour objet de recréer les conditions nécessaires à la reconstruction d’une relation profonde entre Dieu et les hommes.

Pour illustrer et rendre plus concrète cette définition, l’histoire biblique nous parle de la sortie du peuple d’Israël d’Egypte. Ce passage de la mer rouge nous plonge dans le sens profond de la liberté. Elle est avant tout une sortie de l’esclavage. Elle démontre bien la nécessité d’un passage.

Au-delà du contexte historique, il y a la symbolique de l’enseignement. Elle concerne chaque être humain. Sortir de nos esclavages subis ou construits pour accéder à la vraie liberté. Etre réellement libre n’est pas un chemin pavé de pétales de rose. Ce n’est pas non plus la descente d’un long fleuve tranquille. La liberté  dans son sens complet est le fruit d’une longue quête avec soi-même et face à autrui. Elle se construit au fil du temps.

Sur un plan plus spirituel, c’est l’affranchissement de toutes entraves dans notre relation à Dieu et avec Dieu, puis avec le prochain. Ce sens va se préciser plus tard.

En agissant pour activer un espace de liberté, Dieu a eu pour objectif de recréer les bonnes conditions d’un retour à une saine relation d’amour. A cette fin, son action appelle la confiance dans son projet bienveillant. Esaïe définit bien cette intention : « Ainsi a parlé le Seigneur l’Eternel, le Saint d’Israël : C’est dans la tranquillité et le repos que sera votre salut, c’est dans le calme et la confiance que sera votre force. » Esaïe 30 : 15.

La confiance était et est toujours le lien indispensable pour reconnaître Dieu comme le libérateur. Elle sollicite une adhésion sans réserve : celle du cœur.

 

La Bible présente Dieu comme un libérateur. L’introduction du décalogue est explicite : « Je suis l’Eternel ton Dieu qui t’est fait sortir du pays d’Egypte, de la maison de servitude » Exode 20 : 2.  

Toute l’histoire relationnelle de Dieu avec son peuple à travers les âges est en rapport avec la liberté. (cf. Exode 14 : 14 ; Deutéronome 1 : 30 ; 3 : 22 ; 2 Chroniques 32 : 8 ; Néhémie 4 : 20 ; Esaïe 30 : 32 etc.).  Dieu se fait le champion de la cause des opprimés, des oppressés, des sans défenses.

Dieu engage sa parole :  

- L’Eternel est notre berger (cf. Psaumes 23).

- Il nous précède dans l’action (cf. Ephésiens 2 : 8).

- Comme pour la sortie de notre symbolique Egypte, Dieu combat  pour nous. Il est notre bouclier dans nos combats de tous les jours (cf. Psaumes 18 : 31-37).

 - « Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu »  Romains 8 : 28.

 - De plus, Dieu prend soin de nous en tout et pour tout (cf. Exode 14 : 14 ; 1 Pierre 5 : 7).

On aurait pu poursuivre l’inventaire de toutes les attentions de Dieu, mais je laisse à chacun le soin d’ajuster pour lui-même cette réflexion…

Nous avons été créés libres par Dieu (cf. Deutéronome 30 : 19-20).

En bref, être libre c’est avoir un espace pour exprimer qui on est vraiment. Et cela est essentiel en relation. Viennent ensuite la volonté et la capacité de faire des choix, c'est-à-dire, de se déterminer. Dieu nous a offert  un espace protégé qui nous soit propre.

La symbolique du pays de Canaan a traversé les siècles. Dieu avait pour objectif d’installer son peuple dans un endroit merveilleux et sécurisé. Individuellement, il en est de même. D’ailleurs ne sommes-nous pas en marche vers la Canaan céleste, la terre promise avec sa nouvelle Jérusalem ? (cf. Hébreux 11 : 8-10 ; 13 : 14 ; Apocalypse 21 : 2,10-27).

Ce concept de liberté est donc fondamental pour comprendre le plan positif de Dieu pour l’humain.

Les Français, en publiant le 26 août 1789 la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, n’ont fait que reprendre ce qui était inscrit dans le fond des âges… En effet, l’article premier dit entre autres : « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ». La liberté suppose la possibilité de décision et de circulation.       

Dieu a voulu créer des êtres semblables à lui, c'est-à-dire des êtres libres ayant la capacité de penser et d’agir de façon autonome, indépendante. Mais Dieu a mis en place une relation de désir. Il nous a instillé le besoin de relation. C’est vers elle qu’il nous invite à marcher, car elle est, avec son assistance, bienfaisante (cf. Genèse 1 : 26-27).

La motivation d’amour de Dieu est la première grande explication de la création du monde et du genre humain. C’est un amour qui crée les conditions de la réciprocité et qui s’enrichit dans le partage.

L’Amour est bien fondé sur la confiance. Cette confiance permet d’accueillir positivement la volonté de Dieu. De plus, elle permettait en son temps d’être attentif à l’annonce prophétique de la venue d’un autre Libérateur plus proche, plus accessible, en qui on se reconnaîtrait plus aisément. Voilà pourquoi le Nouveau Testament nous met en présence de ce Libérateur. 

Le Christ est venu pour nous ouvrir la voie. Il a tracé un chemin de liberté. L’apôtre Paul déclare : « Le Christ nous a libérés pour que nous soyons vraiment libres. Tenez bon, donc, ne vous laissez pas de nouveau réduire en esclavage. » Galates 5 : 1,  version en français courant.

Ce n’est donc pas un hasard si le premier grand message du Christ parle de la liberté. L’évangéliste Luc le fait correspondre à une prophétie du prophète Esaïe. Le Christ est venu pour redonner à l’homme sa liberté, (mais pas celle de faire tout, et son contraire). C’est  cette liberté qui permet de se réaliser pleinement dans la joie. Voilà pourquoi le texte de Luc 4 : 14-19 parle de « bonne nouvelle ». Le Christ est le libérateur. Il  s’adresse  à tous ceux et celles qui ont le cœur brisé. Il s’adresse aux captifs sur tous les plans. Il  s’adresse  à tous ceux qui ont du mal à voir la réalité des choses, en particulier celles qui les asservissent. Il  s’adresse à tous ceux qui d’une manière ou d’une autre sont opprimés.

Il répond à toutes nos peurs, nos angoisses, nos préoccupations…

La Bible entend par esclavage tout ce qui nous domine. L’apôtre Pierre confirme : « On est esclave de ce par quoi on est vaincu » 2 Pierre 2 : 19

A quoi sert la vie quand on demeure dans la condition d’esclave ! La liberté donne du sens à notre besoin d’aimer. Que de « mal-êtres » entravent cette progression !

Mais cette merveilleuse liberté, ce prodigieux bienfait entraîne inévitablement une responsabilité. On ne peut impunément passer sous silence cette contrepartie sans risque de tout fausser. 

Une autre version du texte de Galates 5 : 1 dit : « Christ nous a placés dans la liberté en nous affranchissant ; demeurez donc fermes, et ne soyez pas retenus de nouveau sous un joug de servitude ».

Fénelon disait déjà à la fin du 17e siècle : « Dieu fit la liberté ; l’homme a fait l’esclavage ».

Il y a du vrai dans cette formule lapidaire. La liberté est un bien qu’il nous faut gérer. Elle nous responsabilise. Elle nous permet de faire des choix en intégrant le droit à l’erreur. Si donc notre responsabilité est engagée, notre volonté est sollicitée. Il importe donc d’assumer nos choix indépendamment de toutes considérations de circonstance, tant affectives, que morales ou professionnelles.

Etre libre, c’est être responsable. En premier c’est peut-être  apprendre à se respecter… Ensuite, c’est apprendre à se faire respecter, puis enfin accorder aux autres les mêmes possibilités. La pensée centrale du Seigneur : « tu aimeras ton prochain comme toi-même » est sur ce registre.

Disons le sans détour, il y a nécessité pour chacun et chacune d’être volontaire dans le souci de préserver ce bienfait de la liberté. Il conditionne la suite de nos actions de vie. Que de parcours humains gâchés, broyés, amputés, déséquilibrés, pour ne pas avoir eu la force d’affronter la nécessité d’avoir le privilège d’oser des choix. Certes, nous ne sommes pas  tous égaux devant les circonstances de vie, mais l’aide du Tout-Puissant est justement là pour rétablir les équilibres.

Toutefois, les évangiles présentent une liberté conditionnelle. Jean rapporte les paroles essentielles du Christ-libérateur : « Si donc le Fils (de Dieu) vous affranchit, vous serez réellement libres » Jean 8 : 36.

Etre réellement libre, c’est retrouver cet espace qui nous permet de nous repositionner en relation à Dieu et au prochain. C’est accueillir le message du Christ dans son cœur. Lui, le Libérateur a ouvert une nouvelle voie en donnant au concept de liberté un contenu complet.

Cela n’a rien de commun avec les slogans libertaires de notre société sécularisée disant

« Je fais ce que je veux, quand je veux, comme je veux et personne n’a le droit de me contraindre ou de me reprendre ! ».

Cette liberté-là est un leurre, car l’humain est incapable de définir ce qui est bon pour lui. Le témoignage de l’histoire est éloquent !

Cette pseudo-liberté est une plaie, car elle génère la plupart des conflits familiaux, sociaux, internationaux. C’est une gangrène qui mène à  une amputation de liberté.

En fait il y a  2 types fondamentaux  de liberté.

-  Celle qui part de l’homme, celle qu’il s’octroie, celle qu’il se donne.

- Celle qui part de Dieu et qui est transmise par le Seigneur et Sauveur. Elle a été expérimentée concrètement par notre Seigneur Jésus-Christ. Il a vaincu pour que nous soyons libres. Voilà pourquoi ce libérateur est notre référence. « C’est à cela que vous avez été appelés, parce que Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces » 1 Pierre 2 : 21

A quoi sommes-nous appelés ? A quoi sert la liberté ?

« C’est la volonté de Dieu qu’en pratiquant le bien vous réduisiez au silence les hommes ignorants et insensés, étant libres, sans faire de la liberté un voile qui couvre la méchanceté, mais agissant comme des serviteurs de Dieu » 1 Pierre 2 : 15-16

Cette liberté est donc donnée par Jésus-Christ à l’homme pour qu’il se réalise  pleinement dans sa relation à Dieu et au prochain. 

Celle qui part de l’homme est marquée par des pulsions de domination, de pouvoir, d’orgueil et de prétentions. Cette prétendue liberté porte en elle-même les germes de son non-sens et même de sa destruction.    

Celle que Dieu propose est libératrice des maux propres à l’humain.  

Il n’y a pas plusieurs solutions : ou notre liberté vient de l’homme, ou elle vient de Dieu ? Ou c’est le hasard, ou c’est une action qui procède de l’amour ?

On pourrait philosopher longtemps sur le sujet, mais essayons de prendre en compte les conseils pratiques de la Bible.

 

Le principe de base est simple :

  

« Tout est permis mais tout n’est pas utile ; tout est permis mais tout n’est pas constructif, que personne ne cherche son propre intérêt mais celui de l’autre » 1 Corinthiens 10 : 23.

Plusieurs remarques s’imposent : D’abord, tout EST (permis). Les conditions de vie dans le contexte de la liberté ont parfaitement été disposées par Dieu. Mais tout N’EST PAS UTILE. Le verbe συμφερω est traduit dans Actes 19 : 19 par apporter, ailleurs par aider, assister, être utile, avantageux, profitable (cf. 1 Corinthiens 6 : 12 ; 2 Corinthiens 8 : 10 ; hébreux 12 : 10). Autant dire que notre bon sens est sollicité !

La question n’est donc plus de faire à notre guise ce que nous voulons, mais bien plutôt, de réfléchir en fonction des informations dont nous disposons (entre autres dans la Bible) pour discerner ce qui est bon ou pas pour nous.

Ce point de vue est révolutionnaire dans sa conception spirituelle.

Une liberté destructrice de mon espace de bien-être est une contrefaçon de la liberté.

La deuxième question que pose le texte de Paul est centrée sur notre capacité à intégrer l’autre, notre frère ou notre sœur, dans notre espace de vie.

Cette fois, nous sommes  invités à déplacer le centre de gravité de notre propre espace. Esaïe disait déjà en son temps : « élargis l’espace de ta tente » Esaïe 54 : 2a.

 

 

Pourquoi ? Pour nous permettre de vivre l’amour et de nous construire. Oui, nous avons besoin d’un vis-à-vis pour nous réaliser. Cette reconnaissance est porteuse d’espérance… Dieu l’a voulu ainsi, et la psychanalyse le confirme.

 

Pourtant, être centré sur l’autre, mon frère, ma sœur, ne veut pas dire tout accepter sans broncher…  (cf. Galates 5 : 1).

Si Dieu nous donne un espace de liberté, ce n’est pas pour que quelqu’un d’autre vienne le réduire à néant ! Le but est de construire ensemble… Cela sous-tend respect et volonté de partage.

Nous avons le droit et devoir de dire non quand notre espace de liberté, partie intégrante de notre bien-être, est en danger. Il faut oser dire non dans toute relation où l’on nous impose, directement ou pas, inconsciemment ou pas, volontairement ou pas, ce qui est contraire à notre épanouissement. Soyons sur nos gardes, les compromis ne vivent que l’espace d’un matin… « La vie est un bien perdu quand on n’a pas vécu comme on l’aurait voulu »

Eminescu, écrivain roumain.

Savoir dire non, c’est se respecter et respecter le don de Dieu en Jésus-Christ. Savoir dire non, c’est assurément l’apprentissage le plus difficile de la vie.

La Bible présente donc une conception révolutionnaire de la liberté.

Elle renvoie à une responsabilité… Avant de parler des droits, les Saintes Ecritures mettent en avant les devoirs de chacun. C’est pour cette raison peut-être que chacun rendra compte pour lui-même (cf. Proverbes 24 : 12 ; Esaïe 59 : 18).

Cette révolution consiste à placer le devoir avant les droits. L’amour avant l’intérêt. Cela paraît logique puisque la liberté est un don qui ne s’achète pas ! L’enseignement de la Bible va à contre-courant d’une société où l’on parle constamment de droits et rarement de devoirs ou l’homme est un loup pour l’homme.

Mais attention ! Que la liberté ne soit pas un prétexte pour se construire une religion sur mesure. Que cette liberté ne soit donc pas un prétexte pour vivre uniquement nos envies et nos satisfactions du moment, sans réflexion ! (cf. Galates 5 : 13).

La liberté est un espace de vie qui est essentiel à notre présent comme à notre avenir. Cet espace, nous devons le faire respecter et nous devons tout autant accorder le même crédit à notre prochain, celui qui entre dans le champ de notre relation.  

 

Conclusion :

 

Etre libre d’après les évangiles, c’est utilisé un espace pour laisser s’exprimer son espérance et la vivre au présent. Et comme le dit le merveilleux cantique de Racine (opus 11) composé en 1864 par Gabriel Fauré, à l’âge de 19 ans : « Verbe égal au Très-Haut, notre unique espérance ». Chantons-le ensemble… Oui ! Christ est toute notre Espérance. Ecrivant à son disciple Timothée Paul introduit sa lettre par ses mots : « Christ notre espérance. » 1 Timothée  1 : 1. Le Christ a réécrit l’histoire humaine. Voilà pourquoi la joie de la jeune Eglise chrétienne a été toute entière résumée dans le mot Espérance (cf. Colossiens 1 : 27 ; Ephésiens 1 : 18, 2 : 12 ; 1 Thessaloniciens 1 : 3). Soyons des défenseurs appliqués de cette Liberté, mais avec intelligence et respect.   

 

                                                                            Jacques Eychenne

                                                                    

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Actualité

 Liste des 5 dernières réflexions spirituelles

(cliquez sur celle de votre choix).

   

 

 

 

. L'écriture du Seigneur Jésus

. La question du pardon

. Enquête sur le premier    meurtre

. Espérer au-delà    l'espérance

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Version imprimable | Plan du site
© Jacques Eychenne