Il est écrit...

 

 

 

            Il est écrit

               ou

   une parole sur le cœur

     Matthieu 4 : 1-11

 

Introduction :

 

Le premier à avoir écrit un évangile qui porte son nom est Marc. En fait, il s’appelait,  d’après Luc, Jean.  Mais, ses amis l’ont surnommé Marc (cf. Actes 12 : 12,25 ; 15 : 37). Nous ne connaissons pas son père, mais nous savons que sa mère s’appelait Marie et qu’elle habitait Jérusalem (cf. Actes 13 : 13). Marc était cousin de Barnabas ou Barnabé (cf. Colossiens 4 : 10). Il était le fils spirituel de l’apôtre Pierre (cf. 1 Pierre 5 : 13). Quand se sont-ils connus ? Nous l’ignorons.  Mais le lien affectif qu’ils avaient construit explique la  raison pour laquelle Marc rapporte avec précision le témoignage de Pierre sur Jésus. En effet, dès les premières lignes de son écrit, Marc insiste sur une  bonne nouvelle qui vient du Fils de Dieu (cf. Marc 8 : 29). L’évangile de Marc est un récit vivant, centré sur l’action, disant l’essentiel avec concision. Il dévoile les sentiments intimes du Seigneur pour nous connecter avec l’état d’esprit qui l’habitait (cf. Marc 3 : 5 ; 7 : 34 ; 10 : 21 etc.). Mais l’intentionnalité de Marc, dès les premiers mots de son récit, est de repositionner le ministère de Jésus par le biais d’une annonce prophétique (elle se retrouvera dans la confession de foi de l’apôtre Pierre).  Le fait est unique. Ainsi, Marc ne se préoccupe pas de rattacher la naissance du Christ à une généalogie comme Matthieu. Il ne s’attarde pas à nous décrire, comme Luc, la naissance de Jésus. Il n’introduit pas non plus son évangile par un exposé métaphysique comme Jean… Il présente la singularité de renvoyer à l’Ecriture, après avoir affirmé la filiation divine du Christ. Le Christ s’inscrit dans une histoire annoncée par une Ecriture inspirée. Le grand prophète Esaïe est cité : « Commencement de l'Évangile de Jésus Christ Fils de Dieu : ainsi qu'il est écrit dans le livre du prophète Esaïe, voici, j'envoie mon messager en avant de toi, pour préparer ton chemin. Une voix crie dans le désert : préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers »   Marc 1 : 1-3, version TOB.

L’introduction de son évangile attise notre réflexion. Dès lors, à nous de chercher à comprendre le sens profond des propos de Marc…

 

Développement :

 

Assurément, Marc veut nous faire saisir concrètement que le Christ  ne surgit pas de nulle part dans l’histoire des hommes… Son ministère s’inscrit dans une histoire avec un grand H.  D’ailleurs, Marc prend soin de nous dire, de suite, qu’il s’agit de saisir le départ de cet avènement de l’évangile de Jésus-Christ. Dieu a inspiré les prophètes. Ils ont annoncé

la venue d’un Messie… Marc nous dit : il est là, il est ici parmi nous, et c’est le Fils de Dieu. D’ailleurs, Marc prend soin de préciser qu’il rédige l’évangile de Jésus-Christ et non le sien. Cette bonne nouvelle, c’est elle qu’il place en avant comme pour nous dire en secret : « je ne suis qu’un serviteur ». Le titre chapeau - l’évangile de Jésus-Christ -  campe l’état d’esprit et la conviction de Marc. Sans complexe et sans nuances, il pose le fondement sur lequel tout l’édifice chrétien sera bâti…

Marc veut souligner en gras que tout part d’une inspiration divine consignée par écrit. C’est une histoire spirituelle qui avait besoin d’être consignée par écrit, c’est-à-dire, qu’il fallait que l’inspiration, qui venait de Dieu, conserve une trace indélébile, une marque visible à l’œil nu. Pour les humains, ces écrits annoncent un déroulé de l’histoire avec une solution positive. Dieu l’actionne afin de résoudre les difficultés humaines. Tout était déjà écrit d’avance (le Christ affirmera qu’il est venu pour faire, non sa volonté mais celle de son Père cf. Jean 6 : 38). Autant dire, qu’il en sera de même pour la suite de l’histoire de cette planète. Ceux qui croient en l’action bienveillante d’un Père n’ont aucune appréhension à se faire quant à la finalité du projet divin. Elle s’accomplira avec certitude, tout comme s’est accompli le ministère du Christ sur la terre (cf. Actes 2 : 36).

 

Mais revenons à la notion d’écrit ! Le Christ fera sienne cette habitude d’amarrer son enseignement aux écrits qui l’ont précédé. Il aurait pu parler de sa propre autorité, il en avait les moyens et la capacité. Cependant, le Christ, dès le départ de son ministère a mis en avant l’autorité inspirée des écritures.

Que nous apprennent les réponses du Seigneur lorsque, rempli du Saint-Esprit, il fut conduit dans le désert afin de croiser le fer avec son véritable adversaire : le diable. Le Seigneur, venant combattre à notre place l’ennemi héréditaire, a utilisé comme moyen de défense la référence à l’écrit des prophètes. Il aurait pu laisser s’exprimer sa propre parole, il s’est servi d’une arme extérieure à lui-même.

Le tentateur s'approcha et lui dit: « si tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains.» Mais il répliqua : « il est écrit: (plus justement en Grec : il a été écrit) ce n'est pas seulement de pain que l'homme vivra, mais de toute parole sortant de la bouche de Dieu. »  Matthieu 4 : 3-4, version TOB. Observons que ce combat spirituel nous renvoie, comme en Eden, à une situation concrète. Assurément, les aliments qui nourrissent notre corps sont importants, car ils entretiennent la vie. Mais, le Christ fait référence à une nourriture qui transcende le matériel, celle qui permet de se projeter dans une autre dimension et un autre avenir. Devant cet enjeu, dont nous avons parfois mésestimé les conséquences solennelles, le Seigneur a offensivement utilisé l’écrit inspiré, même si ce dernier avait transité par l’humain.

 

La deuxième intervention porte sur notre relation à Dieu : « si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas, car il est écrit : il donnera pour toi des ordres à ses anges et ils te porteront sur leurs mains pour t'éviter de heurter du pied quelque pierre. » Jésus lui dit : « il est aussi écrit : tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu ».  Matthieu 4 : 6-7, version TOB. Observons que dans ce combat spirituel, l’adversaire connaît lui aussi parfaitement les écritures et les utilise  de façons subtiles et fallacieuses. Raison de

plus, pour nous, de bien connaître cette révélation divine. Le Christ veut mettre l’accent sur l’importance de l’obéissance et du respect dans notre relation à Dieu. Là encore le Seigneur déjoue le piège de s’octroyer une quelconque prétention à braver la loi de la pesanteur. Il agira de même à la croix, quand les passants après les injures lui dirent : « si tu es le Fils de Dieu, et descends de la croix ! » Mat 27:40, version TOB.

 

La troisième intervention du Christ porte sur la reconnaissance de l’autorité souveraine de Dieu. Jésus clôt le débat par une affirmation qui devrait retenir toute notre attention : « Alors Jésus lui dit : retire-toi, Satan ! Car il est écrit : le Seigneur ton Dieu tu adoreras et c'est à lui seul que tu rendras un culte.»  Matthieu 4 : 10, version TOB. 

Question : Si le Seigneur a agi de la sorte dans son face à face avec le diable, ne devrions-nous pas nous inspirer de sa démarche, plutôt que de compter sur nos propres forces, notre seule intelligence,  et tous nos bons arguments ?

Presque à chaque fois que le Seigneur a voulu mettre en garde ses auditeurs, il s’est servi de l’autorité inspirée des rouleaux des prophètes. Il a ainsi rappelé, en citant les écrits anciens, que le temple de Jérusalem devait rester une maison de prière (cf. Matthieu 21 : 13 ; Marc 11 : 17). Il a démontré au travers des textes des prophètes la superficialité spirituelle du peuple d’Israël : « Esaïe a bien prophétisé à votre sujet, hypocrites, car il est écrit : ce peuple m'honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi ; c'est en vain qu'ils me rendent un culte car les doctrines qu'ils enseignent ne sont que préceptes d'hommes. Vous laissez de côté le commandement de Dieu et vous vous attachez à la tradition des hommes »  Marc 7 : 6-8, version TOB.

 

Jésus-Christ est venu accomplir ce qui avait été déjà dit d’avance (cf. Matthieu 26 : 56). Sa première prédication dans la synagogue de Capernaüm (d’après Luc) nous le révèle : « On lui donna le livre du prophète Esaïe, et en le déroulant il trouva le passage où il était écrit : l'Esprit du Seigneur est sur moi parce qu'il m'a conféré l'onction pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres. Il m'a envoyé proclamer aux captifs la libération et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer les opprimés en liberté,  proclamer une année d'accueil par le Seigneur… Alors il commença à leur dire: « aujourd'hui, cette écriture est accomplie pour vous qui l'entendez »  Luc 4 : 17-19, 21, version TOB.

Le Christ ne s’est pas auto-proclamé le Messie, il s’est présenté comme un serviteur venant réaliser ce que son Père, dans sa prescience, avait conçu par amour pour sauver le genre humain (cf. 1 Pierre 1 : 17-21 ; Luc 24 : 44). Ainsi, non seulement le Seigneur a reconnu l’inspiration des écrits des prophètes, mais plus encore, il a donné un sens nouveau à ces écrits. Souvenons-nous de son commentaire sur le décalogue : « vous avez appris qu'il a été dit aux anciens : tu ne commettras pas de meurtre ; celui qui commettra un meurtre en répondra au tribunal. Et moi, je vous le dis : quiconque se met en colère contre son frère en répondra au tribunal… Vous avez appris qu'il a été dit : tu ne commettras pas d'adultère. Et moi, je vous dis : quiconque regarde une femme avec convoitise a déjà, dans son cœur, commis l'adultère avec elle »  Matthieu 5 : 21-22,27-28, version  TOB. Le lecteur des Saintes Ecritures doit faire l’apprentissage des différents niveaux de lecture auxquels il est appelé, s’il ne veut pas effleurer le texte. La superficialité peut gagner un lecteur pressé…

 

Les apôtres ont été unanimes à reconnaitre le bien-fondé des écrits des prophètes. Ils ont consciencieusement consigné par écrit les paroles du Christ. L’apôtre Pierre a mis en garde ses lecteurs contre le danger de tordre le sens des écrits inspirés. Il écrira : « dites-vous bien que la longue patience du Seigneur, c'est votre salut ! C'est dans ce sens que Paul, notre frère et ami, vous a écrit selon la sagesse qui lui a été donnée. C'est aussi ce qu'il dit dans toutes les lettres où il traite de ces sujets : il s'y trouve des passages difficiles dont les gens ignares et sans formation tordent le sens, comme ils le font aussi des autres Écritures pour leur perdition »  2 Pierre 3 : 15-16, version TOB. De même l’apôtre Paul a insisté sur la gravité de falsifier les textes inspirés. Il dira : « nous ne sommes pas en effet comme tant d'autres qui trafiquent de la parole de Dieu ; c'est avec sincérité, c'est de la part de Dieu, à la face de Dieu, dans le Christ, que nous parlons »  2 Corinthiens 2 : 17, version TOB.   (Καπηλεύω, traduit par trafiquer vient καπηλός le petit commerçant, celui qui vend au détail et brade ou du brocanteur qui frelate ses produits).

L’apôtre va plus loin. Pour lui la foi prend naissance à l’écoute d’une parole transmise soit lue ou entendue : « mais tous n'ont pas obéi à l'Évangile. Esaïe dit en effet : Seigneur, qui a cru à notre prédication ? Ainsi la foi vient de la prédication et la prédication, c'est l'annonce de la parole du Christ » Romains 10 : 16-17, version TOB. Que ce soit à Corinthe ou à Ephèse, l’apôtre Paul a suivi l’exemple de Jésus-Christ. Devant l’adversité de ses compatriotes juifs, il s’est bien gardé de parler de sa propre autorité. Il a mis en avant ce qui avait déjà été écrit. Son témoignage, souvent contesté par ses contradicteurs, ne l’a pas fait dévier de sa règle de conduite. Luc lui rend témoignage : « la force de ses arguments avait raison des Juifs en public, quand il prouvait par les Écritures que le Messie, c'était Jésus » Actes 18 : 28, version TOB.

 

Pourquoi ces références écrites et inspirées par Dieu doivent-elles être prises avec attention ? L’apôtre Paul répond : « Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour réfuter, pour redresser, pour éduquer dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli, équipé pour toute œuvre bonne »  2 Timothée 3 : 16-17, version TOB. Ailleurs, il précisera : « tout ce qui a été écrit jadis l'a été pour notre instruction, afin que, par la persévérance et la consolation apportées par les Écritures, nous possédions l'espérance »  Romains 15 : 4, version TOB.

Comme nous le constatons, l’écrit a occupé une place privilégiée dans la démarche du Christ, comme dans les premières communautés chrétiennes. L’exemple des Béréens nous a été conservé à dessein : « ils examinaient chaque jour les Écritures, pour voir si ce qu'on leur disait était exact »  Actes 17 : 11, version de Genève.

Dans la panoplie du combattant spirituel, l’apôtre Paul, cite la parole de Dieu et il la symbolise par l’épée de l’esprit, soulignant une fois de plus le lien entre la Parole et son inspiration divine (cf. Ephésiens 6 : 13-17). Si l’écrit inspiré par Dieu est si important, faut-il l’aborder avec précaution ?

 

Conclusion :

 

Tout en reconnaissant le caractère spécial de l’inspiration des écrits des prophètes et des apôtres, il est indispensable d’énoncer certaines remarques.

- L’objectif principal de ces textes inspirés vise la rencontre avec l’auteur de notre salut : Jésus-Christ. La Bible n’a pas vocation à définir scientifiquement l’histoire du monde. Pour que ce face à face soit porteur d’espérance, notre intelligence doit s’ouvrir au spirituel. L’entretien de Jésus avec les disciples d’Emmaüs est significatif : « alors il leur ouvrit l'intelligence pour comprendre les Écritures, et il leur dit: « c'est comme il a été écrit : le Christ souffrira et ressuscitera des morts le troisième jour, et on prêchera en son nom la conversion et le pardon des péchés à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. C'est vous qui en êtes les témoins » Luc 24 : 45-48, version TOB. Ainsi sans l’aide extérieure du Saint-Esprit, l’humain peut faire dire à la Bible, tout et son contraire.

- prendre conscience que la Parole inspirée a une portée qui dépasse notre entendement est essentielle : « ce n'est pas à cause d'une capacité personnelle que nous pourrions mettre à notre compte, c'est de Dieu que vient notre capacité. C'est lui qui nous a rendus capables d'être ministres d'une Alliance nouvelle, non de la lettre, mais de l'Esprit; car la lettre tue, mais l'Esprit donne la vie »  2 Corinthiens 3 : 5-6, version TOB. Ce n’est pas la lettre de l’écrit qui importe le plus, c’est ce qu’elle exprime qu’il faut découvrir. Ainsi, chacun peut s’approprier des bienfaits différents. Non seulement, il faut saisir le symbolisme, mais encore il faut s’ouvrir aux différents niveaux de lecture en respectant le contexte des situations historiques.

Notre vie ne suffira pas à sonder les mystères de cette révélation qui enrichit constamment nos quotidiens. Le vrai chercheur fait œuvre de beaucoup d’humilité, car il prend conscience que ses découvertes sont maigres par rapport à ce qu’il ignore. Ainsi, le plus important est moins d’avoir correctement compris un texte que de lui trouver une application pratique heureuse chaque jour.

« Ces choses leur sont arrivées pour servir d'exemples, et elles ont été écrites pour notre instruction, à nous qui sommes parvenus à la fin des siècles » 1 Corinthiens 10 : 11, version LSG.

« L'Évangile possède une vertu secrète, je ne sais quoi d'efficace et de chaleureux qui agit sur l'entendement et qui charme le cœur, l'Évangile n'est pas un livre : c'est un être vivant  ». Napoléon 1er

 « La Bible fait bondir la tête et le cœur des hommes, tressaillir les collines. C'est le livre des sursauts, des images grandioses et tragiques, des grandes revendications sociales, des prophéties annonçant l'égalité fraternelle des hommes, amenant la disparition de la guerre entre les peuples, l'apaisement des nations irritées et de la nature elle-même... »  Jean Jaurès Fondateur du socialisme français

                                                                          Jacques Eychenne

 

 

 

 

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