L'aventure périlleuse de la foi

 

 

 

 

L’aventure périlleuse

          de la foi

    Proverbe 14 : 12

 

Introduction :

 

Adolescent, une biographie m’a particulièrement impressionné. Celle du médecin anglais Hudson Taylor. Il fut consacré à Dieu, par ses parents, dès avant sa naissance. Il partit  à l’âge de 21 ans  pour ensemencer la Chine avec la graine de l’évangile de Jésus-Christ, et il fonda la célèbre Mission chrétienne à l’intérieur de ce grand pays. Son aventure de foi fut extraordinaire. Son voyage a duré 5 mois. Les difficultés multiples qu’il a rencontrées emportent la conviction que la foi est bien une aventure périlleuse. Les conditions laborieuses qu’il a vécues l’attestent. Jugez plutôt : ce fut l’apprentissage de la langue, le rejet de tout ce qui venait d’Occident et l’insécurité grandissante (car les régions étaient en guerre). On assassinait pour un rien. Hudson dut affronter le froid, la chaleur, la faim, le doute et malgré tous les obstacles (qui n’ont pas de commune mesure avec nos quotidiens en France), il a vu grandir sa foi. Jamais le docteur Hudson Taylor n’aurait pu imaginer que les épreuves soient si grandes et si inattendues. Pourtant une œuvre considérable fut accomplie en Chine où des milliers de personnes embrassèrent la foi chrétienne.

Certes, de nos jours, le monde a évolué. Pour autant, nous constatons qu’un parcours de foi demeure presque toujours aussi périlleux. Dans nos pays occidentaux les obstacles sont plus subtils. Ils n’en sont pas moins plus dangereux. Essayons d’en mentionner quelques-uns.

La démarche de foi de nos jours, sur le plan personnel, doit affronter plusieurs défis : la foi est confrontée à l’énigme du sens de la vie, à tout ce qui relève de l’inattendu, aux origines de notre cosmos et à l’immensité de sa beauté, et surtout à sa complexité. Retenons pour l’heure ces quatre points et précisons que la liste ne se prétend pas exhaustive. Chacune et chacun sauront la compléter à loisir.

 

Développement :

 

  1. La foi face à tout ce qui est  énigmatique:

Entendons par énigme l’aspect mystérieux des évènements qui nous touchent et qui forcent notre réflexion. Plus simplement, à chaque fois que nous nous posons la question du « pourquoi », notre foi est mise à l’épreuve. Reconnaissons que ce type de questionnement est récurrent dans nos pensées. La litanie des pourquoi a traversé les siècles. La Bible mentionne le cas de nombreuses personnes. Leur foi n’a pas évité cet écueil redoutable ? Prenons l’exemple de Rébecca, la femme d’Isaac, fils d’Abraham. Elle était stérile. Elle souffrait (comme sa belle-mère avant elle) du fait d’être privée de maternité. Son mari Isaac implora l’Eternel et ce dernier exauça sa prière. Rébecca devint enceinte. Elle aurait dû être joyeuse, sensible à la grâce de Dieu ! Pas du tout !

Elle ne comprend pas pourquoi elle a été exaucée, elle ressent  un combat douloureux dans son ventre : « les enfants s'entrepoussaient dans son sein ; et elle dit : s'il en est ainsi, pourquoi suis-je là ? Et elle alla consulter l'Éternel.” Genèse 25 : 22, version Darby. Combien de fois avons-nous ardemment supplié Dieu de nous accorder un bienfait pour le regretter ou vouloir son contraire par la suite ?

Et que dire de Moïse ? A maintes reprises sa foi a été confrontée à l’incompréhension du plan divin : « Moïse retourna vers l'Éternel, et dit : Seigneur, pourquoi as-tu fait du mal à ce peuple ? Pourquoi donc m'as-tu envoyé ? Exode 5 : 22, version Darby. Moïse, qui au départ avait décliné l’appel de Dieu, ne comprend pas ce que Dieu lui demande. Du coup, il s’interroge sur sa propre mission. Là encore, combien de fois nous sommes-nous interrogés sur la volonté de Dieu à notre sujet ou pour ceux que nous aimons ? Ces situations ont fait naître l’adage populaire : « que les voies du Seigneur sont impénétrables ! ». Jean Arp, sculpteur et peintre français du 19e siècle, a écrit : « la vie est un souffle énigmatique et ce qui en résulte ne peut être qu'un souffle énigmatique ». Assurément, la dimension spirituelle ne peut faire l’économie de cette réalité.

Nos questionnements ne s’adressent pas toujours à Dieu, il nous arrive aussi de ne pas comprendre le comportement de ceux qui nous entourent et plus particulièrement de ceux qui sont engagés spirituellement.

Néhémie a été dans cette incompréhension, lui le déporté souffrant du peuple d’Israël. Il implora Dieu et sa prière fut exaucée.  Le roi assyrien Artaxerxés lui permit de retourner à Jérusalem afin qu’il organise la reconstruction des murailles de la ville. Mais la foi de Néhémie s’est heurtée à la réalité du terrain, et au peu de motivation de ses compatriotes, et même des responsables religieux : « je querellai les chefs, et je dis : Pourquoi la maison de Dieu est-elle abandonnée ? »  Néhémie 13 : 11, version Darby.  Notre foi ne peut se vivre isolément, aussi il nous faut parfois surmonter l’état d’esprit défaitiste de notre entourage. Et que dire de tous les « pourquoi » des apôtres. Ils ne comprenaient pas le langage en paraboles du Seigneur (cf. Matthieu 13 : 10). La foi du Christ a dû, elle aussi, traverser cette vallée du questionnement : «  Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Matthieu 27 : 46. Reconnaissons que la perception d’un abandon, le fait d’être livré à nous-même peut aussi affecter notre foi. C’est un obstacle à franchir afin de rester serein. A l’évidence, notre vie est une traversée d’énigmes, parsemée de mille « pourquoi ». Immanquablement, le parcours de notre foi est jalonné d’aiguillages. Une décision prise trop rapidement, un accident, une rencontre heureuse ou malheureuse, et nous voilà partis dans telle ou telle direction…

  1.  La foi face l’inattendu :

Cet obstacle concerne tous les états où nous avons été surpris. Que cela relève de notre fait, ou d’évènements extérieurs déstabilisants. En règle générale nous n’apprécions guère ce qui nous surprend et nous dérange. En d’autres termes, il s’agit de tout ce qui nous échappe et que nous n’arrivons pas à contrôler. Tant que nous avons la compréhension et la maîtrise des situations, nous avons l’impression d’être en sécurité. Nous supportons mal d’avoir tort. Tout autant, être trop convaincu du bien-fondé de ses choix peut être un obstacle à la foi.  Salomon a écrit : « tel chemin paraît droit à quelqu'un, mais en fin de compte c'est le chemin de la mort. »  Proverbes 14 : 12, version de Jérusalem. Avoir la foi et se défier de soi est un combat quotidien. Cela peut même paraître paradoxal, mais il nous faut sans cesse être lucide et en veille sur toutes nos foucades et pensées déraisonnables. Nos coups de tête et nos emportements sont parfois lourds de conséquences. Moïse a eu ce coup de sang : « Il advint, en ces jours-là, que Moïse, qui avait grandi, alla voir ses frères. Il vit les corvées auxquelles ils étaient astreints ; il vit aussi un Égyptien qui frappait un Hébreu, un de ses frères. Il se tourna de-ci de-là, et voyant qu'il n'y avait personne, il tua l'Égyptien et le cacha dans le sable. » Exode 2 : 11-12, version de Jérusalem. Nous aurions aussi pu citer le cas d’Ananias et de sa femme Saphira (cf. Actes 5 : 1-11) qui, devant l’inattendu d’être surpris en flagrant délit, ont préféré le déni au péril de leur vie.

Quant aux imprévisibles et autres surprises extérieures, elles nous révèlent à quel point nous sommes fragiles. Le récit de la tempête sur le lac de Galilée a démontré la vulnérabilité de la foi de l’apôtre Pierre. Observons plutôt : « La barque, déjà au milieu de la mer, était battue par les flots ; car le vent était contraire. À la quatrième veille de la nuit, Jésus alla vers eux, marchant sur la mer. Quand les disciples le virent marcher sur la mer, ils furent troublés, et dirent : c'est un fantôme ! Et, dans leur frayeur, ils poussèrent des cris. Jésus leur dit aussitôt : rassurez-vous, c'est moi ; n'ayez pas peur ! Pierre lui répondit : Seigneur, si c'est toi, ordonne que j'aille vers toi sur les eaux. Et il dit : viens ! Pierre sortit de la barque, et marcha sur les eaux, pour aller vers Jésus. Mais, voyant que le vent était fort, il eut peur; et, comme il commençait à enfoncer, il s'écria : Seigneur, sauve-moi ! Aussitôt Jésus étendit la main, le saisit, et lui dit : Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Matthieu 14 : 24-31, version de Genève.

Pierre était un pêcheur aguerri et pourtant devant les vents contraires, et face à la vision surprenante de Jésus marchant sur les eaux, il eut peur. L’imprévisible et l’inattendu ont endommagé sa foi. Croyez-vous que nous aurions été plus sereins ?

« Ce sont toujours dans des petites choses inattendues, des détails, des gestes ou des faits divers que nous apprenons tout. » Suzanne Daigle, psychologue canadienne.

  1. La foi face à l’origine du monde et au grandiose du cosmos :

C’est quand notre foi est face à l’étonnant, à l’extraordinaire, au merveilleux de la vie. Devant le spectacle éblouissant de l’infini des cieux, le roi David a écrit ce Psaume : « quand je contemple les cieux, ouvrage de tes mains, la lune et les étoiles que tu as créées : qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui ? Et le fils de l'homme, pour que tu prennes garde à lui ? » Psaume 8 : 3-4, version de Genève. Ailleurs, il questionnera à haute voix : « Éternel, qu'est-ce que l'homme, pour que tu le connaisses ? Le fils de l'homme, pour que tu prennes garde à lui ? »  Psaume 144 :

3, version de Genève. Face au merveilleux de la vie, paradoxalement,  la foi peut être prise de vertige.  Que sommes-nous devant cette immensité ? Refusant la démarche de foi, certains essaient bien de percer le mystère de l’existence de notre monde ; mais personne n’a encore pu connaître la réalité au-delà du mur de Planck. Ce mur, décrit comme la limite géante et béante à la physique classique et quantique au-delà de laquelle, nous sommes renvoyés à plus d’humilité, car nous ne savons pas comment notre monde s’est formé. On suppose qu’entre l’instant 0 du big-bang initial et les 10 à 43 secondes qui ont suivi, notre univers s’est concrétisé, mais en fait on ne sait pas comment précisément.

L’humain reste perplexe. Les pourquoi et les comment fleurissent devant l’extraordinaire.  La foi, elle, s’aventure et accueille une simple parole qui affirme : « au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. » Genèse 1 : 1, version Louis  Segond.

Mais aussi, à vouloir tout comprendre, la foi peut être en danger. Il ne s’agit pas, bien sûr, d’avoir la foi du charbonnier, mais de celle qui engage la confiance, et la confiance s’acquiert par l’expérience. Comment Dieu a-t-il répondu à l’incompréhension de Job ? En déroulant le miracle prodigieux de toute sa création : «  Où étais-tu quand je fondais la terre ? Dis-le, si tu as de l'intelligence. Qui en a fixé les dimensions, le sais-tu ? Ou qui a étendu sur elle le cordeau ? Sur quoi ses bases sont-elles appuyées ? … Parle si tu sais ces choses. »  Job 38 : 2-6,18 , version Louis Segond. Et Job va répondre à Dieu : « Je reconnais que tu peux tout, et que rien ne s'oppose à tes pensées… Mon oreille avait entendu parler de toi; mais maintenant mon œil t'a vu. C'est pourquoi je me condamne et je me repens sur la poussière et sur la cendre. » Job 42 : 2-6, version Louis Segond. Job ignore qu’il est l’objet d’un enjeu qui le dépasse. Pour le lui faire comprendre, Dieu va dérouler devant lui le grandiose spectacle de l’univers… Nous aussi, nous pouvons nous sentir écraser par l’incompréhension des choses qui nous arrivent et par les dimensions infinies de l’univers. Que sommes-nous ? Nous ne sommes même pas comparables, en proportion, à un grain de sable. Là encore notre foi peut s’étourdir et vaciller. La foi de Job a été confrontée à l’époustouflant et à la grandeur de l’œuvre de Dieu, et il s’est senti « ridiculement » tout petit. Face au merveilleux de l’univers, notre foi ne peut qu’accueillir son auteur.

  1. La foi face à la complexité de tout :

Tout peut paraître simple et pourtant tout est complexe, tant dans le domaine de la science, que dans celui des relations humaines. Il en va de même dans le parcours spirituel des hommes et des femmes de foi.  La science, si avancée soit-elle, n’a pas encore, avec tous ses moyens modernes, réussi à percer le fonctionnement de notre cerveau. On sait que notre activité cérébrale est activée par des phénomènes chimio-électriques, mais on n’a pas réussi à décrypter le code neuronal, c’est-à-dire la façon dont les neurones communiquent entre eux. Comment ces schémas de codage sont-ils convertis en fonctions mentales, comme la mémoire, les sensations ou la pensée ? La complexité est telle que nos chercheurs butent sur le sujet. Ailleurs, on sait maintenant que notre système nerveux fonctionne à l’électricité avec des ions (et non avec des électrons comme dans une ampoule). Mais on n’a pas encore découvert si l’influx nerveux, produit du travail du cerveau, provient du sang en pénétrant et circulant dans nos nerfs. On sait d’autre part qu’un neurone meurt au bout de quelques heures. La complexité est telle qu’il est impossible d’analyser son activité en temps réel. Nous aurions pu trouver encore maints exemples de complexité sur le fonctionnement de notre corps.

 

« L'homme connaît le monde dans la mesure où il se connaît : sa profondeur se dévoile à lui dans la mesure où il s'étonne lui-même de sa propre complexité. » Friedrich Nietzsche.

 

Dans le domaine des relations humaines, c’est encore plus manifeste. Pourquoi les humains ont-ils tant de mal à se parler et surtout à se comprendre ? Et que dire de la complexité de nos sentiments. Le roi David avait déjà pointé ces dysfonctionnements : « On se dit des faussetés les uns aux autres, on a sur les lèvres des choses flatteuses, on parle avec un cœur double. » Psaume 12 : 2, version de Genève. L’apôtre Paul a analysé lucidement la complexité de son engagement de foi : « vraiment ce que je fais je ne le comprends pas : car je ne fais pas ce que je veux, mais je fais ce que je hais… En effet, vouloir le bien est à ma portée, mais non pas l'accomplir : puisque je ne fais pas le bien que je veux et commets le mal que je ne veux pas… Malheureux homme que je suis ! Qui me délivrera de ce corps qui me voue à la mort ? Grâces soient à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur ! » Romains 7: 15, 18-19, 24-25, version de Jérusalem. Ainsi, le témoignage des Chrétiens n’a pas toujours été une référence. Le comportement humain est souvent encore la cause d’une perte de foi. Ayons la sagesse d’acter la complexité des êtres et des évènements et regardons en priorité à l’exemple parfait de notre Seigneur Jésus.

 

« Que la foi, qui suffit à consoler les âmes, attise les feux d'un cœur faible au lieu de les éteindre. » George Sand, le secrétaire intime (1834).

 

Conclusion :

 

A l’évidence, la foi est une aventure parsemée d’embûches. Elle devrait surmonter le silence devant nos nombreux pourquoi ? Elle devrait faire face aux inattendus, aux imprévisibles qui nous bousculent et nous déstabilisent. Elle devrait se positionner positivement face à l’immensité d’un monde en perpétuel mouvement et elle devrait ne pas se sentir submerger par l’infini, comme perdu dans ce cosmos. Elle devrait rester humble devant la complexité du fonctionnement des êtres et de la nature. Le secret de la foi se découvre dans une dépendance quotidienne, paisible et pratique envers Dieu. Il devient ce Père réel au cœur de nos vies.

Retenons les conseils de Salomon et de Jésus et expérimentons leur efficacité :

« Confie-toi en l'Éternel de tout ton cœur, et ne t'appuie pas sur ta sagesse; reconnais-le dans toutes tes voies, et il aplanira tes sentiers. » Proverbes  3 : 5-6, version Louis Segond.

« En vérité je vous le dis, si vous ne retournez à l'état des enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume des cieux. »  Matthieu 18 : 3, version de Jérusalem.

                                                                       Jacques Eychenne

 

 

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