La prière au-delà du doute

 

 

 

             la prière

 au-delà du doute

 

Introduction :

 

De même que le fonctionnement harmonieux du corps dépend de l’exercice, de l’alimentation et de la respiration d’un air pur, la prière heureuse et bienfaisante obéit, elle aussi, à des conditions incontournables. Trop de déceptions sur la pratique spirituelle sont en lien avec une attente magique de la prière. Si le sujet n’a pas été approfondi, on risque d’utiliser la prière comme un distributeur de billets. Dès lors pourquoi s’étonner, après avoir frappé son code personnel, qu’aucun billet n’en sorte ! La prière, comme tout concept relationnel est, elle aussi, soumise à des principes. Tout  notre système solaire est conçu ainsi ; il obéit à des lois. Afin que nos parcours de vie soient plus en adéquation avec notre légitime aspiration au bonheur, essayons de dégager de la Bible, quelques éléments essentiels dans la pratique de nos prières. Ensuite nous pointerons un des écueils majeurs à l’exaucement de nos prières.

 

Développement :

 

Dès lors que nous désirons nous adresser à Dieu sous la forme qui nous est propre, nous entrons dans le registre relationnel. Ce qui revient à dire que nous exprimons notre besoin d’en appeler à Dieu. Tout naturellement nous définissons une première condition.

  1. Le besoin de Dieu : la prière n’est que monologue, si la nécessité d'en appeler à Dieu n’est pas ressentie. Autant dire que cela nous renvoie à la prise de conscience de nos véritables besoins.

David disait à Dieu : « fais-moi dès le matin entendre ta bonté ! Car je me confie en toi. Fais-moi connaître le chemin où je dois marcher ! Car j'élève à toi mon âme» , version LSG.

Il est vrai que ce besoin de Dieu ne s’impose pas à tout le monde. Il faut au préalable avoir accepté Dieu comme étant à l’origine de toute création. On ne peut s’adresser à quelqu’un que si l’on a conscience qu’il existe. L’écrivain de l’épitre aux Hébreux déclare : « il faut que celui qui s'approche de Dieu croie que Dieu existe, et qu'il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent »  Hébreux 11 : 6, version LSG, (cf. rémunérateur=μισθαποδότης= celui qui paie un salaire). Autrement dit, notre Père se laisse trouver par ceux qui le cherchent vraiment (cf. Jérémie 29 : 13). Un malade ne peut aller voir un médecin que s’il se sent malade, et qu’il éprouve le besoin d’être guéri. L’humain non croyant fait appel à un autre humain pour résoudre ses problèmes, le croyant fait, en plus, appel à Dieu. Ce ne peut être qu’un plus qui relève d’une expérience avec celui que le Seigneur Jésus a appelé : «  Notre Père ». David a exprimé cette réalité en disant : « ô Dieu ! Tu es mon Dieu, je te cherche; Mon âme a soif de toi, mon corps soupire après toi »  Psaume 63 : 1, version LSG. Soyons clairs, la prière n’est pas une information que nous portons à la connaissance de Dieu : « en priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens, qui s'imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. Ne leur ressemblez pas; car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez » Matthieu 6 : 7-8, version LSG. 

La prière est le moyen que Dieu a mis à notre disposition pour voir clair  principalement en nous-mêmes. Ensuite, vient le lien que nous voulons tisser avec ce Père. Cette relation se construit, moins par une formulation répétitive que par une authentique implication personnelle, soit dans le silence, soit avec des mots qui nous sont propres, suivant les circonstances et nos besoins.

 

  1. La prière est rencontre :

 

Le christianisme met l’accent sur un préalable : la rencontre avec l’auteur de notre vie présente et future. Jésus a dit : « Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi »  Jean. 14 : 6, version LSG. Cette rencontre passe par celui que Dieu a envoyé : Jésus-Christ. La transcendance divine étant inaccessible à l’humain, Dieu a dépêché vers nous son propre fils pour nous le faire connaître. C’est la raison pour laquelle, il a habité notre humanité. « Personne n'a jamais vu Dieu; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui l'a fait connaître » Jean. 1 : 18, version LSG.

C’est dans la reconnaissance de cette vérité biblique que notre prière est rencontre. C’est aussi pour cette raison que le Seigneur a précisé : priez mon Père en mon nom (cf. Jean 14 : 14,26 ; 15 : 16,21 ; 16 : 23,26). Ce point est fondamental. La connaissance que nous pouvons acquérir de Dieu passe par cette révélation. Les bergers de Galilée l’ont compris : « allons jusqu'à Bethléem, et voyons ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître »  Luc. 2 : 15, version LSG. Redisons-le : pour nous chrétiens, la découverte de la personne de Dieu passe par celui qu’il a envoyé vers nous. Jésus clarifiera ce propos : « quiconque me reçoit, reçoit non pas moi, mais celui qui m'a envoyé »  Marc 9 : 37, version LSG. C’est la raison pour laquelle, l’apôtre Paul écrira : « quoi que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant par lui des actions de grâces à Dieu le Père »  Colossiens 3 : 17, version LSG.

 

Pourquoi nos prières doivent-elles être présentées à Dieu au nom de Jésus-Christ ?

 

« Il y a un seul Dieu, et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme » 1 Timothée 2 : 5, version LSG. Cette vérité, non prise au sérieux, a conduit la chrétienté à  présenter aux croyants une pléiade d’intermédiaires. Malheureusement une confusion s’est installée dans l’esprit des chrétiens en général. En réalité sans la médiation de Jésus-Christ, la sainteté de Dieu nous est inaccessible.

 

  1.  La prière est démarche de foi :

 

La foi  est confiance en Dieu, elle  est en même temps, adhésion à l’enseignement de Jésus-Christ. Elle est essentielle dans la pratique de la prière. L’épître aux hébreux confirme : « sans la foi, il est impossible de lui être agréable » Hébreux 11 : 6  (εὐαρεστέω = être agréable à quelqu’un, prendre plaisir à une chose).

Ainsi donc, quand nous prions, nous devons croire que notre requête est entendue, à condition d’avoir le désir de plaire à celui que nous invoquons. Si le doute s’installe en regard d’une apparente non-réponse, ou pour toutes autres raisons, notre prière ne nous apportera pas les bienfaits attendus. Ainsi, l’apôtre Jacques écrira : « Si quelqu'un d'entre vous manque de sagesse, qu'il la demande à Dieu, qui donne à tous simplement et sans reproche, et elle lui sera donnée. Mais qu'il la demande avec foi, sans douter; car celui qui doute est semblable au flot de la mer, agité par le vent et poussé de côté et d'autre » Jacques  1 : 5-6, version LSG. Exprimer ses sentiments profonds par le moyen de la prière, sans remettre en question qu’elle soit entendue et prise en compte, relève d’une saine relation de confiance. Que nous ne percevions pas, ou que nous ne comprenions pas la réponse ne devrait pas interférer dans notre relation. Si nous sommes  convaincus que Dieu nous a donné suffisamment de gages pour nous prouver son amour (cf. Romains 5 : 8,  1 Timothée 2 : 4 ), la confiance devrait être au rendez-vous. Il devrait en être de même dans les relations interpersonnelles.

 

Mais me direz-vous le doute fait partie de nos comportements ? Effectivement ! Mais il y a deux types de doute : - celui qui détruit la foi,  et - celui qui la fortifie.

 

  • Le doute qui détruit : il conduit à l’incrédulité. Quand le peuple d’Israël sortit d’Egypte, sa confiance en Dieu était présente. Il  venait aussi de voir la mer Rouge s’ouvrir... Mais plus tard, dans sa traversée du désert de Sin, au lieu appelé Rephidim, il se rebella contre Moïse, parce qu’il n’y avait pas d’eau. En fait, le peuple chercha querelle à son conducteur pour une raison plus profonde : « L'Éternel est-il au milieu de nous, ou n'y est-il pas ? » Exode 17 : 7, version LSG.  

 

Pourquoi le doute est pernicieux ? (Le verbe douter en Grec est διακρίνω = c’est un verbe composé d’une préposition δια = elle exprime souvent la cause, mais c’est aussi ce qui passe à travers ;  et du verbe κρίνω = sens premier : séparer, distinguer cf. Romains 14 : 5) ; juger (cf. Luc 7 : 43). Etymologiquement, c’est ce qui sépare. On fait une distinction entre l’adhésion à un programme et être en désaccord avec lui. C’est la même chose dans la relation à une personne. Quand Jésus tend la main et saisit Pierre alors que celui-ci s’enfonce dans les eaux, il lui dit : « homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Matthieu 14 : 31 ; (là le verbe grec est différent : διστάζω = contraction  de δια et du mot στάσισ = sédition ex. Barrabas, cf. Marc 15 : 7. Le verbe exprime plus qu’un doute, c’est même un abandon. Ce fut le cas des onze disciples qui rencontrent Jésus en Galilée. Leurs doutes avaient été précédés d’un abandon, cf. Matthieu 28 : 17-20 ; toutefois, cela n’empêche Jésus de leur donner un ordre de mission).

 

Jésus reproche à Pierre son manque de discernement qui équivaut à un véritable abandon.

 

 

  • Le doute qui fortifie la foi : c’est le cas de Jean, dit le baptiste. Dans sa prison, solitaire et abandonné, Jean baptiste a  posé une question qui exprimait son trouble pour ne pas dire son doute sur la personne de Jésus. « Jean, ayant entendu parler dans sa prison des œuvres du Christ, lui fit dire par ses disciples: Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? Jésus leur répondit : allez rapporter à Jean ce que vous entendez et ce que vous voyez: les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute ! » Matthieu 11 : 2-6, version LSG. La réponse de Jésus a balayé toutes ses incertitudes. La grâce de Dieu a apaisé son cœur avant son martyr. Avec le recul du temps, si nous faisons totalement confiance à celui que nous appelons notre Père, il en sera de même pour chacun de nous.

Le doute, qui a pour complice l’incrédulité, peut parfois préparer l’éclosion de la foi.

 

Ce fut le cas pour l’apôtre Pierre… Mais encore, souvenons-nous de ce père qui devant les scribes, les disciples et la foule de curieux, demande à  Jésus d’intervenir, car son fils est possédé d’un esprit muet. Cet esprit projette l’enfant à terre et il écume. Triste spectacle devant lequel les disciples sont restés impuissants. Leur échec conduit ce père à s’adresser à Jésus. Dans un premier temps le Seigneur questionne le père : « Jésus demanda au père: « depuis combien de temps cela lui arrive-t-il ? » Il dit: « Depuis son enfance. Souvent l'esprit l'a jeté dans le feu ou dans l'eau pour le faire périr »  Marc. 9  : 21-22, version TOB. C’est alors que le père prolonge la description du problème qui l’accable par ces mots : « mais si tu peux quelque chose, viens à notre secours, par pitié pour nous » Marc  9 : 22, version TOB (si tu peux = δύναμαι  =  être capable de,  avoir le pouvoir de, être fort et puissant). Jésus reprend l’expression de ce père et lui dit en réponse : « si tu peux !... Tout est possible à celui qui croit. Aussitôt le père de l'enfant s'écria : je crois ! Viens au secours de mon incrédulité ! »  Marc  9 : 23-24, version LSG, (cf. litt. Je crois = πιστεύω = celui qui  a la  foi). Le parcours de l’apôtre Pierre est éloquent sur ce point… De même, Marc à la fin de son évangile parlera de ce passage du doute à la foi, lors du dernier repas pris en commun : « enfin il se manifesta aux Onze eux-mêmes pendant qu'ils étaient à table, et il leur reprocha leur incrédulité et leur obstination à ne pas ajouter foi à ceux qui l'avaient vu ressuscité »  Marc 16 : 14, version FBJ.

 

Comme nous le constatons, le doute et l’incrédulité ont précédé la foi.

 

Ainsi, la réponse à nos prières ne dépend pas uniquement de notre foi car elle n’est jamais totale. Humainement parlant, la foi que nous exprimons contient ce doute. Il est une conséquence du drame de la transgression de la loi. Ce doute invétéré, inné à la conscience humaine, obstrue notre clairvoyance à discerner nos vrais besoins. Nous citons souvent avec raison : « de même, l'Esprit aussi vient en aide à notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut, mais l'Esprit lui-même intercède pour nous en gémissements inexprimables», version TOB.

Jésus a bien stigmatisé notre incapacité à être lucide sur notre vraie situation. S’adressant aux Juifs, il déclara : « Vous êtes d'en bas ; moi, je suis d'en haut ; vous êtes de ce monde, moi je ne suis pas de ce monde», version TOB.

Jésus a bien relevé notre incapacité à avoir foi au projet de Dieu. Il savait qu’après la rupture du contrat confiance libellé entre Adam et Eve et YAWH-Adonaï, le doute (qui se marie avec l’incrédulité) ferait désormais partie de notre nature. A l’analyse, positivement, il est aussi une preuve de notre liberté. Mais tout aussi vrai, il dit nos appréhensions, voire nos angoisses. Par atavisme, l’humain exprime une retenue à s’abandonner à ce qu’il ne connaît pas.

 

Pourquoi pensez-vous qu’il faille s’adresser à Dieu au nom de Jésus ? (cf. Jean 14 : 13 ; 15 : 16 ; 16 : 23-26). Si Dieu a pris soin de nous envoyer son Fils, n’est-ce pas pour dissiper la crainte de l’inconnu et l’angoisse d’une mort sans issue ?Il est venu dans une chair semblable à la nôtre.Son incarnation témoigne de la bonté de Dieu. Il a voulu rendre plus accessible sa présence. L’arrivée du Christ dans notre histoire nous permet de vaincre l’appréhension de nous adresser à un inconnu. Si en plus, Christ est notre champion, pour avoir remporté la victoire décisive sur le mal à notre place, la confiance peut avoir maintenant toute sa place.

Désormais en pleine connaissance nous pouvons suivre la recommandation de Jésus de Nazareth (cf. Matthieu 6 : 9-13).

 

Conclusion :

 

Nos doutes, nos appréhensions, nos peurs, nos angoisses, ne sont pas un obstacle au développement de notre foi. L’expérience humaine des disciples est là pour nous en convaincre. Si nous avons un Père aimant toujours prêt à nous accueillir, alors allons vers lui, tel que nous sommes. Seulement que notre démarche soit vraie et authentique. C’est la pierre de touche de l’exaucement de nos prières. Dieu répond toujours pour notre bien dans la perspective d’être avec nous pour l’éternité. Evitons tout calcul, ne posons pas de condition, soyons vrais car le Seigneur « mettra en lumière ce qui est caché dans l'obscurité et révélera les intentions secrètes du cœur des hommes. Alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui revient» , version BFC.

N’hésitons pas confions à YAWH-Adonaï de tout notre cœur au nom de Jésus-Christ et nous découvrirons des espaces de bonheur…

 " Approchons-nous avec confiance du trône de la grâce, afin que nous recevions miséricorde et que nous trouvions grâce pour avoir du secours au moment opportun" Hébreux 4 : 16, version DRB.

             

«  le doute est un hommage que l’on rend à la vérité. » Ernest Renan.

« L’ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit.» Aristote

                                  

                                                                           Jacques Eychenne

 

PS : Version LSG, version Louis Segond, TOB, traduction œcuménique de la Bible, FBJ, traduction française de la Bible de Jérusalem, NEG, versions Nouvelles Editions de Genève, BFC, version Bible en français courant, DRB, version J.N. Darby.

 

 

   

 

 

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