Jésus et les enfants

 

   

 Jésus et les enfants

ou

L’esprit primesautier de la foi

           Marc 10 :13-16

Introduction :

Introduction:

 

Jésus vient de vivre une expérience unique avec Pierre, Jacques et Jean sur une montagne non-identifiée où Jésus fut transfiguré devant eux (cf. Marc 9 : 2). Après cela, il retrouva les autres disciples entourés d’une grande foule (cf. Marc 9 : 14). A cette occasion le Seigneur guérit un enfant possédé d’un esprit muet depuis son enfance (cf. Marc 9 : 17-29). Puis, Jésus se remit en marche. Il arriva à Capernaüm, ville de pêcheurs, située au bord du lac de Galilée, et là, il enseigna l’humilité à ses disciples, car il les avait surpris à discuter entre eux pour savoir lequel d’entre eux devait être considéré comme le plus important du collège apostolique. Et déjà à cette occasion, Jésus prit un jeune enfant, le plaça au centre du débat et déclara : « Qui accueille en mon nom un enfant comme celui-là, m'accueille moi-même ; et qui m'accueille, ce n'est pas moi qu'il accueille, mais Celui qui m'a envoyé » Marc. 9 : 37, version TOB. Ensuite, Jésus poursuivit le développement de son enseignement en condamnant tout esprit sectaire (cf. Marc 9 : 38-41). Il avertit solennellement la foule et les disciples. Que personne ne scandalise le moindre petit enfant. Etendant son sujet sur les occasions de chute de l’être humain, il rappela l’importance de l’intégrité de cœur. Il formula ce point avec l’image du sel en disant : « C'est une bonne chose que le sel. Mais si le sel perd son goût, avec quoi le lui rendrez-vous ? Ayez du sel en vous-mêmes et soyez en paix les uns avec les autres » Marc. 9 : 50, version TOB.

Puis, le Seigneur descendit vers la Judée, et il adressa un autre message à une foule qui s’était rassemblée autour de lui. Il traita le délicat sujet de l’adultère. Sa conclusion fut sans complaisance (cf. Marc 10 : 1-12). Le couple étant la base des relations humaines, le Seigneur va rester sur le sujet en l’étendant à la famille et plus particulièrement aux enfants. De ce fait, il va repréciser les enjeux de sa mission, tout en redéfinissant des valeurs oubliées. Et, c’est ce texte qui va retenir notre attention. Que dit-il ?

« Des gens amenèrent des enfants à Jésus pour qu'il pose les mains sur eux, mais les disciples leur firent des reproches. Quand Jésus vit cela, il s'indigna et dit à ses disciples : « Laissez les enfants venir à moi ! Ne les en empêchez pas, car le Royaume de Dieu appartient à ceux qui sont comme eux. Je vous le déclare, c'est la vérité : celui qui ne reçoit pas le Royaume de Dieu comme un enfant ne pourra jamais y entrer. Ensuite, il prit les enfants dans ses bras ; il posa les mains sur chacun d'eux et les bénit » Marc 10 : 13-16, version BFC.

Comme nous le constatons Jésus va contredire la pensée populaire et celle des disciples. Il saisit l’occasion pour clarifier la place des enfants en direction du royaume à venir…

 

Développement :

 

Ce texte est paradoxalement étonnant. Pourquoi ?

L’évangéliste Marc, qui a rédigé le premier évangile de la vie de Jésus, rapporte les paroles de son maître dans le contexte social de son époque. Or, nous savons que la place de l’enfant dans cette société humaine était dérisoire pour ne pas dire insignifiante. Le douanier Matthieu qui avait l’habitude de compter, fait œuvre de journaliste quand il nous donne une estimation de la population rassemblée aux deux miracles de la multiplication des pains et des poissons. Il déclare : « ceux qui mangèrent étaient environ cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants » Matthieu 14 : 21, version FBJ. (L’expression est répétée en Matthieu 15 : 38). Les femmes et les enfants comptaient pour du beurre dans les statistiques … D’après les Saintes Ecritures, ce n’est vraiment qu’à l’âge de 12 que seul l’enfant mâle pubère trouvait sa place dans la société. Le regard des disciples sur les personnes qui amenaient ces enfants vers Jésus est donc bien symptomatique…

Pourtant, l’enfant était bien considéré comme un don de Dieu, et les femmes qui étaient stériles vivaient leur état comme une malédiction. N’oublions pas que seul l’enfant mâle premier-né avait droit à la bénédiction au temple ! Cela faisait partie des instructions données par Dieu à Moïse : « L’Eternel parla à Moïse et lui dit : Consacre-moi tout premier-né parmi les enfants d’Israël » Exode 13 : 1, version LSG. Joseph et Marie ont suivi ce précepte de la loi en présentant Jésus, le huitième jour, au temple de Jérusalem. Luc, à cette occasion, reprécise : « Tout mâle premier-né sera consacré au Seigneur » Luc 2 : 23, version LSG. Pour bien marqué la solennité du moment, la pratique de la circoncision attestait l’appartenance au peuple élu…

Comme nous le constatons, entre le rituel et la réalité, il y avait un énorme décalage. Dans les rassemblements et discussions d’adultes, l’enfant était gênant. L’intervention des disciples s’inscrit dans le cadre social de ce temps. (D’ailleurs, en dehors de la cérémonie que nous venons de citer, les femmes et les enfants ne pouvaient entrer dans le temple lui-même.  Interdiction était stipulée aux non-juifs d’aller au-delà d’un périmètre délimité (cf. Parvis des Gentils= non-juifs). C’était pareil pour Les femmes. Elles devaient circuler uniquement dans la cour des femmes avec leurs enfants (ou parvis des femmes).

 

Redisons-le, les enfants étaient marginalisés dans toutes les rencontres ou réunions d’adultes. Nous sommes aux antipodes de l’enfant-roi de notre époque !

Ainsi, pour l’évangéliste Marc, l’attitude du Christ s’inscrit dans une cohérence. La grande famille humaine comprend aussi les enfants. C’est tellement vrai que Marc dépeint l’attitude significative du Seigneur devant le comportement puéril de ses disciples. Ils étaient préoccupés par une autre question d’adulte :  ils cherchaient à savoir lequel d’entre eux devait être reconnu comme le plus grand. La réaction du Seigneur fit significative :

« Jésus s'assit et il appela les Douze ; il leur dit : « Si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » Et prenant un enfant, il le plaça au milieu d'eux et, après l'avoir embrassé, il leur dit :« Qui accueille en mon nom un enfant comme celui-là, m'accueille moi-même ; et qui m'accueille, ce n'est pas moi qu'il accueille, mais Celui qui m'a envoyé. »  Marc. 9 : 35-37, version TOB. 

Mais ce n’est pas tout ! Après avoir remis l’enfant au centre des débats d’adultes, Jésus prononce des mots forts sur le couple et sur sa décomposition, appelée adultère. La famille, femme, homme et enfant doit rester unie. D’ailleurs Jésus rappellera ce point fondamental quand il dira : « que tous soient un comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi, qu'ils soient en nous eux aussi, afin que le monde croie que tu m'as envoyé » Jean. 17 : 21, version TOB. 

 

En revalorisant la famille humaine, Jésus a redonné une place importante à l’enfant.

 

Mais revisitons la situation décrite dans Marc 10 : 13-16.

 

Alors que des personnes bien intentionnées conduisent des enfants à Jésus pour qu’il les bénisse, ses disciples croyant bien faire, rabrouent ces derniers… Ils vont sans le savoir à l’encontre du message profond du Maître qu’ils veulent pourtant servir. Remarquons au passage que leur comportement est souvent le nôtre sur bon nombre de sujets spirituels… C’est ainsi que l’enfer est pavé de bonnes intentions !

Là encore, le contraste entre l’attitude des disciples et celle de Jésus est prégnant. Marc utilise des verbes forts. Pour stigmatiser l’intervention des disciples il choisira le verbe grec : ἐπιτιμάω = epitimao = montrer du respect, honorer, taxer selon la faute, réprimander, réprouver, censurer sévèrement, réprimander d'une manière tranchante. Les disciples ont voulu dénoncer une intervention inconvenante qui manquait à leurs yeux de respect à leur Maître. Ils étaient en osmose avec les perceptions de leur temps concernant les enfants.

Pourtant, Jésus va réagir. Marc va traduire les sentiments du Sauveur en choisissant un verbe grec qui a du caractère (uniquement employé deux fois dans son évangile et dans ce chapitre, cf. 10 : 14,41). Il s’agit du verbe : ἀγανακτέω = aganakteo = Etre indigné, rempli d'indignation, être dans un grand déplaisir).

Assurément, ses disciples ont dû être choqués par sa réaction ! Qui ne le serait pas ! Être repris vertement en public n’est-ce pas humiliant ?

 

D’un point de vue relationnel, que nous apprend le récit de Marc ?

 

Il mentionne des gens sans précision. Les traducteurs ont privilégié le « on ». « On lui amena ». Certainement des personnes bien intentionnées… Elles pensaient que Jésus pouvait avoir une action bénéfique sur ces enfants. Petit détail : alors que Marc et Matthieu parlent de petits enfants (παιδίον = paidion = un jeune enfant, un petit garçon, une petite fille), Luc utilise le mot de bébé (βρέφος = brephos = un enfant nouveau-né, un nourrisson, un bébé, cf. Luc 18 : 15).

De même, alors que Matthieu précise l’objectif des accompagnateurs par ces mots : « On lui amena des petits enfants, afin qu’il leur impose les mains et prie pour eux » Matthieu 19 : 13, Marc et Luc utilisent le verbe (ἅπτομαι = haptomai = s’attacher à, adhérer à, s'accrocher à, toucher. Le verbe est aussi employé pour traduire les relations charnelles entre un homme et une femme). Pour Marc et Luc, ce qui est signifiant, c’est le toucher. Quoi qu’il en soit, le contraste entre les bons sentiments de ces gens, et le comportement réactif des disciples, va permettre à Jésus de se positionner. Car, suite à son indignation, arrive son précieux enseignement.

 

« Laissez les petits enfants venir à moi ». Cette expression, reprise unanimement par Marc, Matthieu et Luc, traduit les sentiments profonds du Sauveur. Il est recru d’émotions. (Le verbe grec ἀφίημι = aphiemi = est très souvent usité dans les évangiles. Ses traductions sont nombreuses ; dans notre contexte, ce verbe, à l’impératif aoriste second, se présente comme un ordre. Il signifie Laisser faire, ne pas résister, permettre etc.). Le Seigneur est clair : personne n’a le droit d’empêcher un enfant de prendre contact avec lui. Jésus réhabilite l’enfant. Il lui redonne une vraie place au sein de la société civile et religieuse. Ce qui semblait évident avait été perverti par le monde des adultes. Jésus procède à un rappel fondamental : l’enfant fait partie intégrante de la grande famille humaine. C’est pour elle

 

qu’il est venu. Personne ne doit être exclu, pas même le plus petit aux yeux des adultes.

Notons que l’injonction positive : « laissez les petits enfants venir à moi » est suivie d’une recommandation formelle : « Ne les en empêchez pas » (κωλύω = koluo = empêcher, dénier ou refuser une chose à quelqu'un. Le verbe est un impératif !).

Plus que de faire obstacle à la rencontre des enfants avec le Seigneur, c’est aussi leur refuser la liberté d’être avec Lui. Par cette réplique Jésus fait bien comprendre à ses disciples que personne ne peut s’arroger le droit d’empêcher quiconque d’aller vers le Seigneur. Le Maître va assortir le caractère impérieux de son intervention d’une raison cardinale : « car le Royaume de Dieu appartient à ceux qui sont comme eux ». Plus littéralement : « car, pareils (à eux) est le royaume de Dieu ». La version de Jérusalem approche cette littéralité, quand elle traduit : « car c’est à leurs pareils qu’appartient le royaume de Dieu » Marc 10 : 14, version FBJ.

 

Quelle surprise ! Le royaume de Dieu n’est pas un monde d’adultes, mais d’enfants ! Autrement dit, c’est la disposition naturelle de l’enfant qui servira de référence, pas celle de l’adulte…

 

Qu’elles sont les caractéristiques spécifiques à l’enfant ?

 

Ce qui est remarquable chez l’enfant, c’est sa disponibilité à apprendre. Il est ouvert sans a priori aux formes d’éducation. Simon Freud a défini l’âge de 6 à 12 ans comme celui qui est le plus malléable aux apprentissages pédagogiques. A cet âge, il est sorti du complexe d’œdipe (l’enfant amoureux de son parent) et affirme sa différence sexuelle et sa personnalité. Il devient capable de se représenter mentalement ce qu’il évoque. Pour autant son monde environnant n’est pas encore très organisé. Sa pensée est mobile, son intelligence n’opère que sur le concret. Par exemple, l’enfant ne calcule pas en échafaudant des hypothèses complexes…  

 

En général, l’enfance se caractérise par un désir de communication. Le jeu et les échangent verbaux ont une bonne place. C’est donc le début d’un processus de socialisation. L’enfant peut se situer au milieu de son environnement. Sa pensée devient moins égocentrique. C’est le temps du contentement. L’enfant est satisfait de lui-même, du coup, il devient plus ouvert au monde. C’est à cette époque qu’il développe son imaginaire, ses rêves. A cet âge, l’enfant éprouve le besoin de se comparer aux autres, il exprime des différences d’appréciation…

Ce rapide et sommaire état des lieux des points forts de l’enfant (il n’est certes pas exhaustif !), peut nous aider à comprendre pourquoi le Seigneur a choisi l’image de l’enfant pour nous parler de ceux qui composeront son royaume.

C’est cette part d’innocence et cette ouverture spontanée qui peuvent nous servir de repères spirituels. Elles sont l’essence de la foi. En règle générale ce qui pollue l’adulte (cf. le calcul, la course au mérite, le besoin de dominer et d’asservir…) est étranger à l’enfant. C’est Georges Bernanos (artiste et écrivain français 1888-1948) qui disait : « Qu’importe ma vie ! Je veux seulement qu’elle reste jusqu’au bout fidèle à l’enfant que je fus ».

 

« Je vous le déclare, c'est la vérité : celui qui ne reçoit pas le Royaume de Dieu comme un enfant ne pourra jamais y entrer. Ensuite, il prit les enfants dans ses bras ; il posa les mains sur chacun d'eux et les bénit », version BCF. Ou encore dans une autre traduction : « En vérité, je vous le déclare, qui n'accueille pas le Royaume de Dieu comme un enfant n'y entrera pas » Marc. 10 : 15, version TOB.

L’affirmation solennelle de Jésus introduite par le célèbre : « ἀμὴν λέγω ὑμῖν » = « Amen, je

vous le dis », pose un préalable à l’entrée dans le royaume de Dieu. Jusqu’à présent il s’agissait de la foi sans qualificatif (cf. Marc 5 : 34). Mais là, la foi est illustrée par le visage d’un enfant. Le processus est à la fois délicat et touchant. Mais, il peut aussi être dérangeant, car il nous interpelle fortement.

Recevoir ou accueillir le royaume comme un enfant. Quel programme ! Il ne s’agit plus d’avoir la foi comme un concept théologique, mais comme un cœur d’enfant.

Nous avons une grosse lessive à faire pour revenir à la pureté d’un engagement qui colle avec les dispositions intérieures d’un enfant. Autant dire qu’il est question d’une foi spontanément ouverte, sans réserve. C’est une confiance sans condition qui ouvre la porte du royaume. Cela paraît d’une simplicité sidérante et pourtant ! Nos élans sont très souvent chargés d’encombrants. Il convient non seulement d’être entier dans notre foi, mais encore d’avoir la simplicité d’une âme d’enfant. C’est sur cette base que la relation peut être féconde.

« Il prit les enfants dans ses bras ; il posa les mains sur chacun d'eux et les bénit ». Comme dans Marc 9 : 36, l’auteur est le seul à nous rapporter ce trait touchant. (Ἐναγκαλίζομαι = enagkalizomai = prendre dans ses bras, embrasser). Toute la tendresse du Seigneur, recrue d’émotions, se libère pour ces petits. On comprend mieux pourquoi Il fut si indigné contre les disciples qui voulaient le priver de ce bonheur ! Non seulement le Christ ouvre tout grand ses bras, mais de plus il leur impose ses mains. Ce signe de bénédiction nous redit à quel point ces enfants étaient précieux à ses yeux. Ce dernier geste ne satisfait pas une tradition formelle, il nous parle d’un grand désir du Seigneur : celui de communiquer à ces enfants, ces petits fragiles, les forces spirituelles nécessaires à leur bonne marche vers le royaume de Dieu.

 

Conclusion :

 

Presque au centre de son évangile, Marc place dans l’enseignement de Jésus cette scène rafraîchissante. Loin de tout concept théologique compliqué, l’auteur nous retrace les faits et gestes d’un instantané de vie simple, pure et réjouissante. Jésus ouvre ses bras pour accueillir des enfants afin de leur inculquer simplement la vie, accompagnés de sa bénédiction. Ce trait de caractère du Seigneur devrait nous inciter à relire ses enseignements sous un autre angle. Jésus a fait du royaume de Dieu son message favori. C’est vers cette destination qu’il pointe la bonne direction à prendre. De plus, il nous décrit l’état d’esprit qui doit nous animer. Il ne s’agit pas de retomber en enfance, mais plutôt de cultiver les bienfaits d’une renaissance avec un cœur d’enfant. Il faut ranger nos prétentions de grandeur (cf. Marc 9 : 33-34), pour retrouver un cœur d’enfant, simple, ouvert, aimant. L’étreinte pleine de tendresse du Christ est à placer en contre-pouvoir du monde des adultes. La bénédiction qui suit, geste habituel des rabbins, dépasse la tradition sacerdotale. Désormais, les portes du Royaume de Dieu sont ouvertes aussi et surtout aux enfants. Si nous gardons notre âme d’enfant, nous ne vieillirons pas et les portes du royaume nous seront ouvertes. Que l’esprit primesautier de l’enfant rassérène et embellisse notre foi pour lui conserver la fraîcheur de son premier amour.

 

« Être adulte ou être enfant n’est pas une question d’âge, mais une question d’attitude » Omraam Mikhaël Aïvanhov.

 

                                                                                                                                      Jacques Eychenne

 

PS : BCF, version Bible en Français Courant ; TOB, version Traduction Œcuménique de la Bible.

 

 

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