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Les fondements spirituels selon Salomon Ecclésiaste 5 : 1 à 8 : 17 |
Introduction :
Nous avons vu la fois dernière que le roi Salomon se positionnait comme un enseignant délivrant à son peuple les fruits de sa réflexion sur les difficultés de la vie. Il se positionnait plus en philosophe qu’en pédagogue. Aujourd’hui, nous allons analyser les aspects pratiques de la relation à Dieu. Rappelons toutefois que le chapitre 4 de son exposé mettait l’accent sur une attitude pleine de respect. Quand on veut s’approcher de Yaweh-Adonaï, notre Dieu, c’est un comportement qui devrait être naturel !
« Veille sur ton pied, lorsque tu entres dans la maison de Dieu : approche-toi pour écouter, au lieu d’offrir le sacrifice que présentent les hommes stupides parce qu’ils ne savent pas qu’ils agissent mal » Ecclésiaste 4 : 17, version Segond 21.
Paroles de circonstances quand on veut se positionner en tant que croyant. Salomon nous dit que la première démarche appropriée, quand on a le désir de rencontrer Dieu, est s’interroger sur la motivation qui nous y pousse. Est-ce pour écouter ce qu’il a à nous dire ? ou est-ce pour étaler nos bonnes œuvres ? alors que nous ne faisons pas ce qui est bien selon ses commandements. Il est plus simple d’être dans les apparences que dans la transparence. Les formes, les rites, les traditions, peuvent être des paravents qui trahissent nos vraies motivations. Salomon veut débusquer la méprise, en disant qu’ils ne savent pas qu’ils agissent mal. En d’autres termes, ce n’est pas ce que l’on fait qui est important, mais le pourquoi on le fait et comment on le vit. Nous nous piégeons souvent par ignorance au lieu d’être dans un esprit d’obéissance par rapport à ce que Dieu a clairement édicté.
Développement :
Puis, Salomon va poursuivre sur le sujet de la relation avec notre Père des cieux.
« Que ta bouche ne se précipite pas et que ton cœur ne se hâte pas de proférer une parole devant Dieu. Car Dieu est dans le ciel, et toi sur la terre. Donc, que tes paroles soient peu nombreuses ! » Ecclésiaste 5 : 1, version TOB.
Pour accueillir cette recommandation il convient de prendre conscience de ce qui nous sépare de notre Créateur. Il est le Père, nous sommes ses enfants. Lui est éternel, nous, nous sommes de passage, Lui est au ciel et nous sur la terre. La distance entre Lui et nous n’est pas mesurable, même s’il peut être très près de nous (cf. Psaume 145 : 8), et s’il s’est rapproché en Jésus-Christ pour nous révéler sa Paternité (cf. Matthieu 6 : 9). Le respect vis-à-vis de Celui qui nous a donné vie devrait incliner nos cœurs et nos pensées au respect et à l’humilité. Dans ce contexte, la précipitation à formuler des requêtes n’est pas opportune. Par contre, une réflexion préalable s’impose. C’est déjà le cas quand nous devons nous adresser à un dignitaire de nos sociétés. A fortiori, avec Dieu ! Salomon dénonce la multitude de paroles, car elles font référence à un insensé. Pourquoi ? Elles laissent entendre que Dieu n’est pas au courant. C’est mal connaître sa capacité infinie à accueillir, comprendre et agir. La concision est donc de rigueur. La prière du Christ en est une démonstration (cf. Matthieu 6 : 9-13). Celle de Samuel confirme : répondant à l’Eternel il dit : « Parle car ton serviteur écoute » 1 Samuel 3 : 10, version LSG. Certes, il existe des situations exceptionnelles où nous avons besoin de déverser nos sentiments, mais en fait ces prières sont des thérapies pour soi. (Voire aussi Matthieu 6 : 7-8). Elles n’informent pas Notre Père. Il n’y a donc pas lieu à se précipiter pour parler. Le silence peut être aussi éloquent.
De même pour des vœux… Pas de précipitation sous le coup d’une émotion !
Salomon nous prévient : « Mieux vaut pour toi ne pas faire de vœu plutôt que d’en faire un et de ne pas l’accomplir » Ecclésiaste 5 : 4, version Segond 21. Autant dire que nous sommes renvoyés à nos responsabilités quand notre parole est engagée surtout avec Dieu. Précisons toutefois que l’Eternel sollicite souvent une action volontaire et déterminée, il accueille les promesses faites en toute liberté. Seulement il nous responsabilise pour que nos promesses soient tenues. En relation, c’est une condition sine qua none de bonne entente. Méfions-nous de nos impulsions !
Puis, Salomon nous met en garde contre l’amour des richesses. Il dit très justement : « Celui qui aime l’argent n’en sera jamais rassasié et celui qui aime les richesses n’en profitera pas. Cela aussi, c’est de la fumée » Ecclésiaste 5 : 9, version Segond 21.
C’est bien connu, l’amour du gain grandit avec la fortune. Jamais notre monde n’a connu autant de milliardaires ! Salomon fustige cette richesse acquise par l’oppression des pauvres. L’humain était, à l’époque de Salomon, utilisé comme bête de somme. La modernité a affiné le processus mais le mal est toujours d’actualité. Pourquoi s’attacher aux richesses alors que chacun « s’en va comme il est venu » Ecclésiaste 5 : 15, version Segond 21.
Salomon affine son observation et positive ce qu’il a vu :
« Il est bon et beau pour l’homme de manger et de boire et de prendre du plaisir dans le travail qu’il accomplit sous le soleil, pendant la durée de vie que Dieu lui accorde, car c’est sa part » Ecclésiaste 5 : 17, version Segond 21.
Il ne faudrait pas penser que Salomon soit contre la joie et la richesse. Il y a du plaisir à prendre table et dans le travail. Quand on s’y adonne avec reconnaissance, au soir d’une journée bien remplie, on éprouve du contentement. Mais un peu plus loin, Salomon exprime son ressenti sur la question. Il nous dit en substance que pendant des jours de travail, même si l’humain n’en a pas conscience, c’est Dieu qui réjouit son cœur en lui permettant d’être actif et besognant (cf. verset 19).
Puis, Salomon va mettre en exergue l’importance de jouir du bonheur. Il explique que la possession de tous les biens matériels, la joie d’avoir une grande descendance avec les bienfaits d’une vie longue et bien remplie n’ajoutent rien au bonheur. Tout commence et finit au même endroit (cf. Ecclésiaste 6 : 3-6). C’est assurément ce qui génère des désirs insatisfaits (cf. Ecclésiaste 6 : 7).
Ainsi pour Salomon le bonheur ne dépend ni de lieux, ni de circonstances. Ce serait plus un état d’esprit face à tous les aléas du quotidien ; une philosophie de vie positive qui appréhende même les épreuves comme des matériaux nécessaires pour se construire (cf. Romains 8 : 18). L’apôtre Jacques développe aussi ce sujet (cf. Jacques 1 : 2-4). L’apôtre Pierre placera son regard dans une perspective plus spirituelle (cf. 1 Pierre 4 : 12,13).
Dans ce contexte Salomon pose un principe simple. Il s’agit de ne pas confondre Bonheur et plaisir. Le moyen et la fin. Le plaisir, comme fin en soi, n’a pas d’avenir, car au bout du bout, il laisse le cœur vide. C’est là où la sagesse de Salomon trouve toute sa place. Sa vraie sagesse réside dans les énoncés suivants :
Mais, la sagesse aussi a ses limites :
« La sagesse prend conscience que Dieu est à l’origine de l’harmonie de notre univers, mais elle est incapable de le comprendre. Quand j'eus à cœur de connaître la sagesse et de voir les occupations auxquelles on s'affaire sur terre, - même si, le jour et la nuit, l'homme ne voit pas de ses yeux le sommeil - alors j'ai vu toute l'œuvre de Dieu ; l'homme ne peut découvrir l'œuvre qui se fait sous le soleil, bien que l'homme travaille à la rechercher, mais sans la découvrir ; et même si le sage affirme qu'il sait, il ne peut la découvrir » Ecclésiaste 8 : 16 – 17, version TOB.
Les scientifiques devraient se nourrir d’humilité. Concernant le mystère persistant de la vitesse d’expansion de l’Univers, le National Géographique, publie un article dans lequel il développe l’observation du célèbre télescope spatial James Webb de la NASA : « les données provenant de supernovas et de céphéides proches indiquent que l’expansion de l’Univers est plus rapide que prévu. Les chercheurs ne savent pas pour l’instant expliquer le pourquoi d’une accélération aussi importante, même en tenant compte de l’énergie noire ».
Sur bien d’autres sujets on peut observer de nos jours les limites de la sagesse humaine. Salomon avait déjà pointé le décalage entre le désir de savoir et la vraie connaissance.
« Ne sois pas juste à l'excès et ne te fais pas trop sage, pourquoi te détruirais-tu ? » Ecclésiaste 7 : 16, version FBJ. C’est un conseil que pourrait nous donner un grand chef cuisinier à propos de l’utilisation du sel : Il faut en mettre ni trop, ni pas assez. La pratique de la sagesse est d’un équilibre fragile, sans l’aide divine c’est une gageure !
« En effet, il n'existe sur la terre personne d'assez juste pour pratiquer le bien sans jamais se tromper » Ecclésiaste 7 : 20, version BFC ; voire encore Romains 3 : 10-18).
Puis, Salomon donne son témoignage :
« Seulement, voici ce que j'ai trouvé, c'est que Dieu a fait les hommes droits ; mais ils ont cherché beaucoup de détours » Ecclésiaste 7 : 29, version LSG. Salomon a ressenti la nécessité de préciser : Dieu n’est pas responsable de l’universalité du mal, il a créé l’être humain droit. Il faut donc que chacun cherche ailleurs les raisons de justifier ses égarements sans chercher de subterfuges. La sagesse à laquelle Salomon s’est appliquée ne consiste pas à utiliser des formules mathématiques pour résoudre ses problèmes. Sa sagesse procède d’une recherche appliquée, sérieuse, profonde et durable. Il a eu pour habitude d’être accompagné par Dieu et il reconnait que c’est Lui qui est à l’origine de ce qu’il sait.
La sagesse a aussi ses vertus :
« La sagesse d'un homme illumine son visage et la dureté de son visage en est transformée ? » Ecclésiaste 8 : 1, version TOB.
Souvent nous pensons que la spiritualité ou même la piété se traduit par un visage triste manifestant une certaine austérité. Un style compassé exprimant une pointe de dureté de visage semble plus approprié au comportement chrétien. Mais il n’en est rien ! Pour Salomon, la sagesse fait luire son visage naturellement. Point n’est besoin d’artifice ou de crème de « perlimpinpin ». Il n’est pas question de soin du visage, mais plutôt d’être centré sur le naturel. La sagesse n’est pas dans le paraître !
« Celui qui observe le commandement ne connaîtra rien de mauvais. Le temps et le jugement, le cœur du sage les connaît » Ecclésiaste 8 : 5, version TOB.
Salomon revient souvent sur la relation sagesse//obéissance aux commandements. Pour lui, suivre ce que Yaweh-Adonaï a dit en est la plus simple expression. Puis, tout comme son père David, il a observé la prospérité de ceux qui pratiquent le mal sans être tourmentés, et cela l’a déstabilisé un moment (cf. Psaumes 73 : 1-9).
« Quelqu'un peut être coupable d'une centaine de méfaits et vivre très longtemps… des méchants connaissent la réussite que méritent les justes. Je le répète : c'est décevant comme la fumée ! ». Ecclésiaste 8 : 12,14 version BFC.
Salomon invite ses lecteurs à attendre patiemment le triomphe du bien. Seul Dieu peut remporter ce combat, et c’est ce qu’il a réalisé en Jésus-Christ. Pour l’heure, nous ne pouvons que constater l'inanité de nos efforts à vouloir endiguer le mal. Tout comme Salomon, nous ne pouvons qu’acter la réalité d’une domination de l’homme sur l’homme pour son plus grand malheur (cf. Ecclésiaste 8 : 9). Le danger qui peut guetter le croyant est de perdre sa confiance en la justice divine. Elle peut nous paraître lente à venir, elle sera toutefois incontournable et irrécusable. Sachant que la justice n’est pas de ce monde, nous pouvons soit nous révolter, soit nous en remettre au Tout-Puissant. C’est l’enseignement que l’apôtre Paul a transmis à son jeune disciple Timothée :
« Je t'en adjure devant Dieu et le Christ Jésus, qui va juger vivants et morts, et par son apparition et par son règne » 2 Timothée 4 : 1, version DRB.
La sagesse nous invite très souvent à la patience. Le prophète Jérémie l’avait bien intégrée dans son quotidien. En homme d’expérience, il a écrit cette belle phrase que l’on pourrait placer sur le fronton d’édifices :
« Il est bon d’espérer en silence le salut du SEIGNEUR » Lamentation 3 : 26, version TOB. L’apôtre Paul dira aux Romains : « Mais espérer ce que nous ne voyons pas, c'est l'attendre avec persévérance. » Romains 8 : 25, version TOB.
Conclusion :
Ne nous attardons pas sur les injustices que Dieu lui-même tolère encore dans ce monde. Salomon a une préoccupation saine ; Pour vivre habité par des pensées positives, il nous conseille de nous tourner vers Dieu, notre Père. C’est en lien avec Yhwh-Adonaï que l’Ecclésiaste célèbre l’importance de cultiver la joie (comme il l’a délà fait à plusieurs reprises ; cf. Ecclésiaste 2 : 24 ; 3 : 12,22 ; 5 : 17-18). C’est le moyen qu’il préconise pour évacuer tout ce qui peut mener au désespoir. Quand il dit : « tout est vanité », c’est pour mieux nous garder d’un pessimisme qui assombrit les couleurs de la vie. Cela est d’autant plus vrai que Salomon nous recentre sur le plaisir, le vrai, celui qui a pour référence des valeurs morales et spirituelles. Contrairement à ce que l’on pourrait croire sa sagesse ne repose pas sur un désenchantement des activités humaines. A côté de chaque observation négative, nous trouvons une indication qui nous conduit à savourer ce que Dieu nous envoie. Salomon insiste beaucoup sur ce que Dieu donne aux humains. Cette prise de conscience devrait ouvrir notre compréhension : Ne pensons-pas que nous pouvons trouver le vrai bonheur par nos propres efforts ! dans ce contexte nous sommes invités à saisir les opportunités qui nous sont dispensées pour cheminer vers Celui qui seul peut satisfaire notre aspiration au bonheur ici et maintenant.
Bien sûr Salomon nous éveille au fait que nous ne pouvons pas tout comprendre de ce qui se passe dans le monde ainsi que dans nos vies. Mais n’est-ce pas pour faire germer la foi ?
« Or celui qui nous lie fermement avec vous à Christ et qui nous a oints, c'est DIEU, qui aussi nous a scellés, et nous a donné les arrhes de l'Esprit dans nos cœurs » 2 Corinthiens 1 : 21-22, version J.N. Darby.
Salomon comme tous ceux qui ont été inspirés par le Seigneur émet une pensée réaliste que nous avons beaucoup de difficultés à assimiler :
« Mes frères, regardez comme un sujet de joie complète les diverses épreuves auxquelles vous pouvez être exposés, sachant que l'épreuve de votre foi produit la patience. Mais il faut que la patience accomplisse parfaitement son œuvre, afin que vous soyez parfaits et accomplis, sans faillir en rien » Jacques 1 : 2 – 4, version LSG.
Le mot de la joie et à lire dans le sens d’un autre mot très proche : l’enthousiasme. Louis Pasteur considérait que c’était le plus beau mot de la langue française. Emprunté du grec enthousiasmos et de l’adjectif enthéos, (en Dieu). Il traduit bien l’état d’esprit de celui ou celle qui est inspiré par Dieu. C’est l’émerveillement d’une ouverture au divin. Socrate disait : « La sagesse commence dans l’émerveillement ».
C’est pour cette raison que nous poursuivrons l’analyse des 4 derniers chapitres du livre de Salomon la prochaine fois…
Jacques Eychenne
PS : Segond 21 (1909) ; TOB, version Traduction Œcuménique de la Bible ; BFC, version de la Bible en Français courant ; Darby, version J.N. Darby