La prière du "Notre Père" 7ème partie

Ou
La prière de référence
Matthieu 6 : 9-13 ; Luc 11 2-4

 

7ème partie

 

 

Introduction :

 

Comme nous l’avons vu précédemment, la quatrième requête du « notre Père » nous a fait prendre conscience de nos besoins. En particulier, ceux qui étaient essentiels et vitaux, comme la nourriture, tant matérielle que spirituelle. Partant d’une notion concrète de la matérialité du pain, le Seigneur nous a fait progressés vers un aspect encore plus déterminant pour notre devenir. En effet, le Christ s’est défini comme étant le pain de vie. Il va sans dire que cette affirmation s’appréhende par la foi. Son assimilation demeure cependant incontournable pour fortifier nos cœurs dans cette marche vers le royaume éternel. Redisons-le, la prière du « Notre Père » s’inscrit dans ce grand discours sur la montagne, au début du ministère du Christ, en Galilée… Donc, après avoir exprimé une demande bien centrée sur nos besoins propres, la cinquième requête met l’accent sur notre relation à Dieu et au prochain, par le biais du pardon. Observons le texte…

 

 

 

 

 

Développement :

 

 

 

« Pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés » Matthieu 6 : 12 Segond

 

« Remets-nous nos dettes, comme nous aussi nous l’avons fait pour nos débiteurs » idem, N.B.S

 

« Pardonne-nous nos torts envers toi, comme nous-mêmes nous avons pardonné à ceux qui avaient des torts envers nous » idem, T.O.B

 

Litt. « Et remets à nous nos dettes, comme aussi nous, nous (les) avons remises à nos débiteurs »

 

Notons que le texte de Luc ne parle pas de dettes, ni d’offenses, ni de torts, mais de péchés (αμαρτίας) et il insiste sur notre responsabilité : « Et remets-nous nos péchés, car nous-mêmes aussi nous remettons à chacun de nos débiteurs » Luc 11 : 4

 

Observons en préambule un petit détail souvent passé sous silence : La phrase est introduite par une conjonction de coordination (καί). Cela laisse entendre qu’il y a un lien entre ce qui a été dit précédemment et notre phrase ci-dessus. (Nous retrouverons cette conjonction de coordination jusqu’à la fin de cette merveilleuse prière. Elle indique donc clairement, qu’il y a lien entre toutes nos requêtes). Parmi diverses possibilités, disons qu’entre notre demande d’être nourris par Dieu, et le fait d’être en paix avec lui et notre prochain, il y a un lien de cohérence.  

 

En effet, peut-on demander le pardon à Dieu, si nous demeurons en rupture de relation avec lui, ou même avec notre prochain ? (Cf. Matthieu 5 : 23-24) Notre lien peut être rompu par notre volonté, et non celle du Père. Bien sûr, il ne s’agit pas d’ignorer le sens premier du péché, tel qu’il est défini par l’apôtre Jean : « Le péché est la transgression de la loi » 1 Jean 3 :4

 

Mais, en libellé relationnel, le péché est avant tout une rupture de relation avec Dieu. « Quiconque pratique le péché ne l’a pas vu, et ne l’a pas connu. » idem, v.6

 

Contrairement à la pensée courante, notre problème n’est pas la pratique du péché, (car nous sommes tous pécheurs) mais l’absence d’adhésion au remède que « Notre Père » nous propose. (Cf. Romains 3 :10-12,21-24). Il y a donc bien un lien entre notre quatrième et cinquième demande.

 

 

 

Mais, revenons au texte de Matthieu. Comme à notre habitude, essayons de repréciser le sens des mots de l’original grec, en commençant par le premier verbe traduit couramment par pardonner ou remettre.

 

Αφίημι= son sens premier est de faire sortir ou partir, renvoyer, congédier, laisser aller, laisser libre, (par exemple une foule Matthieu 13 :36,18 :27). Au temps de Christ, quand on libérait un prisonnier, on utilisait ce verbe. Cette remise en liberté donne le sens profond. Pour illustrer encore ce sens premier de faire sortir ou renvoyer, Matthieu utilise ce verbe à la mort du Christ. Le texte dit « Jésus poussa un grand cri et rendit l’Esprit » La version Segond de 1975, note de Scofield, met en note, p.1105, litt. Renvoya son Esprit.

 

Le sens de ce verbe a certes évolué en fonction des contextes. Il a été traduit par : la remise de dettes, être déchargé d’une accusation, pardonner à quelqu’un, laisser, quitter… (Voire dict. de Maurice Carrez et François Morel, 4ème éd. 1992, p.50 ou Dict. A. Bailly 1966, p. 326-327)

 

Rajoutons que les mots ayant une même racine parlent de libération, rémission, remise, éloigner, écarter etc.

 

Le mot suivant va préciser le sens de ce verbe. Οφείλημα= la dette, obligation. le verbe όφείλω= avoir une dette, être débiteur, être redevable. (Voire Matthieu 18 : 28, 30,34)

 

 

 

Ces précisions éclairent notre cinquième requête. Il s’agit bien de demander une remise de dettes. Ces dettes sont appelées à être soldées, évacuées de notre préoccupation. Jésus reviendra sur ce sujet avec la parabole du débiteur impitoyable (Cf. Matthieu 18 : 23-35). Il est intéressant de noter que cette parabole est immédiatement précédée du pardon entre frères et de la prière à deux. (Idem, v. 19-22). Luc n’est pas en reste lui aussi. Il nous rapporte la parabole des deux débiteurs, alors que le Maître est invité par un pharisien, et qu’à cette occasion une femme pécheresse pleure et oint les pieds de Jésus. (Cf. Luc 7 : 36-50) dans la même idée, Luc rapporte aussi la parabole des deux serviteurs (Cf. Luc 12 : 41-59).

 

 

 

Comme nous le constatons, ce message n’est pas isolé de la prédication centrale du Seigneur : Le salut est une libération, il intègre la notion de pardon.

 

 

 

« Et remets à nous nos dettes, comme aussi nous, nous (les) avons remises à nos débiteurs » 

 

Cette cinquième requête se positionne exactement comme les précédentes. Elle est à comprendre en termes relationnels. Elle explicite le lien qui existe entre Dieu et nous, et entre nous, et notre prochain.

 

De plus, si Luc précise la dette en mettant le mot péché, cela nous permet de donner à ce mot un sens plus approprié à la relation à Dieu, et au prochain. Comme nous l’avons dit précédemment le péché est avant tout une rupture de relation (affective) avec notre Père. Notre désobéissance ou notre transgression de la loi, n’en est que sa conséquence. C’est d’abord dans le cœur que la volonté d’indépendance se fait jour, c’est dans la pensée que germe la désobéissance. L’important est bien l’intention première qui nous habite et nous motive. Pour confirmer ce fait, Matthieu rapporte les paroles suivantes de Jésus (toujours dans le même discours sur la montagne) :

 

« Moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur. » Matthieu 5 : 28

 

Les humains, malheureusement, ont accès leur discipline ecclésiastique sur les conséquences et non sur les causes. La responsabilité dans l’amour a été substituée par la culpabilité. Cette dernière a toujours été bien commode pour maintenir les sujets pécheurs sous le joug d’une condamnation. Sur un plan relationnel, l’humain a mis à nu son défaut de pouvoir et de domination. Ceux qui jugent facilement leurs frères oublient qu’ils sont eux-mêmes pécheurs. David disait « L’Eternel, du haut des cieux, regarde les fils de l’homme, pour voir s’il y a quelqu’un qui soit intelligent, qui cherche Dieu. Tous sont égarés, tous sont pervertis ; il en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul » Psaume 14 :2-3 (L’apôtre Paul reprendra cette citation. Cf. Romains 3 : 10-12).

 

 

 

Donc, nous avons tous à examiner dans nos vies nos motivations, c’est à dire les causes de nos dettes, plutôt qu’à nous attarder sur leurs conséquences.

 

 

 

Ainsi, notre demande de remise de dettes éclaire le sujet du péché, mais pas seulement…

 

Cette prière nous remet dans le bon chemin. Il s’agit avant tout de se sentir concerné personnellement par cette dette. Par extension, cela nous renvoie à la recommandation du Seigneur. Elle est énoncée un peu plus loin dans son sermon sur la montagne : 

 

« Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés, car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l’on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez » Matthieu 7 : 1-2

 

Manifestement, cette prière nous repositionne dans notre relation avec les humains, nos frères. Elle nous responsabilise, elle nous fait prendre conscience de notre propre situation, avant d’être préoccupés par la situation des autres.

 

Dieu nous accordera son pardon, autrement dit, nous déchargera d’un poids suivant notre comportement vis-à-vis d’autrui.

 

Nous serons pardonnés comme (ou de même que) nous avons nous-mêmes accordé ce pardon à notre prochain. Notre prière se doit d’être cohérente. Notre demande de remise de dettes est subordonnée à celle que nous accordons. C’est un principe de simple justice. Il en va de même du pardon, ou de tout tort commis aux uns et aux autres. Si c’est par le don (par-don) que la grâce de Dieu opère, c’est aussi par le pardon accordé à autrui que l’on vit sa conversion. Dans une conversion authentique, la force d’aimer se mesure à la capacité de pardon. Pardonner n’est en définitif que réfléchir le pardon, déjà reçu, du Père.

 

 

 

Mais ne nous trompons pas dans l’analyse de notre demande, il n’y a cependant pas équation entre ce que l’on donne, et ce que l’on reçoit. Si le pardon de Dieu était uniquement conditionné à notre pratique du pardon, nous ne serions pas beaucoup pardonné. Non seulement Dieu nous pardonne au delà de nos pardons, mais encore, c’est Lui seul qui rend possible nos vrais actes de pardon. La grâce divine supplante nos infirmités. Elle nous encourage par ce fait à progresser dans l’expérience heureuse de nos remises de dettes en faveur de nos semblables, sans discrimination.

 

Le texte de Luc va dans ce sens. Il ne dit pas : pardonne-nous ως = comme (ou de même que), mais, pardonne-nous καί γάρ αυτοί = car nous-mêmes aussi. Autrement dit, accorde-nous ton pardon, car nous aussi nous le pratiquons. En prolongement, sous-entendu, on peut dire : «  fais mieux et plus parfaitement que nous… »

 

 

 

Donc, redoutable responsabilité que de demander à Dieu de nous alléger de nos dettes, si nous refusons d’avoir la même démarche pour autrui. Le rapport entre la relation à Dieu, et au prochain est intimement lié. Cela nous rappelle le commandement :

 

« tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C’est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent (ou sont suspendus, accrochés) toute la loi et les prophètes. » Matthieu 22 : 37-39

 

 

 

En réalité, en filigrane, notre prière parle d’amour, de responsabilité, de bienveillance envers le prochain. Luc rapporte cette autre phrase de Jésus dans son sermon sur la montagne : « Pardonnez et vous serez pardonnés » Luc 6 :37c

 

Avoir la joie d’accueillir le pardon de Dieu, devrait nous aider dans nos rapports humains.

 

Examinons maintenant les bienfaits du pardon (remise de dettes) :

 

 

 

a)    Dans notre relation à Dieu :

 

 

 

Etre pardonné, ou voir nos dettes effacées, c’est pour reprendre l’image de départ, être remis en liberté. Avoir un nouvel espace pour se déterminer à marcher, en étant soulagé d’un poids qu’on ne pouvait plus porter. Accueillir le pardon de Dieu, c’est donc sortir de notre prison, pour retrouver la glorieuse liberté des enfants du Père. (Cf. Romains 8 :21)

 

N’oublions jamais que c’est parce que le Père nous pardonne, que nous pouvons, à notre tour, pardonner. C’est la seule part de l’homme dans cette prière, pour tout le reste, c’est Dieu qui répond, donc c’est Dieu qui agit.

 

Accueillir le pardon de Dieu conditionne donc notre capacité à pardonner autrui. Or, Dieu nous a pardonné en Jésus-Christ. C’est le Sauveur qui a payé le prix de notre réconciliation avec le Père.

 

« Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous… Nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, à plus forte raison étant réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie » Romains 5 :8,10 (Voire aussi Ephésiens 2 : 12-13)

 

Le pardon reçu détermine le pardon donné, de même que l’amour reçu détermine très souvent l’amour donné (Cf. 1 Jean 4 : 19)

 

 

 

b)    Dans notre relation au prochain :

 

 

 

Il est clair que si nous ne voulons rien recevoir de Dieu, ou si nous n’avons pas conscience d’avoir reçu son pardon, nous nous handicapons nous-mêmes dans notre capacité à pardonner. Très souvent on ne peut donner que ce que nous avons reçu, et si nous n’avons pas conscience d’avoir reçu, nous nous plaçons dans l’incapacité à pouvoir donner à notre tour.  

 

Pardonner, procéder à une remise de dettes, c’est avant tout se faire du bien à soi. C’est un acte libérateur pour soi-même, et ensuite pour nos vis-à-vis. A contrario, prier avec la rancune, la haine ou toute autre amertume, revient à signifier que nous sommes en contradiction avec nous-mêmes. Refuser aux autres les droits que l’on revendique, est un abus de pouvoir. La confusion vient souvent de l’association pardon-oubli. On ne peut pas oublier certains faits de vie. Seule la mort pourra casser la mémoire vive de notre ordinateur cérébral. Mais justement, c’est parque l’oubli n’est pas possible que le pardon prend toute sa valeur. Il devient plus fort que l’oubli, il le surmonte et va au-delà. Ainsi, on peut reprendre sa marche, plus léger et plus heureux. Cette grâce nous est communiquée par « Notre Père »

 

 

 

 

 

C’est ainsi que l’on retrouve la paix. Dans le cas contraire, notre vie est gangrenée par ce mal. C’est sur ce terrain que l’homme est socialement le plus menacé. Ce mal ronge notre capital santé physique, psychique et spirituel. Qu’avons-nous à gagner ?

 

N’est-ce pas merveilleux de trouver au cœur de cette prière référente proposée par notre Sauveur, cette bonne nouvelle de notre remise de dettes (pardon) ! Elle découle avant tout, d’un désir d’amour de notre Père.

 

« Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, en n’imputant point aux hommes leurs offenses, et il a mis en nous la parole de réconciliation. »

 

2 Corinthiens 5 : 19 

 

L’accueil du pardon, ainsi que le fait de le transmettre, nous transfusent tout simplement la vraie Vie.

 

«  Dieu qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions morts par nos offenses, nous a rendus vivants avec Christ. » Ephésiens 2 : 4-5

 

«  Vous qui étiez morts par vos offenses et par l’incirconcision de votre chair, il vous a rendu à la vie avec lui, en nous faisant grâce pour toutes nos offenses ; il a effacé l’acte dont les ordonnances nous condamnaient et qui subsistait contre nous, et il l’a éliminé en le clouant à la croix. » Colossiens 2 : 13-14

 

 

 

Etre bien vivant, spirituellement, c’est pratiquer le pardon, comme la restitution d’un bien qui nous a été confié par amour.

 

 

 

Conclusion :

 

 

 

Quand nous prononçons la phrase :

 

« Remets-nous nos dettes, comme nous aussi nous l’avons fait pour nos débiteurs » sachons discerner que nous parlons d’amour. Cet amour est au centre de nos demandes. Il nous repositionne dans la bonne relation, d’abord avec notre Père, et ensuite avec nos semblables, nos frères.

 

Notre prière exprime un profond désir. Elle n’est pas une fuite dans la responsabilité, elle nous ancre bien au cœur des hommes.

 

 

 

Cette relation à Dieu et au prochain est une aspiration à solder tout contentieux. Une remise à jour de nos comptes courants s’impose. Elle nous ouvre la voie de la vraie liberté. C’est là le leitmotiv de la prédication du Seigneur dans son grand discours sur la montagne.

 

Son exigence dépasse nos compétences, quand le Seigneur déclare : 

 

« Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent » Matthieu 5 : 44 Or, l’amour de l’ennemi ne peut se vivre qu’en regard d’une disposition illimitée au pardon. (Cf. Matthieu 18 : 21-22) Ce ne peut être que l’œuvre de Dieu. Cela nous renvoie à la vérité avec humilité.

 

Cette prière éclaire le sujet du péché. Avant d’être une transgression, une faute, une tâche, une souillure, il est avant tout absence d’amour, de bienveillance, de compassion, de respect d’autrui, de désir d’être avec, de vivre ensemble en bonne harmonie…

 

 

 

Axons notre réflexion sur la cause du péché, plutôt que sur ses conséquences. En Dieu, l’Amour est la cause, le jugement la conséquence. L’amour restera premier et dernier.

 

« Parlez et agissez comme devant être jugés par une loi de liberté. Car le jugement est sans miséricorde pour qui n’a pas fait miséricorde. La miséricorde triomphe du jugement » Jacques 2 : 12-13

 

« Celui qui croit en Jésus-Christ n’est point jugés » Jean 3 : 18

 

Le pardon (ou la remise de dettes) fait partie de notre marche vers le royaume éternel. Le pardon reçu est en lien direct avec le pardon offert. Demander le pardon à Dieu, c’est proclamer, encore et encore, la puissance de sa grâce. Elle éponge complètement notre dette. A nous maintenant d’être cohérents, pour ne pas refuser de donner ce que nous avons gratuitement reçu. 

 

 

 

Gardons en mémoire, les paroles du Sauveur : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » Luc 23 : 34

 

                                                                                                

 

                                     Jacques Eychenne


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