La vocation des premiers disciples

     

 La vocation des  premiers disciples

   Marc 1 :16-20

   Jean 1 : 35-42

 

Introduction :

 

Quand nous lisons la Bible, nous nous attendons à trouver des réponses précises aux questions que nous nous posons. Cela nous paraît totalement légitime. Il est vrai que la parole, qui a voyagé sous l’inspiration de l’Esprit de Dieu dans le cœur des apôtres et du Christ, nous transmet des réponses. Mais, en zoomant les textes, on s’aperçoit que ces réponses répondent moins à nos questions qu’à des appels. Le ministère du Christ s’est construit ainsi. Il appelle l’humain à venir vers lui avant de répondre à ses questions. Cette attitude fait écho à la démarche de Dieu à travers l’histoire d’Israël. Dieu sollicite son peuple à répondre à son appel d’amour (cf. Osée 11 : 1-4). Dieu, tel un Père aimant, invite Israël (son fils) à prendre en compte ses paroles bienveillantes. Ses appels sont des invitations à grandir. Le texte d’Osée est touchant : « et moi, j'ai enseigné à Éphraïm à marcher » v. 3, version Darby. L’image suggestive est parlante. Tous les parents se rappellent ces instants magiques des premiers pas de leur enfant. C’est toujours le début d’une aventure… La même attitude, avec les mêmes sentiments, se retrouve dans le ministère du Christ. Mais n’était-il pas mandaté par son Père, ne reproduisait-il pas toute son attention pour l’humain ? N’est-ce pas, quelque part, normal de retrouver en Christ le même projet que son Père ? (cf. Jean 6 : 38 ; 4 : 34 ; 5 : 30). Retrouvons le Seigneur au départ de sa mission, en marche sur la rive occidentale de la mer de Galilée (cf. Marc 1 : 16-20 ; Matthieu 4 : 18-22 ; Luc 5 : 1-11).

 

Développement :

 

« Comme il passait le long de la mer de Galilée, il vit Simon et André, frère de Simon, qui jetaient un filet dans la mer; car ils étaient pêcheurs. Jésus leur dit: Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes. Aussitôt, ils laissèrent leurs filets, et le suivirent. Etant allé un peu plus loin, il vit Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère, qui, eux aussi, étaient dans une barque et réparaient les filets. Aussitôt, il les appela; et, laissant leur père Zébédée dans la barque avec les ouvriers, ils le suivirent. »  Marc 1 : 16-20.  

Quand on lit le récit de Marc, notre  impression première est de nous dire qu’il y a quelque chose d’insensé ou de fascinant dans cet appel des premiers disciples. Quitter en un instant, et son travail et sa famille, pour partir avec un inconnu, peut nous paraître déroutant, voire incompréhensible.

Mais est-ce vraiment ce qui s’est passé ? Heureusement l’apôtre Jean nous fournit d’autres informations. Elles nous stimulent à sortir des concepts magiques et extraordinaires. Elles nous permettent de mieux saisir la qualité de l’appel de Jésus. « Le lendemain, Jean était encore là, avec deux de ses disciples; et, ayant regardé Jésus qui passait, il dit: Voilà l'Agneau de Dieu. Les deux disciples l’entendirent prononcer ces paroles, et ils suivirent Jésus. Jésus se retourna, et voyant qu'ils le suivaient, il leur dit: Que cherchez-vous ? Ils lui répondirent: Rabbi (ce qui signifie Maître), où demeures-tu ? Venez, leur dit -il, et voyez. Ils allèrent, et ils virent où il demeurait; et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. C'était environ la dixième heure. André, frère de Simon Pierre, était l'un des deux qui avaient entendu les paroles de Jean, et qui avaient suivi Jésus. Ce fut lui qui rencontra le premier son frère Simon, et il lui dit: Nous avons trouvé le Messie (ce qui signifie Christ). Et il le conduisit vers Jésus. Jésus, l’ayant regardé, dit: Tu es Simon, fils de Jonas; tu seras appelé Céphas (ce qui signifie Pierre). »  Jean 1 : 35-42.

 

Ce récit de l’apôtre Jean met en lumière qu’André et Pierre ont été d’abord en contact avec la prédication de Jean-Baptiste. Délaissant leur travail sur le lac, ils sont descendus vers les rives sud du Jourdain pour se faire une conviction sur les rumeurs qu’ils entendaient. L’apôtre Jean situe l’endroit : « Ces choses se passèrent à Béthanie, de l’autre côté du Jourdain, là où Jean baptisait » Jean 1 : 28. Bien entendu, il ne peut s’agir de Béthanie, tout près de Jérusalem (voire note La Nouvelle Bible Segond, éd. 2002, p.1393). Ils ont certainement même été baptisés par Jean (dit Le Baptiste), car ils sont reconnus comme ses disciples. Mais quand Jean présente Jésus comme « l’agneau de Dieu », alors les deux frères suivent Jésus pour savoir qui il est vraiment. Jésus sentant qu’il est suivi se retourne et les interpelle. On voit bien, d’après le récit, que les deux frères étaient en recherche d’une spiritualité profonde.

Ils devaient avoir été imprégnés par l’ambiance de l’attente messianique. Jésus traduit leur préoccupation par une question : « que cherchez-vous ? » Jean 1 : 38. Et là, ils répondent en le reconnaissant déjà comme « un rabbi », c'est-à-dire,  suivant la racine hébraïque rab, quelqu’un de grand, qui abonde en connaissance de la thora. Jésus  répond précisément à leur attente. Il les invite à le suivre et à voir… Soulignons que la démarche éducative du Seigneur repose moins sur un endoctrinement que sur la facilitation à se forger une conviction personnelle. Ainsi,  si les deux frères sont restés avec le Seigneur, ils ont dû entendre ses paroles et prendre connaissance de son enseignement. Ils ont donc été enseignés par lui depuis la dixième heure (cf. entre 15h et 16h), certainement jusqu’à la nuit et peut-être davantage. Ce récit éclaire la chronologie de leur appel décrit chez Marc (cf. invitation du Christ à tout quitter pour le suivre). En effet, l’apôtre Jean nous dit que lors de ce jour mémorable (pour les deux frères), Jésus changea le nom de Pierre. Simon fils de Jonas, devint Pierre (cf. Jean 1 : 42). Ce changement de nom est un indice pour signifier à Pierre qu’il va bientôt être habité par une autre grande responsabilité au service du Seigneur Jésus. Or, Matthieu décrivant l’appel des deux frères en Galilée déclare qu’il était déjà connu ainsi « Il vit les deux frères, Simon, appelé Pierre, et André son frère… » Matthieu 4 : 18.

 

Il est donc très vraisemblable qu’ayant suivi Jésus un peu de temps, les deux frères l’aient quitté pour retourner à leurs filets de pêche. Certainement, quand celui qui les avait baptisés (cf. Jean-Baptiste) fut mis en prison. Bien qu’étant convaincu d’avoir trouvé  le Messie (cf. En Hébreu Mashiah ou en araméen Mashiha = oint, l’envoyé de Dieu), le temps n’était pas venu pour eux de renoncer à tout pour le suivre. Il existait donc un temps opportun pour l’avenir de Pierre et d’André. Il en va de même pour chacun de nous. Pour chaque vie, il existe un moment favorable où l’amour de Dieu se fait plus pressant par un appel (cf. Luc 19 : 5,9 ; 23 : 43 ; 2 Corinthiens 14-20).  Les lieux et les circonstances, pour chacun et chacune d’ entre nous, sont aussi variables que l’éclat des étoiles et planètes dans le ciel.

La semence avait été déjà plantée dans le  cœur de Pierre et André.  Et comme l’amour divin est persévérant, Jésus va les retrouver au beau milieu de leur travail. En pleine activité de pêche. C’est le Christ qui prend l’initiative de cette démarche. Il les appelle à le suivre et leur dit pourquoi : « Je vous ferai pêcheurs d’hommes » Marc 1 : 17. Marc poursuit : « Aussitôt, ils laissèrent leurs filets, et le suivirent. »  Marc 1 : 18. Jésus n’a pas invité Pierre et André à le suivre sans leur fournir un appui pour faire jaillir leur foi. Il s’est servi des circonstances, c’est-à-dire, d’une actualité vivante pour symboliser leur activité à venir. Ils seront désormais pêcheurs d’hommes.

Nous comprenons mieux maintenant ce départ soudain. Il ne tombe pas comme un cheveu dans la soupe (suivant l’expression familière). Ce n’est pas un appel qui arrive de nulle part. Tout vient au bon moment pour ces hommes en quête d’Espérance. L’adverbe grec εὐθέως (traduit par aussitôt) est impressionnant. C’est tout de suite, immédiatement (cf. Matthieu 4 : 20 ; Galates 1 : 16, 3 Jean 14). Eperonnés par l’attraction puissante de l’appel du Christ, ils laissent tout sur place. Quand Elisée reçut l’appel de Dieu, il demanda à Elie d’aller embrasser son père et sa mère et cela lui fut accordé (cf. 1 Rois 19 : 20). Ici, rien d’analogue. Que faut-il en penser ? Une anecdote juste avant l’envoi des 70 disciples en mission est éclairante (cf. Luc 9 : 57-62). Quand le Seigneur appelle, en vue d’une mission spéciale, il le fait en considérant deux aspects : a) que la personne peut accomplir cette mission. b) Que son appel devient une priorité sur toutes autres considérations. Pourtant en une circonstance presque analogue, Jésus agira différemment. En lien avec son appel, un homme demande : « Seigneur permets-moi d’aller d’abord ensevelir mon père » et en retour, Jésus répond « laisse les morts ensevelir leurs morts ; et toi, va annoncer le royaume de Dieu ». Ce que Jésus veut nous faire comprendre au travers de cet exemple (comme avec l’appel pressant des premiers disciples), c’est que l’enjeu spirituel prime sur  toute autre revendication.

 

Dans le récit de Marc, le fait que Simon Pierre et son frère André laissent « aussitôt » leurs filets, confirme cette priorité. Dans ce contexte, il ne s’agit pas de mésestimer sa famille, ou de considérer l’activité des deux pêcheurs comme négligeable. Il est simplement question de répondre à l’appel de Dieu quand il est audible. L’épitre aux hébreux précise : aujourd’hui, si vous entendez sa voix  n’endurcissez pas vos cœurs » Hébreux 3 : 15. Ajoutons que nous ne sommes pas tous appelés à la même vocation ou au même témoignage. L’appel divin est toujours sur mesure…

 

Mais revenons au texte de Marc. « Etant allé un peu plus loin, il vit Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère, qui, eux aussi, étaient dans une barque et réparaient les filets. Aussitôt, il les appela; et, laissant leur père Zébédée dans la barque avec les ouvriers, ils le suivirent » Marc 1 : 19. Observons que le même appel est adressé aux deux fils de Zébédée. Il est tout aussi pressant et conduit au même constat. Jacques et Jean laissent sur-le-champ leur père et les ouvriers. En d’autres termes, ils répondent à une priorité, voire plus, une urgence : suivre le Christ. Là encore leur décision instantanée laisse supposer que le message du Messie leur a déjà été transmis (cf. message de Jean-Baptiste rapporté par André et Pierre). Auront-ils la même mission que leurs deux amis pêcheurs ? Jésus ne leur répète pas « je vous ferai pêcheurs d’hommes » mais cela est sous-entendu.

 

La question que l’on peut maintenant se poser est la suivante : pourquoi Jésus a appelé par deux fois deux frères ayant la même qualification professionnelle dans cette région du lac de Galilée ?

Ce n’est pas par hasard que Jésus vint en Galilée. Remarquons que son ministère public (cf. Luc 4 : 14 ) commence au centre de ce territoire. Jésus a environ trente ans (cf. Luc 3 : 33). La mer de Galilée ou lac de Génézareth (cf. Luc 5 : 1) s’étend sur 13 km de large, une vingtaine de long, et 25 m de profondeur en moyenne. Les principaux villages bordent cette étendue. Jésus demeurera (cf. Matthieu 4 : 13 ) et établira « son quartier général » à Capernaüm ou Capharnahum (cf. Marc 2 : 1-2) que Matthieu appelle « sa ville »  Matthieu 9 : 1. Capernaüm est certainement aussi le lieu référant de l’entreprise familiale de pêche. Les deux frères Simon Pierre et André étaient fils d’un certain Jonas. Ce dernier était probablement mort quand Jésus vint s’installer dans la région. Les deux frères, nés dans un autre village au bord du lac nommé Bethsaïda ou Bethsaïde (cf. Jean 1 : 44), s’étaient aussi établis à Capernaüm. L’endroit devait peut-être disposer d’un petit port. Simon Pierre était marié (cf. 1 Corinthiens 9 : 5). Il avait certainement des enfants (cf. 1 Pierre 5 : 13). Sa belle-mère demeurait chez lui (cf. Matthieu 8 : 14 ; Marc 1 : 30).

Pourquoi a-t-il choisi cette région pour commencer son ministère ? C’est à dessein que Jésus recruta sur les rives du lac ses premiers disciples. Il faut se rappeler que Jésus, né en Judée, à Bethléem (cf. Michée 5 : 2) grandit  à Nazareth en Galilée, où encore jeune, il seconda son père qui exerçait le métier de charpentier (cf. Matthieu 13 : 55). Il n’est donc pas surprenant de le voir commencer sa prédication dans sa propre région.  Ce choix s’imposait d’ autant que cette dernière était méprisée par les chefs juifs établis à Jérusalem. La remarque de Nathanaël à Philippe en témoigne : « Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? » Jean 1 : 46. Jésus annonce déjà l’orientation de son enseignement. Comme le dira si bien l’apôtre Paul « Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes; et Dieu a choisi les choses viles du monde et celles qu'on méprise, celles qui ne sont point, pour réduire à néant celles qui sont, afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu. »  1 Corinthiens 1 : 27-29. On peut aussi penser que cette région était devenue chère à son cœur par l’accueil enthousiaste qu’il y avait trouvé. Son ministère en Galilée accroîtra sa popularité.

De même, le choix de Jacques et Jean peut aussi s’expliquer (d’après plusieurs commentateurs) par le fait que la famille de Zébédée était parente de celle de Jésus. Il est plus probable que Salomé (aussi appelée Marie-Salomé), femme de Zébédée ait fait partie de ce petit groupe de femmes qui souvent accompagnèrent Jésus. On la retrouve au pied de la croix (cf. Matthieu 27 : 56 ; Marc 15 : 40 ; 16 : 1).

Notons que le choix de ces quatre pêcheurs galiléens formera l’ossature du futur collège apostolique. Ils vont avoir un rôle prépondérant et déterminant dans la construction des communautés chrétiennes. Leurs écrits témoignent d’une profondeur d’engagement et de compréhension des paroles de leur Maître. Ce choix peut aussi s’expliquer par les qualités intrinsèques des pêcheurs. Il fallait appeler des hommes simples, solides, résilients, habitués à parler fort, préparés à des veilles répétées (cf. Luc 5 : 5), unis par des liens très puissants (cf. Liens familiaux et de la même corporation des pêcheurs).

 

De plus, Jésus les appelle par deux. Les futurs disciples au nombre de 70 (cf. Luc 10 : 1) seront également envoyés deux par deux dans toutes les villes où le Christ devait se produire. Ils le précéderont pour préparer son passage. Pourquoi cette méthode de travail à deux ? Salomon en donne les raisons. «  Deux valent mieux qu'un, parce qu'ils retirent un bon salaire de leur travail. Car, s'ils tombent, l'un relève son compagnon; mais malheur à celui qui est seul et qui tombe, sans avoir un second pour le relever ! De même, si deux couchent ensemble, ils auront chaud; mais celui qui est seul, comment aura-t-il chaud ? Et si quelqu'un est plus fort qu'un seul, les deux peuvent lui résister; et la corde à trois fils ne se rompt pas facilement. » Ecclésiaste 4 : 9-12.

 

Conclusion :

 

Le Christ n’a pas longé les rives de la mer de Galilée par hasard. Toute la programmation de sa campagne pour le salut de l’humain a été soigneusement préparée. Tous les aspects pratiques, et toutes les conditions spirituelles,  géographiques, relationnelles, familiales, professionnelles, sociales, ont été bien pensés. Cette campagne a été gratuite. De plus, tout a été mis en action au bon moment, tant pour les appelés que pour l’appelant. L’observation de toutes ces données nous aide à comprendre le bien-fondé des appels de Dieu. Quand l’appel est entendu, spirituellement, il y a urgence à répondre positivement. Cela devient une priorité. En ce qui concerne notre témoignage pour le Christ, cela nous incline à n’avoir aucune crainte, car nous serons conduits à comprendre ce que Dieu attend de nous au bon moment, quand la nécessité s’imposera (cf. Luc 21 : 14-15,19). Les bienfaits qui découlent de notre réponse dépassent très largement la simple portée  circonstancielle. Non seulement notre bonheur se conjugue au présent (cf. Romains 8 : 28), mais plus encore il sera pérenne pour l’éternité (cf. Marc 10 : 17-22 ; Matthieu 6 : 19-21 ; Jean 17 : 3).

                                                                                   

                                                                         Jacques Eychenne

 

 

 

 

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