Jésus et la Samaritaine 5ème partie

JEAN 4 : 1-42

(Version La Nouvelle Bible Segond 2002)

Pour étude personnelle ou en groupe

5èmepartie

 


Nous allons aborder maintenant la dernière partie de cette rencontre mémorable de la Samaritaine avec le Seigneur Jésus…

 

v.31-38« Pendant ce temps, les disciples lui disaient : Rabbi, mange ! Mais il leur dit : Moi, j’ai à manger une nourriture que, vous, vous ne connaissez pas. Les disciples se disaient donc les uns aux autres : Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? Jésus leur dit : Ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. Ne dites- vous pas, vous, qu’il y a encore quatre mois jusqu’à ce que vienne la moisson ? Eh bien, je vous le dis, levez les yeux et regardez les champs : ils sont blancs pour la moisson. Déjà le moissonneur reçoit un salaire et recueille du fruit pour la vie éternelle, pour que le semeur et le moissonneur se réjouissent ensemble. En cela, en effet, ce qu’on dit est vrai : l’un sème l’autre moissonne. Moi, je vous ai envoyés moissonner ce qui ne vous a coûté, à vous, aucun travail ; d’autres ont travaillé, et vous, vous êtes arrivés pour recueillir le fruit de leur travail. »

 

Quel décalage entre les préoccupations, certes attentionnées des disciples, et le contenu du dialogue avec la Samaritaine !

Outre les questions fondamentales touchant les aspects du salut, Jésus garde toujours à l’esprit la formation de ses disciples. Faut-il donc s’étonner de cette parenthèse dans la progression du récit ? N’est-ce pas au tour des disciples d’être insécurisés et décontenancés ?

En quelques phrases, le Christ utilise le même procédé que précédemment avec la Samaritaine. Il les provoque en leur disant qu’ils ne connaissent pas sa nourriture. Son objectif : les faire évoluer vers une compréhension nouvelle, comme un passage obligé : passage du visuel matériel vers le spirituel éternel.  

Jésus reformule sa priorité, en précisant qu’il est venu dans ce monde pour faire la volonté de son père, et accomplir son œuvre. A cet instant, le Seigneur veut leur faire comprendre le cœur de sa mission universelle. Il ne veut pas qu’ils passent à coté de cette grande révélation. Bientôt, ils seront appelés à la faire connaître au monde. Malgré leurs difficultés à pénétrer l’essentiel, le Seigneur n’est pas rebuté dans son projet de formation. Il va développer, illustrer, forcer la réflexion. Sa patience est sans égale, et dire qu’il fait de même pour nous !

La parabole de la moisson n’exprime–t-elle pas une vérité pour ces Samaritains ? Levez les yeux et regardez les champs : Ils sont blancs pour la moisson. Pour toute vie n’y a-t-il pas un moment propice pour la moisson ?

Pourquoi apparemment les disciples ont eu du mal à voir ce qui était mûr, donc parvenu à maturité ? N’en est-il pas de même pour nous ?

 

« Faire la volonté de celui qui m’a envoyé et accomplir son œuvre. »

 

- Faire la volonté de Dieu : concrètement ici, c’est permettre à cette femme d’accueillir le salut en Jésus-Christ. C’est aussi permettre aux Samaritains, qui sont en marche pour le rencontrer, de faire de même. Faire la volonté de Dieu, d’après ce récit, se conjugue avec l’acceptation et le partage de la bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ. Cela sous entend de ne pas garder pour soi ce que Dieu a déposé en nous. L’exemple de la Samaritaine est caractéristique sur ce point. Toute la question est de savoir si nous avons ce comportement naturel et simple avec notre prochain ! Le verbe faire n’a de sens qu’en regard du mot volonté. Autrement dit, si nous n’avons pas la volonté de faire, nous ne pouvons rien transmettre. Qu’en est-il donc de nous ?

 

- Accomplir son œuvre : le sens du verbe grec et sa définition indiquent que c’est une action qui commence et ne s’arrête qu’à son achèvement.

L’œuvre de Dieu sera menée à son terme par Jésus-Christ vis-à-vis de la Samaritaine et des Samaritains. L’exemple est donné aux disciples. Ne nous concerne-t-il pas aussi ? (Cf. 1 Thessaloniciens 5 : 23-24) Mais ne nous trompons pas, cela relèvera toujours de l’action de Dieu en nous ! Il n’y a aucune raison de nous attribuer un quelconque mérite ! Nous ne faisons que transmettre ce qui nous a été donné. Relire à ce sujet : voire Ephésiens 2 : 8-10.

Vient ensuite l’image de la moisson… Elle illustre parfaitement les observations faites précédemment. Jésus invite les disciples à regarder la nature : la moisson ne sera prête que dans quatre mois. Et pourtant il déclare que tout est blanc et prêt pour la moisson ! Pourquoi ? En disant cela, les disciples devaient certainement voir arriver les Samaritains vers le puits. Jésus est coutumier du fait, ce qu’il dit trouve souvent dans les évangiles une application pratique dans les évènements qui suivent. Un peu plus tard, il énoncera ce principe plus clairement (Cf. Jean 13 :19 ; 14 :29)

 

Celui qui moissonne reçoit un salaire et recueille du fruit pour la vie éternelle.

 

Le et a un sens explicatif, il éclaire la portée spirituelle de cette parabole. Autrement dit, ce travail donné par procuration (par le Christ) à ses disciples, a une portée éternelle. Cette moisson relève d’une compréhension spirituelle : Tout part de Dieu et tout revient à Dieu. Contrairement au sicle naturel de la moisson, point n’est besoin d’attendre 4 mois, elle est déjà mûre : les Samaritains ne sont-ils pas en route vers le Seigneur ! Tout est organisé pour que semeurs et moissonneurs soient dans la même joie.

Dans le réel de cette parabole, le Seigneur laisse entendre qu’il est le semeur, et que les disciples seront les moissonneurs. Ensemble, cette œuvre les comblera de joie. Par delà les disciples, chacun d’entre nous peut se sentir concerné par l’activité du semeur. Chacun peut devenir semeur de paroles de vie…

L’apôtre Paul rappelle : «  Ne vous égarez pas : on ne se moque pas de Dieu. Ce qu’un homme aura semé, c’est aussi ce qu’il moissonnera... » Galates 6 :7-10

Certes, le rôle de semeur est parfois ingrat, Jésus en sait quelque chose, mais c’est un acte de foi et de confiance dans l’avenir. Ce sont ces valeurs qui triompheront malgré toutes les difficultés et aléas de la vie. (Cf. Psaume 126 :3-6) La joie du semeur est portée par une espérance vivante.

Bientôt en Samarie les disciples auront à assumer la joyeuse tâche des moissonneurs. (Cf. Actes 8 : 4-25)

Si, sur un plan personnel, on ne récolte que ce que l’on sème, sur un plan plus général, chacun dans l’œuvre de Dieu a une place, en un temps précis. L’important est de réaliser ce à quoi nous sommes appelés, avec fidélité, sachant que d’autres poursuivront cette action positive pour le monde. Mais tout est rassemblé en gerbes par l’action de Dieu. Si nous avons la joie de participer à cette œuvre, sachons toutefois, que la finalité du plan d’amour de Dieu pour notre humanité, s’accomplira avec ou sans nous.

 

v.38 Tout vient de Dieu et tout revient à Dieu. (Cf.1 Corinthiens 3 : 5-11)

La semence de la vie éternelle n’aurait jamais pu lever, si le Christ n’était venu la semer. La diversité des moyens que Dieu utilise pour le bien de chacun, n’est-il pas la meilleure preuve de son amour pour nous ?

 

« D’autres ont travaillé, et vous êtes entrés dans leur travail ».  

 

Sommes-nous, nous-mêmes, entrés dans cette action dynamique programmée par Dieu ? Prolongeons-nous l’action des apôtres ? Ne pensez-vous pas que  ce récit est moins une histoire à raconter qu’une expérience personnelle à vivre ?

 

v.39« Beaucoup de Samaritains de cette ville-là mirent leur foi en lui à cause de la parole de cette femme qui rendait ce témoignage : Il m’a dit tout ce que j’ai fait. »

 

Le récit reprend, comme pour actualiser ce que le Seigneur vient de dire à ses disciples. Il démontre la valeur et la puissance d’un témoignage personnel, vécu dans l’authenticité. Les Samaritains sont en marche uniquement parce qu’ils ont entendu cette femme confesser publiquement ce qu’ils connaissaient (certainement déjà) de sa vie privée. Il fallait que ce soit fort, pour qu’ils aient le désir de se rendre compte par eux-mêmes, du bien fondé de sa déclaration. Pourquoi avons-nous tant de pudeur à affirmer nos convictions ? Notre part n’est-elle pas de témoigner ? Lisons avec attention ce qui est écrit à ce sujet : Matthieu 10 :32, Romains 10 :9-10, Philippiens 2 :9-11, Actes 19 :18, 1 Jean 4 :14-16.

Encore faut-il laisser les autres faire route pour vérifier par eux-mêmes, le bien fondé de nos déclarations et la valeur de nos témoignages !

Cette Samaritaine n’a plus été dans la crainte de son vécu, dès lors que sa rencontre avec le Christ a été vraie. Ne pensez-vous qu’une partie de nos peurs seraient évacuées, si nous avions le désir d’une clarification de nos vécus face au Christ ? Si la densité de la rencontre avec Christ a été libératrice pour la Samaritaine, pourquoi ne le serait-elle pas pour nous ?

 

v.40 « Aussi, quand les Samaritains vinrent à lui, ils lui demandèrent de demeurer auprès d’eux ; et il demeura là deux jours. »

 

Les Samaritains ne se sont pas contentés d’entendre la confession de la femme, ils ont entrepris une démarche afin de peaufiner leurs connaissances. La satisfaction jouissive de l’écoute de la parole libératrice de Dieu ne suffit pas. Si on ne dépasse pas ce stade émotionnel, pour prendre la décision d’un changement (celui que Dieu veut réaliser en nous) le bienfait risque de n’être qu’un instantané, une aspiration spirituelle évanescente.

Le Seigneur a répondu à l’attente des Samaritains. Il leur a consacré 2 jours. C’est dommage que nous n’ayons pas les enregistrements de son enseignement ! Mais qu’importe, si le Seigneur a donné une suite heureuse à leur demande, ne pensez-vous pas qu’il désire faire de même pour nous, si nous avons le même désir et la même démarche personnelle ?

 

v. 41-42« Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de sa parole ; ils disaient à la femme : ce n’est plus à cause de tes dires que nous croyons ; car nous l’avons entendu nous-mêmes, et nous savons que c’est vraiment lui le sauveur du monde. »

 

On peut découvrir la foi par le témoignage d’un tiers, mais rien ne remplacera l’expérience personnelle ! Ce texte revêt une grande importance car il résume le sommet de la vraie connaissance des valeurs spirituelles.

En réalité, il y a dans le nouveau testament 2 types de connaissance spirituelle :

 

1)    La connaissance scripturaire qui révèle Christ (Ce que je lis) :

L’exemple des habitants de Bérée est caractéristique à ce sujet : « Ils examinaient chaque jour les écritures pour voir si ce qu’on leur disait était exact. » Actes 17 : 11

2)    La connaissance expérimentale et relationnelle avec Christ (Ce que je vis).

  

Nous trouvons cette dernière exprimée ici. Elle est le résultat d’une rencontre personnelle. Il y a la connaissance qui vient de l’extérieur et une autre qui ne se perçoit que par le cœur. Par l’une on prend connaissance de la volonté de Dieu, par l’autre on la vit avec tout son être. Il est regrettable que ceux qui se reconnaissaient religieux en Israël soient passés, pour la plupart, à coté de cette découverte. La lumière est venue de ces Samaritains ! Quelle leçon pour tous ceux qui ont la prétention de tout savoir ! Il y aura des surprises ! L’apparence ne garantit pas la réalité, à nous de tirer profit des instructions de ce récit.

 

La foi se nourrit de cette conviction que le Seigneur est vraiment notre Sauveur personnel.

 

C’est vraiment lui : l’adverbe dans le texte grec est super important. Il assoie une réalité qui est aux antipodes de la foi du charbonnier. Les Samaritains ont eu raison de demander des compléments d’informations pour rendre leur foi aussi solide que le roc. L’exigence légitime dans la relation à Christ, ne peut qu’être garante d’une solidité. De ce fait, elle résiste à l’épreuve du temps, des doutes, et des embruns de la vie. Invitons-nous à ce type de connaissance. La relation à Christ devient un chemin de paix et de vrai bonheur.

Rappelons que la réponse active de ces Samaritains à l’appel vibrant de cette femme, met en évidence deux aspects importants (quand nous parlons du partage de la bonne nouvelle) :

 

-         Le témoignage de cette Samaritaine a libéré leur réponse. Du coup, saisissant cette occasion, ils ne sont pas restés dépendants de son savoir, de ses informations. En fait, elle aura simplement facilité leur désir d’en savoir plus. Dans le temps que nous vivons, cet exemple peut-être référent.

Le Seigneur cherche aujourd’hui des hommes et des femmes de cette trempe qui osent un témoignage respectueux et sincères.

-         Ces Samaritains, à leur tour, ont dépassé le choc émotionnel. Ils ont pris à leur compte l’initiative de la rencontre avec l’homme (Messie).

 

Et cela aussi est important, en un temps, où l’esprit moutonnier l’emporte sur la nécessité d’une réflexion personnelle. Chacun a la responsabilité de se faire une conviction. Rajoutons que l’attention de tout prédicant, enseignant, témoignant, doit être dirigée non sur soi et son savoir, mais vers Christ, sa vie et ses paroles. Il est dommageable spirituellement parlant, de rendre quelqu’un dépendant de soi. Trop d’artifices oratoires mettent l’accent sur l’émotionnel au détriment d’une vraie réflexion. L’attention est alors plus portée sur l’humain que sur Dieu et son envoyé : Jésus-Christ. L’exemple de jean, appelé le baptiste, est référent sur ce point. N’a-t-il dit de sa relation à Christ : « Il faut qu’il croisse et que je diminue » Jean 3 :30 (ce texte précède notre récit)

 

Conclusion :

 

Ce récit nous interpelle, car il met en évidence les variétés de désirs dans la connaissance profonde de soi et des autres.

Contraste entre un désir fort du Christ et nos tâtonnements, entre son désir de révélation et notre ouverture timide, frileuse même, face au changement.

Ce qui nous attire est souvent ce qui nous déroute, car comme cette Samaritaine notre mal être est souvent lancinant. Ce qui suscite envie, c’est précisément la démarche interpellante de Jésus : Il n’impose jamais sa solution, il fait tout pour qu’on la découvre par nous-mêmes. Son questionnement nous repositionne et nous détourne de toutes ces fausses pistes. Il veut nous remettre en marche sur le vrai chemin, en route vers les besoins fondamentaux de la Vie.

Les multiples tensions contenues dans ce récit, dessinent ses authentiques sentiments d’amour, et sa pédagogie nous redit inlassablement que nous avons du prix à ses yeux. Alors, accepter une déstabilisation et être insécurisé peut s’avérer être un mal nécessaire face à nos incurables forces d’inertie au changement. La psychanalyse confirme le bien fondé de cette démarche.

Il faut accepter de désapprendre pour connaître vraiment. Rester camper derrière ses certitudes, c’est refuser de grandir, d’admettre que la vérité peut-être autre. La mission subversive de l’amour du Christ est de nous aider à briser ces verrous de la peur et de l’angoisse face à l’inconnu et face à la mort.

La déconstruction du savoir de la Samaritaine a abouti à une découverte d’une toute autre nature, insoupçonnée et vivement désirée à la fois : La découverte de la vraie Vie, celle qui traverse et traversera toujours le temps.

L’ouverture à la foi passe par une remise en question profonde de notre moi, non pour enclencher un processus autodestructeur, mais tout au contraire, pour nous réapprendre à nous poser les bonnes questions, les vraies questions. En fait, en découvrant, comme cette femme le vrai sens de la vie, on ne fait que grandir dans l’estime de soi et des autres.

Si on ne sait plus rien ensuite du devenir de cette Samaritaine, (comme c’est souvent le cas dans les évangiles), c’est peut-être pour mieux éveiller notre désir de passer le pont qui relie cette page d’histoire à notre propre histoire.  

 

               Jacques Eychenne

 

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