Quand Dieu écrit

 

 

 

 

 Quand Dieu écrit…

   Exode 31 : 18 

       Jean 8 : 6

 

Introduction :

 

L’hypothèse d’un Dieu créateur mérite de retenir notre attention. Pourquoi ? Parce que nous trouvons des traces de son désir de nous révéler son projet d’amour. Ainsi,  après avoir créé une bonne atmosphère extérieure (création du monde) et intérieure (voix de la conscience), Dieu a voulu préciser sa bonne volonté. A cette fin, il a choisi des hommes pieux, et leur a demandé de consigner par écrit son ineffable projet  (cf. Jean 3 : 16). Ainsi est née la Bible. Ce livre est un miracle dans le temps. Il a été écrit par 40 auteurs, au caractère et à l’éducation bien différenciés. De plus, ils ont écrit dans des contextes historiques très éloignés. Leurs récits couvrent une période de plus de 1500 ans. Aucun autre ouvrage ne peut lui être comparé. La Bible comprend deux parties : l’Ancien et  le Nouveau Testament. Elle totalise 66 livres. Ils sont divisés en 1189 chapitres, eux-mêmes divisés en versets. Nous avons parlé de miracle, car l’unité de ce livre est unique, d’ailleurs en grec βιβλίον = le livre (c’est le côté unique de ce mot qui a conduit à l’appellation : Bible). Les 40 auteurs ont été recrutés dans toutes les catégories sociales.  Scientifique, roi, législateur, berger, cultivateur, prêtre, douanier, médecin, pêcheur, tous ont contribué à la rédaction des manuscrits de ce livre. Le style, tantôt historique, tantôt poétique ou prophétique, présente une unité incomparable.

 

Comment une telle unité a-t-elle été possible ? L’apôtre Pierre nous fournit l’explication : une telle unité de pensée ne peut venir que d’une seule source.

« Aucune prophétie n’est jamais venue de la seule volonté d’un homme, mais c’est parce que le Saint-Esprit les guidait que des hommes ont parlé de la part de Dieu » 2 Pierre  1 : 21, version de la Bible en français courant. L’apôtre Paul confirme que les hommes choisis ont été inspirés par Dieu : « Toute Ecriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre » 2 Timothée 3 : 16,17.

C’est ainsi que la Bible nous révèle d’une façon précise le grand projet de Dieu.

 

Développement :

 

Il y a encore quelques années, on pensait couramment que l’écriture était inconnue à la genèse de l’Ancien Testament. Ce fait constituait le point fort de la théorie critique moderne qui laissait entendre que certains livres ont été rédigés des siècles après les évènements qu’ils relataient. Cependant, Il aura fallu quelques coups de pelle d’archéologues pour rétablir la vérité sur des évènements racontés à l’aune de l’histoire de l’humanité. On a retrouvé à Kis, non loin de l’emplacement de l’ancienne Babylone une tablette pictographique antédiluvienne sous des sédiments antédiluviens. Dans d’autres gisements antédiluviens, on a découvert des sceaux (comme à Fara, plus au Sud de Babylone). On sait maintenant que la transmission de faits se faisait par des signes avant que l’écriture soit inventée plus tard à Sumer. Ainsi le signe, comme celui que Dieu mit sur Caïn (cf. Genèse 4 : 15) était l’expression d’une idée. L’évolution du signe par une marque ou une image a donc permis de concrétiser les idées. Les hiéroglyphes gravés sur des tablettes d’argile, de même que les peintures sur les poteries, attestent un genre d’écriture compréhensible. Les lettres viendront plus tard codifier ce langage de communication. Les archéologues s’accordent à dire que l’écriture alphabétique trouve sa genèse aux environs de 1500 avant Jésus-Christ. A Ur en Chaldée, cité d’Abraham. Des fouilles ont mis à jour 150 tablettes d’exercices scolaires, des textes de mathématiques, de médecine, d’histoire. On a aussi découvert une grande tablette écrite en colonnes parallèles avec la conjugaison complète d’un verbe sumérien et son équivalent en langue sémitique. On a même retrouvé une salle de classe.  Qui sait si Abraham a pu visiter ou même fréquenter cette école ! (Pour en savoir davantage consulter le manuel biblique d’Henry H. Halley. Il recense les principales découvertes archéologiques sur la genèse des écritures, Editions Vida, 1988, Miami, Floride. Actuellement les archéologues ont sorti de terre plus de 5000 textes anciens. C’est le record pour des textes anciens. Ils témoignent en faveur de l’historicité de la Bible. Par comparaison nous n'avons par exemple que peu de textes qui attestent l' existence Platon ).

Il ne s’agit pas, bien sûr, de négliger une tradition orale forte au cours de laquelle Dieu parlait directement avec ses sujets (cf. Genèse 2 : 16-17 ). Dieu a communiqué par la parole, non seulement avec Adam et Eve, mais aussi avec Noé et ses fils (cf. Genèse 9 : 8), puis avec Abraham (cf. Genèse 17 : 3), Jacob (cf. Genèse 46 : 2), Moïse et Aaron (cf. Exode 6 : 2, 10, 13, 28)…

Mais Dieu ne s’est pas contenté de parler, il a, lui aussi, laissé des traces écrites.

Prenant acte du peu de crédit que les humains accordaient à sa parole, Dieu a voulu graver dans le dur l’expression de sa volonté.

Dieu a gravé dans la pierre un code de conduite pour l’humanité :

« Lorsque l'Éternel eut achevé de parler à Moïse sur la montagne de Sinaï, il lui donna les deux tables du témoignage, tables de pierre, écrites du doigt de Dieu. »  Exode 31 : 18, version de Genève.

Dieu a écrit, après avoir parlé. On dit souvent : « les paroles s’envolent mais les écrits restent ». C’est la raison pour laquelle, Dieu a écrit et a transmis à Moïse : « 

L’Éternel me donna les deux tables de pierre, écrites du doigt de Dieu; et sur elles étaient écrites toutes les paroles que l'Éternel vous avait dites sur la montagne, du milieu du feu, le jour de la congrégation. » Deutéronome  9 : 10, version Darby.

 

Ces dix paroles ou décalogue avaient pour finalité de tracer un chemin sécurisé. Chaque membre du peuple d’Israël devait prendre acte de ce fait qui constituait le fondement d’une alliance perpétuelle entre le peuple et son Dieu. Le Christ a élargi la notion de peuple à toute l’humanité. La Pentecôte a confirmé cette réalité. Les apôtres ont témoigné du fait : « Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus-Christ. »  Galates 3 : 28, version de Genève.

Les dix paroles gravées dans la pierre ont servi de code moral fondamental à travers les siècles. Des constitutions ont été rédigées en s’inspirant de ce modèle divin (ex. la constitution américaine de 1776). La déclaration des droits de l’homme et du citoyen a fait de même en 1789 (le marquis de La Fayette, vice-président de l’assemblée constituante demande à Louis seize la convocation d’une assemblée extraordinaire. Son projet de déclaration européenne des droits de l’homme s’inspire de la constitution américaine). Même sa présentation graphique de l’époque (en deux colonnes avec le haut arrondi) rappelle les deux tables de pierre du Sinaï.

Alexandre Vinet (1797-1847), penseur le plus éminent du 19e siècle a écrit : « la loi est nécessaire entre Dieu et la créature ; la loi est essentielle à notre nature morale… La loi est éternelle comme nos rapports avec Dieu… C’est la vérité dans l’ordre moral ; or la vérité peut-elle être abolie ? ».

 

Dieu a écrit pour que l’écrit traverse le temps. Dieu étant parfait et éternel, ce qu’il a écrit ne devait souffrir aucune retouche. Dieu savait que les dix paroles seraient pérennes. Elles exprimaient le besoin d’une alliance éternelle (cf. Exode 31 : 16, version de Jérusalem) entre Dieu et son peuple. Pourquoi les communautés chrétiennes se sont-elles arrogées le droit de modifier ce texte en supprimant et changeant encore certaines paroles ?  L’humain se croit-il plus inspiré que Dieu ? Pourtant le Christ lui-même a été très clair sur ce sujet : « si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour; comme moi j'ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. »  Jean 15:10, version Darby.

 

Dieu a écrit dans la pierre d’une façon pérenne, le Christ a écrit sur le sol de la terre en laissant une autre trace.

La scène se passe dans le parvis du temple de Jérusalem où Jésus est venu enseigner le peuple.

«  Mais, dès le matin, il alla de nouveau dans le temple, et tout le peuple vint à lui. S'étant assis, il les enseignait. Alors les scribes et les pharisiens amenèrent une femme surprise en adultère; et, la plaçant au milieu du peuple, ils dirent à Jésus : Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d'adultère. Moïse, dans la loi, nous a ordonné de lapider de telles femmes: toi donc, que dis-tu ? Ils disaient cela pour l’éprouver, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus, s'étant baissé, écrivait avec le doigt sur la terre ». Jean 8 : 2-6, version de Genève.

 

Ce récit est fort intéressant car il nous fournit plusieurs précisions. La loi dont il est question ici est différente du décalogue. Elle est une extension du 7e commandement du décalogue, elle s’inscrivait dans les ordonnances données par Moïse au peuple d’Israël. Et effectivement cette extension énonçait la mort du transgresseur (cf. Lévitique 20 : 10). Elle s’inscrivait dans le cadre d’une époque. La loi morale du décalogue avait pour finalité la protection et non la condamnation des individus. Elle balisait un chemin de vie qui était respect à Dieu et respect au prochain. Ceci est tellement vrai que dans le mobilier le plus important du temple, dans l’arche de l’alliance une nette distinction était faite entre le décalogue à valeur universelle, et les autres rouleaux de la loi propre au peuple d’Israël : les deux tables de pierre étaient placées dans l’arche (cf. 1 Rois 8 : 9 ; Hébreux 9 : 4), tandis que le rouleau de toutes les autres lois était déposé à côté de l’arche (cf. Deutéronome 31 : 24-26). Il ne faut pas confondre le décalogue appelé loi parfaite, sainte, juste, bonne, royale, immuable (cf. Psaume 19 : 8 ; Romains 7 : 12,14 ; Jacques 2 : 8 ; Matthieu 5 : 17,18, Psaume 11 :7 , version abbé Crampon) avec l’ensemble des autres lois données à Moïse. Elles sont qualifiées d’imparfaites, d’impuissantes, appelées à changer, abolies à la croix (cf. Hébreux 10 : 1 ; 7 : 18 ; 7 : 12 ; Colossiens 2 : 14 ; Hébreux 10 : 1-9 ; 9 : 8-10). L’apôtre Paul résume cette opposition par ses mots : « La circoncision n'est rien, et l'incirconcision n'est rien : le tout c'est d'observer les commandements de Dieu. »  1 Corinthiens 7 : 19, version TOB. 

Ceci étant dit, nous ne savons pas ce que Jésus a bien pu écrire sur le sol … L’absence de traces a pourtant laissé une trace encore plus profonde qu’un écrit. La suite du récit nous montre que le Seigneur a mis en exergue l’esprit général de la loi. Il ne s’est pas laissé piéger par la mise en scène des scribes et pharisiens. Il s’est mis en position penchée vers la terre d’où l’homme a été tiré (cf. Genèse 2 : 7) et il a écrit. Apparemment ce que le Seigneur écrivait n’a pas bouleversé ces scribes et pharisiens, car ils ont poursuivi le Maître en le harcelant de questions. Alors partant de sa position symbolique, Christ s’est levé (être debout dans le langage biblique a aussi sa symbolique, cf. Malachie 3 : 2 ; Luc 21 : 36 ; 2 Timothée 2 : 19) pour déclarer : « que celui d'entre vous qui est sans péché lui jette le premier une pierre ! »  Jean 8 : 7 , version de Jérusalem. Puis, le Seigneur s’est de nouveau baissé…

 

Alors une autre trace s’est inscrite dans le cœur des accusateurs :

« Quand ils entendirent cela, accusés par leur conscience, ils se retirèrent un à un, depuis les plus âgés jusqu'aux derniers; et Jésus resta seul avec la femme qui était là au milieu. Alors s'étant relevé, et ne voyant plus que la femme, Jésus lui dit: Femme, où sont ceux qui t’accusaient ? Personne ne t’a-t-il condamnée ? Elle répondit: Non, Seigneur. Et Jésus lui dit: Je ne te condamne pas non plus: va, et ne pèche plus. » Jean 8 : 9-11, version de Genève.

Nous ne saurons jamais ce que Jésus a écrit, pourtant  son écriture a laissé une trace indélébile dans l’histoire des hommes et des femmes. Et que nous dit  son écriture dans les cœurs ?

 

L’amour du Christ couvre la transgression de la loi. L’amour du Seigneur nous libère de toutes les condamnations de la loi. L’accusateur (cf. Apocalypse 12 : 10) a été vaincu. Désormais un espace de liberté s’ouvre pour nos vies. Il est en référence à la pratique de l’amour. L’apôtre Pierre confirme : « l’amour couvre une multitude de péchés » 1 Pierre 4 : 8. Jésus a développé cette pensée : « C'est pourquoi je te dis: ses nombreux péchés sont pardonnés, car elle a beaucoup aimé; mais celui à qui il est peu pardonné, aime peu. »  Luc 7 : 47, version Darby. Le sage Salomon avait déjà osé affirmer : « la haine excite les querelles, mais l'amour couvre toutes les transgressions. » Proverbes 10 : 12, version Darby.

Glorieuse écriture du Seigneur qui révèle la primauté de l’amour. De ce fait, il découle que notre priorité est moins d’être dans une obéissance parfaite que de vivre dans le langage de l’amour. L’accusateur cherche constamment à nous faire tomber, mais le Seigneur est toujours là, par amour, pour nous relever et nous repositionner sur le chemin de la vraie vie. Son amour nous étreint (cf. 2 Corinthiens 5 : 14, version Darby).

Le message d’amour du Christ va au-delà de l’écrit. De ce fait, nous obéissons à sa parole, non pour avoir la vie éternelle, mais parce que la foi nous donne cette assurance que nous sommes déjà sauvés. L’amour conduit à l’obéissance et non l’inverse. Jésus a dit : « si vous m’aimez, gardez mes commandements » Jean 14 : 15 (cf. aussi Jean 15 : 10-11).

 

Conclusion :

 

Il est clair que le projet de Dieu avait une indescriptible motivation d’amour (cf. Romains 8 : 39 ; 11 : 33 ; Ephésiens 3 : 18). Dieu a écrit dans la pierre un code de bonne conduite pour faciliter nos différents parcours. Il ne s’agissait pas de nous contraindre à obéir, mais plutôt de nous aider à vivre dans l’amour. Ce lien relationnel fort concernait Dieu, chacun de nous et notre prochain. Dieu a rarement écrit lui-même (cf. Exode 8 : 15 ; Daniel 5 : 5,24-26 ). Il a remis toutes choses entre les mains de son fils. Et le Christ, en se courbant à terre, nous a révélé une autre écriture encore plus indélébile. En cela, il a accompli la prophétie du prophète : « je leur donnerai un seul cœur, et je mettrai au dedans de vous un esprit nouveau; et j'ôterai de leur chair le cœur de pierre, et je leur donnerai un cœur de chair. »  Ezéchiel 11 : 19, version Darby.

Le passage de la pierre à la chair symbolise pour nous aujourd’hui, le passage de la lettre à l’esprit. Le respect de la lettre de l’écriture n’a de sens que si on veut en pénétrer l’esprit qui l’a initié. La lettre de l’écriture demeure une référence importante, tant que nous ne dénaturons pas l’esprit qui l’a édifié. 

« Dieu nous a aussi rendus capables d'être ministres d'une nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l'esprit; car la lettre tue, mais l'esprit vivifie. »  2 Corinthiens 3 : 6, version de Genève.

                                                                                     Jacques Eychenne

 

 

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