Le OUI et le NON, la Parole vraie

Ou

La Parole Vraie

 

Matthieu 5:37;21:28-32

 

 Introduction :

 

Au commencement de son ministère en Galilée, Jésus a prononcé un discours référent, appelé le Sermon sur la montagne. Il trace les grandes lignes de la construction de son royaume. Après avoir introduit sa présentation par les célèbres béatitudes, le Christ, a posé une parole solennelle et engageante:

 

 « Que votre parole soit oui, oui, non, non ; ce qu’on y ajoute vient du mauvais » Matthieu 5 : 37. (Version Nouvelle Bible Segond)

 

La parole, celle qui est créatrice de relation, celle qui traduit les sentiments, celle qui exprime les ressentis, doit d’après le Seigneur, avoir une caractéristique spécifique : Etre certifiée authentiquement vraie.

Ce n’est pas innocent, si à l’origine tout est venu d’une parole de Dieu, et si le Christ lui-même a été présenté par l’apôtre Jean, comme le verbe (le logos). C’est par la parole que Dieu le Père, et Jésus-Christ son fils, nous ont transmis leur désir, leur volonté, leur projet, leur attente, leur espérance. La parole est donc fondamentale en relation. Dieu a fait les choses ainsi, afin que nous ayons besoin d’un autre, des autres pour nous connaître, nous révéler et nous construire.  

Dans un monde noyé par un flot dense et continu de paroles, il est bien difficile de discerner le vrai du faux. La Parole de Dieu nous donne l’occasion de revisiter la signification profonde de la valeur d’un oui ou d’un non, authentiquement vrai.

 

Développement :

 

D’abord, partons d’un simple constat. Sans chercher bien loin, qu’observons-nous ? Nous sommes tous un peu Normands... Nous manions avec dextérité les célèbres formules : « Pt’ être bien qu’oui, Pt’ être bien que non ». Un certain président de la République a même innové dans le Oui-Mais... Et que dire des : c’est possible... ; on ne sait jamais... ; on ne peut jurer de rien... ; on ne nous dit pas tout ; je ne dis pas non ...

Cette ambivalence des mots comme crédo, et la suspicion comme mode de vie, font partie de notre quotidien. De ce fait, la relation en prend un sacré coup, et tout se joue à pas feutrés : j’avance et je recule, je ne me découvre pas, j’observe... Tous, plus ou moins, nous n’osons plus faire confiance aux mots des autres (et pas seulement des politiques ou des médias). Nous risquons dès lors, de nous réfugier dans la méfiance, voire le soupçon. De ce fait, Nous entrons dans un monde de distorsions et blocages relationnels.

 

Alors, comment avoir des rapports sains dans une relation épanouissante ?

 

Réexaminons nos positionnements et ré-étalonnons les par rapport au message biblique, car ne nous trompons pas, nous sommes tous concernés.

Ainsi, quand au début de son ministère, Jésus dit

«  que votre parole soit oui, oui, non, non »

 

il ne fait que nous repositionner dans la bonne marche, en soulignant que l’évangile est exigeant dans le sérieux de toute relation. Le oui et le non sont aussi importants. Ils sont sur le même pied d’égalité. Rappelons que toute notre personnalité se forge dans l’apprentissage de cette affirmation oui-non. Mais pourquoi cette double affirmation et négation ? Ce double oui et non, soutend l’idée d’une confirmation dans les faits. Il ne s’agirait donc pas d’un oui, prononcé juste du bout des lèvres... Il serait question de la confirmation d’un oui par un autre oui, et d’un non par un autre non. Cette formulation intéressante nous inviterait à saisir le fait suivant. Si le premier oui relève de l’intention, le deuxième doit se traduire par des actes. Il y aurait ainsi un oui ! Je dis, et un oui ! Je fais. Tout ce qui viendrait en plus ne serait plus nécessaire.

L’avantage de cette présentation est considérable. Elle coupe court à tous les processus de justifications. Dans une relation saine, point n’est besoin de s’auto justifier, la confirmation d’une simple parole engageante suffit. De plus, la liberté n’a de sens, que si elle nous permet de tenir parole. C’est ainsi que la foi conduit à poser des actes, et à surpasser nos fragiles bonnes intentions. Mais pour être dans l’authentiquement vrai, nous avons besoin de l’aide de Dieu pour nous conduire dans le laborieux, mais passionnant chemin de la cohérence.

C’est précisément ce qui a conduit Jésus, à Golgotha, sur une croix ! L’amour suprême s’est mu en actes vrais, pas en discours. (Au demeurant le Christ, lors de son procès n’a presque rien dit pour sa défense). Sa mort a donné de la crédibilité à sa parole. Cette douloureuse épreuve en fut la plus belle démonstration : Elle dit la Vérité de sa Vie. Voilà pourquoi dans la Bible, appelée couramment Parole de Dieu, le Christ est le Oui, l’amen de Dieu à l’homme, et pour l’homme (son enfant).

« Si nombreuses que soient les promesses de Dieu, c’est en Christ qu’elles sont « oui ». Voilà pourquoi c’est aussi par lui que nous disons à Dieu l’amen, pour sa gloire ». 2 Corinthiens 1 : 20. Et ailleurs : « Voici ce que dit l’amen, le témoin fidèle et vrai, le commencement même de la création de Dieu » Apocalypse 3 : 14

 

C’est donc dans notre oui à Dieu, à son message d’amour transmis par le Christ, à sa volonté, et à son projet de nous rassembler pour toujours, que se vit notre liberté.

 

Pour illustrer cette vérité cardinale, examinons avec attention, le récit intitulé couramment :

La parabole des 2 fils. Elle est éclairante sur notre propos. (Lisons Matthieu 21 : 28-32)

Pour bien comprendre la portée et la force des paroles du Christ, il convient de préciser que nous sommes presque au terme de son ministère. Le contentieux qui l’oppose au pouvoir spirituel institutionnel est important. Il n’a fait que grandir au fil du temps. Le jour même de la présentation de cette parabole, son autorité a été remise en question par les responsables en place... La contestation s’est larvée en conflit ouvert et public. (Cf. Matthieu 21 : 23) Ne pouvant plus supporter l’enseignement du Christ, les anciens ont décidé sa mort (Cf. Jean 11 : 50).

Le christ va stigmatiser leur opposition par cette parabole, au travers du comportement du deuxième enfant. Je dis enfant, parce que c’est le mot qui est utilisé dans le texte original grec. On lit couramment cette parabole en parlant du Père et de ses 2 fils. Mais dans l’original, il est question au départ, d’un humain avec ses enfants. Le mot Père n’apparaît que dans la deuxième partie du récit. On essayera de comprendre pourquoi ?

Redisons une fois de plus que la démarche pédagogique du Seigneur est époustouflante de concision. C’est spirituellement de la chirurgie nucléaire de grande précision.

Le Christ utilise d’abord une formule anti-dogmatique. Il n’énonce pas le bien, ni ce qu’il convient de faire. Il n’est pas non plus dans une définition de la Vérité théologique. Il pose simplement, en préambule, une question redoutable :

«  Qu’en pensez-vous ? » ou «  Que vous en semble ? » ou «  Que vous semble-t-il ? ». Autrement dit, c’est vous qui allez définir ce qui est vrai dans la situation définie par le Christ dans cette parabole. Cela nous rappelle l’histoire de David face au prophète Nathan. Cet homme de Dieu invita David à prononcer lui-même sa propre condamnation. (Cf. 2 Samuel 12 : 1-7)

 

Cette démarche force la prise de conscience, elle évite les dérobades, les contournements etc. Elle place chacun devant l’évidente nécessité de se prononcer. Elle est de loin la plus efficace. Car, elle n’est ni agressive, ni culpabilisante. Elle force le respect, en permettant à l’opposant de définir lui-même sa conception du vrai.

J’affectionne cette démarche pleine d’amour. Pourquoi ? Parce qu’elle respecte notre liberté. Elle lui redonne de la cohérence et du sens. Ceci est d’autant plus pertinent, que nous avons une propension à ne pas mettre en harmonie ce que nous disons et faisons. Mais, revenons à notre texte...

 

Que dit l’homme au premier enfant : Non pas viens, mais va ; non pas, quand tu voudras, mais aujourd’hui ; non pas, occupe toi, mais travaille, œuvre ; non pas, dans ma vigne, mais dans la vigne. Autrement dit, va, aujourd’hui ! Aussi léger que possible, sans la moindre contrainte, sans la moindre directive. Agis comme tu le sais, prends des initiatives, fais de ton mieux, mais va dans la vigne, non pas demain, mais aujourd’hui. Quelle belle proposition !

 

Toute cette démarche est chargée de sens :

 

- C’est l’appel d’un Dieu qui se présente d’abord comme notre semblable, un humain (ανθρωπος = l’homme) pour responsabiliser son enfant. Dieu lui propose les bases d’un apprentissage d’actes concrets dans l’aujourd’hui.

 

- C’est encore la réponse de l’enfant qui déterminera la relation de l’aujourd’hui, et du demain. Or cet enfant quelque part, c’est moi, c’est vous, c’est nous. Notons qu’un enfant qui dit non, et puis qui dit oui, présente un comportement normal. Nous avons tous remarqué qu’on apprend à dire non, avant de savoir dire oui. Le moment où l’enfant affirme son non, est une étape importante de sa vie. Il se différencie en s’opposant, en manifestant une volonté autre.

 

Compte tenu de cette observation, on pourrait se risquer à dire, que dans nos parcours de foi, commencer par un non à Dieu, n’est pas si déraisonnable et si catastrophique ! Une foi infantile est une étape nécessaire. Il y a un apprentissage dans la foi (comme en relation.)

 

Notons avec intérêt que le texte ne présente pas la position idéale d’un enfant qui dirait oui et ferait. Dans notre récit, l’alternative est : NON-OUI, OUI-NON. La réponse parfaite OUI-OUI est absente. Ainsi, l’enfant ou le fils modèle n’existe pas ! Ce qui montre à l’évidence, que nous sommes parfaitement bien connus du Père. Non seulement connus, mais plus encore aimés. Dieu accepte ce premier non, sans nous culpabiliser. Le droit à l’erreur fait partie de notre quête au bonheur.

Pour nous parents, il y a peut-être quelque chose à exploiter ! En effet, l’amour profond et vrai sait accueillir le non.

Au demeurant, Dieu n’impose rien. Il se place simplement en situation d’aide. De ce fait, il favorise le bon choix. Ce n’est pas le Père qui dit non. Il laisse l’enfant le prononcer, et il l’accueille. Il espère qu’il pourra, à tout moment, revenir sur sa décision. Dans notre récit, il est écrit : 

« Plus tard, il fut pris de remords, et il y alla » V. 29

C’est tout le sens de la repentance et de la conversion.

Dieu adresse la même invitation à « l’autre » sous entendu enfant, mais le mot n’y est pas.

Le trouble que nous ressentons dans cet « autre », non-appelé enfant, va trouver son pendant dans la réponse de ce deuxième fils : Il ne reconnaît pas son Père... Le texte est clair : que dit-il ? «  Moi, Seigneur et il n’y alla pas » V.30 ( traduction littérale )

Le pronom non réfléchi grec εγω = je, moi, laisse presque percer une surprise. Toutefois ce qui est clair, c’est qu’il l’appelle κυριοσ = Seigneur, et non πατρος = Père.

Les psychanalystes nous expliqueraient que cette histoire présente deux types de relation :

- Père-Fils ; - Maître-Esclave.

 

Dans la première relation, l’enfant se construit en s’affirmant par une négation et un verbe : Littéralement : ne pas, c'est-à-dire non, je veux. Cela signifierait le refus d’une relation Maître-Esclave, et ferait apparaître la reconnaissance d’un Père. On a presque l’impression que tout est construit pour que le fils découvre le Père. Cela révélerait pourquoi le Père apparaît si loin dans notre récit. Toutefois, ce qui est clair, c’est que cet enfant parle avec un JE. C’est dire qu’il s’implique vraiment, il manifeste sa personnalité, et du coup, la relation devient vivante et pleine d’espoir.

 

Dans la deuxième relation, non seulement le Père n’est pas reconnu, mais plus encore le JE n’est pas formulé. On dirait qu’il subit la contrainte d’un ordre. Du coup, Il ne dit rien. Il ne formule aucune intention verbale, comme s’il était incapable d’assumer son autonomie. Sa porte de sortie est donc de feindre la soumission.

 

Dans notre texte, pas de verbe, juste la mention Seigneur ou Maître. Le moi est collé au Maître. La relation ne peut être à cet endroit : Maître – esclave. Dans ces conditions, l’enfant se met dans l’impossible découverte du bon projet du Père. Alors, la suite du récit est cohérente et significative. Elle illustre avec finesse le drame de la relation de Christ, l’envoyé du Père, avec les chefs religieux de son temps.

Finalement cet enfant, ce fils qui ne se sent pas fils, n’ira pas à la vigne. Il ne se sent pas concerné par le projet du père, d’où la rupture. L’histoire a montré que cette non-reconnaissance du Père signe aussi, en conséquence logique, le rejet sans appel du Christ. Les chefs et une grande partie du peuple d’Israël n’ont pas voulu reconnaître le Christ, comme l’envoyé du Père. Ce fut le drame... (Cf. Matthieu 23 : 37)

 

En résumé, c’est l’histoire d’un enfant, qui ne reconnaissant pas son propre Père, s’en va assumer seul son chemin dans une totale indépendance. Du coup, plus de relation affective. Par extension, cette symbolique volonté d’indépendance a mené inévitablement ces chefs spirituels à construire leur propre système d’interprétation des lois divines. Il ne faut pas s’étonner de la place grandiloquente prise par la Tradition. La tradition des hommes a primé la Parole de Dieu. Jésus leur a dit :

 

« Vous annulez la parole de Dieu au profit de votre tradition...Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est éloigné de moi » Matthieu 15 : 6,8 (Malheureusement l’Eglise chrétienne à travers les âges n’a pas retenu la leçon !)

 

En fait, la loi a été utilisée comme un instrument de pouvoir, et non comme un instrument de justice, c'est-à-dire, une invitation à bien faire. Ainsi, on observe un déplacement du terrain de la grâce, (là précisément où le Père voulait que ses enfants se positionnent) vers celui d’une mauvaise compréhension de la loi et du droit.

 

Cette tension permanente entre une dépendance librement consentie, et une indépendance réactionnaire (certes parfois nécessaire, mais dangereuse) demeurera jusqu’ au retour du Christ, le fil d’Ariane de notre vie.

 

Conclusion :

 

Cette parabole révèle le concentré du message d’amour de Dieu-le Père à l’adresse de tous ses enfants de la terre.

Plus précisément dans cette parabole, on observe une tension entre les désirs du Père et celle des enfants, principalement du deuxième. A l’arrière plan, apparaît en filigrane l’opposition entre le désir de reconnaissance de Dieu le Père, et le désir d’indépendance d’un peuple, qualifié souvent de peuple au cou raide (Cf. Exode 32 : 9 ; 33 :3,5 ; 34 :9 ; Deutéronome 9 : 6,13 ; actes 7 : 51) La raideur étant associée à la rébellion (Cf. Deutéronome 31 : 27)

Tension encore entre le Christ, l’envoyé du Père, et les responsables religieux.

Tension en fond d’écran, entre la grâce et la loi, entre un rapport de relation Père-Enfant et Maître-Esclave.

 

Ce qui est admirable, c’est l’espace de liberté laissé par Dieu dans une relation de désir

 

« Va œuvrer dans la vigne » Autant dire, assume qui tu es dans ce monde. Il n’est pas dit « Viens vers moi, mais va dans la vigne ». Le Père ne cherche pas à « s’approprier le fils » il l’envoie. C’est en allant dans la vigne, c'est-à-dire vers les autres, que l’on se construit vraiment. C’est dans la séparation avec le Père, que l’on découvre paradoxalement, qui est le Père et son importance dans nos vies.

Ce n’est pas la pédagogie de la protection et de la peur, mais celle de la confiance et de l’amour : accepter que l’aimé se construise dans le détachement de soi.

Partir sans consigne, sans carnet de route, et aller dans la vigne de notre existence, c’est apprendre à découvrir qui on est, devenir soi-même, et reconnaître sa vraie famille. Le premier enfant s’est reconnu Fils, le deuxième « l’autre », s’est positionné en étranger.

Nous découvrons là toute la quête de notre rapide et éphémère passage sur terre :

Soit découvrir et être fier d’être fils, et donc héritier du royaume; soit se vouloir étranger, voyageur indépendant, sans point de chute, ni héritage.

La conclusion de la parabole met en évidence que ce n’est pas toujours ce que l’on vit qui est important, mais plutôt ce que l’on reconnaît d’important pour sa vie. La théorie des œuvres méritoires vient se pulvériser contre le simple acte de foi. En fait, on ne mérite rien. Il suffit simplement d’accepter d’être passionnément aimé par le Père. En amour, il n’y a pas de mérites, seulement du partage...

Voilà pourquoi ceux qui ont d’abord dit non puis oui, comme les percepteurs d’impôts et les prostituées seront devant dans le royaume de Dieu. Le Christ précise le pourquoi ? Parce qu’ils ont fait acte de foi (Cf. idem. v. 32) Le Christ s’efface dans l’exposé pour présenter Jean, dont la popularité était peu contestée. Là encore, c’est de la pédagogie fine !

Soyons rassurés, ce n’est pas nos NON qui posent problème, mais l’absence de nos OUI. Ce message est réconfortant : nos révoltes, nos écarts, nos faux pas, nos bêtises, bref, tout ce qui se cache derrière ce premier NON, n’est pas pris en compte par grâce, SI comme le fils prodigue, nous faisons un retour sur nous-mêmes, et revenons vers le Père pour lui dire OUI ! Un OUI franc, vrai, authentique.

 

N’hésitons donc plus à nous remettre en route pour rencontrer personnellement le Père et lui dire OUI ! Amen ! C’est ainsi que nous écrirons notre histoire humaine dans le devenir de Dieu, lors de la rencontre historique, merveilleuse, sublime et grandiose de la Parousie. (Cf.1 Thessaloniciens 4 : 16-17;Jean11 :25,26,40 )                                                                                        

                                                                                                    

                                       Jacques Eychenne

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