L'intelligence du coeur

 

 

      

  L’intelligence du cœur

                         ou

           réapprendre à vivre    

         Philippiens 4 : 11-13

 

 

 Introduction :

 

Devant la conjonction d’évènements douloureux dans le monde, plus particulièrement en Europe, beaucoup s’interrogent sur la nécessité de repenser nos façons de vivre. Les commentateurs de la presse écrite (mais pas qu’eux) n’hésitent plus à dire : « Nous n’allons plus pouvoir vivre comme avant ». Triste constatation qui impacte surtout la jeunesse et le troisième âge. Guerres, bruits de guerre, famines, épidémies, tout semble s’accumuler comme de sombres nuages dans un ciel chargé. Mais où peut bien s’arrêter la déraison humaine ? De plus, jamais comme aujourd’hui la menace d’une utilisation de l’arme nucléaire n’a été aussi prégnante. Pourtant, nous vivons sur une magnifique planète, et il est regrettable que nous n’ayons pas la sagesse de gérer ses ressources intelligemment. Les notions de profit, de pouvoir, de domination, de croissance, ont contribué aux dérèglements climatiques que nous observons. En conséquence de quoi, une tension grandissante dans les relations humaines est manifeste. Au lieu d’être heureux et solidaires, nous sommes devenus individualistes, et grands consommateurs de tranquillisants (du moins dans notre pays). De plus, la guerre en Ukraine a provoqué une pénurie de matières premières. De tous côtés on prend conscience des échéances dramatiques qui peuvent hypothéquer l’avenir de nos enfants et petits-enfants.

 

Devant un tel marasme ambiant, essayons d’émettre l’idée d’une vision positive. Bien que la bible ait prédit une dégradation des conditions de vie dans les derniers temps de l’histoire humaine (cf. Matthieu 24, Luc 11), il importe, pour le bien de chacun, de se construire une force mentale capable d’éviter un basculement dans l’anxiété et la déprime.   

Pour aller dans cette direction, à l’instar de tous ces grands héros de la foi qui ont traversé des temps de crise, (cités en résumé dans Hébreux 11), il nous faut être convaincu que nous ne sommes que voyageurs et passagers sur cette terre. Autrement dit, fragiles et vulnérables (cf. Hébreux 11 : 13 ; 1 Pierre 2 : 11). C’est la première constatation à ne pas perdre de vue. Pour autant, et avec la même conviction, le chrétien est invité à assumer sa responsabilité de citoyen de la terre, dans le respect de la nature et des hommes, tout en ayant foi dans les promesses de Dieu.

Pour vivre heureux, il faut rompre avec ce vent de panique qui souffle de plus en plus fort. Comment ? En choisissant la rupture avec l’état d’esprit qui mène ce monde.

Comment ? En cultivant concrètement et tout bonnement la vertu du contentement en lien avec les promesses divines. 

Cela peut faire sourire ! qu’importe ! examinons ce que préconise les Saintes Ecritures.

 

Développement :

 

Les politiques commencent à nous dire qu’il faut penser différemment. Alors, pourquoi ne pas écouter ceux qui nous ont présenté une philosophie de vie chrétienne ?

Que dit l’apôtre Paul : « j’ai appris à me contenter de l’état où je me trouve. Je sais vivre humblement comme je sais vivre dans l’abondance. En tout et partout, j’ai appris à être rassasié et à avoir faim, à être dans l’abondance et à être dans le manque. Je peux tout en celui qui me rend puissant ». Philippiens 4 : 11- 13, version NBS.

Examinons ce texte de plus prés.

Paul dit : « j’ai appris ». Le verbe grec μανθανω = mantanau couvre 2 secteurs de recherche.

  • Apprendre par l’étude ou par tradition orale.
  • Apprendre par expérience.

 (cf. Romains 16 :17 ; Ephésiens 4 : 20,21 ; hébreux 5 : 8).

 

En synthèse, Paul a appris en étudiant, en écoutant les récits des anciens, et au travers des épreuves qu’il a rencontré sur sa route.

Autant dire que cet apprentissage a nécessité un choix de vie, accompagné d’une forte conviction. On ne décrète pas un beau matin avoir acquis le bien précieux du contentement ! C’est un état d’esprit qui se travaille par la grâce de Dieu.

 

Mais qu’est-ce qu’au juste, le contentement ?

 

L’adjectif grec (αυταρκης = αὐτάρκης = autarkes = 1) avoir suffisamment pour soi-même, sans besoin d'aide ou de support 2) indépendant des circonstances extérieures 3) content de son sort, de ses moyens, même s'ils sont minces) souligne deux aspects complémentaires :

  1. L’un prend en compte le nécessaire, c'est-à-dire uniquement ce qui suffit. Se suffire à soi-même. A la forme pronominale = se contenter de (cf. 2 Corinthiens 9 : 8).
  2. L’autre, l’action qui modère ses désirs. Le contrôle de soi-même. La satisfaction de ce qu’on a (cf. 1 Timothée 6 : 6,7).

Pour le chrétien, l’état d’esprit qui le conduit, fait appel à ces 2 notions complémentaires. Elles font partie de l’apprentissage de vie pratique au quotidien. Avoir à la fois le sens de sa responsabilité pour assumer son autonomie, mais aussi gérer ses désirs pour tendre à un équilibre de vie dans tous les domaines. Comme il est difficile de vivre dans cette harmonie du corps et de l’esprit, l’aide de Dieu pour le croyant demeure une aide appréciable. C’est peut-être pour cette raison que Paul associe la foi et le contentement dans le texte ci-dessus à Timothée.

D’un côté le sens de la responsabilité conduit à assumer un travail ou une activité, et de l’autre à connaître ses limites et à intégrer la confiance en Dieu dans toutes les circonstances.

Paul, qui a appris le contentement, précisera :

« Vous vous rappelez, frères, notre travail et notre peine : nuit et jour à l’œuvre, pour n’être à la charge d’aucun de vous... » 1 Thessaloniciens 2 : 9,10.

D’autre part, Jésus dira de son côté :

« Ne vous inquiétez pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps, de quoi vous serez vêtus. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement ?... Ne vous inquiétez donc point, et ne dites

pas : que mangerons-nous ? Que boirons-nous ? De quoi serons-nous vêtus ?... Votre père céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu ; et toutes ces choses vous seront données par-dessus » Matthieu 6 : 25, 31, 32,33, version LSG.

Certains vont penser que ce texte est une traduction de l’utopie, voire de la provocation ! Pourtant à la réflexion, ce que propose le Christ est loin d’être inintéressant. En creusant un peu notre propos, on finit par être en adéquation avec la prise de conscience des scientifiques concernant la gestion de notre planète. Le mot d’ordre consensuel à la mode est le suivant : Il nous faut changer de mode de vie. (Propos de Jean Jouzel, glaciologue, climatologue, dans « C dans l’air » émission du jeudi 8 novembre 2007, sur la chaîne de télévision n°5 ; propos de politiques récemment en mars 2022 : « on ne pourra plus vivre comme avant »). Depuis peu, nous recevons sur nos portables des infos pour « apprendre à survivre », ça en dit long, ne pensez-vous pas ?

Mais observons que le message biblique va dans le même sens (sur bien des sujets) :

Par exemple sur le nécessaire vital. On nous a fait croire que nous avions besoin de quantité de choses pour vivre, alors qu’elles apparaissent maintenant, comme très secondaires, voire superflues.

Cela conduit à cette affirmation positive : 

Pour bien vivre, il nous faut être en rupture avec un système de consommation effrénée. Il nous faut dénoncer le mélange subtil du superflu au nécessaire. Il nous faut réapprendre à vivre simplement ! Tôt ou tard le monde occidental devra revenir aux anciens fondamentaux de la qualité de la vie.

 

Epicure écrivait déjà trois siècles avant Jésus-Christ :

« Celui qui ne sait pas se contenter de peu ne sera jamais content de rien »

Dict. des proverbes, sentences et maximes, éd. Larousse p.106.

 

Réapprendre à se satisfaire du nécessaire, c’est aussi affirmer sa solidarité avec ceux qui luttent pour subsister. C’est renoncer à des privilèges qui donnent l’illusion d’un mieux-être. C’est respecter les lois de la nature en ne forçant pas les capacités de production de la terre. C’est mettre un terme aux spéculations de toutes natures. Et en fin de compte, c’est être davantage en harmonie avec soi-même et avec les autres.

 

Oui ! Il nous faut entrer en rupture avec cet état d’esprit qui donne plus d’importance au superflu qu’au nécessaire, et qui crée de puissantes convoitises face à tous ces pays émergents d’Afrique en particulier. Pourtant, la sagesse de la vie n’est pas toujours du côté que l’on croit.

Pourquoi nous est-il bon d’être en rupture face à notre boulimie de consommation ? Pour au moins 2 bonnes raisons :

 

  • a) parce que notre civilisation occidentale a plus versé dans le superflu que dans l’indispensable ou le nécessaire (d’où l’énorme gâchis des denrées et des biens).
  • B) parce l’esprit de modération - sagesse populaire – a laissé place à un besoin surfait de toujours plus posséder. (On nous a conditionné à vivre au-dessus de nos moyens pour satisfaire des désirs programmés par une illusoire nécessité économique).

 

Le corollaire à tout cela est la montée en puissance d’un mal fort ancien qui se nomme : l’inquiétude (Elle est souvent amplement justifiée). De surcroît, la course à l’armement nucléaire ne rassure personne. Jadis, la possession de l’arme dissuasive avait pour objectif la protection des peuples. Elle concernait uniquement les grandes

nations, mais voilà que pointent à l’horizon des menaces récemment exprimées, avec de possibles dérapages incontrôlés. Or, que faire maintenant, alors que plusieurs nations revendiquent à leur tour, la possession de l’arme nucléaire ?  

Les gens ne sont pas dupes, ils ressentent bien la redoutable échéance. L’inquiétude est tout autant nourrie par les observations des scientifiques. Les experts scientifiques sont formels et le secrétaire général de l’O.N.U. l’a rappelé récemment le 20 mars 2022, « le dérèglement climatique nous conduit tout droit dans le mur ».

Tout semble s’accélérer. Et comme au temps de Noé, les gens vivent sans vouloir modifier leur mode de vie. Bien entendu, chacun se renvoie la responsabilité de cette pollution atmosphérique. Il en va de même pour toutes les actions belliqueuses !

 

Il faut donc réagir positivement et ne pas se laisser envahir ou submerger par toutes ces mauvaises nouvelles. Contrairement à une pensée populaire, la Bible présente une contribution édifiante et une philosophie de vie positive.

 

Oui ! Nous devons être en rupture d’une boulimie : vouloir toujours plus, posséder plus... (souvent au détriment des autres). En portant atteinte à l’équilibre de la nature, on a manifesté indirectement le rejet de celui qui en est l’auteur : Dieu.

La confiance en Dieu, appelée la foi, disparaît de plus en plus vite, au profit d’une sacralisation de la science. On pense que c’est elle qui sortira le monde de l’impasse vers laquelle on fonce à vive allure. L’utopie n’est peut-être pas là où on la croit !

Plus que jamais, le message chrétien doit être réaffirmé. Il contient les vraies réponses aux problèmes des humains de cette belle planète bleue.

Le contenu de ce message d’espoir pour l’humanité est loin d’être dénué de fondements intéressants. Il contient des valeurs indispensables pour notre temps. Citons la confiance en soi, en l’autre, en Dieu, la responsabilité dans ses choix, le respect de l’autre dans ses différences, la solidarité dans le bien etc...

Ce ne sont pas des mots plaqués, même s’il est plus facile de les énoncer que de les vivre.

 

Comme Paul, nous pouvons dire que nous avons appris et que nous continuons à apprendre aux travers de toutes les circonstances de la vie. La situation problématique de notre monde recèle une nouvelle opportunité. A nous de la saisir afin d’orienter notre vie différemment.

Assurément le contentement est une valeur sûre, non cotée en bourse. Pourtant elle fait partie des valeurs les plus fiables, les plus constantes, les plus équilibrantes.

Le contentement adoucie l’inquiétude et renforce la confiance en Dieu et en soi. Elle est révélatrice d’une bonne connaissance de soi, de ses besoins et de ses limites. Voulons-nous tendre à une meilleure qualité de vie ?

Alors, cultivons la vertu du contentement avec application et persévérance.

L’inquiétude, ce mal être permanent s’estompera peu à peu pour laisser place à la confiance en soi, et en Dieu.

Alors les textes de Christ, de Pierre, de Paul prendront du relief sur nos chemins.

 

« Regardez les oiseaux du ciel ; ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n’amassent rien dans des greniers ; et votre père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ? Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter une coudée à la durée de sa vie ? ... Ne vous inquiéter donc pas du lendemain ; car le lendemain aura soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine ». Matthieu 6 : 26, 27,34, version LSG.

 

« Décharger-vous sur Dieu de toutes vos inquiétudes, car il prend soin de vous » 1 Pierre 5 : 7, version NBS.

« Ne vous inquiétez de rien ; mais, en tout, par la prière et la supplication, avec des actions de grâces, faites connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute pensée, gardera votre cœur et votre intelligence en Jésus-Christ ». Philippiens 4 : 6, version NBS.

 

Face au scepticisme ambiant, une bonne nouvelle peut retentir sur la terre.

Apprenons mieux, et plus que jamais, à vivre simplement. Le nécessaire suffit au bonheur. Je rejoins complètement le mot de certains sages sur le sujet du réchauffement de la planète (mais on pourrait l’appliquer à bien d’autres aspects de nos quotidiens) : « C’est peut-être plus productif d’être modéré ». Je le crois sincèrement. La modération a une dimension économique ! Cette prise de conscience était encore impensable ces dernières années... Ce faisant, on rejoint une sagesse populaire qui nous vient du cœur de l’Afrique : prendre le temps de bien vivre en vivant en harmonie avec la nature.

Ainsi, comprenons que l’antidote à l’inquiétude est le contentement.

 

Conclusion :

 

Après avoir pillé la terre, l’humain intelligent réalise que ses ressources ne sont plus inépuisables, et qu’il convient de les gérer différemment.

Changer notre mode vie devient donc une nécessité impérieuse.

Dans ce contexte ambiant, loin de tout crédo démobilisateur, le message du Christ et des apôtres propose une alternative constructive.

 

L’apprentissage dans l’attitude du contentement nous conduit à nous concentrer sur 2 domaines d’expériences pratiques :

 

  • Définir ce qui est nécessaire à notre bon développement physique, mental et spirituel et s’en tenir à ce qui nous suffit (on est dans l’abondance quand on sait se contenter de peu).
  • Modérer ses désirs en ne succombant pas aux sirènes de la publicité et à tout système de consommation. Réfléchissons à nos achats compulsifs censés nous apporter du bien-être.
  • Apprendre à vivre en bonne intelligence avec autrui, en intégrant le droit à la différence et le respect des personnes.

 

Ce travail sur soi n’est pas facile, car notre attitude complaisante à l’égard des biens de consommation et de nos égoïsmes a généré dans notre psychisme des habitudes. Pour corriger et inverser la tendance, l’aide de Dieu restera pour les croyants un atout appréciable.

Vivre mieux, c’est vivre simplement en respectant l’humain. Cette espérance, il faut la partager.

 

                                                                    Eychenne Jacques

                                                                 

PS : NBS, version Nouvelle Bible Segond ; LSG, version Louis Segond.

 

 

 

 

 

 

 

                               

 

 

 

 

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