Jésus et la Samaritaine 4ème partie

JEAN 4 : 1-42

(Version La Nouvelle Bible Segond 2002)

Pour étude personnelle ou en groupe

4ème partie

                                                           

Nous poursuivons notre réflexion de cette belle rencontre…

    

v. 25 « La femme lui dit : Je sais que le Messie viendra, lui, il nous annoncera tout. »

 

Observons que ce que sait cette Samaritaine est important. Son espérance en rapport avec la venue d’un libérateur est fondée. Sa foi n’identifie pas encore ce Messie à Jésus, mais elle chemine… Mais d’où lui vient cette connaissance ? Les Samaritains trouvaient dans le Pentateuque le fondement de cette espérance. (Cf. Genèse 15 :1-6 ; 49 :10 ; Deutéronomes 18 :15) Même si le nom du Messie ne figure pas dans ces textes, ils pouvaient très bien avoir accepté cet enseignement des juifs. Rappelons-nous que le roi d’Assyrie avait dépêché un prêtre en Samarie pour instruire ce peuple Samaritain dans la connaissance du Dieu d’ Israël (Cf. 2 Rois 17 :24-28)

Il est évident que l’intérêt de cette femme Samaritaine grandit face au questionnement du Seigneur. Mais, comme précédemment, elle remet en évidence ce qu’elle sait. Est-ce un réflexe ? Ou cherche-t-elle encore à détourner le Christ de son cas ?

Notons toutefois son audace... Le Christ vient de souligner qu’elle ne connaît pas, qu’elle ne sait pas (v. 10,22). Mais elle, au contraire, elle affirme ce qu’elle sait. En fait, on peut aisément comprendre que face à ce Christ déroutant, il ne restait plus à cette femme, qu’à se cramponner au peu qu’elle savait. Nicodème face à Jésus fera de même !

Elle dit donc, d’une façon touchante, ce qu’elle attend sans complexe. Sa foi est en position d’ouverture…N’est-ce pas un exemple à suivre ?

« Il nous annoncera tout. » Elle attend un Messie-Prophète et en cela, elle se démarque de la pensée juive qui attendait un Messie-Roi. Ce Messie-prophète devait apporter de grandes révélations. Elles étaient liées à l’espérance d’un avenir heureux pour le peuple des croyants. Cette distinction est intéressante. Elle s’inscrit en opposition aux juifs. En effet, les Juifs attendaient plus un pouvoir politique, un royaume terrestre sécurisé. Ils s’identifiaient au seul et vrai peuple de Dieu à l’exclusion de tout autre. Cette exclusivité, qui faisait partie de leur élection, était fortement revendiquée. En bref, leur espérance était plus temporelle que spirituelle. En contraste, cette Samaritaine semble avoir opté pour une nouvelle révélation plus spirituelle. De ce constat ressort un paradoxe saisissant :

Les juifs qui étaient appelés à être dans la vérité spirituelle et l’accueil du Messie n’ont pas accueilli la force de cette espérance en Jésus-Christ. Tandis que cette étrangère, apparemment disqualifiée à la réception de cette merveilleuse vérité, l’a accueillie de tout son cœur.

Le salut vient des juifs avait dit Jésus. Certes ! Mais l’apôtre Paul explicite la compréhension de cette vérité.

A savoir que si effectivement les oracles de Dieu ont été confiés aux juifs (Cf. Romains 3 :2), leur incrédulité a ouvert une autre conception du vrai peuple de Dieu. (Cf. Romains 11 : 25-26) Cette Samaritaine en est la plus belle préfiguration.

 

Désormais « le juif, ce n’est pas celui qui en a les apparences ; et la circoncision, ce n’est pas celle qui est visible dans la chair. Mais le juif, c’est celui qui l’est intérieurement ; et la circoncision c’est celle du cœur, selon l’Esprit et non selon la lettre. La louange de ce juif ne vient pas des hommes, mais de Dieu » Romains 2 : 28-29

 

La déclaration de la Samaritaine concernant le Messie attendu résume son espérance : « Il nous annoncera tout ». Le verbe αν-αγγελω signifie annoncer, mais encore, faire savoir, communiquer, rapporter (Cf. Actes 14 :27 ; 19 :18 ; 2 Corinthiens 7 :7). De plus, la préposition ανα ajoute l’idée de retour en arrière ou de recommencement. Cela laisse entendre que Dieu n’a jamais cessé de parler et qu’il continuera jusqu’à la fin, pour guider ceux et celles qui ont foi en lui. De surcroît, cette annonce concerne le « tout » (απασ) nécessaire au bien–être des humains. Dieu donne et annonce le tout. Il attend, en retour, une réponse de notre part impliquant notre tout. (Cf. Deutéronome 6 :5 ; Matthieu 22 :37)

C’est dire que l’attente de cette Samaritaine était plus forte qu’on pouvait le supposer !

  

v.26« Jésus lui dit : Je le suis moi qui te parle.  »Litt. Moi je suis, le parlant à toi.

 

Quel Choc ! Quelle émotion !L’attente rejoint l’instant présent.Les mots de Jésus sont simples, précis, d’une force exceptionnelle. Jamais le Seigneur n’avait encore fait pareille révélation. Toutes les prophéties messianiques trouvent, en cet instant sublime, leur accomplissement. La Samaritaine a dû rester sans voix…Elle est en présence de Celui par qui toutes choses ont été faites. (Cf. Jean 1 :1-3) L’auteur de la création de l’univers est là, devant elle. Il est le grand JE SUIS des origines de l’histoire des humains. Elle qui se croyait peut-être déchue de la grâce, marginalisée, (n’étant pas fille d’Israël) la voilà comblée, transformée, transportée. Le salut est entré aujourd’hui, non pas dans sa maison, comme pour Zachée (Cf. Luc 19 : 9), mais dans son cœur. Comme pour Zachée, elle a dû comprendre :

 

« Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. » Luc 19 :10

 

Désormais, dans sa vie, il y aura un avant et un après cette révélation du merveilleux JE SUIS !

 

A partir de cet instant, c’est une autre femme qui vit.

Quelle va être sa première réaction, son premier geste ? Nous allons les découvrir. Mais avant, rappelons-nous d’abord que cette histoire nous parle d’Espoir et d’Amour. Personne n’est disqualifié dans la réception du salut. Il n’appartient qu’à nous d’accueillir dans notre cœur cette merveilleuse libération. La décision est complètement de notre fait.

Observons que par 7 interventions précises Jésus a atteint l’objectif qu’il s’était donné dans cette rencontre. Quelle pédagogie ! (Repointer les 7 interventions) Ne pensez-vous pas qu’en se présentant comme le JE SUIS, la cohérence entre les alliances (ancienne et nouvelle) est parfaite ? Sur ce point, y a-t-il opposition entre l’ancien et le nouveau testament concernant le plan du salut universel ?

 

v.27« Là-dessus arrivèrent ses disciples, qui s’étonnaient de le voir parler à une femme. Toutefois aucun ne dit : « que cherches-tu ? » ou : « De quoi parles-tu avec elle ? »

 

Notre analyse du verset 7 parait être confirmée. Nous avions parlé du risque de l’inconvenance de voir Jésus avec cette femme… Là, l’étonnement des disciples est très significatif.

(Il faut se rappeler que les rabbins de l’époque considéraient la femme comme inapte à toute instruction. Même un mari ne pouvait avoir de longs entretiens avec sa propre épouse. A fortiori quand il s’agissait d’une étrangère !)

 

L’attitude du Christ est révolutionnaire pour son temps.

 

Il va réhabiliter la femme et lui rendre sa dignité. D’une façon plus générale, actons encore que les femmes ont occupé dans la vie de Christ une place importante… L’apôtre Paul, que certains traitent de misogyne, suivra son exemple (Cf. 1 Corinthiens 11 :11,12 ; Galates 3 :28). Même si quelques traces résiduelles de la position rabbinique ont perduré… (Cf.1 Timothée 2 : 11,12)

Dans notre récit, par respect pour leur maître, les disciples n’ont rien dit, mais l’humour du narrateur est de mettre en mots ce qu’ils n’ont pas osé formuler eux-mêmes. Mon père dirait : «  Mais de quoi ils se mêlent ! »

 

L’évangéliste, à cet instant, met en évidence les deux attitudes en opposition : Celle du Christ et celle des disciples. Celui qui parle, ceux qui ne disent rien. Celui qui est clair dans son fonctionnement, ceux qui n’osent rien dire, mais n’en pensent pas moins. Celui qui fait preuve d’ouverture, et ceux qui se replient sur leur tradition.

Du coup, nous-mêmes, posons-nous la question : Que sous entendent les deux questions des disciples ? Comment réagissons-nous face à l’inconnu ? Sommes-nous ouverts ou fermés ? Que penser de cette phrase : Le plus grand ennemi de la vérité est la conviction ? Ou encore : « ce qui est cru est plus important que ce qui est vrai » Talleyrand. Plus largement que penser de tous ces mouvements religieux qui revendiquent l’exclusivité de la détention de la vérité ?

 

v. 28-30« La femme laissa donc sa jarre, s’en alla dans la ville et dit aux gens : Venez voir ! Il y a là un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait ! Serait-ce le Christ ? Ils sortirent de la ville pour venir à lui. »

 

L’arrivée des disciples semble avoir coupé court l’entretien... Jésus et cette Samaritaine ne peuvent plus être dans l’intimité du partage. Mais l’essentiel venait d’être dit. La découverte fondamentale a bien eu lieu. La Samaritaine est toute bouleversée par cette révélation. Elle part donc rapidement, moins peut-être parce que les disciples arrivent, que parce qu’elle est empressée de transmettre son bonheur. Elle laisse sa cruche. Est-ce que ce geste est d’après vous volontaire ? Est-ce par émotion ou pour mieux courir ? Quelle signification lui donnez-vous ? Ne pouvait-elle pas tout concilier ? (Reprendre sa jarre) Ou est-ce pour nous dire, que ce qu’elle était venue chercher à moins d’importance que ce qu’elle vient de trouver ? Elle n’a plus besoin de remplir sa jarre, elle est remplie d’une joie indicible, d’un bonheur réel. Elle avait soif d’un désir qu’elle n’arrivait pas à étancher, et le Christ l’a transformée en source jaillissante et bouillonnante pour les siens…

Il lui appartenait désormais de devenir source de vie pour les siens.

« Venez voir ! » Quelle merveilleuse attitude ! Le texte ne dit pas « Ecoutez moi... ». Son témoignage est superbe. L’attention est moins dirigée sur elle que sur son Sauveur. Elle n’impose pas sa découverte, elle invite les gens de sa ville à se faire une opinion personnelle. Qu’est-ce qui dans le texte qui suit appuie cette interprétation ? Pourquoi son témoignage est à son tour empreint d’une démarche pédagogique. Laquelle d’après vous ? Est- elle dans l’imitation de son Seigneur sur ce point ?

« Un homme » Que se serait-il passé, si elle avait dit : un Juif ! Sa présentation neutre n’est-elle pas respect pour les siens ? En d’autres termes, sa formulation intelligente n’induit-elle pas le refus d’empiéter sur l’espace de liberté de ses concitoyens ? N’a-t-elle pas voulu éveiller, pour le moins, leur curiosité ? De ce fait, Ne facilite-t-elle le bannissement des barrières culturelles, religieuses, nationales. A notre tour, comment gérons-nous la confrontation avec la diversité des religions, des cultures et des races ?

 

« Il m’a dit tout ce que j’ai fait ». Cette phrase laisse supposer que ce qu’elle avait fait ou faisait était connu... Sinon, le témoignage tomberait à plat ! D’autre part, il faut savoir qu’une telle situation en Israël était passible de lapidation. (Cf. Lévitique 20 :10 ; Deutéronome 22 :22-24) En était-il de même chez les Samaritains ?

Certainement, puisqu’ils reconnaissaient l’inspiration et la validité du Pentateuque. Mais, nous n’avons aucun document, à ma connaissance, qui l’atteste. De toutes façons, quel qu’ait été le risque, elle était prête à le courir tellement son bonheur était intense. Cette phrase démontre que le seigneur a pénétré tout son être. Cette révélation a fait naître une source au cœur de sa vie. Au minimum, cette phrase a impacté la curiosité de ceux qui ne savaient pas ? Mais une chose semble certaine. Cette Samaritaine est maintenant ouverte aux autres. La Samaritaine nouvelle est arrivée ! Quelle transformation ! Tout à l’heure, vers midi, elle venait à ce puit, espérant ne rencontrer personne. Maintenant, c’est elle qui va vers les siens. Cette attitude n’est-elle pas la démonstration de la vraie conversion ?

Avant de connaître Christ, elle était repliée sur elle-même, empêtrée dans son problème, et fuyant le regard des autres. Maintenant la voilà libérée, ouverte, et prête à partager son bonheur avec tous les habitants de son village.

N’est-ce pas là la force et la beauté de l’Evangile de Christ ? Changer l’humain de l’intérieur ! (C’est cette croissance là que les politiques devraient recherchée ! Aider à rendre chacun heureux ici et maintenant sans attendre ce qu’il adviendra plus tard ! )

Combien de chrétiens traînent leur misère en attendant le paradis, alors que les bienfaits de la relation à Christ se déclinent ou se conjuguent au présent !

 

« Serait-ce le christ ? » litt. Celui-ci est-il peut-être le Christ ? (C’est encore plus fort me semble-t-il comme expression) D’après vous, est-ce qu’elle en doutait ? Mais alors, Quelle maîtrise ! Elle n’impose pas sa découverte, elle favorise celle des autres... N’est-ce pas là le vrai témoignage, la meilleure évangélisation ? Le vrai partage de spiritualité ? (En restant dans le questionnement, on n’agresse jamais.)

« Ils sortirent de la ville pour venir à lui. »

Est-ce que l’empressement de la Samaritaine a été communicatif ?

Observons que son témoignage dirige les Samaritains vers Christ, et non vers elle. N’est-ce pas sa démarche qui a favorisé la réaction des siens ? Son témoignage provoque un choc salutaire. Le temps des verbes grecs laisse supposer un empressement : « Ils sortirent et ils venaient » traduisent un allant dans le mouvement. L’envie et la curiosité sont trop fortes. Symboliquement n’est-ce pas le propre d’une bonne démarche quand on est en recherche ?

Ne faut-il pas sortir de nos périmètres de confinement, nos cadres de référence, nos paradigmes. En d’autres termes, sortir de nous-même, aller vers un ailleurs, vers Christ, sans intermédiaire de préférence ?

Osons sortir, et désirons rencontrer Christ, personnellement et simplement ! Il est dans l’ attente de nous accueillir.

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