La guérison de l'aveugle de naissance 4ème partie

ou

La finalité de la marche vers la lumière 

Jean 9: 28-41

(4ème et dernière partie)

 

Introduction :

 

Nous avons laissé notre voyant clair faisant face aux questions des responsables juifs. Nous l’avons vu bien dans sa foi, sûr de ce qui l’habitait. Entre la violence ou la fuite, notre homme, à l’instar de Jésus, a expérimenté une troisième voie : Celle de la confiance indéfectible en l’amour de Dieu. Du coup, la situation s’est inversée : de questionné, il est devenu questionneur, interpellant même avec humour.

Mais quelle va être la réaction des chefs religieux ? Vont-ils se saisir de lui et le juger ? Vont-ils le faire battre de verge pour l’exemple face à la population ? Quelle attitude vont-ils adopter devant l’évidence du miracle et l’énoncé clair et public du nom de son bienfaiteur ?

 

Développement :

 

V. 28-29 «  Ils l’insultèrent et dirent : C’est toi qui es son disciple ; nous par contre, nous sommes disciples de Moïse. Nous, nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais par contre celui-ci nous ne savons d’où il est ».

 

Les paroles fortes et les questions neuves de notre voyant clair ont fait mouche. Devant cet attroupement, les responsables n’ont comme alternative que la colère ou la fuite. Trop orgueilleux, ils choisissent la première. L’évangéliste nous fait grâce du contenu de leurs insultes et s’attarde sur leur argumentation.

Ils opposent Moïse à Jésus, leur position à celle de notre voyant clair. Il y a même dans le texte original la pointe d’un mépris (Toi tu es disciple de celui-là...) et ils se gardent bien de prononcer le nom de Jésus…

Le voilà le grand drame d’Israël : Ils campent encore dans le désert et ils se sont arrêtés aux paroles de Moïse. Ils n’ont pas compris toute la symbolique qui annonçait la venue du Messie. Ils s’arrêtent à l’homme Moïse, au lieu d’accueillir le fils de Dieu, le Messie-roi.

Ils opposent loi et foi. Ils ne voient que d’un œil et il nous faut les deux. L’apôtre Paul a longuement développé ce sujet dans son Epître aux Galates.

 

«  La loi a été comme un pédagogue pour nous conduire à Christ, afin que nous soyons justifiés par la foi... La loi est-elle contre les promesses de Dieu ? Loin de là ! S’il avait été donné une loi qui puisse procurer la vie, la justice viendrait réellement de la loi... Avant que la foi vienne, nous étions enfermés sous la garde de la loi, en vue de la foi qui devait être révélée...La foi étant venue nous ne sommes plus sous ce précepteur » Galates 3 :24,21,23,25

La loi dans son sens large avait donc pour objectif de faire cheminer Israël jusqu’au temps de la venue de Jésus-Christ. Ce périple avait pour vocation de les faire passer d’une loi extérieure à une foi personnelle. Notre projet de parents n’est-il pas le reflet de cette réalité : d’abord apprendre à l’enfant l’obéissance, tout en lui fournissant les outils de sa propre autonomie.

Le passage de l’enfermement (esclavage d’Egypte) à la libération (l’accueil personnel par la foi d’un royaume où Christ est sauveur et roi) est notre lot commun.

La traversée du désert pour arriver au pays promis, où coulent le lait et le miel n’est pas seulement propre à Israël,elle symbolise le parcours de chacun dans son humanité : le passage d’une obéissance extérieure à une obéissance désirée dans l’amour. Ce n’est plus uniquement ce que je fais qui importe, mais comment je le fais. (Cp avec Matthieu 7 :21-23 et 1 Corinthiens 13 : 1-8).

Les juifs disent : «  Nous savons... » Ce type de connaissance purement scripturaire n’est d’aucune utilité pour eux. Ils se sont enfermés dans une compréhension restrictive tellement desséchante, qu’ils ne manifestent aucun sentiment de compassion. A quoi sert la connaissance, si elle n’est pas au service du cœur ?

N’oublions pas non plus que la loi n’est pas celle de Moïse, mais de Dieu.

Oublier l’esprit d’amour qui a enfanté la loi, c’est vider la loi de toute sa substance positive. Croire qu’elle n’a plus de raison d’être, c’est dire que l’amour de Dieu s’est arrêté en chemin et qu’il ne concernait qu’un peuple.

La réalité de ce qui a été confié à Moïse, s’adresse à toute l’humanité. Les 10 paroles d’amour délivrées au Sinaï, après le rappel de la libération éclatante d’Egypte, font partie du patrimoine de l’humanité. Dépassons donc la lettre, pour en pénétrer l’esprit d’amour qui l’a fait naître.    

 

V. 30-33  «  Cet homme répondit : il est étonnant que vous ne sachiez d’où il est ; et (cependant) il m’a ouvert les yeux. Nous savons que Dieu n’écoute pas les pécheurs ; mais si quelqu’un est pieux et fait sa volonté, il l’écoute. A travers tous les temps, on n’a entendu dire que quelqu’un ait ouvert les yeux d’un aveugle-né. Si celui-ci ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire ».

    

Non seulement notre voyant clair a pris l’initiative du questionnement, mais plus encore, il argumente et développe sa pensée, assisté par l’Esprit Saint assurément. (V. Luc 21 :14-15) Quelle démonstration !

« Il est étonnant ». En grec (Θαωμαστοϛ) le mot est le plus souvent usité pour décrire ce qui est merveilleux, extraordinaire, prodigieux. (Dans Matthieu 21 :42 et Apocalypse 15 :1, le même mot est traduit dans ce sens).

Autrement dit, notre voyant clair inspiré, est entrain de leur dire que le plus extraordinaire n’est pas qu’il voit, mais que ces questionneurs eux ne voient rien. L’extraordinaire, le prodige est qu’ils demeurent à ce point dans le déni du miracle. Ce faisant, ils restent dans les ténèbres de leur obscurantisme.

Il fallait une sainte audace pour oser défier l’autorité si bien assise sur la compréhension tronquée de la loi. On ne défie pas l’autorité dite spirituelle impunément. L’histoire nous conserve suffisamment de faits pour dire, que pour moins que cela, des hommes et des femmes ont connu le bûcher, la torture, la crucifixion, le supplice de la roue etc.

L’argumentation de notre voyant clair est exceptionnelle. Après avoir fait remarquer à ces pontifes que le plus spectaculaire est de ne pas voir qu’il voit, notre homme va retourner leurs propos en utilisant leurs mots : « Nous savons que Dieu n’écoute pas les pêcheurs » Notre voyant clair ose affirmer qu’il fait partie de ceux qui savent !

Mais que sait-il ?

- Que Dieu n’écoute pas, et à fortiori n’exauce pas les prières de ceux qui refusent d’être vraiment libérés (Pécheurs non repentants).

- Que Dieu écoute et exauce ceux qui entrent dans le plan de sa volonté avec foi.

Si donc il y a exaucement de la prière de Jésus à son encontre, c’est la preuve que cet homme vient de Dieu. Il ne peut en être autrement ! Sinon, rien ne se serait produit.

Devant cette conclusion irrécusable, appuyée par une démonstration simple et concrète, que pouvaient bien faire les responsables ?

Le merveilleux de cette histoire consiste à acter le fait qu’aucun des arguments de notre voyant clair n’a pu être démenti.

Cela est un puissant encouragement pour tous ceux et celles qui craignent de témoigner en faveur de Christ, prétextant qu’elles ne savent pas bien s’exprimer, que leur vocabulaire est limité etc. Rien ne remplacera le témoignage simple, sensé et inspiré. Le rayonnement du Christianisme en dépend !

 

V.34 « Ils répondirent et lui dirent : Tu as été engendré tout entier dans des péchés, et toi tu nous enseignes ? Et ils le jetèrent dehors ».

    

Nous l’avons déjà dit, face à des paroles fortes, il n’y a comme alternative (avec bien sur, toutes ses variantes) que l’utilisation de la violence ou la fuite.

Là, les responsables juifs utilisent la première. Ils coupent court, car ils ne peuvent plus faire face. C’est un aveu d’impuissance.

« Tu as été engendré tout entier dans le péché » (Dans l’original le mot est au pluriel : dans les péchés). Cette réplique rejoint la conception de l’époque ( si il est aveugle, c’est qu’il a péché). Les disciples devaient certainement la partager, leur question au départ du récit est significative. (Cf. Jean 9 :2)

Cette compréhension des infirmités comme châtiment venant de Dieu, s’est pérennisée à travers les siècles. Elle fait partie de la lecture obscurantiste des Ecritures Saintes. Mais qui donc est vraiment aveugle dans ce texte ?

   Le véritable enseignement n’est pas celui que l’on pensait.

Ceux qui étaient investi du savoir ne savaient pas !

«  Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages ; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes ; et Dieu a choisi les choses viles du monde et celles qu’on méprise, celles qui ne sont point, pour réduire au néant celles qui sont, afin que personne ne se glorifie devant Dieu ». 1 Corinthiens 1 : 27-29

En utilisant le mépris et la dérision, les responsables religieux n’ont fait en réalité, que rendre témoignage à ce miracle qu’ils ont voulu nier avec tant d’énergie.

Il ne faut pas redouter d’être jeté dehors de tout système privatif de liberté et d’épanouissement personnel. L’important est moins d’être jeté dehors que de savoir si l’on est vraiment par la foi dans et dedans la parole de Dieu.

« Ils le jetèrent dehors. » Comme on ne sait pas où notre voyant clair a été emmené,

(v. 13) on ne peut savoir d’où il a été jeté dehors. Seulement par ce geste, les responsables signent leur rupture avec leur Messie, leur Sauveur.

Ainsi être dedans ou dehors ne veut plus rien dire : ceux qui se croyaient dedans étaient en réalité dehors et vis versa.

La règle d’or du message du Christ ne relève plus de l’institutionnel ou du groupe (même si c’est dérangeant à entendre et même si le groupe a une indéniable importance ...). Elle relève d’un acte de foi personnel engageant et responsable.( Cp Matthieu 7 : 21 , 12 : 50 ; Ephésiens 6 : 6 ; Colossiens 4 :12 ; Hébreux 10 : 36 ; 1 Jean 2 : 17 ; 5 : 14)

 

V.35-36 «  Jésus apprit qu’ils l’avaient jeté dehors. Il le trouva et lui dit : Toi, as-tu foi au fils de l’homme ? Il répondit et lui dit : Et qui est-il, Seigneur, pour que je crois en lui ? »   (Ou plus précisément, pour que j’ai foi en lui ?).

 

J’aime beaucoup la conclusion de ce récit. Jésus apprit... On ne sait pas comment ? Est-ce par un de ses disciples, ou est-on venu lui rapporter le fait ?

Qu’importe ! Il apprend. Dans apprendre, il y a prendre. Cela tend à penser que Jésus avait pris le soin de suivre notre homme de loin, qu’il était dans sa préoccupation, sachant que rien de bon ne pouvait advenir de son témoignage audacieux face à ces docteurs de la loi plus rigides que flexibles.

D’où la motivation de sa recherche «  il le trouva ».

Arrêtons nous un instant pour énoncer un fait qui s’est vérifié maintes fois.

-   Nous ne sommes, en réalité, jamais seuls quand nous prenons le parti de Dieu.

(Psaumes 37 : 25-26)

- Nous ne sommes jamais abandonnés, livrés à nous-mêmes et perdus dans notre solitude. Nous pouvons en avoir parfois l’impression, mais en réalité nous sommes suivis pas à pas.

- N’est-il pas rassurant de penser que nous sommes toujours trouvés par le Seigneur ? L’apôtre Jean semble avoir une prédilection dans l’utilisation de ce verbe :

(C’est Jésus qui trouve Philippe (Jean 1 : 43) Pour Nicodème, il se laisse trouver. Pour la Samaritaine, il la trouve au puit de Jacob.)

Mais si notre homme est le sujet de la recherche attentionnée du Christ, est-ce pour le féliciter de sa bravoure ou lui discerner un satisfecit appuyé ? Non.

La motivation de la recherche de Jésus laisse percevoir qu’il y a quelque chose d’inachevé. Cette rencontre désirée devient plus essentielle que la première, malgré les apparences. Qu’est-ce qui est plus important : le miracle ou la question ? A quoi cela sert de voir si on demeure dans les ténèbres d’une vie sans avenir ? (Lire Luc 17 : 11-19) De fait, le vrai miracle se produit à cet instant, dans ce face à face.

Le Christ trouve notre homme pour lui poser une seule question, une seule, mais quelle question !

« Crois-tu au Fils de l’homme ? » Je préfère : « As-tu la foi au fils de l’homme ? » (Car de nos jours la croyance et la foi sont deux choses différentes). Or notre texte parle d’avoir la foi (πιστευω).

Là voilà la bonne question qui confirme la marche vers notre troisième voie !

Autrement dit, est-il possible de suivre l’enseignement de Jésus-Christ sans avoir confiance en lui, sans accepter qu’il ait été fait fils de l’homme pour redonner espoir à notre humanité ? En termes relationnels, comment peut-il y avoir marche avec le Sauveur, si notre confiance en lui n’est pas totale (sans réserve).

Si le Seigneur a aimé intentionnellement cette appellation de Fils de l’homme, c’est bien pour nous indiquer la proximité de son amour. Il vient parmi nous, pour être avec nous (Emmanuel= Dieu avec nous). L’attitude du Père et du Fils, dans les Saintes Ecritures, se caractérisent par un intense désir de proximité. (Romains 8 : 35-39 ; Matthieu 28 :20)

Mais encore, la question posée par Jésus, n’est-elle pas aussi accueil du jeté dehors ? N’est-ce pas essentiel lorsque nous sommes renvoyés aux problèmes inhérents de notre humanité, d’être accueilli comme nous sommes ? (Matthieu 11 : 28-30)

Le grand désir du Christ est de se révéler plus complètement à notre voyant clair, pour qu’il saisisse la raison d’être de sa venue dans notre monde. Percevoir la finalité de sa mission, c’est comprendre que nous sommes en transit vers autre chose de plus définitif. Nous sommes en attente de la mise en place d’un monde nouveau où toutes les aspirations absolues de paix, de justice, de bien-être, seront comblées.

« Et qui est-il, Seigneur, afin que je crois en lui ? »

La lumière a progressivement envahi le cœur de cet homme. Il n’aspire qu’à connaître son bienfaiteur plus complètement. Sa question s’inscrit dans un contexte de vérité. Ce n’est pas une question de curiosité, pour savoir si après tout, cela valait le coup d’aller plus loin. Non ! C’est une vraie question, pleine d’une attente forte.

Au nom de l’évangile de notre Seigneur, nous pouvons affirmer, qu’aucune vraie et authentique question de cette nature n’est restée et restera sans réponse.

La suite le confirme ! La vraie conversion éclaire la belle catachrèse : La lumière du cœur.

 

     V. 37 «  Jésus lui dit : Et tu l’as vu, et c’est celui qui te parle ».

 

Cette double conjonction de coordination (et) marque dans l’original les 2 temps dans son aventure.

- a) Le temps où il voit son bienfaiteur qui l’a trouvé. (La rencontre)

Cette première bénédiction permet de mettre un visage sur celui qui est à l’origine de sa transformation. Cette première vision éclaire son nouveau chemin. Si Jésus l’a cherché, c’est bien aussi parce qu’il a ressenti le besoin d’être connu par notre homme. Pouvait-il le trouver si il ne l’avait jamais vu ?

Le Seigneur fait pour lui, comme pour nous, la démarche qu’il ne pouvait pas faire. En voyant Jésus, les traits de son visage et sa bonté, notre homme a du se replonger, dans cet instant premier, où le Christ a pris l’initiative de la parole de sa libération, alors qu’il n’avait rien demandé. La troisième voie est constamment éclairée par la grâce. La confiance est toujours un parcours de santé...

-         b) Le temps où il voit face à face, l’auteur de son salut. (La découverte)

Cette lumière qui avait commencé à pointer dans sa vie, lors de son déplacement à Siloé, trouve maintenant tout son éclat dans ce face à face avec Jésus, lumière du monde.

Quand la foi est marquée par le souvenir d’une telle rencontre, le lien qui nous unit à Christ devient infrangible. La plaque sensible de la mémoire de notre cœur reste gravée à tout jamais. Le secret de cette troisième voie repose sur la force de la grâce. Elle jaillit lors du face à face avec l’auteur de la vie. Il devient alors, l’auteur de Notre vie.    

Cette belle, noble et forte émotion a étreint les disciples, Nicodème, la Samaritaine, le centenier et bien d’autres encore. Elle demeurera toujours le fait d’une rencontre intime, d’un face à face solennel où l’âme s’élève vers la grande clarté d’un beau matin d’été dans le midi, là où la lumière est si particulière…

 

V.38 «  Et il déclarait : j’ai foi, Seigneur ! (Je crois) Et il se prosterna devant lui ».

 

Je me suis demandé pourquoi le verbe grec (εΦη=3è pers.sg. imparfait de φήμ) était au parfait. Vérifiant de plus près le sens, j’ai vu que ce verbe exprimait un état présent résultant d’une action accomplie. (Notre imparfait à nous, indique une action du passée qui se poursuit encore).

Ce verbe couramment traduit par dire, devient l’instant solennel d’une déclaration historique pour notre voyant clair. (Idem. dans Actes 7 :2 ; Marc 10 :29 ; Hébreux 8 :5) Sa déclaration est le long mûrissement, qui partant de cette première rencontre à la sortie du temple, aboutit maintenant à ce face à face.

La lumière a progressivement empli tout son être, et cet aveu du cœur n’est que la finalité de son besoin d’aller plus loin sur cette voie du royaume éternel.

Ainsi, nous découvrons avec joie que la finalité de l’acte guérisseur posé par Jésus sur notre homme, était tout profondément de se révéler à lui comme son sauveur.

Avec pudeur, nous pouvons faire remarquer que la réponse de notre voyant clair, pleine d’émotion, a jailli spontanément de ses lèvres. Je dis avec pudeur car il ne faut, ni exploiter outre mesure, ni occulter non plus, les états d’âme de notre homme. Ce face à face avec son Sauveur, immaculé de grâce et d’amour, a sûrement été le fait marquant de sa vie. Tous ceux qui ont fait cette même expérience peuvent en rendre témoignage dignement. Il est là le vrai miracle !

La suite toute logique conduit notre homme à l’adoration. Pour l’apôtre Jean se prosterner a le sens d’adorer (Jean 4 :20-24 ; 12 : 20)

Adorer n’a pas le sens païen de s’incliner pour baiser les mains ou les pieds du souverain, véritable dieu humain. Cette posture exprime chez les juifs une reconnaissance de la présence et de la souveraineté de Dieu. C’est un acte volontaire de soumission à sa volonté. La chrétienté pérennisera cette compréhension.

Ici notre voyant clair éclaire par son geste la réponse de Jésus aux Apôtres : « Ce n’est pas que lui ou ses parents aient péché ; mais c’est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui ». (V.3)

Ce récit nous apporte une vision novatrice du mal et de la souffrance. Ces derniers ne seraient qu’un jeu d’ombres pour mettre en évidence le trait de lumière, un peu comme dans les tableaux de Rembrandt. Ce qui donne vie à sa peinture en particulier, c’est le contraste.

Si on s’arrête à ne regarder que les ombres, on est à coté de l’intention de l’artiste. C’est le trait de lumière qui doit retenir notre attention. C’est lui qui exprime la force, la beauté, l’éclat, la douceur et tous les états d’âme. Il devrait en être de même dans nos vies spirituelles.

Les ténèbres n’ont de réelles valeurs que parce qu’elles sont le support, la mise en évidence de la lumière. Si nous avions fait l’impasse de cette réalité, nous n’aurions jamais pu prendre conscience de la beauté des œuvres de Dieu. C’est une des explications données par Jésus au verset 3 ci-dessus.

 

Ainsi, toute vraie rencontre avec le Sauveur devrait se conclure par un engagement de foi qui intègre l’acte volitif de soumission à la volonté de Dieu en toutes circonstances, dans une atmosphère d’amour.

 

V. 39-41 « Et Jésus dit : C’est pour un jugement que je suis venu dans ce monde, afin que les non voyants voient et les voyants deviennent aveugles. Les pharisiens qui étaient avec lui entendirent cela et lui dirent : Est-ce que nous aussi nous sommes aveugles ? Jésus leur dit : Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché ; (mais) maintenant vous dites : nous voyons, (alors) votre péché demeure ».

Après avoir répondu à la question de départ des disciples concernant le : « qui a péché ? »  Jésus apporte une conclusion plus générale.

Quel contraste entre l’attitude de notre voyant clair prosterné aux pieds du Maître et l’arrogance orgueilleuse de ces pontifes pharisiens !

Assurément, il ne peut y avoir de passerelle entre l’humilité et l’orgueil ! (Jacques 4 : 6 ; 1 Pierre 5 : 5-6)

 

La déclaration du Seigneur est étonnante. Elle semble même en contradiction avec ce que rapporte Jean dans son évangile : « Dieu, en effet, n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour qu’il juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui ». Jean 3 :17.

La contradiction n’est qu’apparente ! Car d’un coté on parle du monde en général, de l’autre ici, il s’agit de voyants et non voyants. Autant dire, que notre récit concerne une démarche plus intimiste, en relation directe avec l’acceptation ou pas de la lumière (Jésus-Christ).

Le texte de Jean l’explicite fort bien déjà au chapitre 3 : 18-21. Celui qui croit en Jésus n’est point jugé (v. 18) parce qu’il a accepté sa lumière. Elle tranche avec celle des ténèbres. (v. 19-20) Accepter sa lumière, c’est agir selon la vérité. (v.21)

 

En fait, spirituellement ceux qui s’ouvrent à la vraie conscience de ce qu’ils sont, c à d, pécheurs (pour faire court, car ce terme ne veut plus rien dire dans notre monde de plus en plus sécularisé) ont toutes les bonnes raisons de voir leur espérance satisfaite. En se reconnaissant aveugles, Dieu leur promet de voir.

Mais ceux qui croient voir, ceux qui veulent ne compter que sur eux-mêmes, ne voulant l’aide de personne, surtout pas celle de Dieu, ceux- là resteront aveugles. Ils ne verront pas la manifestation des œuvres glorieuses de Dieu.

Le Seigneur est venu nous apporter la lumière, mais nous avons la liberté de la refuser.

 

Conclusion :  

 

Ce récit est éclairant sur la nature de notre condition humaine. Cet aveugle mendiant à la porte du temple, c’est vous et moi.

Prendre conscience de ce que nous sommes n’est pas une faiblesse, mais une force. Il faut cesser de s’illusionner sur la bonté de l’homme, et sa capacité à trouver par lui-même la voie du bonheur. Le spectacle navrant que nous offre le monde et ses dirigeants, devrait suffire à nous ramener à la raison objective. Pour l’homme de la rue, cette raison objective est la science : Se veut scientifique que ce qui est démontré. La démonstration de notre incompétence à gérer notre environnement et à définir ce qui est bon pour nous est éloquente, nul ne peut la nier ! Alors vouloir ridiculiser le message du Christ, le considérer

 

comme l’opium du peuple, ou même le trafiquer, en faire un moyen de pouvoir, c’est s’installer encore plus confortablement dans ce monde de ténèbres, c’est agir comme les pharisiens. Ils se croyaient plus intelligents que le peuple !

Mais voilà, pour briser l’orgueil humain, Le Seigneur a loué la volonté de son Père. Elle s’est exprimée comme suit : «  Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants. » Matthieu 11 :25

La démonstration « scientifique » spirituelle se vérifie par l’expérience. C’est un cheminement personnel, qui nous fait passer des ténèbres à la lumière. Certes, ce n’est pas confortable de faire le déplacement au réservoir de Siloé, mais la découverte de cette troisième voie de lumière est indicible. Dans les propositions de ce monde, rien ne peut l’égaler.

Cette marche progressive vers la pleine lumière est une grâce imméritée qui alimente la force de notre espérance. «  Or, cette espérance ne trompe point, parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné » Romains 5 : 5

Disons le haut et fort : il faut plus de foi pour croire aux promesses humaines que pour croire en Dieu.

Notre voyant clair a retrouvé dignité et sens à sa vie ; c’est toujours ce qui arrive quand on rencontre authentiquement le Christ.

(Comme le vivent les tribus primitives aborigènes de l’Australie, le sens de l’appartenance est plus fort que celui de la possession. Chez le peuple zoé de l’Amazonie la possession individuelle est même un non-sens quant à l’appartenance au groupe.)

Avoir la foi en Christ, c’est aussi attester que le lien qui nous unit à lui est plus important que toutes les possessions de la terre. Les signes de la possession sont source d’envies, de dominations et de pouvoirs. L’appartenance à Christ est signe d’humilité, de détachement, voire d’abandon responsable.

Le monde propose des biens et des sensations jouissives de courtes durées, le christianisme propose un bien-être, une paix, une force de vie qui transcende les aléas et les déceptions de notre humanité.

Accepter comme notre voyant clair, de se laisser faire, est assurément plus difficile que de vouloir tout faire par soi-même, tout contrôler, tout décider.

Mon souhait est que chacun fasse l’expérience de cette demande : «  Qui est le Fils de l’homme, afin que j’ai foi en lui ? » et prononce à haute voix, le verbe grec trouver au parfait : Euréka ! (J’ai trouvé !)  

 

                                                                                                          

                                         Jacques Eychenne

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