Ezéchiel le prophète

 

 

      Ezéchiel

                         ou

     une vigie dans

      la tourmente

 

 

Introduction :

 

Ezéchiel est un prophète extraordinaire qui a vécu en un temps qui ne l’est pas moins. Etymologiquement, son nom signifie d’après les anciens (cf. Origène ou Jérôme) : « Force de Dieu ».  Les exégètes modernes apportent une variante : « Dieu (celui que Dieu) rend fort ». Son histoire n’est connue que par le livre qui porte son nom. Ainsi, on apprend qu’il était fils d’un prêtre, nommé Buzi ou Bouzi, et qu’il exerça lui aussi cette fonction (cf. Ezéchiel 1 : 3). Il avait environ 25 ans quand Nabuchodonosor (ou Nébucadnetsar) investit Jérusalem et déporta toute l’élite d’Israël à Babylone. C’est sous le règne du roi Jéchonias, cf. Matthieu 1 : 11 (appelé aussi Jojakin, cf. 2 Rois 24 : 9 ; 2 Chroniques 36 : 9) qu’eut lieu cette transmigration. La plupart des exilés arrivèrent dans le voisinage de Nippour au Sud-Est de Babylone, aujourd’hui en Irak. Là, coulait le large fleuve Chobar (ou Kébar). Il était utilisé comme voie navigable.

Ezéchiel se maria et sa maison devint le rendez-vous des exilés (cf. Ezéchiel 3 : 15 ; 14 : 1). C’est dans ce lieu qu’Ezéchiel fut chargé de mission et exerça son ministère (cf. Ezéchiel 1 : 3 ; 2 : 1-10). Ezéchiel a été appelé au ministère prophétique à l’âge approximatif de 30 ans (d’après les éléments chronologiques). C’est sur les rives du fleuve qu’il eut ses premières visions. La gloire de l’Eternel lui apparut sur un char mystérieux et lui donna son ordre de mission. Il s’agissait d’aller annoncer à la maison d’Israël, les conséquences de son apostasie et de son idolâtrie. Sa tâche fut ingrate tout comme celle de Jérémie resté à Jérusalem.

 

Développement :

 

En quoi tout ce déroulé historique nous intéresse ! 

En terre ennemie, Ezéchiel a pris la position d’une sentinelle. En un temps très troublé, il a dû faire face à de nombreuses difficultés. Il lui a fallu beaucoup de courage et une assistance divine forte pour annihiler les assauts des forces malveillantes. Nous parlons ici de ses oracles contre les faux prophètes, contre les prophétesses menteuses qui trompent le peuple pour une poignée d’orge et un morceau de pain. Il lui a fallu de la ténacité pour dénoncer l’action des vieillards d’Israël qui adoraient en secret des idoles de bois et de chiffons. Il a encore dû faire face aux faux docteurs de la loi qui corrompaient le peuple avec des messages lénifiants. Quant à la justice, n’en parlons pas ! Elle était bafouée. La veuve et l’orphelin étaient complétement délaissés…

Son ministère dura vingt-deux ans (592-570), d’après les historiens. On raconte qu’il fut mis à mort par un chef de son peuple, irrité par ses reproches incessants concernant l’idolâtrie (pourtant avérée au sein du peuple et de ses dirigeants). Son tombeau serait visible à Keffil (à 20 km au Sud de Birs-Nimroud, en Irak, à proximité de l’actuelle université de Babylone, près de l’Euphrate).

Son histoire nous interpelle, car aucune épreuve ne lui fut épargnée, pas même celle de la mort de sa jeune épouse (cf. Ezéchiel 24 : 15-17). Envers et contre tout, durant toute sa vie, Ezéchiel se concentra totalement sur sa mission. Ce qui nous fait relire son livre avec attention met en exergue son témoignage éloquent.

En fait, soulignons plusieurs aspects qui nous montrent que malgré notre modernité et l’évolution positive de la science, il n’y a rien de nouveau sous le soleil.

 

  1. La situation historique :

Les Babyloniens étaient la puissance dominante de l’époque. Ils viennent de remporter la célèbre victoire sur les Egyptiens, à Karkemish. Malheureusement entre l’empire babylonien et l’empire égyptiens, il y a un petit pays : celui d’Israël, plus précisément le territoire de Juda, avec Jérusalem pour capitale. Observons que le monde est toujours dominé par des puissances impérialistes qui visent la suprématie. Au milieu d’elles, de nombreux petits pays subissent les effets collatéraux des confrontations de ces grandes puissances. Les déportés, les migrants, les expatriés, la cohorte des souffrants n’a jamais cessé en un temps où l’on a le projet d’habiter la lune et d’aller sur la planète Mars. Il y a à peine quelques siècles la France a aussi vu, lors des persécutions religieuses, son élite émigrée aux Etats Unis et en Europe.

En fait, les guerres de conquête sous des formes multiples et variées se poursuivent toujours, et des personnes qui n’ont demandé qu’à vivre en paix en sont les premières victimes. Au milieu de ce brouhaha des forces politiques, la voix de ceux qui revendiquent leur appartenance à Dieu ne pèse pas lourd.

 

  1. Le témoignage d’Ezéchiel :

Pourtant, à chaque période de l’histoire des hommes, Dieu a suscité des vocations. Il a choisi des personnages en les qualifiant pour une mission difficile. Tout l’Ancien Testament nous dit cette vérité. Dieu a toujours eu pour projet d’interpeler l’humain, afin qu’il décide de se positionner positivement contre toutes les formes du mal. Ezéchiel a dû souffrir de voir son peuple humilié et contraint à vivre dans des conditions extrêmes. Malgré ce contexte dramatique, le prophète a eu à cœur de parler vrai. Il a dénoncé avec hardiesse toutes les corruptions du peuple.

Mais Ezéchiel laisse aussi entendre que si la tribu de Juda en particulier avait choisi d’obéir aux directives divines, YHWH aurait assuré sa protection. La déportation d’Israël n’est pas le fait de l’Eternel. Dieu n’est pas inconditionnel d’un peuple, fut-il Israël, peuple pourtant choisi en vue d’une mission. Yaweh-Adonaï a respecté la volonté de ce dernier. Les choix de ce peuple, voulant imiter les croyances des nations en vogue, ont été lourds de conséquences. Le peuple a perdu le sens de sa mission et s’est replié sur lui-même. Pourtant sa vocation était de s’ouvrir au monde, étant dépositaire d’une parole solennelle (cf. Romains 3 : 1-3). Ezéchiel a mis des mots justes sur la réalité spirituelle décevante. Il a eu recours à des gestes forts pour faire comprendre la gravité de la situation. Par exemple, il s’est coupé la barbe et les cheveux. Il a prophétisé des scènes de cannibalisme lors du siège de Jérusalem (cf. Ezéchiel 5 : 10). Il a utilisé des images très suggestives, comme dans la parabole de la marmite et de la viande (cf. Ezéchiel 11) et la vision des ossements desséchés (cf. Ezéchiel 37). L’histoire a conservé de la prise de Jérusalem des scènes de famille et de famine effroyables. Ezéchiel aurait pu refuser cette mission, il aurait pu adoucir ses propos. Il a fidèlement diffusé les messages qui lui venaient de YHWH.

En quoi le comportement du prophète peut bien nous intéresser ?

Son témoignage nous redit une vérité : s’éloigner des principes de vie que Dieu nous a donnés est toujours dommageable à l’individu. Le chapitre 18 énonce par la bouche de son serviteur la conduite à tenir. Tout désordre qu’il soit culturel, social ou sexuel est chemin de mort. Ainsi, Ezéchiel passe d’une responsabilité collective à un engagement personnel. La responsabilité devient individuelle (cf. Ezéchiel 18 : 20). Dieu a créé la vie. Ce bien si merveilleux requiert un minimum de respect. Ezéchiel a dénoncé toutes les déviations de ceux qui s’écartaient des lois mises en place pour le bonheur de chacun. Son exigence demeure. Elle est immuable.

Ezéchiel est l’homme d’une mission. Il n’a pas établi de compromis. Il n’a pas proposé des solutions illusoires, une fausse réconciliation. Il n’a pas eu un discours fallacieux. Il a tancé ceux qui avaient la responsabilité d’inverser le courant de l’histoire de son peuple. Tous ceux qui profitaient des difficultés du moment et qui exerçaient un pouvoir maléfique, tant sur le plan purement spirituel, que politique et même économique, ont été vertement repris, ouvertement sans ménagement.

 

  1. La restauration : un message d’espoir.

Mais le prophète n’a pas seulement pointé toutes les déviances et atrocités qui se vivaient au sein de son peuple, en particulier l’idolâtrie et l’injustice. Il n’a pas fait qu’annoncer quatre châtiments terribles sur Israël comme l’épée, la famine, les bêtes féroces et la peste (cf. Ezéchiel 14 : 21). Il ne s’est pas barricadé derrière de sinistres dénonciations. Il a prodigué un puissant message d’espoir, à trois reprises.

  • « C'est pourquoi, dis à la maison d'Israël : Ainsi parle le Seigneur DIEU : Revenez, détournez-vous de vos idoles ; détournez vos visages de toutes vos abominations » Ezéchiel. 14 : 6, version TOB.

 

  • « Revenez, détournez-vous de toutes vos rébellions, et l'obstacle qui vous fait pécher n'existera plus. Rejetez le poids de toutes vos rébellions ; faites-vous un cœur neuf et un esprit neuf ; pourquoi devriez-vous mourir, maison d'Israël ? Je ne prends pas plaisir à la mort de celui qui meurt - oracle du Seigneur DIEU ; revenez donc et vivez ! » Ezéchiel 18 : 31-32, version TOB.

 

  • « Dis-leur : Par ma vie - oracle du Seigneur DIEU -, est-ce que je prends plaisir à la mort du méchant ? Bien plutôt à ce que le méchant change de conduite et qu'il vive ! Revenez, revenez de votre méchante conduite : pourquoi faudrait-il que vous mouriez, maison d'Israël ? » Ezéchiel 33 : 11, version TOB. Ainsi, à trois reprises, le verbe revenir est utilisé, comme une bannière derrière laquelle il convient de se rassembler. Ce retour s’avérait vital pour le peuple. Pensez-vous que ce soit différent pour nous aujourd’hui ?

Cet appel vibrant lancé par le prophète nous instruit sur le projet de Dieu. YHWH ne désire en aucun cas la mort de celui qui pratique le mal. Il désire simplement qu’il en prenne conscience et change de conduite. Notre Dieu est porteur de vie, non de mort.

Après avoir exercé la mission d’une sentinelle pour son peuple, après donc la chute de Jérusalem, le prophète va concentrer son énergie pour porter une parole nouvelle qui dit l’espérance. Une fois la catastrophe arrivée, le prophète proclame la folie d’une espérance invisible. Pour soustraire son peuple à la fascination des cultes chaldéens, il ouvre la porte de la foi en annonçant la victoire de YHWH sur les divinités mésopotamiennes. Peuple un temps vaincu, Ezéchiel l’annonce vainqueur. Il présente à leur cœur, les perspectives les plus exaltantes d’un Israël nouveau. La victoire finale de l’Eternel sur le monde de ses ennemis est annoncée. Le monothéisme, un temps ébranlé par toutes ces influences étrangères, reprendra sa place au sein du peuple. Une expression revient comme un leitmotiv : « Qu'ils écoutent ou qu'ils n'écoutent pas, c'est une engeance de rebelles, ils sauront qu'il y a un prophète parmi eux » Ezéchiel. 2 : 5, version FBJ ; (cf. Ezéchiel 14 : 23 ; 17 :21).

Ezéchiel qui est la référence du prophète fidèle à la volonté divine, va initier le processus d’une restauration du peuple élu, en rapportant les paroles d’espérance du Tout-Puissant.

« Je leur donnerai un même cœur et je mettrai en vous un esprit nouveau ; j’ôterai de leur corps le cœur de pierre, et je leur donnerai un cœur de chair…Ils seront mon peuple, et je serai leur Dieu » Ezéchiel 11 : 19-21, version LSG. La même déclaration solennelle est répétée une deuxième fois pour asseoir les bases d’une nouvelle alliance de Dieu avec son peuple (cf. Ezéchiel 36 : 26-27). Il est là le symbole d’une nouvelle définition du mot peuple de Dieu.

Le Christ viendra appuyer ce renouveau. Désormais, le vrai peuple spirituel sera composé de tous ceux et celles qui entreront dans le désir d’accueillir par la foi les directives divines révélées. L’apôtre Paul développera le sujet en disant que désormais, il n’y a plus de distinction entre les peuples, car nous avons tous le même sauveur Jésus-Christ (cf. Galates 3 : 28 ; Romains 3 : 21-24 ; 10 : 11-13).

Ezéchiel, porte-parole de son Seigneur l’Eternel, va donner une description du Messie à venir sous les traits d’un berger. Le texte est à lire en parallèle avec la parabole du Seigneur Jésus sur le bon berger (cf. Comparez Ezéchiel 34 : 11-16, 22-23,31 // Jean 10 : 1-18 ; 1 Pierre 5 : 4).

Ezéchiel a trouvé sa joie dans le soutien que son Dieu lui a accordé au milieu de difficultés sans nombre. L’entreprise d’une restauration spirituelle était loin d’être couronnée de succès. Par la foi, il en vit l’amorce en redéfinissant la démarcation entre le profane et le sacré (cf. Ezéchiel 42 : 20). Le prophète fut soutenu par des visions divines dans lesquelles la gloire de L’Eternel lui apparut (cf. Ezéchiel 44 : 4). Le prophète achève son livre en présentant l’héritage des douze tribus d’Israël (à mettre en parallèle avec l’héritage réservé aux enfants de Dieu, cf. Galates 3 : 29).

Observons que son livre commence et s’achève avec la présence de son Dieu. Désormais, le nom de la ville de Jérusalem sera Adonaï-Shamma : « YHWH est là » ou « l’Eternel est ici » Ezéchiel 45 : 35, version LSG.

Conclusion :

Quand on lit les messages du prophète, il est utile de ne pas se perdre dans les descriptions détaillées qui avaient du sens dans le contexte historique de l’époque. Toutefois, si ce livre nous a été conservé, c’est afin que nous dégagions de cet ancien temps des applications pratiques pour notre temps. Notons en passant que si les sommités religieuses d’Israël ont conservé le livre d’Ezéchiel, c’est moins à cause des descriptions sans concession de leurs déviances idolâtres et injustes, que par le fait qu’il présentait une restauration en Israël et un retour sur la terre de leur histoire.

Quant à nous qui vivons dans un monde comparable à bien des égards, l’attitude d’Ezéchiel est une source d’encouragement pour tous ceux qui luttent pour leur foi. Car, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Des nations dominantes qui revendiquent leur suprématie sur notre monde entraînent toujours des déportations, des migrations, des expatriations dans des conditions inhumaines. Dans ce contexte, où Dieu semble totalement absent, il importe de revitaliser notre responsabilité spirituelle. Nous sommes appelés à être pour nos familles, nos proches, notre prochain, des sentinelles. Les visions que nous avons reçues sont consignées dans la bonne nouvelle d’un salut en Jésus-Christ. Lui-même nous a prévenus qu’il y aurait des temps difficiles. « Prenez garde que personne ne vous séduise » a-t-il dit à ses disciples. Le Christ a détaillé les heures sombres qui précèderont sa venue. Tout le chapitre 24 de l’évangile de Matthieu nous en parle. L’apôtre Paul a lui aussi dépeint l’état d’esprit qui mènera le monde (cf. 2 Timothée 3). Jésus a même dit : « Si ces jours n’étaient abrégés, personne ne serait sauvé » Matthieu 24 : 22, version LSG.

Alors, soit comme les israélites de l’époque, nous nous laissons séduire pour faire comme tout le monde, soit nous nous positionnons humblement comme sentinelles.

L’important n’est pas de dénoncer tout ce qui ne va pas, tout ce qui mène à la destruction de notre planète, tout ce qui est sinistre et intolérable, Non ! La vigilance doit être associée à l’espérance. Si Ezéchiel a pu commencer à inverser une tendance malheureuse pour le peuple, c’est parce qu’il lui a parlé de restauration. Il a insisté sur la nécessité de revenir vers Dieu. Il a annoncé le retour en terre promise. Il a symboliquement proclamé ce que nous devons partager avec notre génération. Si les sentinelles se taisent, ce sont les pierres qui crieront (cf. Luc 19 : 40). La bonne nouvelle d’un salut gratuit en Jésus-Christ qui conduit à l’entrée dans la terre promise est plus que jamais d’actualité. L’établissement d’un royaume éternel doit être annoncé avec amour aujourd’hui. C’est une folie chrétienne (cf. 1 Corinthiens 1 : 18,21,25,27).

Aucune épreuve n’a réussi à faire taire Ezéchiel, alors, qu’il en soit de même pour nous, grâce à l’aide de Dieu et du Saint-Esprit.

 

« Soyez vraiment attentifs à votre manière de vivre : ne vous montrez pas insensés, mais soyez des hommes sensés, qui mettent à profit le temps présent, car les jours sont mauvais » Ephésiens 5 :15-16, version TOB.

                                                                            

                                                                                 Jacques Eychenne

 

PS : TOB, version Traduction Œcuménique de la Bible ; FBJ, version française de la Bible de Jérusalem ; LSG, version Louis Segond.

 

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