Si Dieu est amour, pourquoi le mal?

 

Si Dieu

est Amour

pourquoi le

mal ?

  3ème partie

 

Introduction :


Suivant notre démarche, nous avons jusqu’à présent cherché à répondre à cette incontournable question (cf. notre titre). Après avoir énoncé qu’il nous était impossible, en l’état limité de nos connaissances d’arriver à trouver une réponse totalement satisfaisante, nous avons survolé les différentes tentatives humaines. A savoir, soit l’homme trouve en lui-même des éléments de réponse, soit il doit avoir recours à une révélation qui lui est extérieure. En partant de l’homme, nous avons examiné succinctement : la position athée, la position dualiste, la position des philosophes athées et chrétiens. La démarche de ces derniers a ouvert d’autres pistes. Il nous faut vérifier si elles peuvent être validées par les sources auxquelles elles font référence. Cela nous permet d’établir la transition entre tout ce qui est conçu par la réflexion humaine, et l’accès à une révélation extérieure que nous appelons la Bible ou les Saintes Ecritures. Rappelons pour mémoire les trois questions qui ont interpellé la pensée philosophique chrétienne : 1) Est-ce que le mal n’est pas, in fine, au service du bien ? 2) N’y a-t-il pas une dimension pédagogique à la présence du mal ? 3) Le mal n’est-il pas la conséquence de la réalité d’un libre arbitre ?

Que nous dit la révélation biblique à ce sujet ?


Développement :


Elle nous apporte des détails précieux. Elle nous fournit un complément d’information comme aucune autre source. Quelles sont ses affirmations ? Avant tout, elle présente Dieu comme unique. Il est l’alpha et l’oméga de toutes choses. C’est par lui que l’univers a été créé. Il s’agit d’une création ex nihilo, c'est-à-dire tirée du néant (Genèse 1 ::1, 21,27 : psaume 95 :6 ; Esaïe 45 :18 ; Matthieu 19 :4 ; 2 Pierre 3 :4-5 etc.). Dieu est le seul et l’unique créateur. Son principe premier est l’Amour (cf. 1 Jean2 :5 ; 4 :9, 12,16-18 ; 5 :3) L’amour en Dieu n’est pas expression de sentiments à la manière humaine, c’est un principe fondateur intangible et immuable (cf. Hébreux 13 :8)


Le rapport au mal doit donc être compris en tenant compte de l’antériorité de l’Amour. Cela a pour conséquence logique et directe d’engager toute la responsabilité de Dieu dans l’avènement du mal (cf. le mal se définit au départ comme une volonté d’indépendance par rapport à Dieu, source de toute vie. C’est une rupture de relation. Elle se transforme en opposition à Dieu) Dieu en est à l’origine dans le sens ou Dieu, ayant la maîtrise absolue de toutes situations, a laissé cette opposition s’exprimer. Ainsi, la Bible identifie clairement la genèse de cette tragédie en personnifiant le mal ou malin.

« Et il y eut guerre dans le ciel. Michel et ses anges combattirent contre le dragon. Et le dragon et ses anges combattirent, mais ils ne furent pas les plus forts, et leur place ne fut plus trouvée dans le ciel. Et il fut précipité, le grand dragon, le serpent ancien, appelé le diable et Satan, celui qui séduit toute la terre, il fut précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui. » Apocalypse 12 :7-9


Ce que nous ne pourrons jamais comprendre et expliquer repose sur une question : Comment une créature de Dieu, appelée archange, a-t-elle pu concevoir le mal ? C’était une folie que de vouloir se détacher de la source de la Vie ! D’autant que cet archange était environné de toutes les perfections de Dieu… Le mal est connecté dans la Bible, à une soif de pouvoir et d’indépendance vis-à-vis de Dieu, l’auteur de la Vie. Satan a voulu supplanter Dieu, en se persuadant d’être lui-même l’égal de Dieu (cf. Ezéchiel 28, par-delà le prince de Tyr, Dieu s’adresse à Satan) C’est la même formule qu’il propose à Adam et Eve : « Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme Dieu, ( אֱלֹהִים elohiym ) connaissant le bien et le mal. » Genèse 3 :5

Si Dieu n’a pas détruit instantanément Satan, c’est pour que l’on réalise ce que Dieu est, à savoir Amour. De prime abord, cela semble une monstruosité (quand on dénombre les dégâts !) un faire-valoir, une erreur, et pourtant ! Toute action radicale à l’encontre de Satan aurait jeté un doute sur la vraie nature de Dieu et sur la vraie réalité du libre arbitre. C’est en regard de ce principe premier (l’Amour) que Dieu a permis à sa créature de le contester. Si cet incident inexplicable n’avait pas eu lieu, un autre, de même nature se serait certainement produit. Mais, Dieu, avons-nous dit précédemment, a toujours eu la maîtrise de tout, y compris du mal. Dieu, non seulement n’a pas été pris au dépourvu, mais il a utilisé ce problème pour le mettre au service du bien (cf. Dieu a pourvu au remède avant que la maladie du mal se déclare.) C’est parce que Dieu a la capacité de transformer le mal en bien qu’il nous invite à notre tour à utiliser la même démarche :

« Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais surmonte le mal par le bien » Romains 12 :21


C’est parce que Dieu a la connaissance parfaite du mal, qu’il peut l’utiliser au service du bien. C’est cette connaissance qu’il a voulu transmettre à Adam et Eve, en Eden. L’arbre de la connaissance du bien et du mal avait pour vocation de permettre à nos premiers parents de se construire face à l’interdit, et de construire avec Dieu une relation de confiance durable.

 

Qu’est-ce qui nous permet de dire que le mal a été mis au service du bien ?

 

Avant l’ apparition de toute création, avant l’ apparition du mal, Dieu avait déjà prévu sa transformation en bien.

« Mais souffre avec moi pour l’ Evangile, par la puissance de Dieu qui nous a sauvés, et nous a adressé une sainte vocation, non à cause de nos œuvres, mais selon la grâce qui nous a été donnée en Jésus-Christ avant les temps éternels…(χρόνος chronos , le temps, qu'il soit long ou court ; αἰώνιος aionios 1) sans commencement ni fin, ce qui a toujours été et qui sera toujours 2) sans commencement 3) sans fin, ne cessant jamais, éternel) 2 Timothée 1 :8-9 (C’est nous qui soulignons)

 

En laissant le mal s’exprimer, Dieu avait conçu le projet de le transformer en bien. L’expérience de Job est significative à ce sujet. (Voire aussi celle de l’apôtre Paul, Ephésiens 3 : 13-19) Le mal a donc été un bien nécessaire en ce sens qu’il nous a permis de nous rendre sensibles à son Amour (C’est difficile à entendre, encore plus à comprendre !) La piste de la philosophie chrétienne se trouve donc validée par la Bible.

Toute l’action pédagogique de Dieu est authentifiée par la vie du Christ. La présence du mal nous a fait toucher du doigt la profondeur de l’engagement de Dieu, au travers du sacrifice d’amour de son Fils (Jésus est venu révéler son Père, cf. Luc 10 : 22 ; Jean 14 : 7-11).  La bible confirme bien que la présence du mal a mis en relief la supériorité du bien. Chaque offensive du mal a été contrecarrée par la suprématie du bien. (cf. Romains 5 : 12-15) l’apôtre Paul a cette phrase lapidaire et significative : 

« Car, puisque la mort est venue par un homme, c’est aussi par un homme qu’est venue la résurrection des morts. Et comme tous meurent en Adam, de même aussi tous revivront en Christ » 1 Corinthiens 15 : 21,22

 

Mais tout cela relève de l’expérience personnelle de la foi. Il est difficile de démontrer à quelqu’un qui souffre atrocement la valeur pédagogique du mal. Sur un plan très personnel aucune explication ne peut être donnée. Dieu n’a pas répondu à tous nos « pourquoi ? », il nous a montré comment dépasser la souffrance pour mieux la vivre. Il nous dit dans sa parole, comment l’assumer en présence de son amour. L’abandon devient une étape, c’est parfois la dernière, vers la maturité plénière. Elle nous ouvre un immense espace de liberté. L’apôtre Paul témoigne :

« J’estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous… Nous savons, du reste, que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu… » Romains 8 : 18,28 (Voire encore Jacques 1 :2-4)

Il est vrai que la confrontation avec des événements douloureux inexplicables alimente en nous la colère. Mais le Christ a ouvert une voie nouvelle. Notre colère peut se transformer en lumière de vie. Cette lumière apaisante, comme une source abondante, peut jaillir des situations les plus sombres, voire des plus dramatiques. Jésus s’est libéré en criant sa foi. S’adressant à son Père, à Gethsémané il dit 

« Abba, père, toutes choses te sont possibles, éloigne de moi cette coupe ! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux » Marc 14 :36. Ses disciples ont suivi son exemple cf. Actes 7 : 55-60 ; 2 Corinthiens 11 : 23-28 ; Hébreux 11 : 36-40)


Assurément la question de l’avènement du mal concerne tout autant l’homme que Dieu. En fait, Dieu a davantage été impliqué que nous. Nous parlons de nos souffrances, mais qu’en est-il des siennes ?

Pourtant, son omniscience nous rassure. Elle nous dit et redit sa maîtrise de toutes les situations négatives. Son projet n’est jamais altéré. Il poursuit inlassablement la transformation du mal en bien pour l’éternité. Il veut que nous soyons immunisés à jamais, pour toujours. Notre foi est alimentée par son indéfectible constance.

Les apôtres ont expérimenté cette réalité. L’apôtre Jacques déclare : « Toute grâce excellente et tout don parfait descendent d’en haut, du Père des lumières, chez lequel il n’y a ni changement ni ombre de variation. » Jacques 1 : 17(variation = τροπή trope, un tour Origine: vient apparemment du mot primaire trepo (tourner) Dieu ne tourne pas comme une girouette au gré des vents)

 

La solution que Dieu a apportée aux humains réside dans la venue de Jésus-Christ. Il était déjà en première ligne dans le combat contre le mal dans les lieux célestes (cf. Apocalypse 12 : 7-11). Il a les mêmes attributs que Dieu « Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui, et éternellement. » Hébreux 13 : 8

La résolution définitive du mal et de son cortège de souffrances était donc bien en rapport avec la transcendance divine (Comme le suggère la philosophie chrétienne). Jésus-Christ est venu pour vaincre les pouvoirs du mal (De même que Satan s’est incarné en Eden, Dieu s’est incarné en Jésus-Christ). En conséquence, Christ repositionne tous les humains, comme à l’origine, devant un vrai choix de vie. Le libre arbitre est bien présent. Tout comme en Eden, notre choix est orienté vers le bien :

« Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous ne vous appartenez point à vous-mêmes ? Car vous avez été rachetés à un grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit qui appartiennent à Dieu. » 1 Corinthiens 6 : 19-20

Pour vaincre le mal, le Christ a traversé le passage obligé de la souffrance, et il en est sorti vainqueur, c’est-à-dire libre (Le mal n’ayant plus d’emprise et de pouvoir sur lui). La bible nous dit qu’il a dû apprendre le sens caché et positif de la souffrance, sans pour autant la rechercher.  « Quoiqu’il fût Fils, a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes » Hébreux 5 :8 (version Darby). Il a appris (μανθάνω manthano, apprendre, être enseigné). (Rappelons sans être sordide, que le supplice de la croix était abominable. Avant la mise en croix, le supplicié était fouetté presque à mort, il mourait lentement par asphyxie.)

 

Nousconstatons par ce fait, non seulement que la confrontation au mal a servi le bien, mais encore qu’elle a donné un nouveau sens pédagogique à la souffrance. Toutefois, précisons que la souffrance n’a aucune valeur rédemptrice, c’est l’Amour du Christ qui est rédempteur. C’est lui qui nous sauve (cf. Jean 3 :16-17).


Ainsi, la Bible nous apprend que le combat de l’homme contre le mal est aussi celui de Dieu. C’est, paradoxalement, en surmontant le mal que son Amour s’est révélé. Il s’est déployé par l’envoi de son Fils. Aucune concession ne lui a été faite ;

« Il (Dieu) l’a fait devenir péché (J-C) pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu »

2 Corinthiens 5 :21 et ailleurs :

« Christ a souffert pour vous… lui qui a porté lui-même nos péchés en son corps sur le bois, afin que morts aux péchés nous vivions pour la justice ; lui par les meurtrissures duquel vous avez été guéris. » 1 Pierre 2 :20,24

 

Ainsi, c’est bien grâce à l’Amour du Christ que nous avons, aujourd’hui, toutes les raisons d’être bien ancré dans la foi : « Maintenant, à la fin des siècles, il (Christ) a paru une seule fois pour effacer le péché par son sacrifice. Et comme il est réservé aux hommes de mourir une seule fois, après quoi vient le jugement, de même Christ, qui s’est offert une seule fois pour porter les péchés de beaucoup d’hommes, apparaîtra sans péché une seconde fois à ceux qui l’attendent pour leur salut. » Hébreux 9 : 26-28

 

Ainsi, la révélation écrite des Saintes Ecritures met en relief le grand projet de Dieu. Il n’est nulle question d’expliquer le mal, pas plus de le justifier. Il a pour vocation de nous faire connaître qui est Dieu, et de nous attirer par ce qu’il est. Qui a-t-il de plus attractif que l’amour ?

Cela dit notre responsabilité est aussi engagée dans la pratique et la diffusion du mal. C’est la rupture de la relation d’amour avec Dieu (appelée aussi par les psychanalystes : la transgression de l’interdit) qui est à l’origine de l’entrée du mal dans notre humanité. Si le Christ a payé le prix fort de notre libération du mal, soyons sur nos gardes pour ne pas entretenir la confusion entre le mal et le bien. Esaïe s’écrie :

« Malheur à ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal, qui changent les ténèbres en lumière, et la lumière en ténèbres, qui changent l’amertume en douceur, et la douceur en amertume ! » Esaïe 5 :20

 

Désormais, notre responsabilité est engagée. Notre discernement est sollicité pour différencier « ce qui est bien et ce qui est mal » Hébreux 5 : 14.

Et maintenant, si Dieu s’est engagé par le don de son fils, il convient à notre tour d’être solidaire de son don d’amour. Voilà pourquoi, le Seigneur nous dit : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive. » Marc 8 : 34 L’apôtre Pierre donne une orientation nouvelle à nos souffrances : « Si vous supportez la souffrance lorsque vous faites ce qui est bien, c’est une grâce devant Dieu. » 1 Pierre 2 :19

 

Conclusion :


Le croyant en la Parole révélée, découvre que Dieu n’a jamais eu pour projet de nous expliquer en détail d’où vient le mal, et comment il est apparu la première fois. La Bible nous dit simplement comment Dieu a voulu partager avec nous cette tragédie. Pour que ce partage nous soit sensible, Dieu est allé au plus loin de ce qu’il pouvait nous donner. Il s’est offert lui-même à travers son Fils bien-aimé. « Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même en n’imputant point aux hommes leurs offenses, et il a mis en nous la parole de la réconciliation. » 2 Corinthiens 5 :19

Face à la réalité brutale et insupportable du mal, nous avons maintenant une raison d’espérer, parce que Dieu a la capacité de transformer le mal en bien, et qu’il l’a manifestée au travers de l’envoi de son fils. C’est par la foi et dans la confiance que l’apaisement s’installe en nous. Cette paix n’est pas transmissible, elle doit faire l’objet d’un engagement personnel. Si aucune réponse au problème du mal ne peut être pleinement satisfaisante, cela nous invite à l’abandon, au détachement, à la confiance en Dieu. Certes, nous avons survolé le sujet, mais gageons qu’il donne à chacun(e) le désir d’ aller plus loin, et de découvrir la finalité du projet de Dieu pour notre humanité.

Soyons assurés que sa Parole dit vrai. Dieu ponctuera l’histoire de notre monde en beauté, par l’avènement d’une autre terre et d’un autre royaume ! (cf. Apocalypse 21 : 1-5) « Ô profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! Que ses jugements sont insondables, et ses voies incompréhensibles ! » Romains 11 :33

                                                                                                                                                                                 Jacques Eychenne


PS : Nous vous recommandons vivement l’ouvrage de Karin et Claude Bouchot : « Si Dieu est amour, pourquoi le mal ? » Editions BoD-2011, 92 pages, prix 6,50 €. Ce livre est dédié à ceux qui souffrent dans leur corps et leur esprit. Il est disponible dans toutes les librairies. Pour échos de presse et avis de lecteurs :                               http://bouquetphilosophique.pagesperso-orange.fr/pourquoilemal.html

                                                                                                                                            

 

 

 

 

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