Le chef d'état-major des armées syriennes

 

 

  Le chef d’état-major des

      armées syriennes    

                        ou

        La descente vers sa guérison

              2 Rois 5 : 1-19

 

 

Introduction :

 

Le premier discours de Jésus, selon Luc, dans la synagogue de Nazareth, exprime la portée universelle du message de Dieu. Jésus a voulu montrer que la grâce de Dieu était opérante non seulement pour Israël, mais encore pour tous les peuples (cf. Luc 4 : 23-28). Plus tard dans son ministère, Il citera  le témoignage de la femme cananéenne, en faisant remarquer qu’il n’avait pas trouvé en Israël une aussi grande foi, etc. Parmi tous les bénéficiaires de cette grâce universelle, il y a même un chef des armées du royaume de Syrie, ennemi séculaire du peuple d’Israël : son nom est Naaman.

Méditons ensemble son parcours aussi étonnant que passionnant !

 

Développement :

 

Relire 2 Rois 5 :1- 8. Nous sommes en présence d’un texte surprenant. Naaman, chef des armées du roi syrien Ben Hadad, est l’instrument par lequel Dieu a accordé la victoire aux Syriens, au détriment du peuple élu. Il en sera de même quelques siècles plus tard avec Cyrus roi des Perses ; il sera même déclaré l’oint de l’Eternel ! Certes Naaman était un courageux guerrier, mais il était aussi au service d’une nation aux pratiques idolâtres...

Première surprise dans ce récit : Dieu a des choix déroutants. Cela nous rappelle le texte d’Esaïe : 

« Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit l’Eternel. » Esaïe 55 :8,9.

Saisissons l’occasion pour dire que ces choix déroutants de Dieu devraient nous conduire à beaucoup de prudence lorsque nous parlons de tous ceux qui ne pensent pas comme nous, et que nous appelons familièrement, suivant l’expression biblique : les païens.

Mais que savons-nous de Naaman ? Le texte nous apprend qu’il était le chef de l’armée et qu’il jouissait d’une grande considération auprès de son roi. C’était aussi un vaillant guerrier, mais il était lépreux. Or, à cet endroit du récit, on apprend que parmi les captifs d’Israël, il y avait une petite fille appartenant à ce peuple, qui était au service de la femme de Naaman. (v.2) On ne connaît pas son nom, seulement son  témoignage.

 

 Quelles sont les caractéristiques de son comportement :

 

- Elle est bienveillante pour ce couple, malgré sa déportation. Au lieu de cultiver des sentiments de haine ou de vengeance, elle veut le bien de Naaman, elle vit par anticipation la parole de Jésus : « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent... »  Matthieu 5 : 44 .  (Constatons que les paroles du Seigneur étaient déjà en germe dans les textes anciens. Exode 23 : 4,5)

 

- Elle donne un témoignage simple, sincère et convaincant.

Dieu aime ceux qui agissent avec un cœur d’enfant. (David était tout jeune homme quand il  affirma sa confiance en Dieu...cf. Matthieu 18 :3)

Quel contraste entre le témoignage confiant de cette petite fille, et l’attitude suspicieuse du roi d’Israël ! (cf. 2 Rois 5 : 7.) Heureusement  le prophète Elisée va intervenir pour calmer la situation et amener le roi à la raison.

 

Mais revenons maintenant à l’attitude de Naaman : (lire 2 Rois 5 : 9-14). Personne ne peut nier qu’il soit bien intentionné. Certes, il est directement intéressé, il veut être guéri, mais il fait le voyage dans le territoire des ennemis d’hier... La démarche n’était pas aussi simple qu’on peut le supposer...

Il veut donc être guéri, mais pas n’importe comment ! Il arrive en grande pompe, comme un conquérant sur son char, et il donne des ordres.

 

En d’autres termes, il veut bien bénéficier des bontés divines, mais en dictant ses règles. Il n’est pas prêt à s’humilier, (en l’occurrence à descendre de son char) et à entreprendre une démarche personnelle pour rencontrer Elisée. Lui, le personnage de haut rang, lui le vainqueur, ne doit pas s’abaisser devant le vaincu ! On l’entend presque dire : « je veux bien être guéri, mais pas à n’importe quel prix ! ». Son orgueil est sur le point de bloquer sa démarche d’espérance.

 

(Ne pensez-vous pas que nous ressemblons souvent à Naaman. Nos prières pour une guérison ou pour toutes autres demandes importantes, sont souvent assorties de conditions avouées ou pas. Notre fierté place aussi ses exigences et ses limites...)

 

Nous aussi, nous voulons bien être guéris, mais, il n’est pas question de descendre de notre char. Nous voulons que Dieu nous réponde, mais comme nous l’avons prévu, sans intégrer sa volonté. Nous risquons d’être dans une demande  déconnectée de l’humilité, et comme Naaman, nous nous irritons quand les réponses ne correspondent pas à notre attente, quand apparemment Dieu reste sourd à notre détresse. (cf. Jacques 4 : 3).  Apprenons donc à faire simple dans l’amour et le respect des autres.

 

Elisée, inspiré par Dieu a transmis à Naaman un message clair et facile d’exécution. Sa pédagogie s’est adaptée à ce personnage imbu de lui-même et tout auréolé de son statut de chef. Elisée répond, mais sans qu’il y ait rencontre. Il ne sort pas pour se présenter devant Naaman. La question qui nous vient est la suivante : le comportement de Naaman favorise-t-il une vraie rencontre ? Quand on ne veut pas descendre de son char peut-il y avoir rencontre ?   

De plus, Naaman attendait un miracle spectaculaire, devant tout le monde, et Elisée le renvoie dans la solitude de la nature, dans un face-à-face avec lui-même, vivre une démarche personnelle de foi. Cela paraît humiliant, mais n’était-ce pas nécessaire ?

 

Que renferme au juste le message d’Elisée ?

 

1) Va.

Il y a là, clairement énoncée, la nécessité d’une démarche personnelle. (Il en va de même pour la guérison totale, appelée salut, de chacun d’entre nous.) On ne peut pas être guéri par procuration. Depuis l’Eden, cet appel ne cesse d’être lancé à chaque individu de ce monde. Va, l’impératif du verbe induit l’incontournable aventure personnelle dans la confiance en un Dieu qui accompagne, conduit, corrige et mène à bonne destination.

 

2) Lave-toi 7 fois dans le Jourdain :

Les serviteurs vont très justement faire remarquer à Naaman que si le prophète avait demandé quelque chose de difficile, il l’aurait fait. Alors... pourquoi refuser la simplicité ! «  Fais ce qu’il t’a dit ».

Effectivement si la demande avait été difficile. (Rabbinat français)... extraordinaire. (T.O.B)... une grande parole. (Chouraqui), ne l’aurait-il pas faite ?

 

Le travers de l’humain est de rechercher le compliqué au détriment du simple. Ce comportement traduit au second degré un besoin de faire, pour que cela soit valorisé. Donner du prix, du poids à nos actions pour qu’elles se présentent méritoires aux yeux de Dieu et des hommes, n’est-ce pas encore une question d’orgueil ! (Le Seigneur nous a appris : en amour il  n’y a pas de mérites, seulement du partage !)

Nous n’avons aucun mérite de faire le bien. C’est Jésus qui disait à ses disciples :

« vous de même, quand vous avez fait tout ce qui vous a été ordonné, dites : Nous sommes des serviteurs inutiles, nous avons fait ce que nous devions faire. »  Luc 17 : 10 . Faire le bien devrait être un comportement normal !

 

3) Fais ce qu’il t’a dit : Tel est le conseil des serviteurs de Naaman.

Lave-toi 7 fois, et tu seras pur ! « Baigne-toi 7 fois »  Rabbinat Français et Chouraqui. Ce message d’Elisée, tout à fait approprié à Naaman, nous interpelle tout autant. Il s’adresse à nous tous, qui vivons dans un monde de plus en plus complexe  en relation les uns avec les autres. Faire simple devient compliqué !

Or, plus une démarche spirituelle est simple, plus elle sollicite notre foi, car elle nous dépossède de sentiments qui n’ont pas lieu d’être.  

 

De même que Naaman devait aller tout simplement se plonger 7 fois dans le Jourdain pour être pur de sa lèpre, de même il nous faut accepter de répondre aux appels de Dieu pour être totalement guéris de nos maux.

Jésus a dit : « venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez le repos pour vos âmes. Car mon joug est doux, et mon fardeau léger. » Matthieu 11 : 28-30.

C’est simple, léger et tonifiant.

 

Dans notre récit, Naaman finit par accepter la recommandation du prophète. Il descendit et se plongea 7 fois dans le Jourdain. (Soulignons au passage que la notion d’être plongé dans l’eau était à cette époque un signe de purification). Quand Jean, appelé le Baptiste, reprit ce rite, il ne fit que reprendre ce qui était déjà inscrit dans la mémoire collective du peuple d’Israël. Cela dément ceux qui pensent que Jésus et ses disciples ont été influencés par un rite essénien. D’ailleurs, cette symbolique n’était pas que le propre d’Israël. Le passage d’une purification physique à une signification plus spirituelle pouvait donc être bien entendu et compris.

 

Mais, pourquoi Elisée a signifié l’obligation de se plonger 7 fois ?

Outre la symbolique du chiffre indiquant ce qui est parfait, complet, entier, il y a peut-être une autre raison.

Le miracle pour Naaman fut le résultat d’un acte de foi, simple mais précis. Si Naaman avait pris la liberté de ne se plonger qu’une fois, rien ne se serait réalisé.

Ceci nous amène à comprendre et dire ceci : ce n’est pas parce que Dieu nous propose une démarche simple que nous pouvons faire ce que l’on veut et en modifier l’énoncé à notre convenance !

Nous devons obéir à Dieu, comme Christ a obéi à son père. D’ailleurs, lui-même n’a-t-il pas dit : « Je vous donne un exemple afin que vous fassiez comme je vous ai fait ». Jean 13 : 15, mais encore  Jean 15 : 10-14.

Après avoir agi conformément à la parole du prophète, Naaman sortit de l’eau… En conséquence, le texte précise : « sa chair redevint comme la chair d’un jeune enfant et il fut pur. »  v.14.  La foi n’est-elle pas la meilleure cure de jeunesse !

(L’acte de foi, suivi d’une obéissance volontaire, heureuse et joyeuse vaut mieux que tous les produits antirides et antivieillissement !)

 

Heureusement, Naaman avait des serviteurs intelligents. J’aime leur réaction pleine de bon sens et d’à-propos.

« Mon père, si le prophète t’avait demandé quelque chose de difficile, ne l’aurais-tu pas fait ? Combien plus dois-tu faire ce qu’il t’a dit : lave-toi, et tu seras pur ! » (v. 13).

 

Soulignons le fait significatif que la sagesse n’est pas toujours là où on la croit. Sans l’intervention d’une toute jeune servante et maintenant de ses serviteurs, Naaman serait passé à côté de l’occasion de sa vie.      

Sachons donc à notre tour réfléchir, et accueillir les conseils de ces humbles serviteurs et servantes, que Dieu place sur notre chemin pour nous interpeller, et nous repositionner sur l’essentiel. Sachons être visités par cette sagesse :

La relation avec Dieu doit être simple et profonde. La confiance en Dieu devrait être présente à chaque moment de notre marche. Nous devons nous pénétrer de l’idée que Dieu veut notre bien et notre salut. Il ne nous demande rien d’extraordinaire ! Il ne nous demande rien, qu’il ne nous donne par avance, il ne nous demande rien sans nous fournir aussi les moyens d’accomplir sa demande. (cf. Ephésiens 2 : 10 ; 1 Thessaloniciens 5 : 23-24).  Nos diverses formes de résistance aux appels divins constituent le plus souvent, le plus grand obstacle à l’exaucement de nos prières.

 

Le récit se poursuit avec une conclusion intéressante : lire 2 Rois 5 : 15-19.  Cette dernière appelle plusieurs observations :

 

 1) Naaman retourne vers Elisée. Cette démarche est le propre de la conversion : un retour à Dieu. C’est le sens  du mot grec μετανοϊα (métanoïa) dans le Nouveau Testament, traduit par la repentance. Méta, μετα= au milieu, au cœur. Noïa, νοϊα //  νουσ, nous= intelligence, volonté. C’est une vraie transformation intérieure qui n’a rien toutefois de magique.

 2) Il déclare publiquement : « je reconnais » : Naaman a fait une expérience personnelle, il est descendu de son char. Maintenant, il peut rencontrer sans problème Elisée, maintenant la relation édifiante peut s’établir...

Assurément l’orgueil peut bloquer plein de prometteuses espérances.

Naaman a désormais de nouvelles priorités qui conduisent sa vie.

Il peut à son tour témoigner de l’amour de Dieu pour lui. Il ne craint pas de le dire à haute voix devant ses serviteurs.

Quel témoignage ! Venant d’un Syrien, c’est puissant... Ce fait a traversé les siècles. Il a été cité par le Seigneur, et nous arrive aujourd’hui.

Il faut faire là une pause et nous demander si l’expérience de cet homme n’est pas une occasion pour construire notre propre histoire. Si de bonnes dispositions nous animent,  nous devons être cohérents et faire exactement ce que la parole divine nous recommande.

 

 3) Naaman demande à Elisée d’accepter un présent. Quand le cœur est touché, on a envie de donner à son tour (pour témoigner sa reconnaissance). Mais la délivrance du message d’espérance doit rester gratuite. (cf. Matthieu 10 : 8)

 

 4)  Désormais Naaman n’adorera que Dieu seul. (v.17b)

 

La dernière requête de Naaman : 2 rois 5 : 18,19.

Il a un problème de conscience. Son roi adore le dieu de l’orage : Rimmôn. A chaque fois il doit l’accompagner dans les cérémonies. Or, ce n’est plus son choix, mais peut-il agir autrement ? Alors que faire ?

Cette situation pose le problème de la complexité de notre engagement de foi dans certaines circonstances. La réponse du prophète est merveilleuse de sagesse : «  va en paix. » Parole d’intelligence spirituelle qui déculpabilise et renvoie à une pratique de vie intérieure. Dieu regarde au cœur et connaît toutes nos motivations quelles que  soient les circonstances... Alors, nous aussi, allons en paix !

 

Conclusion :

 

Cette histoire nous apprend :

 

- Que Dieu regarde avant tout le cœur de l’homme, et non son appartenance à tel peuple ou religion.    

- Qu’il nous faut respecter les directives divines, même et surtout, si on ne les comprend pas, en partie, ou complètement.

- Que Dieu a dans le monde, dit païen, des personnes qui l’honorent et le servent.

- Que Dieu choisit souvent le témoignage de gens simples.

- Que nous avons à être prudents certes, mais pas méfiants comme le roi d’Israël.

- Qu’il nous faut saisir toutes les occasions de rendre témoignage de notre foi.  

- Que notre orgueil, comme celui de Naaman, est souvent la cause de nos échecs dans notre bonne relation à Dieu.

- Que Dieu utilise parfois les réflexions et interpellations de notre voisinage pour nous faire progresser dans la relation de confiance.  

- Que l’appel de Dieu en vue de notre guérison totale requiert une réponse simple : celle du cœur.

- Que nous avons à suivre ce que Dieu nous demande sans amender son exigence. L’amour porte au respect de la parole.

- Que le miracle de la conversion est la réponse de Dieu à notre engagement de foi et d’amour.

- Que Dieu, l’auteur de notre vie, doit rester notre priorité absolue. Lui seul est digne de notre adoration.

- Que dans des situations complexes qui paraissent être des compromis, Dieu sait lire dans notre cœur. Dieu nous invite à assumer un choix libre, sans craindre le regard des autres. Il nous invite à agir au mieux, compte tenu des contraintes et des circonstances. Lui seul connaît les motivations de nos choix. Dieu intègre notre droit à l’erreur et nous fournit souvent la possibilité de rectifier nos positions, loin de tout sentiment de culpabilité.

- Que sa parole d’amour est toujours d’actualité.

 

Le prophète Elisée dit  à Naaman en conclusion : va en paix ! Allons en paix !

 

Ailleurs, Dieu par son messager dira au prophète Daniel :

 

« ne crains pas, Daniel, car dès le premier jour où tu as appliqué ton cœur à comprendre et à t’humilier devant ton Dieu, tes paroles ont été entendues… » Daniel 10 : 12.

 

                                                                                  Eychenne Jacques

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Actualité

 Liste des 5 dernières réflexions spirituelles

(cliquez sur celle de votre choix).

  

. Le Christ de la foi ou le Christ historique ?

. Les deux chemins

. Christ, notre Pâque !

. Le temps opportun

. L'écriture du Seigneur Jésus

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Version imprimable | Plan du site
© Jacques Eychenne