Il est ressuscité !

 

 

 

 

 

  Il est ressuscité !

             ou

Christ vainqueur de la mort

           Jean 20 : 1-9

 

 

Introduction :

 

En ce dimanche de Pâques, premier jour de la semaine dans les évangiles, Marie de Magdala a eu le choc émotionnel de sa vie. Niée par le Judaïsme et l’Islam,  la victoire de Jésus de Nazareth sur la mort, a été attestée par Marie de Magdala. Cet évènement durable est une première  dans l’histoire de notre race humaine. Cette victoire définitive et pérenne sur la mort, a nourri la foi des communautés chrétiennes. Le Seigneur Jésus l’avait déjà annoncée à une autre femme, peu de temps avant sa mort. En effet, s’adressant à Marthe, la sœur de Lazare, il lui avait dit : « Je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, même s'il meurt, vivra; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? »  Jean 11 : 25-26, version TOB. La réponse positive de Marthe était une anticipation de toute la foi des chrétiens à travers tous les siècles à venir. Désormais, la mort n’aurait plus le dernier mot. De ce fait, la priorité des apôtres, après avoir acté l’évènement de la résurrection de leur Maître, fut de nommer un successeur à Judas Iscariot.  Il fallait que ce douzième personnage soit un témoin oculaire de la résurrection du Sauveur (cf. Actes 1 : 22). Cet aspect concret et symbolique était en lien avec les douze tribus d’Israël.  Le choix du Christ signifiait un accomplissement et une continuité … Une fois résolue cette question, Pierre en particulier, mais aussi les apôtres proclamèrent à la Pentecôte la vérité sur la résurrection des morts. Cela déplut fort aux autorités religieuses, mais aussi au commandant du temple et aux Sadducéens (cf. Actes 4 : 1-2). La tentative d’étouffer cette prodigieuse bonne nouvelle avorta. Désormais, plus rien, ni personne ne pourra entraver la propagation de ce message d’espoir. C’est ainsi qu’il est parvenu jusqu’à nous aujourd’hui.

 

Développement :

 

La conversion de l’illustre Saul de Tarse est venue au moment opportun pour disséminer cette parole enthousiasmante. Malgré l’incompréhension de ceux de sa nation et les moqueries des philosophes épicuriens et stoïciens d’Athènes, l’apôtre Paul continua à prêcher la bonne nouvelle de la résurrection du Christ (cf. Actes 17 : 16-18, 32). Il témoigna devant le Sanhédrin, lui l’ancien membre de cette haute institution religieuse. Mais en réaction, il reçut de la part d’un assistant du Grand Prêtre Ananias, une gifle sur la bouche (cf. Actes 23 : 2). Cependant rien n’arrêtera sa publication :

« Paul s'écria au milieu du Sanhédrin : « Frères, je suis Pharisien, fils de Pharisiens ; c'est pour notre espérance, la résurrection des morts, que je suis mis en jugement. » Actes 23 : 6, version TOB.

Totalement immergé dans la force de cette espérance, notre héraut inspiré des premières heures de l’ère chrétienne, témoignera sans relâche. A la communauté de Rome, il annonça avec puissance la victoire du Seigneur sur la mort  (cf. Romains 1 : 4 ; 6 : 5).

Lors de son séjour à Corinthe, l’apôtre Paul sera encore plus démonstratif : « Si l'on proclame que Christ est ressuscité des morts, comment certains d'entre vous disent-ils qu'il n'y a pas de résurrection des morts ? S'il n'y a pas de résurrection des morts, Christ non plus n'est pas ressuscité, et si Christ n'est pas ressuscité, notre prédication est vide, et vide aussi votre foi » 1 Corinthiens 15 : 12-14, version TOB.

A la communauté de Philippes, il exprimera encore ses sentiments personnels : « Mais oui, je considère que tout est perte en regard de ce bien suprême qu'est la connaissance de Jésus Christ mon Seigneur. À cause de lui j'ai tout perdu, et je considère tout cela comme ordures afin de gagner Christ et d'être trouvé en lui, non plus avec une justice à moi, qui vient de la loi, mais avec celle qui vient par la foi au Christ, la justice qui vient de Dieu et s'appuie sur la foi. Il s'agit de le connaître, lui, et la puissance de sa résurrection, et la communion à ses souffrances, de devenir semblable à lui dans sa mort, afin de parvenir, s'il est possible, à la résurrection d'entre les morts » Philippiens 3 : 8-11, idem TOB.

Aux chrétiens dispersés en Galatie, il introduira sa lettre avec ses mots : « Paul, apôtre, non de la part des hommes, ni par un homme, mais par Jésus Christ et Dieu le Père qui l'a ressuscité d'entre les morts »  Galates 1 : 1, idem TOB. 

A Ephèse, il expliquera à la communauté des croyants que Dieu a déployé son immense puissance en ressuscitant le Christ d’entre les morts, pour le faire asseoir à la droite de Dieu dans les cieux (cf. Ephésiens 1 :20).

Il énoncera encore, à Colosses, la vérité limpide, selon laquelle en se faisant baptiser au nom du Seigneur Jésus, chaque chrétien enseveli avec le Christ, ressuscite aussi avec lui par la force de Dieu qui a sorti son Fils du tombeau (cf. Colossiens 2 : 12). 

Aux chrétiens de Thessalonique, il précisera la nature de l’espérance : pour servir le Dieu vivant et véritable, chaque croyant doit attendre des cieux son Fils qu’il a ressuscité des morts (cf. 1 Thessaloniciens 1 : 10, idem TOB). Enfin et sans vouloir être exhaustif, Paul aura soin de rappeler à son disciple bien-aimé Timothée d’éviter les bavardages. Il poursuivra en imprimant sur lui cette vérité : « Souviens-toi de Jésus Christ ressuscité d'entre les morts, issu de la race de David, selon l'Évangile que j'annonce et pour lequel je souffre jusqu'à être enchaîné comme un malfaiteur. Mais la parole de Dieu n'est pas enchaînée ! C'est pourquoi je supporte tout à cause des élus, afin qu'eux aussi obtiennent le salut, qui est dans le Christ Jésus, avec la gloire éternelle »  2 Timothée 2 : 8-10, idem TOB.

 

Cette digression par rapport au texte de l’apôtre Jean 20 :1-9 (rapportant les faits de la résurrection), m’a paru nécessaire pour comprendre l’enthousiasme spirituel qu’a suscité le moment de la résurrection du Christ-sauveur.

Mais revenons maintenant aux premières heures de ce dimanche mémorable. A l’aube, Marie de Magdala se rend au tombeau et elle constate que la grosse pierre ronde qui obstruait l’entrée du tombeau a été roulée de côté. L’entrée est donc libre, mais elle n’entre pas. Elle comprend que quelque chose d’important s’est passé et son premier réflexe est d’aller prévenir Pierre et Jean.

Son attitude nous interpelle. Comment aurions-nous réagi devant le tombeau vide ? Comment notre foi se positionne-t-elle devant les vides qui traversent notre vie ? Marie de Magdala s’est laissée emporter par l’émotion.  Sa foi a été questionnée devant une réalité à laquelle elle ne s’attendait pas. Elle ne comprend pas, et ne cherche même pas à comprendre. Elle constate, mais sans aller trop loin. Sa vision est extérieure au tombeau.

Combien de foi agissons-nous comme Marie de Magdala ! Nous avons tissé une relation forte avec le Seigneur Jésus, nous disons à qui veut bien l’entendre que nous avons foi en lui, et puis survient un évènement imprévu et notre foi est en questionnement. La foi n’aime pas le vide, l’absence, l’irrationnel insoluble … Quand nous sommes dans cet état-là, notre foi cherche à se sécuriser. Alors on rationalise. Cela peut paraître antinomique avec la foi, mais notre humanité est ainsi faite. Marie de Magdala cherche une explication de cette nature. Son esprit a besoin d’être apaisé, aussi quand elle rencontre Pierre et Jean elle déclare : « On a enlevé du tombeau le Seigneur, et nous ne savons pas où on l'a mis » Jean  20 : 2, version TOB. Oui ! Marie de Magdala rationalise. Pour elle, il s’agit à l’évidence d’un enlèvement. Curieusement, observons que ce n’est pas totalement faux. Les apôtres diront à la Pentecôte : « Dieu l'a ressuscité des morts : nous en sommes témoins » Actes 3 : 15, version FBJ. C’est bien le Père qui a enlevé le Fils ! Et l’on pourrait aussi rajouter : nous ne savons pas exactement où il est allé…

Mais pourquoi Marie de Magdala poursuit-elle en disant : « οὐκ οἴδαμεν ποῦ ἔθηκαν αὐτόν = ouk oidamene pou étékane = nous ne savons pas où ils l’ont mis ». Pourquoi emploie-t-elle le pluriel, alors qu’elle est seule ? Peut-être que sa phrase nous dit que quand notre foi est en détresse, nous avons besoin d’associer d’autres personnes à notre questionnement. Ne pas se sentir seul face au vide et à l’inconnu nous apaise. De plus Marie de Magdala d’après le texte original laisse entendre qu’il a fallu qu’ils soient plusieurs pour commettre ce forfait. Accusation sans preuve dont nous sommes tous coupables, quand nous ne maîtrisons plus rien et que le présent nous file entre les doigts.

Ce « nous ne savons pas » traverse aujourd’hui l’actualité de notre monde moderne.  L’émergence soudaine, inattendue et imprévisible d’un virus nommé Covid 19, place les chercheurs devant un autre tombeau vide. Ne pouvant appréhender toutes les caractéristiques de cet ennemi mortel, le repli sécuritaire a préconisé la mise en application de gestes-barrière et un confinement. Marie de Magdala a vécu un processus analogue. Face au vide incompréhensible, elle s’est réfugiée derrière les apôtres Pierre et Jean. Ses gestes barrières : ne pas entrer dans le tombeau, ne pas aller voir, rationaliser en prétextant l’hypothèse d’un vol. Laisser passer le temps, réfléchir, puis revenir après.

Tout comme Marie de Magdala notre foi est souvent confrontée au vide, au doute et à tous ses dérivés. Nous sommes seuls à les gérer, même si notre premier réflexe est de nous tourner vers nos frères d’humanité. Parfois, au lieu d’être accueilli tout simplement, c’est la déception. On entend : « Y’a qu’à ! Faut qu’on ! Etc. ». Les bons conseilleurs ne manquent jamais en période de crise, la démonstration en est faite chaque jour aux informations.

On ne sait pas comment Pierre et Jean ont perçu la nouvelle de Marie de Magdala. Sans être suspicieux, que nous dit Luc sur les évènements qui vont suivre ce temps du tombeau vide : « elles revinrent du tombeau et rapportèrent tout cela aux onze et à tous les autres. C'étaient Marie de Magdala et Jeanne et Marie de Jacques; leurs autres compagnes le disaient aussi aux apôtres. Aux yeux de ceux-ci ces paroles semblèrent un délire et ils ne croyaient pas ces femmes » Luc 24 : 9-11, version TOB. Malheureusement le crédit accordé au témoignage de Marie de Magdala était trop fragile. Aussi Jean, témoin vivant de l’évènement précise que lui et Pierre sont partis sur-le-champ : « alors arrive aussi Simon-Pierre, qui le suivait ; il entra dans le tombeau ; et il voit les linges, gisant à terre, ainsi que le suaire qui avait recouvert sa tête ; non pas avec les linges, mais roulé à part dans un endroit. Alors entra aussi l'autre disciple, arrivé le premier au tombeau. Il vit et il crut. En effet, ils ne savaient pas encore que, d'après l'Écriture, il devait ressusciter d'entre les morts »  Jean  20 : 6-9, version FBJ.

Pierre entre comme un inspecteur sur une scène de crime, il voit, il constate sans donner d’explications. Tout semble en ordre, le linge et les bandelettes sont bien pliés. Tout laisse percevoir une perplexité de sa part. Puis Jean rentre dans le tombeau à son tour. Témoignant lui-même du fait, il définit son comportement par deux verbes : « καὶ εἶδεν, καὶ ἐπίστευσεν = kai eidene, kai épisteusene= et il vit et il crut » Jean 20 : 8. (εἰδῶ = eidau = c’est percevoir avec les yeux, mais aussi apercevoir par n’importe quel sens. Cela relève du constat ; πιστεύω = pisteuau = c’est avoir la foi, penser être vrai, être persuadé, donner du crédit, mettre sa confiance etc.).

D’ordinaire on oppose la foi en questionnement de Marie de Magdala, à celle de Jean qui voit et croit aussitôt. Mais c’est aller un peu vite ! La foi de Jean est une foi qui prend simplement acte de la réalité de l’évènement. Il ne s’agit pas d’une foi mature. La preuve est au verset suivant. Jean le dit lui-même. Lui et les disciples « ne savaient pas encore que, d'après l'Écriture, il devait ressusciter d'entre les morts »  Jean. 20 : 9, version FBJ.  

Si leur foi n’a pas appréhendé la victoire du Christ sur la mort, alors qu’ils ont été les témoins oculaires de tous ces évènements, soyons conscients qu’ils nous soient aussi difficiles de tout saisir en un seul jet par la foi. A vrai dire entre la foi questionnante de Marie de Magdala et la foi qui acte le vide de Jean,  il y a l’espace d’un cheveu.

Notons que la foi de Jean a besoin de voir pour croire.

Le merveilleux avec le ressuscité, c’est qu’il connaît parfaitement notre nature. Aussi par amour va-t-il combler le vide de son tombeau, par une apparition à Marie de Magdala, certainement la plus préparée à accueillir cette révélation. Du même coup, le Seigneur comble le désarroi de sa foi. Son émotion est vive. Elle pleure dehors devant le tombeau vide. Elle a besoin d’une explication, car son cœur est blessé par l’absence du sauveur aimé. Alors, le Seigneur vient vers elle avec deux anges. Les anges la questionnent, puis Jésus réitère la même question : « Pourquoi pleures-tu ? » Jean 20 : 13-14, version FBJ. La question est interpellante…  Ses pleurs n’ont pas lieu d’être, car il s’agit d’un évènement heureux, joyeux, plein de promesses, mais elle ne le sait pas encore. Alors, Jésus l’appelle par son nom «  Marie ! » Jean 20 : 16, idem FBJ.  Et tout s’éclaire en elle et pour elle.  Il n’est pas possible, avec des mots humains, de décrire sa tension émotionnelle, tellement sa rencontre avec le vivant a été indescriptible. La raison et le cœur, tout a été contaminé par ce virus de l’amour du Sauveur. Alors, elle devient chargée de mission. L’honneur lui est fait d’aller trouver les disciples pour leur dire ces simples paroles : « j’ai vu le Seigneur ! » Jean 20 : 18, idem FBJ.

 

Conclusion :

 

Christ est ressuscité ! C’est l’évènement le plus prestigieux de notre histoire humaine. Cette vérité actée par plus de cinq cents témoins oculaires (cf. 1 Corinthiens 15 : 6) est toujours contestée. Elle met en scène le drame d’un choix vital. Même du temps du Seigneur, chacun a eu le loisir de contester sa résurrection.

Rien n’a changé sur ce point… La victoire du Christ sur le mal appelle la foi. Nous sommes tous quelque part devant un tombeau vide. La raison est impuissante à trouver une explication irréfutable. L’expérience de la pandémie due au Covid 19 devrait nourrir notre réflexion. Sans le savoir nous pouvons être porteurs du virus qui peut conduire à la mort. Spirituellement, il en est de même. Pour sortir vainqueur d’une échéance mortelle, il n’y a que la foi en celui qui seul peut nous faire passer de la mort à la vie (cf. Actes 4 : 12 ; Hébreux 9 : 26b). La foi est fragile, car elle ne maîtrise rien. Pour autant, elle est avant tout confiance en une promesse donnée par le Christ. Seule, une expérience personnelle dans la proximité et l’intimité, à l’instar de Marie de Magdala,  peut voir nos vides comblés par une seule parole, au moment où le Christ nous appelle par notre prénom. Cette rencontre est à la portée de chacun. Elle est porteuse d’un après qui nous immunisera à tout jamais de la malédiction de la mort. Le rêve de la poursuite d’une relation heureuse et bénie avec Dieu et tous ceux que nous avons aimés, nous ravira à tout jamais.

« Notre résurrection n’est pas tout entière dans le futur, elle est aussi en nous, elle commence, elle a déjà commencé ». Paul Claudel, artiste, dramaturge, écrivain, poète (1868-1955).

« Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ : dans sa grande miséricorde, il nous a fait renaître pour une espérance vivante, par la résurrection de Jésus Christ d'entre les morts »  1 Pierre. 1 : 3, version TOB.

 

                                                                                     Jacques Eychenne

 

PS : TOB, version traduction Œcuménique de la Bible ; FBJ, version française de la Bible de Jérusalem.

 

 

 

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