Marcher dans les pas du Christ

 

 

 

 

Marcher dans les pas

         du Christ

                               ou

  suivre le premier de cordée

          1 Pierre 2 : 21

 

Introduction :

 

Les apôtres ont voulu nous sensibiliser au message du Christ en nous rapportant les images qui favorisent la compréhension de son enseignement. Chaque écrivain, sous la direction de l’Esprit Saint, nous transmet les illustrations qui l’ont marqué. Matthieu nous présente le Seigneur comme le roc sur lequel l’Eglise est bâtie (cf. Matthieu 16 :18). Marc nous présente un récit concis, mais plus riche en détail, et plus vivant. La parabole du semeur en est un exemple (cf. Marc 4 : 3-9). Luc, le médecin bien-aimé, écrit un évangile de compassion. Il nous parle de ceux qui ont le cœur brisé ou qui sont en peine. Il est le seul à nous parler de la drachme perdue ou du fils perdu (cf. Luc 15 : 8-32). Jean, moins conventionnel, nous brosse le tableau d’un bon berger (cf. Jean 10 : 11). Ailleurs, il utilisera l’illustration de la vigne (cf. Jean 15 : 1-5). Par la suite, il identifiera le Sauveur au seul chemin qui mène à la vie éternelle (cf. Jean 14 : 6) ou encore à un agneau (cf. Jean 1 : 29,36). L’apôtre Jacques nous éveillera à la vigilance et à la patience dans l’attente du retour du Seigneur en prenant l’exemple du laboureur (cf. Jacques 5 : 7-8)… L’apôtre Pierre va utiliser, dans le texte qui va retenir notre attention, deux autres descriptions : celle du modèle à imiter et des traces de pas à suivre (cf. 1 pierre 1 : 21).

 

Développement :

 

a) Jésus-Christ est notre modèle :

 

ὑπογραμμός = c’est le modèle, l’exemple à suivre.  L’apôtre Pierre est le seul a utilisé ce terme. Il est unique dans tout le Nouveau Testament. Il est donc important de souligner sa signification. Ce mot est un mot composé. Il a, comme souvent en grec,  une préposition qui oriente sa signification : ὑπο = en forme accusative, signifie ce qui est sous (avec ou sans mouvement) et γραμμός de γραμμα qui est la lettre, le signe de l’alphabet, l’écrit (origine, en français du mot grammaire). En résumé, ce mot de modèle nous parle de ce qui est sous la lettre, donc plus en profondeur que la lettre. Ce modèle est donc avant l’écriture. Le Christ correspond bien à cette autre définition. Non seulement, il est avant toute lettre, mais Il est l’inspiration qui a conduit aux écrits que nous possédons (La version grecque -des Septante- : traduction des textes de l’Ancien Testament, datée de 270 avant J-C, utilise ce mot pour la première fois).

Le Christ est plus qu’un modèle à contempler, il est un exemple à suivre. En matière de théologie pratique, il est la référence parfaite.

L’apôtre Paul nous recommande : « vivez dans l'amour, comme le Christ nous a aimés et s'est livré lui-même à Dieu pour nous, en offrande et victime, comme un parfum d'agréable odeur. »  Ephésiens 5 : 2, version TOB.

Les disciples, en présence de leur Maître, ont bien intégré son message. Ils obéirent à ses instructions. On trouve souvent l’expression : «  comme il le leur avait dit ou prescrit » Matthieu 21 : 6 ; 28 : 6 ; Marc 11 : 6 ; 14 : 16 ; Luc 19 : 32. Ils ont bien compris que « Celui qui n'honore pas le Fils n'honore pas le Père qui l’a envoyé. » Jean 5 : 23, version de Genève. Par des mises en situations pratiques, Jésus a inculqué à ses disciples, ce qu’ils avaient à vivre et à transmettre. L’exemple du récit du lavement des pieds est significatif sur ce point : « je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait. En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n'est pas plus grand que son seigneur, ni l'apôtre plus grand que celui qui l’a envoyé. Si vous savez ces choses, vous êtes heureux, pourvu que vous les pratiquiez. »  Jean 13 : 16-17, version de Genève.

 

Pourquoi la vie du Christ a valeur d’exemple ?

 

Tout simplement parce que la foi en ses paroles nous fait du bien et nous aide à mieux vivre. L’expérience du croyant témoigne en faveur de la véracité des paroles du Seigneur : « Celui qui croit en moi, des fleuves d'eau vive couleront de son sein. » Jean 7 : 38, version de Genève.

De plus, la pratique de l’amour (ἀγαπη= agapé, l’amour d’essence divine) donne de la couleur à notre vie   : « Je vous donne un commandement nouveau: Aimez-vous les uns les autres; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres. »  Jean 13 : 34-35. Ce qu’il y a de nouveau dans ce commandement, c’est la référence à l’amour parfait vécu par le Seigneur. Cet amour inégalé sert de repère à tous ceux et celles qui veulent s’aventurer dans cette noble voie.

Deux jours avant sa mort, très exactement le 3 décembre 2017, Jean d’Ormesson a transmis à sa jeune secrétaire les dernières pages de son livre. Il n’a pas eu le temps de les relire. La dernière page est émouvante. Voici ce qui est écrit : « Les chrétiens n’ont pas le droit de se plaindre - d’ailleurs, ils ne se plaignent pas. Non seulement il ne peut pas leur être interdit de croire en un Dieu créateur du ciel et de la terre, mais ils ont la chance d’avoir pour modèle, sous leurs yeux, un personnage à qui l’existence et la place dans notre histoire ne peuvent pas être contestées : Jésus. Lui au moins, il est permis de l’admirer et de l’aimer sans se poser trop de questions sur sa réalité. Si quelqu’un a laissé une trace éclatante dans l’esprit des hommes, c’est bien le Christ Jésus » Un hosanna sans fin de Jean d’ Ormesson, Editions Héloïse d’ Ormesson 2018, p.141.  Bel hommage rendu par cet académicien qui se disait agnostique. Il aurait tant aimé avoir la foi !

 

B) Jésus-Christ est notre premier de cordée. (Ἐπακολουθήσητε τοῖς ἴχνεσιν αὐτου = suivre ses traces).

 

Essayons d’approfondir cette partie de phrase. Le verbe grec ἐπακολουθέω exprime l’idée de suivre de près, de venir après, à la suite, cf. Marc 16 : 20 ; 1 Timothée 5 : 24. Ce suivi s’identifie chez l’apôtre Paul à une pratique. Ainsi suivre le témoignage de Christ sans y joindre la pratique est un non-sens. Suivre, spirituellement parlant, revient à mettre sa foi en pratique. Le même verbe est traduit ainsi dans 1 Timothée 5 : 10 : « qu’elle se soit appliquée à toute bonne œuvre » version TOB ; Par extension, on décrit ainsi ceux ou celles qui s’appliquent à faire le bien.  Ainsi, si nous voulons respecter l’esprit du texte, il ne s’agit pas de suivre « bêtement », sans réfléchir, ou même sans chercher à comprendre.  L’injonction de suivre a pour objectif une pratique conforme au premier de cordée. Ne pas savoir pourquoi on suit le guide de montagne n’est-ce pas s’être trompé de projet ? Avoir perdu son temps et son argent ? Il est vrai que l’esprit moutonnier est contagieux dans notre présent monde. C’est bien là que la foi fait la différence. Le chrétien est appelé à suivre pour qu’il s’approprie les bienfaits d’une pratique qui le tire vers le haut des sommets. Cette attitude n’a rien de commun avec l’engouement souvent frénétique pour les idoles modernes.

En montagne, comme dans le temps présent, le parcours est semé d’obstacles. Un faux pas peut être mortel ! D’où la nécessité de savoir où on met les pieds. Nous sommes loin de la foi du charbonnier. Nous suivons le guide parce que nous reconnaissons son autorité professionnelle en matière d’ascension. Il connaît toutes les chausse-trapes du parcours. Le Christ, qui connaît toutes les embûches qui jalonnent nos vies, nous encourage en disant :

«  Mais prenez courage, j’ai vaincu le monde ! » Jean 16 : 33, version TOB.

« Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Nul ne vient au Père que par moi » Jean 14 : 6, version de Jérusalem.

 « Celui qui croit en moi ! " selon le mot de l'Écriture : De son sein couleront des fleuves d'eau vive. » Jean 7 : 38, version de Jérusalem.

L’apôtre Paul témoignera ainsi : “celui qui croit en lui ne sera pas confondu »  Romains 9 : 33, version TOB, (d’autres traductions disent :  «  ne sera pas confus »). Nous aurions pu citer encore bien d’autres textes…

En haute montagne, plus la difficulté est grande, et plus il est vital de marcher dans les traces de celui qui nous a précédé. Voilà pourquoi le texte de l’apôtre Pierre insiste non seulement sur le fait de suivre, mais surtout sur l’importance de marcher dans les traces de Jésus-Christ. ἴχνος en grec, c’est l’empreinte du pied et au sens figuré la trace (cf. Ex. « Marcher sur les traces de la foi de notre père Abraham », Romains 4 :12).

 

Pour baliser le bon chemin, l’apôtre Pierre nous rappelle que Christ a souffert pour nous ouvrir ce chemin de liberté. Ce n’est pas sans efforts et sans souffrances que le premier de cordée ouvre la voie qui mène au sommet ! De ce fait, nous sommes responsabilisés, comme tous ceux et celles qui sont encordés au guide de montagne. Il en est de même dans nos chemins spirituels. Deux préoccupations absorbent notre concentration : a) le fait d’atteindre le sommet. b) Faire confiance à notre guide, quoiqu’il advienne, car lui seul a la maîtrise de toutes les situations dangereuses. Suivre les traces de Jésus-Christ n’est nullement démissionner dans sa responsabilité d’assumer son humanité, c’est faire un choix de vie sécurisé, en sachant que tous les imprévus seront positivement gérés.

Comme l’a bien compris Jean d’Ormesson, notre premier de cordée (J.C) a fait ses preuves. C’est la raison pour laquelle nous avons fait le plein de confiance, même si, de-ci de-là, il nous arrive de glisser, de déraper ou de tomber. La chute n’a de conséquence que si nous ne nous relevons pas pour atteindre l’objectif d’atteindre le sommet. Un bon premier de cordée ne culpabilise jamais celui qui dévisse, il lui porte secours et l’encourage pour qu’il atteigne le sommet. C’est ce que le Christ a fait pour chacun de nous. Nous pouvons l’expérimenter.

 

Qu’implique, pour l’ayant foi, le fait d’avoir la volonté de suivre les traces de Jésus-Christ ?

 

C’est avant tout une question de fidélité. On ne peut le suivre en tapinois. Sur ce point la cohérence dans nos actions s’impose, même si nous ne sommes pas toujours à la hauteur de cette espérance. L’important est d’en être conscient et de demander de l’aide, à l’instar de l’apôtre Paul (cf. Romains 7 : 15-25). Comme prix de la consécration d’un disciple Jésus dira : « celui qui m'aura renié devant les hommes, à mon tour je le renierai devant mon Père qui est dans les cieux. » Matthieu 10 : 33, version de Jérusalem. Le lien étroit  qui unie le Christ et son disciple relève de l’amour. Il induit la confiance et le respect. Jésus dira à ceux qui faisaient semblant de croire en lui : « Ésaïe a bien prophétisé de vous, hypocrites; comme il est écrit: "Ce peuple-ci m'honore des lèvres, mais leur cœur est fort éloigné de moi. », Marc 7 : 6, version Darby. Et l’apôtre Jean précise : « Celui qui n'honore pas le Fils n'honore pas le Père qui l’a envoyé. Jean 5 : 23, version de Genève.

Suivre les traces de Jésus, c’est donc agir en responsable, comme des dépositaires d’un trésor qui nous a été confié. C’est la raison pour laquelle le Seigneur insistera souvent sur l’importance de garder ses paroles :

« Si vous m’aimez, gardez mes commandements. Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu'il demeure éternellement avec vous. »  Jean 14 : 15-16, version de Genève. Et encore : « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, de même que j'ai gardé les commandements de mon Père, et que je demeure dans son amour. Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. » Jean  15 : 10-11, version de Genève. (Dans ces passages le verbe garder, en grec τηρέω, a plutôt le sens d’observer, de conserver).

Notre engagement de foi implique la responsabilité de garder ce qui nous a été confié. Cette garde peut concrètement induire un comportement solidaire.  

« Si quelqu'un entend mes paroles et ne les garde pas, moi, je ne le juge pas; car je ne suis pas venu afin de juger le monde, mais afin de sauver le monde. »  Jean 12 : 47, version Darby.

 

Le verbe garder est ici diffèrent des textes mentionnés précédemment. Il s’agit du verbe grec φυλάσσω qui signifie : monter la garde (cf. Actes 12 : 4 ; 28 :16). C’est un acte de veilleur bienfaisant qui sauvegarde le bien confié. C’est ce que l’apôtre Paul dira à son disciple bien-aimé Timothée : « O Timothée, garde le dépôt. Évite les discours creux et impies, les objections d'une pseudo-science. »  1Timothée 6 : 20, version de Jérusalem. Et encore au même disciple : « Garde le bon dépôt avec l'aide de l'Esprit Saint qui habite en nous. »  2 Timothée 1 : 14, version de Jérusalem.

L’appel à une grande vigilance a été relayé par les principaux apôtres : « Eh bien, mes amis, vous voilà prévenus: tenez-vous sur vos gardes, ne vous laissez pas entraîner par les impies qui s'égarent et ne vous laissez pas arracher à votre assurance ! ».  2 Pierre 3 : 17, version TOB. « Mes petits enfants, gardez-vous des idoles. »  1 Jean 5 : 21, version TOB.

Si nous demeurons responsables dans l’amour, vigilants sur le dépôt qui nous a été confié et qui réjouit nos cœurs, alors le ciel veillera aussi sur nous. L’assurance de l’apôtre sera nôtre : «  C'est pourquoi aussi je souffre ces choses; mais je n'ai pas de honte, car je sais qui j'ai cru, et je suis persuadé qu'il a la puissance de garder ce que je lui ai confié, jusqu'à ce jour-là.  »  2 Timothée 1 : 12, version Darby.

Mieux encore, si nous sommes dans ces bonnes dispositions de cœur, vigilants sur nous-mêmes et sur la garde de ses paroles, c’est le Seigneur lui-même qui montera la garde en notre faveur. Il veillera sur nous afin que rien de mauvais en finalité ne nous arrive. « Le Seigneur est fidèle : il vous affermira et vous gardera du Mauvais. »  2 Thessaloniciens 3 : 3, version de Jérusalem. (Le mauvais en grec est  πονηρός. Il peut aussi être traduit par méchant, malin, ce qui émane du diable etc.)

 

Conclusion :

 

La foi bannit la crainte, la peur de mal faire, l’appréhension d’une sanction, d’un dérapage, d’une glissade. Elle nous permet d’avancer en cordée avec notre guide et d’autres humains, mais assurés qu’un jour nous atteindrons le sommet.

« Ne rejetez donc pas loin votre confiance qui a une grande récompense. Car vous avez besoin de patience, afin que, ayant fait la volonté de Dieu, vous receviez les choses promises. Car encore très peu de temps, et celui qui vient viendra, et il ne tardera pas. Or le juste vivra de foi. »  Hébreux 10 : 35-37, version Darby. (Le mot grec παρρησία  traduit par confiance peut aussi se traduire par liberté de parole, franchise, assurance, hardiesse).

Si la course dans les montagnes de la vie est gratuite, qu’avons-nous à redouter de nous encorder pour aller à la conquête du toit du monde et contempler les merveilles qui sont l’œuvre de Dieu.

                                                                            Jacques Eychenne

 

 

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