Jésus et la Samaritaine 1ère partie

JEAN 4 : 1-42

(Version La Nouvelle Bible Segond 2002)

Pour étude personnelle ou en groupe

1ère partie

 


 

                                                                        

Introduction :

 

Cette rencontre de Jésus avec la samaritaine fait partie des plus belles pages du Nouveau Testament. Une rencontre mémorable aussi belle et forte que celle de Nicodème au chapitre précédent. Mais, Jésus va révéler à cette femme une vérité jamais énoncée, même pas à ses disciples. Elle sera unique et marquera l’histoire de tous les vrais adorateurs de Dieu à travers toute la Chrétienté.

C’est un récit complet présentant à la fois la démarche de salut de Dieu pour l’homme, mais aussi sa démonstration. Le fond et la forme sont admirablement mis en évidence. Le marqueur principal présente une tension (1). Elle favorise la progression et la compréhension des évènements de notre récit :

- Tension entre les disciples partis, et la Samaritaine qui vient.

- Tension entre ceux qui sont membres du peuple élu, et celle qui y est étrangère. Tension entre 2 peuples et 2 histoires.

- Tension entre une eau de puits, et une eau de source.

- Tension entre 2 attentes du Messie : un Messie-roi et un Messie prophète, entre une conception nationaliste, et une pseudo religieuse.

- Tension entre des groupes d’hommes et une femme seule.

- Tension entre les besoins physiologiques d’un corps et ceux de l’Esprit,    entre le matériel et le symbolisme spirituel.

- Tension entre une relation à Christ bien établie (celle des disciple) et une relation toute naissante (celle de cette Samaritaine).

- Tension entre une rencontre personnelle (Jésus-Samaritaine), et un témoignage face à un groupe (Samaritaine-samaritains).

- Tension entre une connaissance historique religieuse (les pharisiens), et une découverte personnelle d’un Sauveur (La Samaritaine).

- Tension entre ce que l’on reçoit de l’extérieur, et la conviction de notre for intérieur... La liste n’est pas exhaustive.

Elle est juste posée là pour nous donner envie d’aller plus loin dans la connaissance du Christ-Sauveur.

La démarche pédagogique utilisée ici par Jésus-Christ est unique: Sa non-réponse systématique n’a qu’un seul et merveilleux objectif. In fine, faire entendre la vraie réponse. Ses questions déstabilisantes, voire provocatrices sont sensées nous faire réagir, afin de nous aider à faire le bon choix : Celui que le Seigneur nous propose.

En bref, ce récit nous ouvre le chemin de la vraie conversion spirituelle.

 

 

Contexte immédiat :

 

Les premiers mots du chapitre 4 de l’évangile de Jean laisse entendre que sur la foi d’une fausse rumeur, Jésus a quitté la Judée pour se rendre en Galilée. Comme il était obligé de traverser la Samarie, il s’arrêta dans une ville nommé Sychar (certainement l’ancienne Sichem, aujourd’hui Naplouse (Cf. Genèse 33 :19,20)

 

Développement :

 

Regardons donc le texte de plus près :

 

v.1«  Jésus ayant su que les pharisiens avaient entendu dire qu’il faisait et baptisait plus de disciples que Jean... »

 

Le texte est introduit par une fausse information transmise à dessein par les pharisiens. Quel pouvait être leur objectif ?

Pourquoi souligner une concurrence entre Jean le Baptiste et Jésus ?

Dans l’original, il y a une opposition entre ce que Jésus connaît (γινωσκω) et ce que les pharisiens entendent (ακουω).

N’est-ce pas tout le décalage qui existe entre l’humain et le divin ?

 

v.2« En fait, ce n’était pas Jésus lui-même qui baptisait, mais ses disciples... »

 

Pourquoi cette rectification ? Cette précision ? Quel sens lui donner ? Est-ce pour éviter qu’un baptême administré par Jésus, soit mieux et plus considéré que celui des autres disciples ?

Ou est-ce précisément pour mettre en avant et valoriser l’action présente et future des disciples ?

 

v.3 « Il quitta la Judée et retourna en Galilée. »

 

L’itinéraire est tracé, on peut visualiser le parcours. Il va du Sud vers le Nord, par la route centrale, appelée route des patriarches. Il existait 3 routes pour aller du Judée en Galilée. Celle de la côte, celle centrale dite des patriarches, et celle de la vallée du Jourdain. Précisons que la route des patriarches était la plus courte à vol d’oiseau, mais c’était aussi la plus difficile à pieds. C’est une route de moyenne montagne qui ne cesse de monter et descendre jusqu’au lac de Galilée. Celle de la vallée du Jourdain était souvent délaissée à cause de la chaleur et des bêtes sauvages.

  

v.4 « Oril fallait qu’il passe par la Samarie... »

 

Effectivement pour aller de Judée en Galilée, il fallait inévitablement passer par la Samarie. Il est question de passer or Jésus va s’arrêter

La terre de Samarie était souvent évitée par les Juifs… Mais le Christ prend le chemin le plus court et bouscule les querelles historiques. (2) Les préjugés vieux de plusieurs siècles n’ont pas lieu d’être pour le Seigneur !

Son positionnement peut-il avoir une correspondance avec nous aujourd’hui ? faut-il passer ou s’ arrêter ?

 

v.5 et v.6a « Il arrive donc dans une ville de Samarie nommée Sychar, près du champ que Jacob avait donné à Joseph, son fils. Là se trouvait la source de Jacob. »

 

Le récit situe le lieu de la scène : Sychar, probablement l’ancienne Sichem, aujourd’hui Naplouse, placée entre les monts Ebal et Garizim. On nous informe que ce lieu est chargé d’une histoire, mais quelle histoire ?

Observons qu’autour des puits quelques belles histoires d’amour se sont nouées. C’est en effet à un puits que Rebecca fut choisie comme épouse à Isaac (Cf. Genèse 24 : 12-19,63-67). Ce fut aussi près d’un puits que Jacob aima Rachel. (Cf. Genèse 29 : 9-10) Ce champ et cette source ont été achetés par Jacob (Cf. Genèse 33 :19-20) A cette occasion, Jacob éleva un autel qu’il appela : El-Elohé-Israël= Dieu, Dieu d’Israël ou plus vraisemblablement : Dieu est le Dieu d’Israël. Ainsi, Jacob anticipe par la foi son changement de nom. Son acte de foi est précédé d’une adoration, après avoir reçu le pardon de son frère Esaü. L’arrière plan historique de l’acquisition de ce champ révèle donc aussi une relation d’amourentre Jacob et son Dieu. Jacob a donné ce champ à son fils. Il y a là toute la symbolique de la transmission d’un héritage plus spirituel que matériel. Que transmettons-nous à nos enfants ? Quand on parle d’héritage, pensons-nous à l’aspect matériel des choses avant tout ?

 

Observons encore qu’il est mentionné la source de Jacob (πηγη του Ιακωβ) et non le puits comme dans nos versions courantes. Le mot puits (Φρεαρ) apparaîtra que plus tard au v.14.

(Pour constater la différence, voire encore :

Πηγη : Marc 5 :29, Jacques 3 :11, Apocalypse 7 : 17.

Φρεαρ : Luc 14 :5, Apocalypse 9 : 1,2)

Pourquoi cette alternance d’utilisation ?

Est-ce pour distinguer que ce puits, dont on dira qu’il est profond, ne fonctionne pas comme une citerne qui recueille l’eau ? (Selon les usages d’Orient). Veut-on accentuer le fait qu’il est vraisemblablement alimenté par une rivière profonde ou un cours d’eau vive ?

La symbolique de la source permettrait de mieux comprendre, ce que Jésus dira au verset 14.

Pour l’expression : «  puits de Jacob donné à Joseph » (voire. Genèse 48 :22 ; 33 :19 ; 34 :25-27 ; Josué 24 :32)

 

Petit détail d’actualité : Ce puits fait partie des sites bibliques les plus fiables en terre sainte par le simple fait que sa situation géographique n’a pas variée. C’est un endroit émouvant. On peut constater que le puits est bien profond. Le commentaire de la N.B.S (Nouvelle Bible Segond) dit : « La tradition l’a (ce puits) identifié à une trentaine de mètres de profondeur » p.1397. (J’ai eu le bonheur de vérifier personnellement l’information.)

  

v.6b« Jésus, fatigué du voyage, s’était assis tel quel au bord de la source. C’était environ la sixième heure. »

 

Il m’est difficile de penser que ce lieu chargé d’histoire n’était point connu de Christ, et qu’il s’est assis là par hasard… Lui qui ne faisait rien sans intention, n’a-t-il pas voulu, sur le socle de ce passé, écrire une autre grande histoire d’amour ?

Jésus est fatigué du voyage… De Jérusalem à Naplouse, il y a une soixantaine de kilomètres. Compte tenu de l’heure du récit, il est peu probable que Jésus soit venu d’une seule traite de la capitale de la Judée. (Certains pensent qu’il a mis 3 jours). Même en plusieurs étapes, ce parcours vallonné (de moyenne montagne) est fatiguant, surtout en plein soleil. La margelle ou la simple proximité de ce puits était donc la bienvenue à une heure pareille. (6ème heure = midi). Que penser d’un Jésus fatigué assis près de cette source ?

Jésus est seul ? Etait-ce nécessaire pour une éventuelle rencontre ? Si les disciples avaient été là, pensez-vous que la scène aurait été la même ?

Jésus est assis. Pensez-vous qu’il s’agisse d’une position d’attente ? Si oui, pensez-vous qu’il sait qu’une femme Samaritaine est en marche vers lui ? Que déduire de cette supposition ?

Est-ce que Jésus est encore en attente de notre rencontre avec lui ?

 

v.7 « une femme de Samarie vient puiser de l’eau. Jésus lui dit : donne-moi à boire. »

 

On peut faire ici deux observations :

- Il s’agit d’une femme dont on ne connaît pas l’identité, mais elle fait partie du peuple des Samaritains. Pourquoi n’avoir pas donné son nom, comme généralement pour les femmes d’Israël ? Est-ce que cela a une signification ?

- Elle vient à une heure inhabituelle pour venir puiser de l’eau. (D’ordinaire, on vient puiser l’eau soit le matin, très tôt, soit le soir). Pourquoi cette femme vient-elle à cette heure là ?

Jésus prend l’initiative du dialogue. C’est sa première intervention. Il y en aura 7. Elles conduiront à la révélation du Messie-Sauveur. C’est tout le parcours de la conversion.

Jésus l’aborde par un questionnement en forme de provocation positive. Qu’en pensez-vous ? N’est-ce pas aussi le début d’une possible méprise pour cette femme ? Peut-elle comprendre que cet homme s’adresse à elle ?  

Le questionnement est la méthode privilégiée du Seigneur. Pourquoi cette démarche ? Quels sont ses avantages ? Que peut-on en déduire en regard de notre témoignage au monde ?

En brisant le mur de séparation, Jésus n’a-t-il pas volontairement mis cette femme dans l’expectative ? Le Seigneur veut-il la déstabiliser ? Pourquoi provoquer cette soudaine surprise ?

L’être humain n’est-il pas souvent pris à contre-pieds par les circonstances suscitées par Dieu ? (Cf. Romains 8 : 28)

(Cette démarche pédagogique va perdurer avec pour unique finalité de faire émerger le désir d’être reconnu comme le Messie-Sauveur.)

Cette mise en scène n’est-elle pas porteuse d’espérance pour nos vies ?  

Le Christ est sur un territoire hostile, mais il ne s’embarrasse pas de considérations historico-religieuses. Il est au puits de Jacob. Jacob, n’est-il pas le Père des douze tribus d’Israël ? Que nous dit donc cette démarche ? Mais encore, pourquoi par cette demande insolite, prend-t-il le risque de l’inconvenance ? (Cf.v.27). Par extension induit-elle un type de comportement face à un prochain différent de culture et d’opinions religieuses ? Que peut nous dire la question du christ aujourd’hui ?

Lui qui a présidé à la création de notre univers, lui qui a tout crée par sa parole (Cf. Jean 1:1-4), est-il demandeur par nécessité ? Au-delà du besoin physiologique, n’y aurait-il pas une autre raison à la formulation de sa demande ? La suite du récit risque d’être éclairante sur ce point.

A suivre…

                                                                                                                                          jacques Eychenne

 

(1)J’entends par tension toute la gamme des écueils à la communication.     Cela va du malentendu au dialogue de sourd, via les oppositions, le questionnement, l’ironie, l’humour, la provocation, le quiproquo etc.

(2) Après les conquêtes des Babyloniens et Assyriens, les juifs de la région ont été déportés et remplacés par les colons de ces puissances conquérantes. (Cf. 2 Rois 17 : 24-41) Cette transplantation de population a véhiculé des pratiques religieuses idolâtres. Pour les instruire dans la connaissance de Yahvé, le roi Salmanasar d’Assyrie dépêcha un prêtre juif pour les instruire. Tout en acceptant la loi de Moïse, ils conservèrent leurs coutumes idolâtres et leurs images. Lors de la reconstruction du temple sous Zorobabel, les juifs pieux écartèrent les Samaritains de cette entreprise (Cf. Esdras 4 : 2).

L’hostilité des juifs daterait de cette époque. En conséquence les Samaritains établirent leur propre culte. Sous la conduite de Manassé, fils de yoyada, grand-prêtre banni, (Cf. Néhémie 13 :28) ils édifièrent un lieu de culte sur le mont garizim. De nos jours les Samaritains continuent chaque sabbat à se retrouver sur ce mont. Ils disent que c’est là qu’Abraham a sacrifié son fils Isaac sur l’ordre de Dieu.

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