L'Hymne à la Joie

 

 

  Hymne à la joie

           dans

 le service chrétien

     Jean 15 : 11

    Esaïe 51 : 11

 

Introduction :

 

Toute la Bible met en évidence la proposition divine  de nous faire vivre une réalité de joie. Elle est l’expression de l’amour. Depuis la Genèse, jusqu’au dernier livre de l’Apocalypse, tout semble nous intimer l’impérieuse nécessité d’entrer dans le plan de Dieu. La joie était déjà dans le ciel, avant la création de notre terre. Le Christ et les apôtres ont confirmé qu’elle sera encore là, après la parenthèse du mal. Quand Dieu répond à Job à la fin de son épreuve, il lui dit ceci « Où étais-tu quand je fondais la terre ? … Alors que les étoiles du matin éclataient en chant d’allégresse, et que tous les fils de Dieu poussaient des cris de joie ? » Job 38 : 4,7. Quand une personne souhaite suivre le chemin de Dieu, elle entre en résonance avec la joie du ciel (cf. Luc 15 : 7,10). Elle expérimente ce don du Créateur. L’Esprit lui transmet le fruit de l’amour et de la joie (cf. Galates 5 : 22). Dieu a persévéré dans  son invitation à Israël pour qu’il accepte la joie de son salut : « crie de joie, réjouis-toi, fille de Sion, car me voici, je viens demeurer au milieu de toi » Zacharie 2 : 14, version TOB. Quand arriva le moment de la naissance de Jésus et que les anges annoncèrent sa venue, la joie éclata d’abord dans le ciel : « tout à coup il y eut avec l'ange l'armée céleste en masse qui chantait les louanges de Dieu et disait : Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix pour ses bien-aimés. » Luc 2 : 13-14, version TOB. L’œuvre du Seigneur Jésus, achevée sur la terre, reçut un accueil triomphal dans les lieux célestes (cf. Apocalypse 5 : 11-12). Comme nous le constatons, la joie apparaît comme le signe caractéristique de l’action de Dieu. Redisons-le, la joie était déjà là à la création du monde. Elle a accompagné par la suite, ceux qui ont répondu aux appels divins (cf. Matthieu 5 : 3-12). Elle sera toujours présente dans le royaume de Dieu à venir. La joie est un bienfait à partager. Alors, sortons des ambiances moroses, sinistres voire toxiques, pour nous recentrer sur cette valeur spirituelle. Elle donne de la profondeur à nos engagements. A dessein, essayons de revisiter ce thème dans la Bible.

 

Développement :

 

La langue hébraïque de l’Ancienne Alliance, bien qu’ayant un vocabulaire relativement pauvre, possède un nombre de mots important pour traduire le sentiment de la joie. Outre simhâh qui en est le mot le plus commun, il y a encore le substantif sâson.  Quand les deux mots se suivent, ils expriment une grande joie (cf. Esaïe 25 : 9 ; 51 : 3). Mais il y a encore masôs (cf. Psaumes 68 : 4) ; gîlâh (cf. Esaïe 65 : 18) ; ma’adannîm (cf. Proverbes 29 17) etc.

Avec la nouvelle alliance, il y a démultiplication des termes de joie. Les plus courants sont  χαρά, la joie (cf. Jean 16 : 20 ) ; ἀγαλλίασις, l’allégresse, la jubilation (cf. Luc 1 : 14,44); εὐφροσύνη, la joie et la gaieté (cf. Actes 2 : 28 ; 14 :17 ) ; καύχημα, sujet de joie et de gloire (cf. Romains 4 : 2 )  etc.

Dans l’ancienne alliance, la joie est aussi formulée comme étant « le bien du cœur » Deutéronome 28 : 47 , Esaïe 65 : 14. Cette joie est la conséquence de la relation à Dieu. C’est la raison pour laquelle les Psaumes et les écrits des prophètes font souvent l’éloge de la joie, dont le Seigneur Dieu est la source. Le Psalmiste s’exclame : «  je viendrai à l'autel de Dieu, au Dieu de l'allégresse de ma joie ; et je te célébrerai sur la harpe, ô Dieu, mon Dieu ! » Psaumes 43 : 4, version Darby.

La joie est l’état normal de l’homme en liens étroits avec son Dieu. David l’a expérimentée sous toutes ses formes. Sa joie faisait partie de son quotidien. Elle résultait de la prise de conscience :

- de la bonté et des bienfaits de Dieu (cf. Psaumes 13 : 6 ; 35 : 9) ;

- de la beauté de sa loi (cf. Psaumes 119 : 14, 16, 24, 35, 47, 70) ;

- de la force de son pardon (cf. Psaumes 32 : 1-5) ;

- des sentiments profonds de sa présence (cf. Psaumes 4 : 7-9) ;

- des beautés de sa création (cf. Psaumes 19 : 1-6) ;

- de la grandeur de son salut (cf. Psaumes 35 : 9) ;

- des bienfaits de l’adoration (cf. Psaumes 122 : 1) ;

- de la diversité de sa bonté (cf. Psaumes 126 : 2-3) etc.

 

La nouvelle alliance présente l’idée neuve, selon laquelle la joie est la conséquence heureuse de la venue d’un Sauveur. Elle avait été anticipée par Abraham. Sa foi l’avait entrevue (cf. Jean 8 : 56). Elle fut annoncée comme une bonne nouvelle et fut pour tout le peuple le sujet de réjouissances (cf. Luc 2 : 10). Ailleurs, on dira que Zachée s’empressa de recevoir le Seigneur avec joie (cf. Luc 19 : 10). La vie riche du Seigneur a provoqué des élans spontanés de joie. Il suscita la liesse populaire (cf. Luc 19 : 37). Et quand advint la résurrection du Seigneur Jésus, les femmes heureuses, quittant le tombeau, coururent porter avec une grande joie la bonne nouvelle aux disciples (cf. Matthieu 28 : 8). Ainsi, la joie spirituelle est intimement liée à la venue d’un Sauveur, à la manifestation de la grâce qui octroie le salut (cf. Actes 2 : 28) et à la perspective glorieuse du règne de Dieu (cf. 1 Pierre 4 : 13 ; Hébreux 12 : 2).

 

La joie comporte des degrés :

- on peut être rempli de joie : David en témoigne : « tu m’as fait connaître les sentiers de la vie, tu me rempliras de joie par ta présence. » Actes 2 28.

- On peut être comblé de joie : Paul l’énonce : « je suis comblé de joie au milieu de toutes nos afflictions. » 2 Corinthiens 7 : 4.

– On peut encore tressaillir de joie : Jésus, parlant d’Abraham déclare : « Abraham, votre père, a tressailli de joie de ce qu’il verrait mon jour ; il l’a vu et s’est réjoui. » Jean 8 : 56.

 

La joie est associée à d’autres situations dans le parcours chrétien :

- A la repentance (cf. Luc 15 : 7).

– Au don du Saint-Esprit (cf. 1 Thessaloniciens 1 : 6 ; Romains 14 : 17 ; Ephésiens 5 : 18-20).

– Au triomphe du Christ  (cf. Philippiens 1 : 18 ; Actes 11 : 23 ; 15 :3).

– A l’espérance (cf. Matthieu 25 : 21,23 ; Luc 10 : 20 ; Jean 4 : 36 ; 16 :20). – A la communion fraternelle (cf. Romains 12 : 15 ; Philippiens 2 : 1-2 ; 2 Jean 4 ; 3 Jean 4).

- A l’amour du Christ  (cf. Jean 15 : 11)

– A la fidélité envers Dieu (cf. Matthieu 25 : 21)

– A la santé du corps (cf. Proverbes 17 : 22) etc.

 

La joie, force spirituelle profonde et tranquille, embrasse tous les instants de la vie du chrétien. On peut la conjuguer au présent avec sa femme (cf. Proverbes 5 : 18) ; à la naissance d’un enfant (cf. Jean 16 : 21) ; lors d’un repas fraternel (cf. Actes 2 : 46) ; dans notre relation avec Dieu (cf. Psaumes 9 : 2-3, 16 : 9, 11 ; Psaumes 100 : 2) ; dans nos libéralités (cf. 2 Corinthiens 9 : 7) ; dans notre témoignage pour Christ (cf. Luc 10 : 17) ; dans les épreuves de la vie (cf. Hébreux 10 : 34 ; Jacques 1 : 2 ; Luc 6 : 21-23) ; dans l’accueil du salut (cf. Psaumes 51 : 14 : Matthieu 28 : 8) etc.

Comme nous pouvons le constater, la Bible définit la joie comme un état censé être permanent. Il est en lien avec le bonheur d’être placé au bénéfice de la grâce de Dieu. C’est sûrement pour cette raison que l’apôtre Paul nous intime d’un ton quelque peu péremptoire : «  soyez dans la joie »  2 Corinthiens 13 : 11 ; « soyez toujours joyeux » 1 Thessaloniciens 5 : 16 ; ou encore «  réjouissez-vous toujours dans le Seigneur » Philippiens 4 : 4.

 

Mais comment être dans la joie quand on vit la souffrance ?

 

L’Evangile répond qu’il n’a pas la prétention de supprimer la souffrance ou le caractère blessant de l’épreuve soudaine. Il propose simplement de lui enlever son pouvoir dévastateur et destructeur. Comment ?  En signifiant à l’humain que le Christ l’accompagne. Il lui accorde la force non seulement de supporter la souffrance, mais encore d’aller au-delà, c’est-à-dire de la positiver. Ce concept paraît insensé à celui qui souffre atrocement, et nous en  convenons. Toutefois, quant à affronter la souffrance autant être aidé et accompagné par la force spirituelle divine, pour la surmonter.

Le premier enseignement du Christ énonce cette vérité à expérimenter : « heureux ceux qui pleurent car ils seront consolés… Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux. » Matthieu 5 : 4,10. Le dernier entretien de Jésus avec ses disciples met en évidence le triomphe de la joie. Jésus annonce prophétiquement :

« votre tristesse sera changée en joie. » Jean 16 : 20-22, 24. L’exemple des premiers chrétiens démontre qu’il est possible de surmonter l’obstacle de la souffrance. Beaucoup affrontèrent la mort en chantant. Ils rayonnèrent d’une joie indicible, malgré les persécutions. Face aux mauvais traitements infligés par le Sanhédrin aux apôtres, ces derniers se retireront « joyeux, parce qu’ils ont été jugés dignes de souffrir des outrages pour le nom de Jésus » Actes 5 : 41 ; 13 : 52. De son côté,  l’apôtre Paul illustrera, par sa consécration, la force nouvelle de la joie, celle qui triomphe des tristesses et des déceptions de ce monde. Il écrira en prison une lettre sublime aux chrétiens de Philippe. Son épître écrite dans des conditions difficiles est un symphonique hymne à la joie (elle est 15 fois mentionnée).

 

Christ, notre modèle par excellence :

 

Trop souvent nous avons l’habitude de voir dans les évangiles un Christ souffrant. Ou comme le décrit le prophète, « il était méprisé, laissé de côté par les hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, tel celui devant qui l'on cache son visage; oui, méprisé, nous ne l'estimions nullement. »  Esaïe 53 : 3, version TOB. Loin de passer sous silence la réalité de son agonie à Gethsémané, et l’horrible supplice de la mise en croix, il y a en Christ une autre facette. Un examen précis des évangiles nous révèle un autre personnage radicalement différent. On découvre un homme rayonnant, accomplissant son ministère dans la joie. Luc nous décrit un de ces grands moments :

« en ce moment même, Jésus tressaillit de joie par le Saint-Esprit, et il dit: Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants. Oui, Père, je te loue de ce que tu l'as voulu ainsi. Toutes choses m’ont été données par mon Père, et personne ne connaît qui est le Fils, si ce n'est le Père, ni qui est le Père, si ce n'est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. Et, se tournant vers les disciples, il leur dit en particulier: Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! Car je vous dis que beaucoup de prophètes et de rois ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l'ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l'ont pas entendu. »  Luc 10 : 21-24.

Le Christ, lui qui a éprouvé la plus grande douleur physique et morale, était habité par une joie profonde et sereine. Il en témoigne lui-même :

« lorsque j'étais avec eux dans le monde, je les gardais en ton nom. J'ai gardé ceux que tu m’as donnés, et aucun d’eux ne s'est perdu, sinon le fils de perdition, afin que l'Écriture fût accomplie. Et maintenant je vais à toi, et je dis ces choses dans le monde, afin qu’ 'ils aient en eux ma joie parfaite. »  Jean 17 : 12-13. Le qualificatif de la joie du Christ peut encore être rendu par : « joie dans sa plénitude » version TOB ; « joie complète » version de Jérusalem ; « joie accomplie », version Darby ; « pour que ma joie les remplisse », version Bayard. (Cette joie n’a rien de commun avec le fait de s’éclater suivant l’expression moderne. Même si on peut rire sur des sujets légers, reconnaissons que cette joie est très éphémère.)

 

Certes, le Seigneur a porté nos souffrances, mais ce qu’il veut nous transmettre c’est sa joie. Une joie riche d’un contentement savoureux qui nous élève au-dessus de toutes les aspérités de la vie. (Rappelons-nous : Jésus chanta avec ses disciples avant de se rendre à Gethsémané cf. Marc 14 : 26 ; Matthieu26 : 30).

C’est cette joie qu’il nous faut transmettre. « Que personne ne vienne à vous sans repartir meilleur et plus joyeux. » Mère Teresa. Ailleurs elle dira : « La joie profonde du cœur est une boussole qui nous indique le chemin de la vie. » Nos écrivains ne sont pas en reste sur le sujet : « La joie que nous inspirons a cela de charmant que, loin de s’affaiblir comme tout reflet, elle nous devient plus rayonnante. » Victor Hugo. « Aimer la vie, c'est porter en soi la joie de vivre et la faire rayonner autour de soi. » Jean Gastaldi. « S’il n’y avait pas de joie, il n’y aurait pas de monde. »  Jean Giono.

 

Faut-il dès lors apprendre à cultiver le sentiment de joie ? 

 

Le développement harmonieux de notre vie intérieure est devenu un exercice difficile, pour ne pas dire inhabituel à l’homme moderne. Car ce dernier est constamment immergé dans un sempiternel monde matériel, concret, palpable, quantifiable, rentable, utilitaire, très éloigné des valeurs spirituelles. Tout ce qui échappe à ces critères le plonge dans un réel désarroi. Il pressent que tout ce qui est essentiel à son bien-vivre, relève du domaine de l’inquantifiable et d’un certain dépouillement. La peur du vide produit la réaction d’un comblement compulsif.  Nos remblais sont subtils, même s’ils gardent parfois un goût amer.

Alors pourquoi ne pas essayer de remonter aux sources de la joie ? Elles éclaireront peut-être nos obscurités !

Que nous conseille le psalmiste : 

« poussez vers l'Éternel des cris de joie, vous tous, habitants de la terre ! Servez l'Éternel, avec joie, venez avec allégresse en sa présence ! Sachez que l'Éternel est Dieu ! C'est lui qui nous a faits, et nous lui appartenons; nous sommes son peuple, et le troupeau de son pâturage. Entrez dans ses portes avec des louanges, dans ses parvis avec des cantiques ! Célébrez-le, bénissez son nom ! Car l'Éternel est bon; sa bonté dure toujours, et sa fidélité de génération en génération. » Psaumes 100:1-5.

Ou encore, « venez, chantons avec allégresse à l'Éternel ! Poussons des cris de joie vers le rocher de notre salut. Allons au-devant de lui avec des louanges, Faisons retentir des cantiques en son honneur! Car l'Éternel est un grand Dieu. » Psaumes 95 : 1-3.

 

Conclusion :

 

La rudesse des situations que traverse notre monde ne peut nous faire oublier les paroles de joie que le Seigneur nous a laissées. La richesse véritable ne se mesure pas en cumul de biens matériels, mais en approfondissement de valeurs spirituelles et morales. Ce sont elles qui éclairent nos chemins. S’ouvrir à la spiritualité, n’est-ce pas non plus s’ouvrir à soi-même ?

Etre heureux, c’est plus qu’être riche, c’est cultiver la joie et la partager. Et comme souvent nous ne pouvons donner que ce que nous avons reçu, accueillons la parole du Seigneur : « que votre joie soit parfaite » Jean 15 : 11, parce que « la joie de l’Eternel sera votre force » Néhémie 8 : 10, alors pour notre présent et pour notre avenir « une joie éternelle couronnera (nos) têtes » Esaïe 35 : 10.

                                                                                 Jacques Eychenne

 

 

 

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