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La grâce de Dieu ou Un verdict hors du commun Actes 20 :24 |
Introduction :
Nous avons déjà dit, que Dieu continuait de parler à ceux qui voulaient bien entendre. (Cf. Jérémie 29 :13) Nous avons vu ensuite, que le but avoué de cette Parole était de nous révéler le grand projet de Dieu (Cf. Matthieu 11 :27). Il a été identifié comme un plan de sauvetage conçu, suivant l’expression biblique, « avant les temps éternels » 2 Timothée 1 : 9.
Aujourd’hui, nous allons découvrir ce qui est au cœur de ce dispositif de salut. Nous allons parler de la grâce. Sur un plan humain, dans un tribunal, après maintes délibérations du jury, la cour prononce un verdict. C’est soit un acquittement, soit une condamnation. Sans entrer dans toutes les subtilités de la justice humaine, disons qu’elle reflète, même imparfaitement, le programme divin. Alors, approfondissons ensemble ce dispositif merveilleux de la grâce divine.
Développement :
Nous avons déjà noté, dernièrement, que la rupture de lien entre Adam et Eve et Dieu, avait eu pour conséquence l’apparition de la mort. Une explication simple tant à dire ceci. Dieu est la vie. Il est à l’origine de toute vie. En ayant manifesté une volonté d’indépendance par la transgression de l’interdit posé en Eden, nos premiers parents se sont éloignés de la source de cette vie. Adam et Eve ont choisi une direction contraire à la proposition divine. Elle ne pouvait mener qu’à un objectif opposé à celui de Dieu. Or, le contraire de la vie, c’est l’absence de vie, le néant, la mort suivant la définition humaine (Cf. Ecclésiaste 9 :10). Ce constat étant incompatible avec le plan divin, l’apparition d’un plan de salut par Jésus-Christ, pour notre humanité, a été manifesté (Cf. Jean 3 :16-17).
Ce plan prévoyait une substitution de peine. A l’instar des attributions officielles de notre Président de la République Française - qui a droit de grâce - Dieu exerce aussi son droit de grâce en faveur de tous ceux qui en font sincèrement la demande. Ainsi, l’apôtre Paul, écrivant à son aide de camp Tite, déclare : « Car la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été manifestée » Tite 2 : 11
Cette sublime révélation nécessite un approfondissement.
Essayons tout d’ abord de préciser le sens du mot grâce dans la langue utilisée par les apôtres.
Χαρις =
Sur un plan profane, étymologiquement, c’est avant tout, ce qui brille, d’ où ce qui réjouit. On parle de grâce extérieure, de charme, de beauté. Par extension, c’est devenu une faveur, une marque de bienveillance (on accorde ses bonnes grâces). Cette grâce profane peut être aussi une marque de respect. Une façon de manifester des égards à quelqu’un. Il y a aussi un désir de plaire, de la condescendance. Puis vient l’utilisation concrète : la grâce=la récompense, la rémunération, voire le salaire. (Cf. Dict. grec-français, A. Bailly, librairie Hachette, 1950, p. 2124, col.3)
Sur un plan biblique, la grâce fait aussi référence à quelque chose de plaisant, d’agréable à entendre. Il y a à la fois du charme et de l’amabilité. C’est le cas, au tout début du ministère de Christ, lorsqu’il parle dans la synagogue de Nazareth : « Tous lui rendaient témoignage ; ils étaient étonnés (sous le charme) des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche… » Luc 4 :22 la grâce traduit aussi de la bienveillance « Paul choisit Silas, et partit, recommandés par les frères à la grâce du seigneur » Actes 15 :40 Puis, vient le sens plus profond -théologiquement parlant- celui d’une faveur exceptionnelle qui disculpe d’une condamnation : « Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ; et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ. » Romains 3 : 24 Mentionnons encore l’utilisation du mot pour les salutations, ainsi que pour les conséquences pratiques produites par la grâce : les libéralités et largesses. (Cf. Galates 1 :3 ; 1 Corinthiens 16 :3). Enfin, disons que la grâce est aussi une manifestation de reconnaissance : « Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur ! » Romains 7 :25. Ajoutons enfin, que la racine de ce mot est commune au mot joie=χαρα, et au mot don=χαρισµα. En français on parle de charisme…
Contrairement à la pensée populaire, cette grâce qui vient de Dieu ne se mérite pas. Elle ne dépend pas d’un acte de foi. Cette grâce est un cadeau qui s’accueille avec respect et reconnaissance. Le grand plan de Dieu, souvent appelé plan du salut, ne se réalise pas par la foi, mais par la grâce. L’apôtre Paul est très clair à ce sujet. Il affirme : « C’est par grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie » Ephésiens 2 : 8,9 (soulignage personnel)
La remise de peine, ne se marchande pas. Elle s’accueille. Encore faut-il au préalable être sincèrement cohérent dans sa demande. Certes, Dieu donne à celui ou celle qui demande… Mais cette demande ne peut pas être faite n’importe comment (Cf. Galates 6 : 7 ; Jacques 4 :3). Elle doit être précédée d’un examen de conscience, d’une prise de position, d’un vrai désir de changement… La foi n’est que le moyen qui permet à cette grâce de devenir opérante. La foi est indépendante de la grâce. La foi vient de l’homme, la grâce vient de Dieu. Mais, la foi permet l’accueil de la grâce. L’apôtre fait le résumé du processus d’accueil de la grâce.
« Vous étiez morts par vos offenses et par vos péchés, dans lesquels vous marchiez autrefois, selon le train de ce monde, selon le prince de la puissance de l’air, de l’esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion. Nous tous aussi, nous étions de leur nombre… Mais Dieu qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions morts par nos offenses, nous a rendus vivants avec Christ (car c’est par grâce que vous êtes sauvés) ; il nous a ressuscités ensemble… en Jésus-Christ afin de montrer dans les siècles à venir l’infinie richesse de sa grâce par sa bonté envers nous en Jésus-Christ. » Ephésiens 2 : 1-7
Désormais, l’explication est claire : Le salut est une pure grâce, le moyen qui nous permet de la recevoir est la foi. Elle exprime notre confiance dans le plan proposé par Dieu, et mobilise la volonté de notre cœur pour y adhérer. Cette grâce est gratuite, elle n’est pas en lien avec nos capacités intellectuelles ou nos œuvres méritoires. (Le larron sur la croix en est la parfaite illustration. Cf. Luc 23 : 39-43)
L’apôtre Paul rappelle à son disciple Tite cette vérité :
« Il nous a sauvés, non à cause des œuvres de justice que nous aurions faites, mais selon sa miséricorde… afin que, justifiés par sa grâce, nous devenions héritiers dans l’espérance de la vie éternelle. Cette parole est certaine, et je veux que tu affirmes ces choses… » Tite 3 : 5,7-8
Cette répétition de Paul à l’adresse de Tite illustre bien ce qu’est la grâce divine. Dans l’Ancien Testament, la grâce est déjà présente. Adam et Eve ont été symboliquement recouverts par la grâce.
« L’Eternel Dieu fit à Adam et à sa femme des habits de peau, et il les en revêtit. » Genèse 3 : 21 Dieu a couvert nos premiers parents grâce à la mort d’animaux. Cette démarche préfigurait toute la compréhension du sujet de la grâce. C’est par la mort d’un animal que le pécheur est absous (Cf. Lévitique 5 :15 ; 16 : 21// 2 Corinthiens 5 :21) car dans l’ancienne alliance, le principe en vigueur, était :
« Sans effusion de sang, il n’y a point de pardon » Hébreux 9 : 22 . Abraham aussi a été placé au bénéfice de la grâce (Cf. Galates 3 : 18)
Toute la mise en place des rites sacrificiels avaient un double enseignement :
- Le pécheur devait comprendre la gravité de ses transgressions (// rupture de lien avec la volonté de Dieu révélée par la référence à la loi)
- Le pécheur devait comprendre l’importance de la remise de peine, autrement dit, apprécier la grâce divine. Pour illustrer la supériorité de la grâce sur la transgression, dans le sanctuaire israélite, l’arche de l’alliance (qui contenait les tables de la loi) était recouverte de deux chérubins en or massif. Ils couvraient de leurs ailes le couvercle de cette arche, appelé propitiatoire. L’image était claire : la grâce recouvrait la condamnation de la loi. (// Romains 5 : 20) Le sacrifice nécessaire de l’agneau, sans défaut et sans tâche, préfigurait la mort de Jésus-Christ, l’agneau de Dieu, qui ôte les péchés du monde. (Cf. Jean 1 :29) Les invitations à accueillir la grâce sont nombreuses dans l’Ancien Testament. (Cf. Exode 33 : 19 ; 34 : 6-7 ; psaumes 32 : 1-5 ; 130 :3-4,7-8.etc)
« Pensez-vous que j’aime voir mourir les méchants ? Je vous le déclare, moi, le Seigneur Dieu, tout ce que je désire c’est qu’ils changent de conduite et qu’ils vivent » Ezéchiel 18 :23 (Version de la Bible en français courant)
« Je connais les projets que j’ ai formés sur vous, dit l’ Eternel, projets de paix et non de malheur, afin de vous donner un avenir et de l’ espérance… » Jérémie 29 : 11
La grâce dans le Nouveau testament est mise en opposition avec la loi, plus précisément avec la condamnation dûe à la transgression de la loi. Cette opposition s’est illustrée au travers de deux personnages.
« La loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ » Jean 1 : 17 En effet, c’est avec la venue du Seigneur que nous avons le mieux compris le sens profond de la grâce. Dans l’ancienne alliance, la grâce était accordée par anticipation à la manifestation glorieuse de Jésus-Christ.
« Il n’y a de salut en aucun autre, car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés. » Actes 4 :12 Voilà pourquoi, l’apôtre Paul est tout heureux « d’annoncer la bonne nouvelle de la grâce » Actes 20 : 24c
Si dans l’ancienne alliance, le pécheur était justifié par un acte de foi, précédé d’une confession verbale de ses péchés (en imposant simultanément sa main sur la tête de l’animal qu’il fallait sacrifier), dans la nouvelle alliance, il en est de même. C’est après repentance et confession des péchés, que la foi s’approprie le sacrifice de Jésus-Christ.Méfions-nous du raccourciqui tendrait à dire que dans l’ancienne alliance on était sauvé dans la stricte obéissance à la loi, et dans la nouvelle uniquement par la foi. L’épisode du serpent d’airain élevé en plein désert infirme et dénonce cette conviction (Cf. Nombres 21 : 4-9). Il est vrai que l’humain aime bien dire qu’il n’est plus sous la loi…
La réalité est que la loi garde toute son utilité. Elle a pour objectif de nous conduire à Christ (Cf. Galates 3 : 24) Mais, elle ne peut en aucun cas nous sauver. Redisons clairement que si l’obéissance à la loi ne sauve pas, par contre, elle rend possible ce salut. « Personne ne sera justifié devant Dieu par les œuvres de la loi, puisque c’est par la loi que vient la connaissance du péché » Romains 3 :20 . La loi conserve donc toute sa valeur. Le Christ dit lui-même ne pas être venu pour abolir la loi, mais pour l’accomplir Cf. Matthieu 5 : 17.Le Christ n’est pas venu renverser (καταλυω) la loi, mais au contraire la « parfaire » (Cf. versions abbé Crampon et P. Lagrange). Le Christ a développé le sens profond des commandements de son Père (Cf. Jean 15 : 10) Il est aussi venu montrer comment observer la loi :
« Vous avez appris qu’il a été dit : tu ne commettras point d’adultère. Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur » Matthieu 5 :27-28
Si on devait faire une différence dans l’application de la loi des dix commandements, disons que dans l’ancienne alliance l’acte était sanctionné (Sur la déposition d’au moins deux personnes) alors que dans la nouvelle, c’est la pensée qui précède l’acte qui est mise en cause. En résumé, disons que sans loi, le péché est inexistant, de même que sans grâce, il n’y a plus de salut. Mais la grâce n’est pas non plus un blanc-seing pour continuer à pécher allégrement, sous prétexte que de toute façon, on sera pardonné (Cf. 2 Corinthiens 6 :1) Si nous sommes graciés, ce n’est pas pour continuer à vivre impunément comme avant. La grâce nous responsabilise et nous donne envie de nous amender par reconnaissance envers Jésus-Christ. Ainsi nous ne pratiquons plus la loi pour être sauvés, mais parce que nous sommes déjà sauvés par grâce, par le moyen de la foi en Jésus-Christ. Opposer la loi et la grâce est un non-sens. Elles se complètent, tout comme les deux alliances (L’ancienne et la nouvelle). En vérité nous sommes sous la grâce, mais avec la loi.
L’apôtre Paul explique ce que signifie ne plus être sous la loi, mais sous la grâce. « Si vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes point sous la loi » Galates 5 :18 et ailleurs « La loi a été comme un précepteur (παιδαγωγος= surveillant, pédagogue) pour nous conduire à Christ, afin que nous soyons justifiés par la foi. La foi étant venue, nous ne sommes plus sous ce précepteur » Galates 3 : 24,25
Autrement dit, quand nous sommes en Christ, totalement habités par son esprit, nous n’avons plus besoin de la loi, elle a rempli sa fonction (quand nous sommes complétement en Christ nous n’avons plus besoin de pédagogue, ni de surveillant). Le problème est que nous n’arrivons pas à demeurer dans les sentiments qui étaient en Jésus-Christ (Cf. Romains 12 :16). C’est pour cette raison que la loi, redevenant active, devient nécessaire. C’est la tension perpétuelle de la foi dans l’attente de l’éradication définitive du mal, tension entre nos désirs et nos réalités. L’apôtre Paul est loquace sur ce sujet (Cf. Romains 7 : 15-25)
Conclusion :
La grâce révèle toute la plénitude de la bonté de Dieu. Elle nous déconcerte, car elle est contraire à notre nature. Notre intelligence est dépassée par la force d’amour émanant de Dieu, notre Père. L’Eternel ne tient pas le coupable pour innocent (cf. Nombres 14 : 18, Jacques 4 :6) Il l’invite sans cesse à prendre conscience qu’il est sur une mauvaise voie (Cf. Jérémie 35 : 15 ; Proverbes 14 : 12). Dieu a payé le prix fort de notre liberté en nous donnant son Fils. Ce don témoigne de « l’infinie richesse de sa grâce par sa bonté envers nous en Jésus-Christ » Ephésiens 2 : 7
« Que notre Seigneur Jésus-Christ lui-même, et Dieu notre Père, qui nous a aimés, et qui nous a donné par sa grâce une consolation éternelle et une bonne espérance, consolent vos cœurs, et vous affermissent en toute bonne œuvre et en toute bonne parole. » 2 Thessaloniciens 2 : 16-17.
Amen ! Alléluia !
Jacques Eychenne