La Samaritaine

 

 

 

                                                                                                        

                JESUS  et  LA SAMARITAINE

                                    JEAN 4 : 1-42

                         (Version : La Nouvelle Bible Segond 2002)

                      Pour étude personnelle ou en groupe

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Introduction :

 

Cette rencontre de Jésus avec la Samaritaine fait partie des plus belles pages du Nouveau Testament. Elle est aussi profonde et remarquable que celle de Nicodème au chapitre précédent. Mais, Jésus va révéler à cette femme une vérité jamais énoncée, même pas à ses disciples. Elle sera unique et marquera l’histoire de tous les vrais adorateurs de Dieu à travers toute  la chrétienté. 

C’est un récit complet présentant à la fois la démarche de salut de Dieu pour l’humain, mais aussi les bénéfices de sa mise en application. Le fond et la forme sont admirablement mis en évidence. Le marqueur principal présente une tension (cf. Entendons par tension toute la gamme des écueils à la communication. Cela va du malentendu au dialogue de sourds, via les oppositions, le questionnement, l’ironie, l’humour, la provocation, le quiproquo etc.).  Elle favorise la progression et la compréhension des évènements de notre récit :

- Tension entre les disciples partis, et la Samaritaine qui vient.

- Tension entre ceux qui sont membres du peuple élu, et celle qui y est  étrangère. Tension entre 2 peuples et 2 histoires.

- Tension entre une eau de puits, et une eau de source. 

- Tension entre 2 attentes du Messie : un Messie-roi et un Messie-prophète, entre une conception nationaliste, et une conception religieuse.

- Tension entre des groupes d’hommes et une femme seule.

- Tension entre les besoins physiologiques d’un corps et ceux de l’Esprit,     entre le matériel et le symbolisme spirituel.

- Tension entre une relation à Christ bien établie (celle des disciples) et une relation toute naissante (celle de cette Samaritaine).

- Tension entre une rencontre personnelle (Jésus-Samaritaine), et un témoignage face à un groupe (Samaritaine-samaritains).

- Tension entre une connaissance historique religieuse (les pharisiens), et une découverte personnelle d’un Sauveur (La Samaritaine).

- Tension entre ce que l’on reçoit de l’extérieur, et la conviction de notre for intérieur... La liste n’est pas exhaustive.

Elle est juste posée là pour nous donner envie d’aller plus loin dans la connaissance du Christ-Sauveur. 

La démarche pédagogique utilisée ici par Jésus-Christ est unique: sa non-réponse systématique n’a qu’un seul et merveilleux objectif. In fine, faire entendre la vraie réponse. Ses questions déstabilisantes, voire provocatrices sont censées nous faire réagir, afin de nous aider à faire le bon choix : Celui que le Seigneur nous propose.

En bref, ce récit nous ouvre le chemin de la vraie conversion spirituelle.

 

 

Contexte immédiat :  

 

Les premiers mots du chapitre 4 de l’évangile de Jean laissent entendre que sur la foi d’une fausse rumeur, Jésus a quitté la Judée pour se rendre en Galilée. Comme il était obligé de traverser la Samarie, il s’arrêta dans une ville nommé Sychar (cf. l’ancienne Sichem, aujourd’hui Naplouse, Genèse 33 : 19,20).

 

Développement :

 

Regardons donc le texte de plus près :

 

v.1 «  Jésus ayant su que les pharisiens avaient entendu dire qu’il faisait et baptisait plus de disciples que Jean... »

 

Le texte est introduit  par une fausse information transmise à dessein par les pharisiens. Quel pouvait être leur objectif ?

Pourquoi souligner une concurrence entre Jean le Baptiste et Jésus ?

Dans l’original, il y a une opposition entre ce que Jésus connaît (γινωσκω) et ce que les pharisiens entendent (ακουω).

N’est-ce pas tout le décalage qui existe entre l’humain et le divin ?

 

v.2 « En fait, ce n’était pas Jésus lui-même qui baptisait, mais ses disciples... »

 

Pourquoi cette rectification ? Cette précision ? Quel sens lui donner ?  Est-ce pour éviter qu’un baptême administré par Jésus, soit mieux et plus considéré que celui  des autres disciples ?

Ou est-ce précisément pour mettre en avant et valoriser l’action  présente  et future des disciples ?

 

v.3  « Il quitta la Judée et retourna en Galilée. »

 

L’itinéraire est tracé, on peut visualiser le parcours. Il va du Sud vers le Nord, par la route centrale, appelée route des patriarches.  Il existait 3 routes pour aller de Judée en Galilée. a) Celle de la côte, b) celle centrale, dite des patriarches, et c) celle de la vallée du Jourdain. Précisons que la route des patriarches était la plus courte à vol d’oiseau, mais c’était aussi la plus difficile à pied. C’est une route de moyenne montagne qui ne cesse de monter et descendre jusqu’au lac de Galilée. Celle de la vallée du Jourdain était souvent délaissée à cause de la chaleur et des bêtes sauvages.

  

v.4 « Or il fallait qu’il passe par la Samarie... »

 

Effectivement pour aller de Judée en Galilée, il fallait inévitablement passer  par la Samarie. Dans le texte, Il est question de passer, or Jésus va s’arrêter

La terre de Samarie était souvent évitée par les Juifs… Mais le Christ prend le chemin le plus court et bouscule les querelles historiques. (cf. Rappel : Après les conquêtes des Babyloniens et Assyriens, les Juifs de la région ont été déportés et remplacés par les colons de ces puissances conquérantes (Cf. 2 Rois 17 : 24-41) ; Cette transplantation de population a véhiculé des pratiques religieuses idolâtres. Pour les instruire dans la connaissance de Yahvé, le roi Salmanasar d’Assyrie dépêcha un prêtre juif pour les instruire. Tout en acceptant la loi de Moïse, ils conservèrent leurs coutumes idolâtres et leurs images. Lors de la reconstruction du temple sous Zorobabel, les juifs pieux écartèrent les Samaritains de cette entreprise (Cf. Esdras 4 : 2). L’hostilité des juifs daterait de cette époque. En conséquence les Samaritains établirent leurs propres cultes. Sous la conduite de Manassé, fils de Yoyada, grand-prêtre banni, (Cf. Néhémie 13 : 28) ils édifièrent un lieu de culte sur le mont garizim. De nos jours les Samaritains continuent chaque sabbat à se retrouver sur ce mont. Ils disent que c’est là qu’Abraham a  sacrifié son fils Isaac sur l’ordre de Dieu).

 

Les préjugés vieux de plusieurs siècles n’ont pas lieu d’être pour le Seigneur !

Son positionnement peut-il avoir une correspondance avec nous aujourd’hui ? Faut-il passer ou s’arrêter ?

 

v.5 et v.6a « Il arrive donc dans une ville de Samarie nommée Sychar, près du champ que Jacob avait donné à Joseph, son fils. Là se trouvait la source de Jacob. »

 

Le récit situe le lieu de la scène : Sychar, probablement l’ancienne Sichem, aujourd’hui Naplouse, placée entre les monts Ebal et Garizim. On nous informe que ce lieu est chargé d’une histoire, mais quelle histoire ? 

Observons qu’autour des puits, quelques belles histoires d’amour se sont nouées. C’est en effet à un puits que Rebecca fut choisie comme épouse à Isaac (cf. Genèse 24 : 12-19,63-67). Ce fut aussi près d’un puits que Jacob aima Rachel  (cf. Genèse 29 : 9-10). Ce champ et cette source ont été achetés par Jacob (cf. Genèse 33 : 19-20). A cette occasion, Jacob éleva un autel qu’il appela : El-Elohé-Israël = Dieu, Dieu d’Israël ou plus vraisemblablement : Dieu est le Dieu d’Israël. Ainsi, Jacob anticipe par la foi son changement de nom. Son acte de foi est précédé d’une adoration, après avoir reçu le pardon de son frère Esaü. L’arrière-plan historique de l’acquisition de ce champ révèle donc aussi une relation d’amour entre Jacob et son Dieu. Jacob a donné ce champ à son fils. Il y a là toute la symbolique de la transmission d’un héritage plus spirituel que matériel. Que transmettons-nous à nos enfants ? Quand on parle d’héritage, pensons-nous à l’aspect matériel des choses avant tout ? 

 

Observons encore qu’il est mentionné la source de Jacob (πηγη του Ιακωβ) et non le puits, comme dans nos versions courantes. Le mot puits (Φρεαρ) apparaîtra que plus tard au v.14. (Pour constater la différence, voire encore :

Πηγη : Marc 5 : 29, Jacques 3 :11, Apocalypse 7 : 17.  Φρεαρ : Luc 14 : 5, Apocalypse 9 : 1,2)

Pourquoi cette alternance d’utilisation ?

Est-ce pour distinguer que ce puits, dont on dira qu’il est profond, ne fonctionne pas comme une citerne qui recueille l’eau ? (Selon les usages d’Orient). Veut-on accentuer le fait qu’il est vraisemblablement alimenté par une rivière profonde ou un cours d’eau vive, plus que par une nappe phréatique ?

La symbolique de la source permettrait de mieux comprendre, ce que Jésus dira au verset 14.

Pour l’expression : «  puits de Jacob donné à Joseph » (cf. Genèse 48 : 22 ; 33 :19 ; 34 : 25-27 ; Josué  24 : 32).

 

Petit détail d’actualité : ce puits fait partie des sites bibliques les plus fiables en terre sainte par le simple fait que sa situation géographique n’a pas varié. C’est un endroit émouvant. On peut constater que le puits est bien profond. Le commentaire de la N.B.S (Nouvelle Bible Segond) dit : « la tradition l’a (ce puits) identifié à une trentaine de mètres de profondeur » p.1397. (J’ai eu le bonheur de vérifier personnellement l’information.)

  

v.6b « Jésus, fatigué du voyage, s’était assis tel quel au bord de la source. C’était environ la sixième heure. »

 

Il m’est difficile de penser que ce lieu chargé d’histoire n’était point connu de Christ, et qu’il s’est assis là par hasard… Lui qui ne faisait rien sans intention, n’a-t-il pas voulu, sur le socle de ce passé, écrire une autre grande histoire d’amour ?

Jésus est fatigué du voyage… De Jérusalem à Naplouse, il y a une soixantaine de kilomètres. Compte tenu de l’heure du récit, il est peu probable que Jésus soit venu d’une seule traite de la capitale de la Judée. (Certains pensent qu’il a mis 3 jours). Même en plusieurs étapes, ce parcours vallonné (de moyennes montagnes) est fatiguant,  surtout en plein soleil. La margelle ou la simple proximité de ce puits était donc la bienvenue à une heure pareille. (6ème heure = midi). Que penser d’un Jésus fatigué assis près de cette source ?

Jésus est seul ? Etait-ce nécessaire pour une éventuelle rencontre ? Si les disciples avaient été là,  pensez-vous que la scène aurait été la même ?

Jésus est assis. Pensez-vous qu’il s’agisse d’une position d’attente ? Si oui, pensez-vous qu’il sait qu’une femme Samaritaine est en marche vers lui ? Que déduire de cette supposition ?

Est-ce que Jésus est encore en attente de notre rencontre avec lui ?   

 

v.7 «  une femme de Samarie vient  puiser de l’eau. Jésus lui dit : donne-moi à boire. »

 

On peut faire ici deux observations :

- Il s’agit d’une femme dont on ne connaît pas l’identité, mais elle fait partie du peuple des Samaritains. Pourquoi n’avoir pas donné son nom, comme généralement pour les femmes d’Israël ? Est-ce que cela a une signification ?

- Elle vient à une heure inhabituelle pour venir puiser de l’eau. (D’ordinaire, on vient puiser l’eau soit le matin, très tôt, soit le soir). Pourquoi cette femme vient-elle à cette heure-là ? 

Jésus prend l’initiative du dialogue. C’est sa première intervention. Il y en aura 7. Elles conduiront à la révélation du Messie-Sauveur. C’est tout le parcours de la conversion.

Jésus l’aborde par un questionnement en forme de provocation positive. Qu’en pensez-vous ? N’est-ce pas aussi le début d’ une possible méprise pour cette femme ? Peut-elle comprendre que cet homme s’adresse à elle ?  

Le questionnement est la méthode privilégiée du Seigneur. Pourquoi cette démarche ? Quels sont ses avantages ? Que peut-on en déduire en regard de notre témoignage au monde ?

En brisant le mur de séparation, Jésus n’a-t-il pas volontairement mis cette femme dans l’expectative ? Le Seigneur veut-il la déstabiliser ? Pourquoi provoquer cette soudaine surprise ?  

L’être humain n’est-il pas souvent pris à contre-pied par les circonstances suscitées par Dieu ? (cf. Romains 8 : 28).

Cette démarche pédagogique va perdurer avec pour unique finalité de faire émerger  le désir d’être reconnu comme le Messie-Sauveur.

Cette mise en scène n’est-elle pas porteuse d’espérance pour nos vies ?   

Le Christ est sur un territoire hostile, mais il ne s’embarrasse pas de considérations historico-religieuses. Il est au puits de Jacob. Jacob, n’est-il pas le Père des douze tribus d’Israël ? Que nous dit donc cette démarche ? Mais encore, pourquoi par cette demande insolite, prend-il le risque de l’inconvenance ? (cf.v.27). Par extension induit-elle un type de comportement face à un prochain différent de culture et d’opinions religieuses ? Que peut  nous dire la question du Christ aujourd’hui ?

Lui qui a présidé à la création de notre univers, lui qui a tout créé par sa parole (cf. Jean 1 : 1-4),  est-il demandeur par nécessité ? Au-delà du besoin physiologique, n’y aurait-il pas une autre raison à la formulation de sa demande ? La suite du récit risque d’être éclairante sur ce point. 

 

 

v.8 « Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter des vivres. »

 

Cette précision est explicative de la présence solitaire du Christ. Peut-on imaginer la scène en présence des disciples ? Il existait un important contentieux historique et spirituel entre les Juifs et les Samaritains.

La réaction suivante de la femme est significative sur ce point :

 

v.9a  « Comment toi qui, es  Juif, peux-tu me demander à boire, à moi  qui suis une  Samaritaine ? »

 

Connaissons-nous le contentieux qui opposait les Samaritains et les Juifs ? Sur quoi reposait-il ?  Quand cela s’est passé ? Un peu d’histoire : 

Il existait un important contentieux  historique et spirituel entre les Juifs et les Samaritains. L’histoire nous apprend qu’effectivement, la neuvième année du roi d’Osée, roi d’Israël à Samarie, Sargon roi d’Assyrie, prit cette région et déporta les Juifs (27.290 personnes d’après F. Vigouroux. Dict. tome 5 p. 1407) en Assyrie, en 721 av. J.C. Par stratégie politique, ses successeurs  décidèrent de transplanter des gens de son royaume, et  provenant de cinq régions différentes à Samarie à la place  des enfants d’Israël (cf. 2 Rois 17 : 3,6,24-41). Ces expatriés, transplantés là à des fins politiques, ont accumulé un double handicap : Celui d’être déracinés et celui d’être peu préparés à la vie religieuse du pays d’Israël, malgré certaines connaissances. (cf. 2 Rois 17 : 26 ). Conclusion : le roi d’Assyrie  a renvoyé un prêtre d’Israël (qui avait été emmené en captivité), pour enseigner aux Samaritains la manière de servir le Dieu du pays. (cf. 2 Rois 17 : 27). Le résultat fut une grande confusion pour ces Samaritains. Certes, ils pratiquaient leurs coutumes, vénéraient leurs propres dieux, entre autres Nergal, (Ils allèrent jusqu’à brûler leurs enfants en l’honneur d’Adrammélec et d’Anammélec), mais en plus, ils essayaient de servir, en même temps, le Dieu d’Israël (cf. 2 Rois 17 : 33 ). Ils ne reconnaissaient que  les écrits de Moïse, à l’exclusion de tous les autres écrits de l’A.T.  Toutefois, la forte inimitié semble s’être construite lors du  premier retour de l’exil vers 538 av. J.C, quand Cyrus donna  la permission de reconstruire le temple de Jérusalem.  Zorobabel et Néhémie écartèrent les Samaritains de la  reconstruction, alors qu’ils prétendaient faire partie  intégrante du peuple d’Israël et donc avoir  la nationalité israélite...

(cf. Esdras 4 : 1-4, 10,17 ; Néhémie 2 : 17-20).

 

La réaction de la femme samaritaine est donc significative sur ce point. Le dialogue paraissait impossible, mais le Christ l’a volontairement entrepris, tout en refusant de donner les raisons de sa motivation... Pour mieux saisir l’importance du mur de séparation qui existait entre ces deux peuples, le texte précise :

 

v.9b  « Les Juifs, en effet, ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains. »

 

Devant cette situation historique apparemment bloquée le Christ va de nouveau reprendre l’initiative du dialogue. Que vous inspire sa démarche sur un plan personnel ? Peut-elle nous servir d’exemple face aux divers conflits ? (socio-familio-géo-politico-religieux).

 

v.10 « Jésus lui répondit : Si tu connaissais le don de Dieu, et qui est celui qui te dit : « Donne-moi à boire », c’est toi qui le lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. »

 

Le Christ ne répond pas à la question légitime de la femme. Finement, il retourne le lien de l’offre et de la demande. Il procède par inversion ; ce qui n’est pas fait pour la rassurer...

Délaissant la querelle historique, sur quelle double argumentation, repose son  interpellation ?  Pourquoi le Christ ne répond-il pas à nos demandes comme nous l’espérons ? Tout en croyant connaître, ne sommes-nous pas dans ce même registre de méconnaissance du don de Dieu ? N’est-ce pas cela qui fausse notre relation à Dieu ?

-   Premier argument : la question de la connaissance.

-   Deuxième argument : Qui devait  être demandeur ?

Tactiquement ce renversement de situation est très fort. Que nous inspire-t-il ? Comment peut-il nous concerner ? Avons-nous suffisamment pris en compte le don de Dieu ? La démarche d’éveil, stimule la curiosité, est-ce une bonne méthode ? De quelle eau parle Jésus ? Etait-ce évident à saisir ? (cf. Jean 7 : 38-39). Eau vive : litt. vivante (cf. Jean 6 : 5). Le mot désigne une eau courante par opposition à l’eau de pluie recueillie jadis dans des citernes. Cette source souterraine suggère la symbolique de la vie. (Il y a l’eau qui tombe et l’eau qui jaillit, les deux sont dons !) Solliciter notre besoin de connaître, n’est-ce pas la meilleure pédagogie ? Qu’est-ce que Jésus veut faire  comprendre à cette femme ? Cette vie ne se trouve-t-elle qu’en Jésus ?

(cf. Jean 14 : 6 ; Colossiens 3 : 4).

 

v.11 « Seigneur, lui dit la femme, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond ; d’où aurais-tu donc cette eau vive ? »

 

Comment cela peut se faire? N’est-ce pas souvent notre question ? Comment cela est possible ? Notre foi, ne s’exprime-t-elle que si elle voit, si elle touche, si elle sent ? Ne peut-on pas dire que cette femme défie Jésus, en lui faisant remarquer qu’il n’a rien pour puiser ? Mais d’un autre côté, le quiproquo s’aggrave. Qu’est-ce qui dans le texte, nous permet de dire que la perception de cette femme évolue? Quelque chose a bougé ? (Jésus n’est plus le Juif, elle l’appelle respectueusement : Seigneur !). Mais sur quoi repose sa perplexité ? La Samaritaine ne comprend toujours pas où le Seigneur veut en venir ! Qu’est-ce qui nous indique que le passage du matériel au symbolisme spirituel s’amorce timidement ?

- Celui qui n’a apparemment rien, a pourtant tout.

Sur un  plan relationnel que vous inspire cette remarque ? Quelle est cette eau vive ? Elle l’ignore encore. Pense-t-elle qu’il s’agit de l’eau de ce puits ? Le Seigneur ne veut-il pas redonner à ce puits sa vocation première de source bouillonnante pour toute la vie ? Ce n’est certes pas pour rien, que dans le texte original grec, on parle de source, puis d’un puits profond, puis de nouveau de la source ! (cf. v. 6,11,14). Qu’en pensez-vous ?

 

v.12 « Serais-tu, toi, plus grand que Jacob, notre père, qui nous a donné ce puits et qui en a bu lui-même, ainsi que ses fils et ses troupeaux ? »

 

Dans un réflexe d’orgueil national, elle demande à Jésus s’il se croit plus grand que le patriarche Jacob. En même temps, elle doit avoir un sentiment bizarre... Qui est en fait celui qui me parle, semble dire  cette femme ? Pourquoi repart-elle sur le terrain historique ? Veut-elle démontrer ce qu’elle sait ? N’est-elle pas à son tour provocatrice, quand elle présente Jacob comme père des Samaritains, à Jésus qui est Juif ? (les Samaritains se reconnaissaient descendre de Jacob par Joseph et ses fils, Ephraïm et Manassé). Ou manifeste-t-elle sa foi dans ce qu’elle connaît de l’histoire de Jacob, comme pour se rassurer ? Est-ce aussi dire qu’elle a fait le choix d’accepter le Dieu de Jacob son ancêtre spirituel ? Si elle se présente comme fille spirituelle de Jacob, n’est-ce pas affirmer une ouverture dans sa foi ? Cette affirmation ne révèlerait-elle pas une attente profonde qu’elle ne peut encore définir ? Théologiquement que sous-tend son affirmation ? Une chose est cependant claire : le puits dont il est question est bien ce puits historique acquis par Jacob.

(cf. Sourire de l’histoire, la tradition juive appelle cette source : le puits du don)

 

v.13,14 « Jésus lui répondit : quiconque boit de cette eau aura encore soif ; celui qui boira de l’eau que, moi, je lui donnerai, celui-là n’aura jamais soif : l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira pour la vie éternelle. »

 

La non-réponse du Seigneur n’est pas faite, là encore, pour la rassurer. Elle qui voulait s’accrocher à sa certitude historique, la voilà de nouveau fragilisée. A aucun moment, le Christ semble vouloir clarifier son identité. (Dieu a agi de même  à la création : Il n’a pas ouvertement décliné son identité. C’est ses actions qui la révèlent.   Cela laisse une place à la découverte personnelle). Ici cela semble procéder de la même démarche : laisser cette femme découvrir qui Jésus est vraiment.

L’eau fait partie des besoins essentiels de la vie, mais de quelle eau parle le Seigneur ?  Tout en étant clair, le Christ ne définit toujours pas ce  qu’est cette eau. Pourquoi ? N’y a-t-il pas un déplacement du vrai besoin ? Partant d’un puits localisé, d’un endroit historique identifié, Jésus ne veut-il pas introduire une permanence hors de l’espace et du temps ? Est-ce que la Samaritaine est appelée à ce déplacement ? Le Christ n’a-t-il pas le même désir de transformer nos vies stagnantes en source bondissante et jaillissantes ? N’a-t-il pas voulu donner la priorité dans nos relations à une réalité plus intérieure et plus personnelle ? Quelle est belle cette grande intention de Dieu !   Ne nous révèle-t-elle pas son sublime projet de salut ?  Après avoir été couvert d’eau, immergé lors de notre baptême nous voici invités, à travers cette femme, à être remplis intérieurement par cette source de vie.  Les 2  symboles du don : l’eau qui tombe et recouvre et celle qui jaillit de l’intérieur, sont là représentés.  Mais deux mots ont dû l’impressionner : vie éternelle. Le projet est pour maintenant et pour toujours (jusque dans la vie éternelle). Il n’y a qu’une condition : accueillir cette grâce. Et c’est précisément ce que va faire cette Samaritaine. Cette déclaration nous invite à une réflexion sur notre vrai besoin dans l’espace et le temps. Dans l’espace : y a-t-il un endroit quelque part qui réponde à mon vrai besoin ? Dans le temps : est-ce que je veux être dans la permanence de satisfaction de mon vrai besoin ? Ne suis-je pas amené, comme la Samaritaine, à me centrer sur la proposition du Christ touchant le partout et le toujours de mon besoin ? Que dire du passage du puits à la source ? (de ce que je puise, à ce que je donne !) Passage du matériel au spirituel ? Le temps fort de notre vie n’est-il pas l’accession, dans la relation à Dieu et au prochain, à l’autonomie du don dans sa permanence ? Autrement dit, passer du encore soif, à plus jamais soif !

 

v.15 « La femme lui dit : Seigneur, donne-moi cette eau-là, pour que je n’aie plus soif et que je n’aie plus  à venir puiser ici. »

 

La femme baisse sa garde et s’ouvre... C’est le passage du questionnement et de l’étalage de son savoir, à la demande intime et dormante qui jaillit de son cœur.

Est-ce que cette demande est un acte de foi ? Si oui, pourquoi ? Est-ce à dire qu’elle a identifié son vrai besoin ? Cette expression  «  pour que je n’ai plus soif » définit-elle une attente secrète et profonde : celle d’être comblée ?  Le Christ n’a-t-il pas voulu, en formulant sa demande au départ du dialogue, permettre à la Samaritaine de découvrir et  d’identifier son propre et vrai besoin, sa grande soif de vie ? Est-ce que l’objectif pédagogique du Christ est à ce moment atteint ?  N’y a-t-il pas dans nos vies un désir non identifié qui ne demande qu’à être réellement comblé ?

La voici conquise et prête à accueillir ce que le Seigneur lui propose. Mais il aura fallu que ce soit ses mots, sa demande, son désir, son espérance.

N’est-ce pas là ce qui fait la différence entre un  état d’esprit d’amour et un esprit sectaire ? Dans un partage, ne faut-il pas être plus attentif à la formulation de notre interlocuteur, plutôt que d’être empressé à faire reconnaître notre lecture des faits en imposant plus ou moins habilement nos convictions ? (cf. Prosélytisme ? Témoignage ? Partage ?)

La femme par cette demande n’a-t-elle pas démontré  que toutes ses certitudes antérieures ne la satisfaisaient pas ? Plus encore n’était-ce pas la reconnaissance d’un manque essentiel  dans sa vie ? Quand le quotidien fait grandir en nous cette insatisfaction, ne faut-il puiser ailleurs en profondeur ?

Ne faut-il pas oser un choix libre pour rencontrer authentiquement le Prince de la vie ?

Notons que le Seigneur ne s’est pas embourbé dans une explication très métaphysique de cette eau vive. Il a fait simple et direct.

Le récit aurait pu s’arrêter là! Mais, oh surprise ! Il y a la quatrième intervention du Seigneur.  Elle paraît insolite, voire malheureuse et pourtant !

 

v.16  « va, lui dit Jésus, appelle ton mari, et viens ici. »

 

Cette  phrase va peser lourd  dans cet entretien. Elle dérange et nous force à chercher l’intention du Seigneur. Non, elle n’est pas anachronique. Elle a tout son sens, dès  lors que l’on se place en situation de relation. La transparence honnête et vraie, face à Jésus, devient incontournable. Dès lors, fallait-il que cette femme explicite son problème, sa difficulté majeure ? Sa vie privée pouvait-elle l’être aussi pour le Seigneur ? Pourquoi Jésus met le doigt là où cela fait mal ? Pourquoi cette interpellation met le comble à son insécurité ?

 

Mais, après tout, ces mots de Jésus, ne sont-ils pas aussi une main tendue, une perche à saisir, pour aller vraiment plus loin dans sa quête spirituelle. Ne convenait-il pas de pouvoir identifier clairement la difficulté, mettre des mots justes, pour que la relation soit féconde ? Qu’en est-il de nous, quand nous voulons bien répondre positivement à un salut gratuit en Jésus-Christ ? Veut-on ne rien perdre ? Laisser en suspens quelque chose de caché ? Ne rien changer à nos habitudes ? Refuser d’expérimenter une sincère repentance ? Etait-il  possible au Seigneur d’aller plus loin dans ce partage, sans sa réponse ? N’en est-il pas de même pour nos vies ?

 

v.17, 18 « La femme répondit : Je n’ai point un mari. Jésus lui dit : Tu as eu raison de dire : Je n’ai point de mari. Car tu as eu cinq maris, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari. En cela tu as dit vrai. »

 

Le Christ avec amour lui montre que rien n’échappe à son regard et qu’il connaît bien sa situation. Croyez-vous qu’il en soit de même pour nous ?

C’est seulement maintenant que l’on comprend pourquoi cette femme ne désirait voir personne en plein midi à cette source. Elle a un problème, certainement connu dans son propre village... 

Ces cinq maris sont décédés ?  Sont-ils partis ? On ne le sait pas, mais on le suppose, compte tenu de la suite de la phrase.

Ce qui demeure est une relation non reconnue, non conjugale. Etait-elle arrivée là, par dépit, par souffrance, ou tout simplement ne supportant pas la solitude? C’est difficile à dire !

(Rappel : il y a réalité de mariage devant Dieu, quand il y a réalité de l’amour et quand cet amour est reconnu par les familles. Bien plus tard, les sociétés religieuses et civiles fonctionneront par la suite comme témoins).

 

Le plus extraordinaire n’est pas ce que dit cette femme, mais ce que dit Jésus ou plutôt ce qu’il ne dit pas.

Il ne la blâme pas, Il ne la réprime même pas, Il ne la juge pas, il ne la condamne pas non plus ! Il ne lui dit pas : «  va chercher cet homme et après on verra ! Autrement dit, mets d’abord ta vie en ordre et puis, reviens me voir ! » Rien de tout cela... Cela force la réflexion !

Il va utiliser dans la réponse défensive de cette femme la toute petite parcelle de vérité énoncée, pour la faire grandir, la rétablir dans sa dignité de femme, la repositionner sur un autre chemin de vie.

En disant, «je n’ai pas un mari », elle esquivait en se protégeant. C’est dur d’avouer sa difficulté et de cibler la nature de son véritable besoin, surtout s’il est d’ordre moral ou spirituel. Qui, en dehors du Christ, aurait pu porter sur elle ce regard, c’est-à-dire, déceler cette attente d’une réelle transformation de sa vie. Qui aurait pu comprendre, que derrière  cette façade, se cachait un cœur qui ne demandait qu’à  s’ouvrir ? Méfions-nous des apparences !

Le Christ lui a demandé d’aller chercher son mari, n’était-ce pas aussi une invitation à la clarification de sa situation ?

Qu’en est-il dans nos vies ? Aujourd’hui encore Jésus continue à porter ce regard d’amour, ce regard qui perce et révèle les attentes les plus surprenantes, les plus inattendues, mais aussi les plus fondamentales de notre existence. Il veut rétablir, restaurer en dignité, donner de l’espérance et du bonheur à chacun, en nous aidant à voir, ce qui, au fond de nous- mêmes, a besoin d’être clarifié et changé.  N’y a-t-il pas un double niveau de lecture ?

  • Cette  femme vit une relation affective désordonnée tout en ayant soif d’un engagement  spirituel.
  • Son histoire s’identifie à celle de son propre peuple samaritain (cf. 5 maris = 5 peuples transplantés et en souffrance en Samarie, cf. 2 Rois 17 : 24).
  • 5 maris n’ont pas su combler son besoin d’amour, pas même celui avec qui elle a maintenant une relation. (on ne sait pas si le problème vient d’elle ou des hommes qu’elle rencontre…) En fait, ces 6 personnages qui suggèrent une insatisfaction mènent au 7è, c à d, Christ. C’est le symbole de la relation parfaite. Le 7ème homme de sa vie aura été le bon. Elle illustre par son expérience le passage de l’idolâtrie (// avec les 5 peuples samaritains) à la foi véritable en Jésus son Sauveur. (Le chiffre 7 était symbole de perfection le plus souvent). Cette femme a essayé de trouver par elle-même le bonheur. Elle a tâtonné, comme nous le faisons souvent. Et puis, ce fut cette belle rencontre avec l’homme de sa vie. Jésus lui ouvre un espace de liberté et de bonheur.    

Son histoire est traversée par l’histoire, elle traverse du même coup l’histoire des siens et de son peuple.

Dans nos vies n’en est-il pas aussi de même ?  Nos histoires sont aussi liées à d’autres histoires...

 

v.19-20 « Seigneur, lui dit la femme, je vois que tu es prophète. Nos pères ont adoré sur cette montagne et vous, vous affirmez que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. »

 

La femme se rend bien compte maintenant, que celui qui est en face d’elle sort de l’ordinaire. Elle ne peut encore mettre des mots, mais elle ressent très fort la force qui émane de sa présence.

Il est toutefois surprenant d’entendre cette déclaration ! Au moment même où Jésus met le doigt sur son problème, la voilà qui esquive pour entraîner le Seigneur dans un débat historico-théologique. C’est surprenant, mais compréhensible… Après avoir été touchée par la grâce et identifié Jésus comme un prophète, elle ne tient pas à ce qu’il s’attarde sur sa vie.

 

En fait, c’est une protection contre une réelle souffrance. Chacun d’entre nous peut se retrouver dans cette démarche !

 

Remarquons, elle n’invente pas, le débat historique est réel,

(Les Samaritains célébraient bien leur culte sur le mont Garizim,  Deutéronomes 11 : 29 ; 27 : 12) mais ce n’est pas l’objet de l’entretien. Le Christ veut s’attarder sur  quelque chose de plus solennel : son salut et celui de sa nation.

Notons toutefois la progression dans les réactions de cette femme : Elle a appelé Jésus : Juif, Seigneur et là, prophète. N’est-ce pas une reconnaissance tacite que l’esprit de Dieu était à l’œuvre dans son cœur ?

 

v.21-24 «  Jésus lui dit : femme, crois-moi, l’heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père. Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le  salut vient des Juifs. Mais l’heure vient - c’est  maintenant- où les vrais adorateurs adoreront  le Père en esprit et en vérité ; car tels sont  les adorateurs que le Père cherche. Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité. » 

    

Quelle révélation ! Le Seigneur lui a ôté sa dernière certitude. Elle ne peut plus construire son salut en fonction de ce qu’elle sait...Tout s’écroule pour elle... La tension en forme de provocation positive, la dépossède de tout son savoir et la confond. Elle attend maintenant la suite avec avidité. C’est comme si son processus vital était en question. 

Jésus va  couper court encore une fois, de façon magistrale, en renvoyant les protagonistes, dos à dos. Il n’entre donc pas dans un débat historique stérile, Il veut aller à  l’essentiel. L’heure vient : l’attente messianique a créé une atmosphère propice à la vraie adoration. Un petit nombre autour de Jésus le ressent. Oui ! L’heure du renouveau a sonné. Désormais, il n’est plus question de chercher le Père en un lieu précis, soit sur le mont Garizim, soit à Jérusalem. (On pourrait rajouter aujourd’hui : pas plus à Constantinople, Rome, Lourdes, Fatima, Katmandou, Bénarès, La Mecque etc.)

 

Le Père est partout et on peut l’adorer sincèrement partout. Quelle révolution !

 

Pour maintenir son intérêt et éviter une dispersion, Jésus va utiliser pédagogiquement un double effet.

 

Le Christ profite de l’ esquive de la femme pour à la fois,  la mettre à  l’épreuve, et en même temps, lui révéler ce qu’Il n’a encore jamais dit à personne, pas même à ses disciples. Par-là, il montrera clairement l’universalité du salut... En soulignant l’ignorance historique de la Samaritaine, le Seigneur ne la déracine-t-il pas ? Son amour-propre n’est-il pas touché, elle qui croyait savoir ? «  Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. ».  Il faut, assurément l’encaisser cette phrase quand on est Samaritain !  Pour casser le dialogue il n’y avait pas mieux ! Ou elle s’humiliait, ou elle repartait furieuse... La pédagogie de l’amour au risque de la rupture, quel challenge ! Il déconstruit, pour reconstruire, différemment, et avec nous. Ce processus d’humiliation qu’elle avait contourné tout à l’heure, devient maintenant un passage obligé. Les esquives de nos vies n’ont qu’un temps… Devant un face à face avec le Seigneur, Il faut soit se remettre en question, soit prendre le risque énorme de briser la relation. Autant dire, refuser un avenir. S’humilier n’est pas facile, mais n’est-ce pas le résultat de l’action de l’esprit en nous avec l’assentiment de notre volonté ? Le salut vient des Juifs, car Dieu avait choisi de donner par eux, le salut au monde (cf. Romains 9 :4,5 ; 11 : 25,26 ; 3 : 1-3 ; Esaïe 2 : 1-3).

 

Adorer en esprit et en vérité.

 « Elle (l’adoration) n’est déterminée par aucune  circonstance de lieux, de temps, d’actes ou de cérémonies extérieures, toutes choses qui n’ont aucune vertu en  elles-mêmes » (cf. Bible annotée, NT2 Jean, Actes, p.100).

Cette adoration suppose la réception de l’amour de Dieu  dans le cœur et une réponse vraie et authentique. Elle peut se vivre seule ou en groupe (cf. 1 Jean 3 : 18 ; Romains 8 : 14-16, 26, 27).

Le Père cherche (trad. litt. du verbe grec) de  tel adorateur, il est en demande de relation... C’est peut-être pour cette raison que le Christ présente Dieu comme un père, et non comme un être transcendant et omnipotent. La quête de l’esprit dans la relation avec Dieu, est le parcours le plus exigeant qui soit. Elle nous force, à chaque pas, à nous poser la question de la motivation de  nos actions ; autrement dit, elle pose le pourquoi de tous nos faits ?

A vrai dire, ce n’est pas ce que nous faisons qui a de l’importance, mais ce qui est en amont de nos actes, dans notre pensée. Cette vérité-là, ne doit-elle pas être au cœur de la  démarche des véritables adorateurs de Dieu ?

 

V.25 « La femme lui dit : Je sais que le Messie viendra, lui, il nous annoncera tout. »

 

Il est évident que la Samaritaine est vivement intéressée par l’enseignement du Seigneur. Alors, elle va mettre en évidence ce qu’elle sait. Mais quelle audace ! Alors que le Christ vient de lui expliquer qu’elle ne connaît pas, qu’elle ne sait pas (v. 10, 22).  En fait, on peut aisément comprendre que face à ce Christ déroutant, il ne restait plus à cette femme, qu’à se cramponner au peu qu’elle savait.

Cela avait l’avantage de permettre à sa foi de donner sa pleine mesure. Nicodème face à Jésus fera de même ! De surcroît, ce qu’elle sait est important. Elle a la conviction maintenant que son espérance en un libérateur est fondée. Les Samaritains trouvaient dans le Pentateuque le fondement de cette espérance (cf. Genèse15 : 1-6 ; 49 : 10 ; Deutéronomes 18 : 15).

« Si le nom même de Messie (dont la traduction qui est appelé Christ appartient à l’évangéliste) ne se trouve pas dans ces passages, les Samaritains pouvaient parfaitement l’avoir reçu des juifs ». Bible annotée, idem, p.100 

Elle dit donc, d’une façon touchante, ce qu’elle attend ardemment, sans complexe, certainement  avec courage. N’est-ce pas un exemple à suivre ?

« Il nous annoncera tout. » Elle attend un Messie-Prophète et en cela, elle se démarque de la pensée juive qui attendait un Messie-Roi. Cette distinction est intéressante, car d’un côté les Juifs attendaient un pouvoir politique, alors qu’elle semble opter pour une nouvelle révélation  spirituelle.

   

v.26 «  Jésus lui dit : Je le suis moi qui te parle.  »

Litt.  Moi je suis, le parlant à toi.

Quel Choc ! Quelle émotion ! Elle est en présence de Celui par qui toutes choses ont été faites. (cf. Jean 1 : 1-3 )

L’auteur de la création de l’univers est là, devant elle. Il est le grand JE SUIS des origines de l’histoire des  humains. Elle, qui se croyait peut-être déchue de la grâce, marginalisée (n’étant pas fille d’Israël) la voilà  comblée, transformée, transportée. Le salut est entré aujourd’hui, non pas dans sa maison comme pour Zachée (cf. Luc 19 : 9), mais dans son cœur. Comme pour Zachée, elle a dû comprendre :

 « Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. » Luc 19 : 10

Désormais, dans sa vie il y aura un avant et un après cette révélation  du merveilleux «  JE SUIS ». 

A partir de cet instant, c’est une autre femme qui vit et se révèle. 

Quelle va être sa première réaction, son premier geste ? Nous allons les découvrir. Mais avant, rappelons-nous d’abord que cette histoire nous parle d’espoir et d’amour. Personne n’est disqualifié dans la réception du salut.

Il n’appartient qu’à nous, de nous humilier et de nous repentir, afin d’accueillir dans notre cœur cette merveilleuse libération. La décision nous appartient totalement.

 

On observe que par 7 interventions précises Jésus a atteint l’objectif qu’il s’était donné dans cette rencontre. Quelle pédagogie ! (re-pointez les 7 interventions). Ne pensez-vous pas  qu’en se présentant comme « JE SUIS », la cohérence entre les alliances (ancienne et nouvelle) est parfaite ? Il n’y a donc pas d’opposition entre l’Ancien et le Nouveau Testament concernant le plan du salut universel…

 

 

v.27 « Là-dessus arrivèrent ses disciples, qui s’étonnaient de le voir parler à une femme. Toutefois aucun ne dit : « que cherches-tu ? » ou : « de quoi parles-tu avec elle ? »

 

Notre analyse du verset 7 se trouve confirmée. Nous avions parlé du risque de l’inconvenance : Jésus est seul avec cette femme… Là, l’étonnement des disciples est aussi significatif.

(Il faut se rappeler que les rabbins de l’époque considéraient la femme comme inapte à toute instruction. Même un mari ne pouvait avoir de longs entretiens avec sa propre épouse. A fortiori quand il s’agissait d’une étrangère !)

 

L’attitude du Christ est révolutionnaire pour son temps. Il va réhabiliter la femme et lui rendre sa dignité. Elle occupe dans la vie de Christ une place importante. L’apôtre Paul l’a bien compris ainsi, (cf. 1 Corinthiens 11 : 11,12 ; Galates 3 : 28) même si quelques traces résiduelles de la position rabbinique sont demeurées longtemps (cf. 1 Timothée 2 : 11,12). Par respect pour leur maître, les disciples n’ont rien dit, mais l’humour du narrateur est de mettre en mots ce qu’ils n’ont osé formuler eux-mêmes. Mon père dirait : «  mais de quoi ils se mêlent ! »

L’évangéliste, à cet instant, met en évidence le refus de dialogue des disciples pourtant proches de Jésus. Il tranche avec la réalité de la profondeur de l’entretien de Jésus avec cette femme étrangère. Mais, le dialogue va bientôt reprendre avec leur maître, car ils doivent se dirent qu’ils n’ont pas été à la ville acheter des vivres pour rien... 

 

v.28-30 « La femme laissa donc sa jarre, s’en alla dans la ville et dit aux gens : Venez voir ! Il y a là un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait ! Serait-ce le Christ ? Ils sortirent de la ville pour venir à lui. »

 

L’arrivée des disciples semble avoir coupé court l’entretien... Mais l’essentiel semble avoir été dit et la découverte fondamentale a bien eu lieu. La Samaritaine part donc rapidement, moins parce que les disciples arrivent, que parce qu’elle est empressée de transmettre son bonheur. Elle laisse sa cruche. Est-ce que ce geste est, d’après vous, volontaire ? Quelle signification lui donnez-vous ? Ne pouvait-elle pas tout concilier ? (reprendre sa jarre) Ou est-ce pour nous dire, que ce qu’elle était venue chercher est moins important que ce qu’elle a trouvé ?  Elle n’a plus besoin de remplir, elle est remplie d’une joie indicible, d’un bonheur réel. Elle avait soif d’un désir qu’elle n’arrivait pas à étancher, et le Christ l’a transformée en source jaillissante et bouillonnante pour les siens.

« Venez voir ! » Quelle merveilleuse attitude ! Le texte ne dit pas : « écoutez-moi »... Son témoignage est superbe. L’attention est moins dirigée sur elle que sur son sauveur. Elle n’impose pas sa découverte, elle invite les gens de sa ville à se faire une opinion personnelle. Qu’est-ce qui dans le texte appuie cette interprétation ? Pourquoi son témoignage est à son tour empreint d’une démarche pédagogique. Laquelle d’après vous ?

« Un homme » : que ce serait-il passé, si elle avait dit : un Juif ? Sa présentation neutre, n’est-elle pas respect des siens ? Sa formulation intelligente n’induit-elle pas le refus d’empiéter sur l’espace de liberté de ses concitoyens ?  Ne facilite-t-elle pas l’abandon des a priori, le bannissement des barrières culturelles, religieuses, nationales (on pourrait rajouter raciales de nos jours !).

« Il m’a dit tout ce que j’ai fait ». Cette phrase laisse supposer que ce qu’elle avait fait, ou faisait, était connu... Sinon, le témoignage tomberait à plat ! D’autre part, il faut savoir qu’une telle situation en Israël était passible de lapidation (cf. Lévitique 20 : 10 ; Deutéronome 22 : 22-24 ). En était-il de même chez les Samaritains ?

Certainement, puisqu’ils reconnaissaient l’inspiration et la validité du Pentateuque, mais nous n’avons aucun document, à ma connaissance, qui l’atteste. De toutes façons, quel qu’ait été le risque, elle était prête à le courir tellement son bonheur était intense. Au minimum, cette phrase n’éveillait-elle pas la curiosité de ceux qui ne savaient pas ? Une chose semble certaine, elle était prête à faire face à toute éventualité. Quelle transformation ! Tout à l’heure,  vers midi, elle venait à ce puits, espérant ne rencontrer personne, et maintenant, c’est elle qui va vers les siens. Cette attitude n’est-elle pas la démonstration de la vraie conversion ?

 

Avant de connaître Christ, elle était repliée sur elle-même, empêtrée dans son problème et fuyant le regard des autres, et maintenant la voilà libérée, ouverte, et prête à partager son bonheur avec tous les habitant de son village.

 

N’est-ce pas là la force et la beauté de la puissance de l’enseignement du Christ ?  Changer l’humain de l’intérieur ! Le rendre heureux ici et maintenant sans attendre ce qui adviendra plus tard !
Combien de chrétiens traînent leur misère en attendant le paradis, alors que les bienfaits de la relation à Christ s’inscrivent et se conjuguent au présent ! 

 

« Serait-ce le Christ ? » (litt. « Celui-ci est-il peut-être le Christ ? », c’est encore plus fort me semble-t-il comme expression). D’après vous, est-ce qu’elle en doutait ? Mais alors, Quelle maîtrise ! Elle n’impose pas sa découverte, elle favorise celle des autres... N’est-ce pas là le vrai témoignage, la meilleure évangélisation ? Le vrai partage de spiritualité ? (En restant dans le questionnement on n’agresse jamais.)

« Ils sortirent de la ville pour venir à lui. »

Est-ce que l’empressement de la Samaritaine a été communicatif ? Le temps des verbes grecs le laisse supposer : sortirent et venaient, traduisent un allant dans le mouvement. L’envie et la curiosité sont trop fortes. Symboliquement n’est-ce pas le propre d’une bonne démarche quand on est en recherche ?

Ne faut-il pas sortir de son périmètre de confinement, en d’autres termes, sortir de soi-même, pour aller vers un ailleurs, vers Christ et lui seul, sans intermédiaire de préférence ?

Osons sortir et rendons-nous compte par nous-mêmes de l’importance de rencontrer Christ personnellement !  

  

v.31-38 « Pendant ce temps, les disciples lui disaient : Rabbi, mange ! Mais il leur dit : Moi, j’ai à manger une nourriture que, vous, vous ne connaissez pas. Les disciples se disaient donc les uns aux autres : Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? Jésus leur dit : Ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. Ne dites- vous pas, vous, qu’il y a encore quatre mois jusqu’à ce que vienne la moisson ? Eh bien, je vous le dis, levez les yeux et regardez les champs : ils sont blancs pour la  moisson. Déjà le moissonneur reçoit un salaire et recueille du fruit pour la vie éternelle, pour que le semeur et le moissonneur se réjouissent ensemble. En cela, en effet, ce qu’on dit est vrai : l’un sème l’autre moissonne. Moi, je vous ai envoyés moissonner ce qui ne vous a coûté, à vous, aucun travail ; d’autres ont travaillé, et vous, vous êtes arrivés pour recueillir le fruit de leur travail. »

 

Quel décalage entre les préoccupations certes attentionnées des disciples et le contenu du dialogue avec la Samaritaine ! Outre les questions fondamentales touchant les aspects du salut, Jésus garde toujours à l’esprit la formation de ses disciples. Faut-il donc s’étonner de cette parenthèse  dans la progression du récit concernant le témoignage de la Samaritaine ? Pas du tout. C’est au tour des disciples d’être insécurisés et décontenancés.

En quelques phrases, le Christ utilise le même procédé que précédemment avec la Samaritaine. Il  les provoque en leur disant qu’ils ne connaissent pas sa nourriture. Son objectif : les faire évoluer vers une compréhension nouvelle, comme un passage obligé : passage du visuel matériel vers le spirituel.  

Jésus reformule sa priorité, en précisant qu’il est venu dans ce monde pour faire la volonté de son père, et accomplir son œuvre. A cet instant, le Seigneur veut leur faire comprendre le cœur de sa mission universelle. Il ne veut pas qu’ils passent à côté de cette grande révélation pour eux. Bientôt, ils seront appelés à la faire connaître au monde. Malgré leurs difficultés à pénétrer l’essentiel, le Seigneur n’est pas rebuté dans son projet de formation; il va développer, illustrer, forcer la réflexion. Sa patience est sans égale, et dire qu’il fait de même pour nous !

La parabole de la moisson n’exprimait–t-elle pas une vérité pour ce territoire de la Samarie ?

Levez les yeux et regardez les champs : Ils sont blancs pour la moisson. Pour toute vie n’y a-t-il pas un moment propice pour la moisson ?

Pourquoi apparemment les disciples ont eu du mal à voir ce qui était mûr, donc parvenu à maturité ?

« Faire la volonté de celui qui m’a envoyé et accomplir son œuvre. »

 

- Faire la volonté de Dieu : concrètement ici, c’est permettre à cette femme d’accueillir le salut en Jésus-Christ. C’est aussi permettre aux Samaritains, qui sont en marche pour le rencontrer, de faire de même. Faire la volonté de Dieu, d’après ce récit, se traduit dans l’acceptation et le partage de la bonne nouvelle du  salut en Jésus-Christ. Cela sous-entend de ne pas garder pour soi ce que Dieu a déposé en nous. L’exemple de la Samaritaine est caractéristique sur ce point. Toute la question est de savoir si nous avons ce comportement naturel et simple avec notre prochain ! Le verbe faire n’a de sens qu’en regard du mot volonté. Autrement dit, si nous n’avons  pas la volonté de faire, nous ne  pouvons rien transmettre.  Avons-nous réellement la volonté de partager la joie et le  bonheur que Dieu a déposés dans nos cœurs ? (La notion du salut n’est pas une abstraction métaphysique).

- Accomplir son œuvre : le sens du verbe grec et sa définition indiquent que c’est une action qui commence et ne s’arrête  qu’à son achèvement.

L’œuvre de Dieu sera menée à son terme par Jésus-Christ vis-à-vis de la Samaritaine et des Samaritains. L’exemple est donné aux disciples. Ne nous concerne-t-il pas aussi ? (cf. 1 Thessaloniciens 5 : 23-24). Mais ne nous trompons pas, cela relèvera toujours de l’action de Dieu en nous ! Il n’y a aucune raison de nous attribuer un quelconque mérite !  Tout don n’est que pur cadeau venant de Dieu ! Nous ne  faisons que transmettre ce qui nous a été donné  (cf. Ephésiens 2 : 8-10).

Vient ensuite l’image de la moisson.  Elle  illustre  parfaitement les observations faites précédemment. Jésus stimule l’observation de la nature : la moisson ne sera prête que dans quatre mois. Et pourtant, il déclare que tout est blanc et prêt pour la moisson ! Pourquoi ?
En disant cela, les disciples devaient certainement voir arriver les Samaritains vers le puits. Jésus est coutumier du fait, ce qu’il dit, trouve souvent, dans les évangiles, une application pratique dans les évènements qui suivent. Un peu plus tard, il énoncera ce principe plus clairement (cf. Jean 13 : 19 ; 14 : 29).

 

« Celui qui moissonne reçoit un salaire et recueille du fruit pour la vie éternelle ».

Le et  a un sens explicatif, il éclaire la portée spirituelle de cette parabole. Autrement dit, ce travail accompli par procuration donnée par le Christ à ses disciples, a une portée éternelle. Cette moisson  relève d’une compréhension spirituelle : Tout part de Dieu et tout revient à Dieu. Contrairement au cycle naturel de la moisson, point n’est besoin d’attendre 4 mois, elle est déjà mûre : les Samaritains ne sont-ils pas en route vers le Seigneur ! Tout est organisé pour que semeurs et moissonneurs soient dans la même joie. Dieu, rappelons-le, est hors du temps. Il réunit dans un même bonheur semeurs et moissonneurs (cf. Actes 8 : 5-17,25).

Dans le réel de cette parabole, le Seigneur laisse entendre qu’il est le semeur dans les cœurs de la Samaritaine, et des  Samaritains (ils arrivent...), et que les disciples seront les moissonneurs. Ensemble, cette œuvre les comblera de joie. Par-delà les disciples, chacun d’entre nous peut se sentir concerné par l’activité du semeur. L’apôtre Paul rappelle :

«  Ne vous égarez pas : on ne se moque pas de Dieu. Ce qu’un homme aura semé, c’est aussi ce qu’il moissonnera... » Galates 6 : 7-10

 

Certes, le rôle de semeur est parfois ingrat, Jésus en sait quelque chose, mais c’est un acte de foi et de confiance dans l’avenir. Ce sont ces valeurs qui triompheront malgré toutes les difficultés et aléas de la vie (cf. Psaume 126 :3-6). La joie du semeur est portée par l’espérance qu’elle procure !

Bientôt en Samarie les disciples auront à assumer la joyeuse tâche des moissonneurs.

V.37 confirme ce fait.

Si, sur un plan personnel, on ne récolte que ce que l’on sème, sur un plan plus général, chacun dans l’œuvre de Dieu a une place, en un temps précis. L’important est de réaliser ce à quoi nous sommes appelés, avec fidélité, sachant que d’autres poursuivront cette action positive pour le monde. Mais tout est rassemblé en gerbes par l’action de Dieu. Si nous avons la joie de participer à cette œuvre, sachons toutefois, que la finalité du plan d’amour de Dieu pour notre humanité, s’accomplira avec ou sans nous.

 

V.38 Tout vient de Dieu et tout revient à Dieu.

(cf. 1 Corinthiens 3 : 5-11)

La semence de la vie éternelle n’aurait jamais pu lever si le Christ n’était venu la semer. La diversité des moyens que Dieu utilise pour le bien  du plus grand nombre,  n’est-il pas une preuve de son amour pour nous ?

« D’autres ont travaillé, et vous êtes entrés dans leur travail.  »   Sommes-nous, nous-mêmes, entrés dans cette action programmée par Dieu ?

Est-ce que cette semence de l’espérance chrétienne a germé dans nos cœurs ? Ne pensez-vous pas que  le récit est moins une histoire à raconter qu’une expérience personnelle à vivre ?

 

V.39 « Beaucoup de Samaritains de cette ville-là mirent leur foi en lui à cause de la parole de cette femme  qui rendait ce témoignage : Il m’a dit tout ce que j’ai fait. »

 

Le récit reprend, comme pour actualiser ce que le Seigneur vient de dire à ses disciples. Il démontre la valeur et la puissance d’un témoignage personnel, vécu dans l’authenticité. Les Samaritains sont en marche, uniquement, parce qu’ils ont entendu  cette femme confesser publiquement ce qu’ils connaissaient   déjà de sa vie privée. Il fallait que ce soit fort, pour qu’ils aient le désir de se rendre compte par eux-mêmes, du bien-fondé de sa déclaration. Pourquoi avons-nous tant de pudeur à affirmer nos convictions ? Notre part n’est-elle pas de témoigner ? Lisons avec attention ce qui est écrit à ce sujet : Matthieu 10 : 32, Romains 10 : 9-10, Philippiens 2 :9-11, Actes 19 :18, 1 Jean 4 : 14-16.

 

Encore faut-il laisser chacun faire sa route Il convient de vérifier par soi-même, le bien-fondé de nos déclarations et la valeur de notre témoignage ! Un aspect parait aussi intéressant à relever. Cette Samaritaine n’a plus été dans la crainte de son vécu, dès lors que sa rencontre avec le Christ a été vraie.

Ne pensez-vous qu’une partie de nos peurs seraient évacuées, si nous avions le désir d’une clarification de nos vécus face au Christ ? Si l’expérience a été libératrice pour la Samaritaine, pourquoi ne le serait-elle pas pour nous ?

 

V.40 « Aussi, quand les Samaritains vinrent à lui, ils lui  demandèrent de demeurer auprès d’eux ; et il demeura là deux jours. »

 

Les Samaritains ne se sont pas contentés d’entendre la confession de la femme, ils ont entrepris une démarche. (On peut très bien être dans la satisfaction jouissive de l’écoute de la parole libératrice de Dieu, mais si on ne dépasse pas ce stade émotionnel pour prendre la décision d’un changement, le bienfait aura la vie d’un instantané). La démarche qui consiste à voir et à entendre la parole de Christ personnellement est signe d’avancée dans la foi.

Le Seigneur a répondu à leur attente. Il leur a consacré 2 jours. C’est dommage que nous n’ayons pas les enregistrements de son enseignement ! Mais qu’importe, si le Seigneur a donné une suite heureuse à leur demande, ne pensez-vous pas qu’il désire faire de même pour nous, si nous faisons la même démarche personnelle ?

 

V.41-42 « Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de sa parole ; ils disaient à la femme : ce n’est plus à cause de tes dires que  nous croyons ; car nous l’avons entendu nous-mêmes, et nous savons que c’est vraiment lui le sauveur du monde. » 

 

On peut croire par le témoignage d’un tiers, mais rien ne remplacera l’expérience personnelle !

Ce texte revêt pour nous une grande importance, car il résume les caractéristiques de la vraie connaissance des valeurs spirituelles.

Il y a dans le Nouveau Testament 2 types de connaissance :

 

  1.  La connaissance scripturaire qui révèle Christ :

L’exemple des habitants de Bérée est caractéristique à ce sujet : « Ils examinaient chaque jour les écritures pour voir si ce qu’on leur disait était exact» Actes 17 : 11

  1.  La connaissance expérimentale et relationnelle de Christ.    

Nous la trouvons exprimée ici. Elle est le résultat d’une rencontre personnelle entre le Sauveur et nous. Il y a une connaissance qui procède de l’extérieur et une autre qui ne se perçoit que par le cœur. Il est regrettable que ceux qui se reconnaissaient religieux en Israël soient passés à côté de cette découverte. La lumière est venue de ces Samaritains ! Quelle leçon pour tous ceux qui ont la prétention de tout savoir ! Il y aura des surprises ! L’apparence ne garantit pas la  réalité, à nous de tirer profit de ce récit.

La foi se nourrit de cette conviction que le Seigneur est vraiment le Sauveur du monde, donc notre Sauveur. C’est vraiment lui : l’adverbe dans le texte grec est  important. Il assied une réalité qui est aux antipodes de  la foi du charbonnier. Les Samaritains ont eu raison de demander des compléments d’informations pour rendre leur foi aussi solide que le roc. L’exigence légitime dans la relation à Christ, ne peut qu’être garante d’une solidité qui résiste à l’épreuve du temps, des doutes, et des  embruns de la vie.  Invitons-nous à ce type de connaissance qui fait de la relation à Christ un chemin de paix et de vrai bonheur.

Rappelons enfin que la réponse active de ces Samaritains à l’appel vibrant de cette femme, met en évidence deux aspects importants (dès lors que nous parlons du partage de la bonne nouvelle) :

  • Le témoignage de cette Samaritaine a libéré quelque part leur réponse. Du coup, saisissant cette occasion, ils ne sont pas restés dépendants de son savoir, de ses informations. En fait, elle aura simplement facilité leur désir d’en savoir plus. Dans le temps que nous vivons, cet exemple peut-être référant.
  • Ces Samaritains, à leur tour, ont dépassé le choc émotionnel pour décider de reprendre l’initiative de la rencontre avec l’homme (Messie ?).

Et cela aussi m’apparaît important, en un temps, où l’esprit moutonnier l’emporte sur la nécessité d’une réflexion personnelle.

 

Conclusion :

 

Ce récit nous interpelle, car il met en évidence les variétés de désirs dans la connaissance profonde de soi et des autres.

Contraste entre un désir fort du Christ et nos tâtonnements, entre son désir de révélation et notre ouverture timide, frileuse, face au changement.

Ce qui nous attire est souvent ce qui nous déroute, car comme cette Samaritaine notre mal-être est souvent lancinant. Ce qui suscite envie, c’est précisément la démarche de Jésus. Elle est attractive. Il n’impose jamais sa solution, il fait tout pour qu’on la découvre par nous-mêmes, tout en nous détournant de toutes ces fausses pistes qui jalonnent nos parcours. Il veut nous repositionner, en marche sur le vrai chemin, en route vers les besoins fondamentaux de la Vie.

Les multiples tensions contenues dans ce récit, dessinent ses authentiques sentiments d’amour, et sa pédagogie nous redit inlassablement que nous avons du prix à ses yeux. Alors, accepter une déstabilisation et être  insécurisé   peut s’avérer être un mal nécessaire, que la psychanalyse, 20 siècles après, mettra en évidence.

Il faut accepter de désapprendre pour connaître vraiment. Rester camper sur ses certitudes, c’est refuser de grandir, d’admettre que la vérité peut être autre. La mission subversive de l’amour du Christ est de nous aider à briser ces verrous de la peur et de l’angoisse.

La déconstruction du savoir de la Samaritaine a abouti à une découverte d’une tout autre nature. Elle était insoupçonnée. Et pourtant, plus ou moins secrètement, elle était vivement désirée à la fois.

L’ouverture à la foi passe par une remise en question profonde de notre moi, non pour enclencher un processus autodestructeur, mais tout au contraire, pour nous réapprendre à nous poser les bonnes questions, les vraies questions. En découvrant,  comme cette femme le vrai sens de la vie, on ne fait que grandir dans l’estime de soi et des autres. 

Si on ne sait plus rien ensuite du devenir de cette Samaritaine, (comme c’est souvent le cas dans les évangiles), c’est peut-être pour mieux éveiller notre désir de passer le pont qui relie cette page d’histoire à notre propre histoire. 

 

                                               Jacques Eychenne

 

  P.S : Cette présentation s’inscrit dans le cadre d’une vulgarisation simple et concrète de la parole de Christ. Elle a pour modeste objectif de donner envie d'initier une recherche plus personnelle.

                               

 

      

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

        

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

        

 

 

 

        

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

        

 

 

 

 

 

 

           
     
       
 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

        

 

 

 

 

 

 

           
     
       
 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

           
     
       
 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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