Samson: sa déroutante aventure de foi - 1ère partie

Des ténèbres à la lumière

 

Juges 13-14:17

 

1ère Partie

 

Introduction

Après la mort de Josué, le peuple d’Israël connut une longue période de déclin. Autant avec le vaillant Josué l’esprit de conquête avait prévalu, autant du temps des Juges ce ne fut que défaites et apostasies. Ces époques ont été marquées par le cycle spirituel classique : désobéissance aux recommandations de Dieu,   conséquences et désolations, repentance et retour vers Dieu, pardon de Dieu et restauration. Ne bénéficiant plus de la protection divine, Israël a été attaqué de toutes parts. Mais l’Eternel n’oublia pas les promesses faites à Abraham, Isaac et Jacob, et il suscita parmi le peuple d’Israël des libérateurs appelés Juges.

Il faut se rappeler pourquoi Dieu confia à des Juges la mission de restaurer au sein du peuple d’Israël, la confiance et l’obéissance en Yahwé, L’Eternel.

« L’Eternel suscita des juges, afin qu’ils les délivrent de la main de ceux qui les pillaient. Mais ils n’écoutèrent pas même leurs juges, car ils se prostituèrent à d’autres dieux, se prosternèrent devant eux. Ils se détournèrent promptement de la voie qu’avaient suivie leurs pères, et ils n’obéirent point comme eux aux commandements de l’Eternel. Lorsque Dieu leur suscitait des juges, l’Eternel était avec le juge, et il les délivrait de la main de leurs ennemis pendant toute la vie du juge ; car l’Eternel avait pitié de leurs gémissements contre ceux qui les opprimaient et les tourmentaient. Mais, à la mort du juge, ils se corrompaient de nouveau plus que leurs pères, en allant après d’autres dieux pour les servir et se prosterner devant eux, et ils persévéraient dans la même conduite et le même endurcissement ». (Juges 2 : 16-19)

Et cela fut encore plus manifeste, avant la naissance de Samson :                                                                                                                                                                                                                      

« Les enfants d’Israël firent ce qui déplait à l’Eternel ; et l’Eternel les livra entre les mains des Philistins, pendant 40 ans » Juges 13 :1.

Au temps des Juges (de 1400-1100 ans environ av. J.C.) les enfants d’Israël habitaient au milieu de peuples idolâtres cananéens, héthiens, amoréens, phérésiens, héviens, jébusiens et ont contracté des mariages avec eux... Le mélange eut pour conséquence l’adoration de dieux étrangers à Israël. (Baal et bien d’autres idoles, voire Juges 5 :5-7)

Les Philistins saisirent alors l’occasion pour dominer Israël pendant 40 ans (chiffre symbolique indiquant le temps de l’épreuve). En ce temps là, Dieu suscita un juge pour faire sortir son peuple de cette domination, il le libérera aussi des ténèbres de son apostasie. Cela se réalisa par le moyen du ministère, très particulier, d’un homme appelé SAMSON (L’homme du soleil).

Son parcours de foi est insolite et spectaculaire, voyons plutôt...

Développement :                                      

Sa naissance miraculeuse rappelle celle de Jésus, et plus encore celle de Jean-Baptiste. En cela cette naissance est un type de Christ, càd, une anticipation de ce qui arrivera dans le futur. En effet, un ange apparaît à la femme d’un homme nommé Manoach pour lui prédire la naissance d’un enfant, alors qu’elle était stérile. Comme souvent dans les Ecritures Saintes, c’est la foi de parents pieux qui concrétise le choix de Dieu. (Cf. Juges 13 :1-5)

L’ange visita une première fois la femme qui, complètement bouleversée, en   parla à son mari. Ce dernier confiant dans le témoignage de son épouse, pria l’Eternel, afin d’avoir des précisions sur cette naissance, et surtout savoir ce qu’il conviendrait de faire en pareille circonstance. (Cf. v. 8) Notons en passant la foi simple et profonde de ce couple uni, qui dans un désir sincère de faire au mieux, questionne le Tout-Puissant pour avoir un complément d’informations.

Un Dieu proche, qui se laisse questionné, n’est-ce pas une invitation à l’acte de foi ?

Dieu va répondre. Il envoie son ange une deuxième fois... Ce détail du texte (Cf.v.9) m’amène à dire que Dieu répond toujours à la foi, qui a pour objectif d’entrer dans l’accomplissement de sa volonté.

Cette femme, dès qu’elle revit l’ange, alla chercher son mari, pour qu’il soit témoin de l’évènement. Une fois en présence de l’ange, Manoach reprécisa sa préoccupation :

-         Que faudra-t-il observer pour le bien de l’enfant ?

-         Qu’y aura-t-il à faire précisément ? (Cf.v.12)

La réponse de l’ange est une répétition de ce qu’il avait déjà dit. Quelle est son utilité ? A-t-elle une signification ? Peut-être tout simplement démontrer que les directives de Dieu n’ont nuls besoins d’initiatives humaines. Il suffisait de suivre le mode d’emploi donné précédemment. Là aussi, cette situation peut être éclairante quand nous sommes dans l’indécision à propos de nos choix de vie. Dieu ne s’est-il pas déjà révélé ? N’avons-nous pas déjà bon nombre de réponses dans sa Parole ? Est-ce que quelque part, ne nous suffit-il pas de suivre le mode d’emploi ou les recommandations déjà exprimés par Dieu dans cette Parole ?

Mais, quand Manoach s’aperçoit qu’il s’est adressé à l’ange de l’Eternel, qui certainement avait pris forme humaine, la panique s’empare de lui. Dans sa peur il déclare : « Nous allons mourir car nous avons vu Dieu » v.22 Mais heureusement, il avait une femme de bon sens. Elle le ramena à la raison par une argumentation pleine d’à propos. (Cf.v.23)

Le texte poursuit en disant : « l’enfant grandit et l’Eternel le bénit  » v.24

Ainsi commence l’épopée fabuleuse de Samson : «  Le souffle de Yahwé commença à l’habiter » v.25

Comment le plan de Dieu va se réaliser avec Samson pour délivrer son peuple de la tutelle philistine ? C’est ce que nous allons voir maintenant...

En introduction, disons que pour tout Israélite pieux, il était hors de question de s’allier par mariage avec les peuples ennemis d’Israël. Outre le problème de la domination, il y avait une question plus importante encore : Celle qui était liée directement à la fondation de ce peuple : l’adoration du vrai Dieu.

Tous les peuples environnant Israël étaient polythéistes. Ils adoraient des idoles de différentes natures... Alors, quand Samson vint apprendre à ses parents qu’il voulait pour femme une belle philistine, ce fut la déception chez les Manoach. Et, on comprend tout à fait qu’ils aient voulu ramener à la raison ce fils au jugement égaré. Et pourtant, les faits vont démentir leur appréciation !

Comment imaginer pour des parents spirituels, ayant vécu les évènements de sa naissance, que ce choix (apparemment de leur fils) soit inspiré par Dieu ? Comment accepter, la justification de ce choix ? (Cf. Juges 14 :4) Toutes les principales versions ou traductions de la Bible sont unanimes pour dire : « Cela venait de l’Eternel ».

Quelles leçons salutaires pouvons-nous tirer du départ de ce ministère de Samson ? N’est-t-il pas provocateur comme le meurtre commis par Moise permettant au plan de Dieu de se mettre en place ? Comment comprendre que Dieu ait pu inspirer ce désir à Samson ? N’était-il pas en contradiction avec des conseils jusque là donnés par Dieu, et dont les parents se sont faits l’écho ? (Cf. v.3) De plus comment admettre que la recherche d’une dispute puisse servir le plan de Dieu ? Quelle actualisation pouvons en faire aujourd’hui ?

Plus précisément, Samson a-t-il choisi cette femme par prétexte ou parce ce qu’elle lui plaisait ? Par amour ou par calcul ? Avec sentiments ou par stratégie politique ? En ouvrant toutes ces questions, vous avez bien compris que je ne me hasarderai pas à une quelconque affirmation. La pédagogie divine est parfois déroutante... Elle nous prend souvent à revers et nous force à revoir nos copies. Je veux simplement dire que ce qui parait scandaleux, déplacé, inacceptable à nos yeux, ne l’est pas forcément pour Dieu. Ne connaissant, ni les tenants, ni les aboutissants, nous devrions nous garder de tout jugement. Seul Dieu peut en connaissance de cause, juger avec justice, équité et vérité.

Hasardons-nous toutefois à ouvrir une piste de réflexion :

Est-il déraisonnable de penser que Dieu, connaissant les fragilités humaines, se serve ou transforme celles-ci pour faire triompher le bien ? Ainsi, Dieu aurait-il tout fait concourir à la mise en place de sa stratégie globale pour vaincre le mal par le bien ? De ce fait, que Dieu utilise le coté sanguin de Moïse tuant l’égyptien d’un coup de poing, ou Samson ayant un penchant pour une belle femme idolâtre, mais très désirable, est-ce choquant ?

Si l’apôtre Paul déclare : «  Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu ... » Romains 8 : 28 ou comme d’autres manuscrits : « Dieu fait agir toutes choses ensemble pour le bien... », ne pensez-vous pas que ce tout englobe toutes nos infirmités, nos choix foireux, nos erreurs de toute nature ? N’est-il donc pas réconfortant de savoir que tout est actionné en synergie par Dieu, notre Père, pour notre bien personnel afin de nous rendre mature et en harmonie avec son grand dessein pour notre humanité ?

On serait tenté de le penser ! L’avantage de cette position nous m’amène à avoir une vision sereine de la spiritualité. Elle se place aux antipodes de tout perfectionnisme. Si Dieu m’accueille et utilise mes points forts et mes faiblesses, alors je dois développer pour moi-même une vision positive de ma vie. A savoir que tout, bon et mauvais dans mes choix, mes attitudes et mes fonctionnements, tout peut être utilisé comme des matériaux à ma construction d’adulte. Tout devient utile pour nous conduire vers plus de maturité. Et donc forcément chaque parcours ne peut qu’être différent. Quand nous prenons conscience que Dieu nous accueille tel que nous sommes, nous ne pouvons plus être dans un quelconque schéma de culpabilisation. Voilà pourquoi Dieu nous invite, chaque jour, à faire un choix libre et responsable. L’important est de considérer que Dieu intègre notre droit à l’erreur, nos mauvais choix, nos faux pas. Cela fait inévitablement partie de cet apprentissage sans lequel aucune liberté n’est vraie, ni aucun progrès possible. En fait, rares sont ceux (proportionnellement parlant) qui se complaisent vraiment dans la pratique systématique du mal.

Ainsi Samson choisit sa route...  

Une chose est claire, Samson prend cette femme pour lui, avec comme seule motivation exprimée, le désir. Elle lui plait. Aucune cérémonie ne semble être mentionnée, si ce n’est une coutume de jeunes gens de l’époque : Faire un festin pendant 7 jours pour enterrer sa vie de garçon. (Cf. Juges 14 :10)

Entre temps, on apprend que lors d’une visite de Samson à la belle philistine, sur le chemin, ce dernier a rencontré un lion, et l’a par sa force et à mains nues, mis en pièce. De retour sur ce chemin pour revoir sa belle, Samson, par curiosité, a voulu voir ce qu’était devenu le cadavre du lion. Et là, il constate qu’un essaim d’abeilles s’est installé dans le corps du lion...    

Ce fait donna une idée à Samson. A l’occasion du festin qu’il allait donner, il proposerait à tous ces jeunes gens philistins, l’énigme suivante : « De celui qui mange est sorti ce qui se mange, et du fort est sorti le doux » Juges 14 : 14

Cette circonstance exceptionnelle de cet essaim dans la gueule du lion va faire basculer le cours de sa vie. Cette énigme va être perçue comme une provocation. Au septième jour, les 30 philistins, comprenant le piège de Samson, menacèrent sa femme : « Persuade ton mari de nous expliquer l’énigme ; sinon, nous te brûlerons, toi et la maison de ton père. C’est pour nous dépouiller que vous nous avez invités n’est-ce pas ? » Juges 14 : 15

La situation de Samson est très vite devenue délicate. Sa propre femme a sûrement rapidement compris qu’elle avait été utilisée comme un prétexte. Les enjeux de sa stratégie apparurent au grand jour. Le conflit devenait incontournable. Le texte précise qu’elle pleura pendant 7 jours près de lui. (Cf.v. 17) Pourquoi pleure-t-elle ? Quelles sont les raisons de sa déception ?

-         « Tu as pour moi que de la haine... » v.16 Elle a le sentiment d’avoir été utilisée à des fins politiques. Il faut dire qu’à sa décharge, on n’est jamais très heureux quand on se sent utilisé par d’autres à des fins apparemment peu louables.

-         « Tu ne m’aimes pas.. » v.16 Il est très difficile de se prononcer sur le sujet. Le texte dit qu’elle lui plaisait... Le désir était bien là. Est-ce que le sentiment amoureux l’était aussi ? Comment pouvoir l’affirmer !

-         « Tu as proposé une énigme aux enfants de mon peuple, et tu ne me l’as point expliquée ! » v.16 Autrement dit : Tu ne m’as pas fait confiance. Là encore on peut comprendre sa position, même si elle fait partie d’un peuple qui n’a cessé de combattre Israël.

En résumé cette femme est prise en otage quelque part. Elle est l’objet d’un enjeu qui la dépasse et qui brise peut-être son rêve de femme. Peut-être a-t-elle pu penser que son union rapprocherait les deux peuples et voilà que c’est tout le contraire... Comment peut-on se retrouver dans cette femme ?

Combien de fois n’avons-nous pas été manipulés ou abusés à des fins contraires à nos souhaits ? Ces désillusions de la vie, il faut aussi savoir les gérer si on ne veut pas être amer et revanchard.

Comment Samson a-t-il justifié sa position ?

« Je n’ai expliqué l’énigme ni à mon père, ni à ma mère ; est-ce à toi que je l’expliquerais ? » v.16 Autrement dit, je ne pouvais rien te dire... Il fallait que j’assume seul ce défi, et si j’avais dû me confier, c’est d’ abord à mes parents que je l’aurais fait. Traduction= Ma confiance en toi est très limitée. (La suite du récit va lui donner raison). Saisissons cette occasion pour parler des secrets que l’on ne peut confier à personne au risque d’être incompris et sévèrement jugé. Le partage n’est-il pas toujours un risque ? Est-ce que certaines choses ne regardent que Dieu et nous ? N’avons-nous jamais été déçus en investissant trop dans la confiance en un proche ou un ami ? La prudence et la retenue ne sont-elles pas bonnes conseillères ?

Au septième jour, n’en pouvant plus, Samson confie son énigme à son épouse qui la transmet « aux enfants de son peuple »v.17 (l’expression en dit long).

Du coup Samson furieux part. L’esprit de l’Eternel le saisit. Et il tue trente hommes pour honorer le défi de l’énigme vis-à-vis des philistins. Puis il repart chez ses parents et sa femme est donnée à l’un de ses compagnons avec lequel il avait tissé des liens.

Conclusion

Le récit est incompréhensible si on ne recadre pas cette histoire dans un plan plus général. Si on le regarde sur un plan humain, on peut conclure hâtivement que c’est un fiasco sur toute la ligne. Il peut en être de même de la fin tragique de Jésus sur l’ignoble croix, lâchés par tous ses disciples...

De plus, le procédé qu’emploie Samson pour parvenir à ses fins peut-être très contestable... Alors, je vous propose de prendre en considération le postulat suivant : Dieu dans sa prescience connaît tous les aspects de l’enjeu qui oppose les forces du bien et du mal. De ce fait, il a dans sa précieuse sagesse décidé de faire concourir bien et mal, vers une issue positive, choisie depuis toujours.

Ainsi, dans le cas qui nous intéresse, Samson utilise les mêmes méthodes que ses ennemis, pour les confondre et exercer sur eux une sorte de jugement anticipé de Dieu. Ce n’est plus sur les moyens qu’il faut porter notre attention mais sur la fin. En tant que chrétiens, ne faisons-nous pas de même avec l’histoire générale de notre humanité ? Quand nous avons par la foi, les yeux dirigés vers la Parousie et la restauration d’un monde nouveau où l’amour, la justice et la paix règneront enfin définitivement ? Si l’on ne regarde que la situation présente notre foi est morte...

Cela dit, ce récit nous offre aussi l’occasion de réfléchir sur les enjeux de toutes nos relations humaines sur le thème de la confiance. Sur la difficile question de la compréhension de la volonté de Dieu pour soi et les siens. Il nous permet aussi de poser un regard bienveillant sur le questionnement des parents de Samson face aux évènements. Il en va de même sur le parcours de foi douloureux de Samson. En fait n’est-il pas un homme seul face à un destin qu’il n’a pour l’instant pas encore choisi ?   A suivre...                                          

                                                                                                  Jacques Eychenne

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