La fausse spiritualité

 

 

 

La fausse spiritualité

                                             ou

  Les contrefaçons de la foi en Dieu

Matthieu 23 : 13-36

 

 

             

 

Introduction :

 

On présente souvent la personnalité du Christ en soulignant ses qualités d’humilité et de douceur, de compassion et d’abnégation, mais a-t-on une idée du sens de sa justice ? Le Christ a manifesté du courage. Il a fait face aux syndicats religieux, aux prêtres et responsables spirituels de son temps. Sans ambages, il a dénoncé les hypocrisies, les malversations, les profits de toute nature. Il est surprenant de constater que le seigneur a invité ses auditeurs à ne pas suivre l’enseignement de ceux qui avaient la garde des Saints Livres (cf. Marc 12 :38-40).

Son positionnement de vérité mérite de retenir notre attention.

 

Développement :

 

Lire  Matthieu 23 : 13-36

Malheur ! A huit reprises, le Seigneur a fustigé le comportement des scribes et pharisiens. (Le mot malheur en grec –ουaι- est une interjection. En grammaire, l’interjection est un mot invariable, isolé, qui exprime un sentiment, une émotion, un ordre ; exemple en français : hélas ! Chut !) Cette manière pertinente d’interpeller son auditoire n’est pas un fait courant. L’intentionnalité de cette pertinence est en regard, non d’une simple méprise, mais d’une vraie trahison de la Parole donnée par Dieu. Ici, Jésus marque son grand étonnement.

Certes, le langage du Christ est toujours bienveillant et accueillant (cf. Jean  6 : 37), mais il est aussi incisif quand il s’agit de dénoncer les faux-semblants. Le but avoué est simple : nous responsabiliser, et nous aider à nous repositionner sur le bon chemin. La grâce est compatible avec l’admonestation. Paul dit même à ce sujet « Ne vous y trompez pas : on ne se moque pas de Dieu. Ce qu’un homme aura semé, il le moissonnera aussi » Galates 6 : 7.

 

Les pharisiens et les scribes avaient une grande responsabilité, ils étaient détenteurs de l’enseignement de la Parole. Malheureusement, ils ont transformé ce privilège en pouvoir de domination. Ils ont quelque part confisqué la connaissance des volontés de Dieu, en imposant leur propre volonté. Ils ont construit une interprétation des textes qu’on appelle tradition. Ils lui ont donné la priorité dans leur enseignement. Le Christ a été très clair sur leur pratique : « Vous annulez la parole de Dieu au profit de votre tradition… Ce peuple m’honore des lèvres mais son cœur est éloigné de moi, c’est en vain qu’ils m’honorent en enseignant des préceptes qui sont des commandements d’homme »  Matthieu 15 : 6, 8-9.

 

 

Aujourd’hui, croyez-vous que parmi toutes les communautés religieuses qui revendiquent la vraie connaissance de l’interprétation des Ecritures saintes, ce danger n’existe pas ? Ne trouve-t-on pas la même sincérité, la même conviction, le même souci de fidélité ? Et pourtant derrière ces apparences, les mêmes démons du pouvoir sont présents. Citons quelques signes visibles, qui nécessairement vont être critiqués par ceux qui les pratiquent, mais qu’importe !

- L’exclusion de ceux qui ne pensent pas comme leur Eglise ! (La Vérité est bien là !)

- La nécessité de faire accepter un corps de doctrine édicté par la communauté.

- Dans certains cas, l’utilisation du processus de culpabilité. (On examine la vie des gens)  

- La nécessité d’imposer des conditions au baptême, en plus de celles énoncées par Jésus. Etc. La liste n’est pas exhaustive…

Pourtant les scribes et pharisiens étaient  les plus en phase avec le peuple. Leurs actions comportaient des aspects positifs. Ils ont bien assumé la garde du dépôt de la loi. Ils n’ont pas cherché à la modifier, ils ont seulement voulu aider Dieu en rajoutant une multitude de règles et de commentaires. La simplicité des oracles divins est devenue complexe. Elle a justifié la nécessité de passer inévitablement par les responsables qui savaient ! Il est facile, quand on a un tant soit  peu de connaissances, d’inféoder l’ignorant ! Le texte de Matthieu est important parce qu’il souligne en caractère gras la mauvaise compréhension du sens de la responsabilité.

Examinons donc de plus près ces  8 malédictions prononcées par Jésus :

 

Observons en introduction que presque systématiquement dans ce texte, revient le qualificatif : hypocrite. (cf. Matthieu 23 :13) (υποκριτήσ)  en grec, c’est un acteur, un comédien. Quelqu’un qui joue un rôle.  Le verbe qui décrit cette action est (υποκρινομaι) verbe composé d’une préposition (υπο) (c’est ce qu’il y a dessous, sous, avec l’idée d’une chose qui recouvre) et d’un verbe (κρινω) dont le sens premier est séparer, distinguer, choisir, décider. C’est donc une action subtilement tordue, une feinte, un faux-semblant. On laisse croire que l’on défend l’honneur de Dieu, mais en réalité on défend seulement ses propres intérêts ou sa seule compréhension de la spiritualité. Personne ne peut se sentir à l’abri d’une telle séduction ! La confusion peut être subtile.

En fait, dans la Grèce antique (υποκρισις) l’hypocrisie était l’action de jouer un rôle, une pièce, une pantomime. C’était tout simplement du théâtre, on déclamait avec une gestuelle. A observer les milieux chrétiens dans le monde, on s’aperçoit que la situation n’a guère évolué…

Voyons donc maintenant le premier reproche adressé aux pharisiens et scribes.

 

1) « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! Parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux ; vous n’y entrez pas vous-mêmes, et vous n’y laisser pas entrer ceux qui veulent entrer » Matthieu 23 : 13.

 

. Les reproches sont graves : ceux qui étaient sensés apporter la bonne Parole, laisser libre l’accès au royaume, ont confisqué au peuple cette liberté essentielle pour asseoir leur autorité. Ces responsables spirituels semblent l’être, mais démontrent leur besoin de domination.  Ni ils veulent entrer dans le projet de Dieu, ni ils veulent laisser les autres y entrer. L’intérêt personnel prévaut. La cause commune est sacrifiée.

Comment de nos jours se sentir interpellé par ce reproche du Seigneur ?

Est-ce que ce que nous avons reçu par grâce dans nos cœurs ne devrait pas nous ouvrir au partage ? (Voire Matthieu 10 : 32  et  Romains 10 : 9).

 

2)  « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! Parce que vous dévorez les maisons des veuves, et que vous faites pour l’apparence de longues prières ; à cause de cela vous serez jugés plus sévèrement » Matthieu 23 : 1.  

Quelle  est  la nature des reproches du Seigneur :

Profiter des veuves (elles étaient souvent dans un grand dénuement, n’ayant plus d’avenir. De ce fait elles étaient très vulnérables). C’est donc une attitude ignoble qui est dépeinte par le Seigneur : profiter de gens déjà en grande précarité !

Chercher à  se faire mousser. Donner de l’importance à l’apparence. Aujourd’hui, on dirait soigner son image de marque, son look.  

Le christ a donné un exemple tout différent, dans la simplicité et la profondeur de cœur. Il a même déclaré que ceux qui se considèrent comme premiers seront derniers et vice versa (cf. Luc 13 : 30). Ailleurs, il dit encore : « vous les reconnaîtrez à leurs fruits » Matthieu 7 : 16.

Pouvons-nous là encore nous sentir concernés par de tels reproches ?

 

3)  « Malheur à vous scribes et pharisiens hypocrites ! Parce que vous courez la mer et la terre pour faire un prosélyte et quand il l’est devenu, vous en faites un fils de la géhenne deux fois plus (ou pire) que vous »  Matthieu 23 : 15.

Quels sont les griefs prononcés :

Faire du prosélytisme pour en faire un fils de la géhenne, 2 fois pire qu’eux !

Le (προσήλυτος) en grec, c’est l’étranger qui s’établit dans le pays. C’est par la suite devenu le païen qui adhère à la foi juive.

Le fanatisme religieux est ici pointé du doigt. On rejoint l’actualité brûlante. Le danger nous vient des milieux « dits religieux » avec ces embrigadements qui mènent à la mort et à la destruction.  C’est un comble quand on est responsable spirituel !

Si aujourd’hui il y a un tel rejet des religions, c’est bien à cause de cela. C’est au sein des religions que l’on observe le plus grand fanatisme, la plus forte intolérance. Au lieu de s’améliorer le pratiquant peut devenir pire !    

Comment pouvons-nous nous sentir concerné ? Quel état d’esprit nous habite ?

 

4)  « Malheur à vous conducteurs aveugles ! Qui dites : Si quelqu’un jure par le temple, ce n’est rien ; mais, si quelqu’un jure par l’or du temple, il est engagé… » Matthieu 23 :16-22.

 

Quels sont les griefs énoncés :

Vous êtes des guides aveugles. Pour ceux qui avaient la prétention d’éclairer les autres c’est terrible ! Aveuglés par leur ambition, ils veulent imposer leur interprétation !  Les situations n’ont guère variées ! Les responsables avaient mis au point des subtilités : « jurer par le temple ne sert à rien, par contre jurer par l’or du temple c’était la bonne formule ! » Mais, où est le plus important ? La signification générale du sanctuaire ou un détail ?

On retrouve dans les raisonnements, de nos jours, les mêmes approches !

A force de vouloir avoir raison et de prétendre connaître la volonté de Dieu, on entend des interprétations très fantaisistes, pour ne pas dire farfelues !  

Comment comprendre que ces reproches peuvent nous être aussi adressés ? Jurer par le temple, l’or du temple, son autel, l’offrande qui est sur l’autel du temple, par le ciel, etc.

Est-il nécessaire de jurer ? Une parole n’est-elle pas suffisante ?

 

5) « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! Parce que vous payez la dîme de la menthe, de l’aneth et du cumin, et que vous laissez ce qui est plus important dans la loi, la justice, la miséricorde et la fidélité : c’est là ce qu’il fallait pratiquer, sans négliger les autres choses. Conducteurs aveugles qui élimez le moucheron, et qui avalez le chameau » Matthieu 23 :23-24.

 

 

Quels sont les griefs énoncés :

S’acquitter scrupuleusement du secondaire pour négliger l’essentiel, le primordiale.

Payer la dîme de condiments tels que la menthe, le fenouil et le cumin, et laisser le plus important de la loi. (Litt. Le plus lourd). Qu’est-ce qui a du poids dans la loi ?

a) Le jugement, c'est-à-dire ce qui est juste.

b) La compassion, c'est-à-dire l’amour du prochain.

c) la fidélité, c'est-à-dire l’action d’avoir foi, confiance, sous entendu en Dieu l’auteur de la loi. C’est de lui que nous viennent toutes choses. La fidélité dans la dîme est l’expression de cette reconnaissance.

L’enseignement du Christ : Apprendre à viser l’essentiel avant de prendre soin du détail. En fait la question repose sur la perception de nos priorités.

A quoi sert de filtrer le moustique, si on gobe le chameau ?

Une relation bien équilibrée avec le Créateur établit des priorités. Un bon état d’esprit les accompagne. Alors, la fidélité à sa Parole ne pose plus problème.

Toutefois, n’oublions pas que ce n’est pas ce que l’on fait qui a de la valeur aux yeux de Dieu, mais c’est l’esprit qui motive nos actions. C’est bien là que l’aide de Dieu est nécessaire.

 

6) « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! Parce que vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat, et qu’au-dedans ils sont pleins de rapine et d’intempérance. Pharisiens aveugles ! Nettoie premièrement l’intérieur de la coupe et du plat, afin que l’extérieur aussi devienne net » Matthieu 23 :25-26.

 

Quels sont les griefs énoncés :

Vous purifiez l’extérieur de la coupe et de l’écuelle, mais au-dedans, elles sont pleines de rapine et d’intempérance. Elles sont pleines de rapacité et d’excès ! Le mot intempérance décrit l’absence de maîtrise de soi (cf. 1 Corinthiens 7 : 15). Le Seigneur pointe un profond déséquilibre de vie, avec des excès en tout genre. Le point pernicieux est de vouloir masquer cette réalité. Encore une fois, c’est l’apparence que l’on veut privilégier comme si on pouvait cacher quelque chose à  Dieu ! Cette insistance du Seigneur met à mal  la duplicité de l’être humain. Il désire paraître toujours mieux qu’il ne l’est.

Le christ va insister sur ce sujet.

 

7) « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! Parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis, qui paraissent beaux au dehors, et qui au-dedans, sont pleins d’ossements de morts et de toutes espèces d’impuretés. Vous de même, au dehors, vous paraissez justes aux hommes, mais, au-dedans, vous êtes pleins d’hypocrisie et d’iniquité. » Matthieu 23 :27-28.

 

Propos extrêmement sévères qui mettent en évidence le don d’observation du Seigneur. En effet, il était de coutume de blanchir les tombeaux, chaque année, avant la  Pâque pour éviter d’être impur. Tout ce qui concernait la mort relevait de l’impur (cf. Lévitique 11 :39-40 ; la mort étant la conséquence d’une rupture de relation avec Dieu dès l’Eden).

Cette interpellation du Seigneur pose le problème du décalage entre le visible et l’invisible, entre le connu et le caché, entre l’apparence de vie et une réalité de mort.

Sommes-nous concernés par ce reproche ? Sommes-nous cohérents dans nos rapports à autrui ? Est-ce que le désir de faire bonne figure, ne l’emporte pas sur le fond de nos démarches ? En d’autres termes, vivons-nous dans l’apparence de servir Dieu, ou de nous servir de Lui ? Sommes-nous avec ou sans Lui ?

                                                            

8) « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! Parce que vous bâtissez les tombeaux des prophètes et ornez les sépulcres des justes, et que vous dites : si

 

 

nous avions vécu du temps de nos pères, nous ne nous serions pas joints à eux pour répandre le sang des prophètes… Serpents, race de vipères ! Comment échapperez-vous au châtiment de la géhenne… je vous envoie des prophètes, des sages et des scribes. Vous tuerez et crucifierez les uns, vous battrez de verge les autres dans vos synagogues, et vous les persécutez de ville en ville… » Matthieu 23 : 29-30,33-34.

 

Propos d’une grande sévérité qui éclaire le combat spirituel du christ. Ces responsables prenaient grand soin des tombeaux des prophètes. Cependant leurs ancêtres les avaient  bien assassinés. Ils semblaient montrer leur désapprobation sur ses exécutions, mais leurs comportements  traduisaient le contraire. L’attitude de Saul de Tarse  (L’apôtre Paul avant sa conversion) persécutant les chrétiens jusqu’à Damas, en sera une triste illustration.

Sommes-nous concernés par la duplicité ? Faire croire, laisser entendre que, dire le contraire de ce que nous pensons ? N’est-ce pas plus simple d’assumer qui on est ? Dire la vérité !

 

Conclusion :

 

Le christ a traité les scribes et pharisiens en responsables. Il a démasqué leur méthode, leur pratique et leur volonté de paraître très pur. Observons qu’aujourd’hui les problèmes liés au fanatisme religieux émanent de gens qui se croient très purs. Ils agissent au nom de Dieu ! Ce  sont pourtant les plus dangereux !

Le critère de cohérence dans la vie spirituelle est de nos jours bien mal mené. Notre vigilance est souvent prise en défaut. Qu’en est-il de nous ? Dans nos fonctionnements quotidiens ? Voici quelques antidotes, à ces maux humains, livrés à votre réflexion :

- Ne pas se prendre au sérieux, rester simple, en aimant Dieu avec son cœur. « La connaissance enfle mais l’amour édifie » 1 corinthiens 8 : 1.

 - Refuser d’entrer en situation de domination et de pouvoir. Rester dans une dynamique de libération et de responsabilité. Avoir une parole libre et droite avec Dieu et son prochain.

- Une autorité mal comprise entraîne inévitablement des droits et des jugements. Prenons conscience qu’ils n’appartiennent qu’à Dieu seul. Notre part est surtout d’être en soutien de la veuve et de l’orphelin. Ainsi est définie la religion pure et sans tâche (cf. Jacques 1 : 27).

 - Attention au prosélytisme trop zélé ! Nous avons tout simplement à témoigner, la conversion est du ressort de Dieu. C’est l’Esprit qui convainc  (cf. Jean 16 : 8).

- Tout est une question d’état d’esprit et de cœur. Il nous faut cependant repenser par nous-mêmes l’enseignement reçu, et ne pas être tributaire de l’aspect affectif de la relation enseignant enseigné. Le choix personnel, individuel est prioritaire  (cf. Luc 15 :10).

- Etre au clair sur l’essentiel de l’enseignement de la Bible, avant d’aborder les détails.  « Ne filtrons pas le moucheron en avalant le chameau ».  

- Méfions nous des apparences, elles sont souvent trompeuses (cf. 1 Samuel 16 : 7).

- Soyons toujours conscients du décalage qui existe entre le visible et l’invisible.

- Notre mission repose sur l’accueil et la diffusion d’une bonne nouvelle qui apporte libération, joie et paix, dans le respect et le bien-être de notre prochain.

- Fuyons tout esprit de clocher, toute intolérance, toute contrainte sur sa personne et sur autrui. Le royaume de Dieu est avant tout le projet de Dieu. Il connaît le peuple qui lui appartient ! C’est un royaume de relation d’amour ! Alors vivons, dès maintenant, dans l’esprit qui a conduit le Christ. Personne n’est arrivé, nous sommes tous en marche !

                                                                                               

                                                                       Jacques Eychenne

                                                                                         

                                                               

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