La parabole de Jotham

     

 

 

   

 

 Parabole de Jotham

                     ou

  qui voulons-nous servir ?

           Juges 9 : 8-21

 

 

Introduction :

 

Nous sommes en présence d’une des fables les plus dramatiques, à mon sens, de l’Ancien Testament. Elle s’inscrit dans le contexte de la période difficile du temps des juges.

« En ce temps-là, il n’y avait point de roi en Israël. Chacun faisait ce qui lui semblait bon » ou suivant d’autres versions « ce qui lui convenait » Juges 21 : 26. Autant dire que ce fut une période chaotique, surtout au point de vue spirituel. Le contexte immédiat de cette fable, nous conduit juste après la mort de Gédéon. Gédéon avait dirigé le peuple pendant 40 ans. Il avait délivré le peuple des incursions désastreuses des madianites. Cette délivrance lui valut les honneurs du peuple qui lui proposa de devenir le maître absolu, le roi d’Israël (cf. Juges 8 : 22-23). Mais, fait exceptionnel, Gédéon déclina l’offre en ne voulant pas occuper une place qui n’appartenait, à ses yeux, qu’à Dieu seul. Tant que Gédéon fut en vie, il conserva cette attitude de respect et de fidélité envers Dieu et le peuple suivit son exemple bon an mal an.  

Mais à sa mort, tout changea très vite, et on se remit à adorer les faux dieux de baals. Le texte précise même l’incroyable changement de sentiments du peuple : « Les enfants d’Israël ne se souvinrent point de l’Eternel, leur Dieu, qui les avait délivrés de la main de tous les ennemis qui les entouraient. »  Juges 8 : 34.

 

Développement :

 

Gédéon avait eu 70 fils (avec beaucoup de femmes, dit le texte) dont un fils avec une concubine, il s’appelait Abimélek (cf. Juges 8 : 31). Ce dernier (le moins légitime) s’empara du pouvoir d’une façon fallacieuse et éradiqua d’une manière atroce toute concurrence, en tuant ses 69 frères. Seul,  le plus jeune, Jotham, qui s’était caché, échappa à ce massacre (cf. Juges 9 : 5).

Les habitants de Sichem proclamèrent roi Abimélek, et une cérémonie fut organisée à cet effet. Au cours de celle-ci, le jeune Jotham perché sur la montagne Garizim (qui fait face à la ville de Sichem), prononça à voix forte le discours surprenant qui va retenir notre attention.

 

  1.  Lecture de la fable : Juges 9 : 8-15.
  2.  Lecture de son commentaire par l’auteur : Juges 9 : 16-21.

 

Après avoir prononcé ces paroles, Jotham prit la fuite et demeura loin de son frère.

Avant d’aborder une réflexion sur ce texte, rappelons le principe de l’utilisation de la fable dans les récits bibliques.

La fable est avant tout un récit populaire. Elle utilise des illustrations connues de tous. Elles peuvent être comprises par tous. La fable a un objectif didactique. Elle présente un enseignement simple, en se servant d’images familières de la vie courante. Ici, dans notre récit, il s’agit de prêter aux arbres les plus connus de Palestine, des sentiments humains (dans le langage littéraire, on parle d’une prosopopée).

Le but de la fable, comme d’ailleurs dans les paraboles de Jésus, est de permettre à chaque auditeur, de tirer lui-même les leçons de cet enseignement. Il n’est pas à prendre au sens littéral de chaque mot, mais c’est l’idée générale qu’il convient de trouver.  

Dans le cas qui nous intéresse, le cadre historique est à l’arrière-plan. La personnalité d’Abimélek, homme cruel, sans scrupules, avide de pouvoir, fait partie du décor.

Examinons de plus près cette fable. Quels sont les principaux intervenants et acteurs :

 

Les arbres :   

  

Ils symbolisent en général les peuples. (cf. Juges 9 : 6 ; 1 Chroniques 16 : 33). Dans le cas précis de notre fable, il représente le peuple de Sichem et la maison de Millo dans son désir prégnant d’élever un des leurs à la royauté. Cette volonté de pouvoir illustre la défiance envers Dieu.

        

L’olivier :

       

Il symbolise la prospérité et l’espérance en Israël. Pour l’indigène de la Palestine, il est une véritable richesse. Non seulement les fruits sont très appréciés, mais ils fournissent une excellente huile très utilisée dans la cuisine orientale. L’huile servait entre autres à l’éclairage, aux soins de toilette, à la fabrication de pommades ou de remèdes. Elle avait une valeur spirituelle. Elle était utilisée lors des onctions royales. Elle accompagnait la libation de presque tous les sacrifices dans le sanctuaire (cf. Exode 29 : 7, 21, 23, 40 etc.). Il symbolise la prospérité, la fécondité en terre sainte. Il est cité dans les promesses faites par Dieu à son peuple (cf. Joël 2 : 22).  Il est mentionné une cinquantaine de fois dans la Bible souvent pour indiquer que la prospérité sera ôtée au peuple infidèle (cf. Jérémie 8 : 13). L’expression proverbiale : «  être assis sous sa vigne et sous son figuier » marque la jouissance des biens dans la prospérité et la paix (cf. 1 Rois 4 : 25 ; Michée 4 : 4).

 

La vigne :    

     

Souvent associée au figuier, la vigne fait partie de cette triade des plantations les plus réputées en Palestine. Elle était très cultivée au point qu’elle symbolisait l’image du peuple d’Israël (cf. Esaïe 5 : 1-7). On la plantait plus fréquemment près des arbres fruitiers où elle grimpait sur les branches. On la disposait aussi en berceau, d’un arbre à l’autre. D’où l’expression proverbiale citée ci-dessus. Plus couramment, elle courait à même le sol.                                Elle symbolise aussi la prospérité, mais plus particulièrement la joie ; c’est le cas un peu plus loin dans notre texte (cf. Juges 9 : 27).

 

Le buisson d’épines :

 

Il ne produit rien, ne donne pas d’ombrage ; bref ! La plupart du temps, il sert à faire démarrer un feu ou à être mangé par les bêtes.    

 

En résumé l’olivier, le figuier et la vigne étaient constamment présents dans la vie quotidienne du peuple. Leurs significations symboliques étaient donc très accessibles. Tous trois portaient du fruit. Ils avaient une valeur positive et bénéfique. On aurait pu penser que l’un d’entre eux soit apte à être roi ; il n’en fut rien.  Chacun déclina l’offre.

 

On ne peut vraiment bien comprendre la fable, que si on garde en mémoire toute la question de la royauté en Israël, et comment elle s’est imposée.

 

Dieu se proposait de conduire le peuple d’Israël et d’être son roi. Mais Israël, voulant ressembler aux nations d’alentour réclama un roi. Dieu condescendit à cette demande bien qu’elle marquât un rejet manifeste de sa volonté. Dieu par amour accepta, en indiquant toutefois les conséquences de ce choix. Entre autres, l’attitude despotique des rois qui domineront sur le peuple, emmenant les jeunes gens à la guerre et prélevant des impôts pour financer leurs campagnes etc. (cf. 1 Samuel 8 : 1-17).

L’histoire de Gédéon est symptomatique à cet endroit : On lui proposa de devenir roi et il refusa, laissant entendre qu’un seul avait cette responsabilité et ce privilège : Dieu et lui seul (cf. Juges 8 : 22-23). De ce fait, l’élément central de cette fable apparaît en filigrane : La véritable royauté  revient à Dieu seul, non à l’homme.

A fortiori, quand il y a menace d’usurpation de royauté, comme le buisson d’épines, fils de la servante, aussi concubine (cf. Juges 8 : 31 ; aujourd’hui on dirait vulgairement : un bâtard).

Symboliquement, le contraste est saisissant : Il y a ceux de la maison de Gédéon, qui reconnaissent la seule autorité de Dieu. Ils sont dans une totale disposition de service, et il y a ceux qui imbus de pouvoir, comme Abimélek, vont tout faire pour parvenir à leurs fins. Le service ou la domination, tel est l’enjeu de cette fable. Elle  nous conduit par extension à la très ancestrale opposition entre l’humain spirituel et l’humain charnel (cf. Romains 8 : 5-13).

Le buisson d’épines symbolise toutes les prétentions vaniteuses de l’homme. Dans notre fable, il promet aux arbres de se réfugier sous son ombrage. Suprême dérision, il promet ce qu’il est incapable de faire et ne peut donner.

Pour grossir la caricature, il brandit une menace (or celle-ci lui est le plus souvent destinée : mettre le feu). Sa grossière prétention l’amène à vouloir brûler la majesté de tous les cèdres du Liban  (rien que ça !).  

De plus, ce roncier méprisant pose une condition, tout en menaçant délibérément. L’ensemble de ces éléments dépeint la conception négative de la royauté ; celle qui s’appuie sur les penchants vils de l’humain et mène le peuple à sa ruine.

Cette royauté du buisson d’épines ne véhicule que des valeurs de mort sous des aspects très généreux. C’est le propre de la démarche sophiste, populiste, démagogue.

Jotham, le dernier rescapé de la famille, donne lui-même la clef de lecture de cette fable, en identifiant clairement le buisson d’épines : Abimélec (cf. Juges 9 : 21).

 

En quoi cette fable tragique nous intéresse-t-elle aujourd’hui ?

En quoi peut-elle nous concerner et nous édifier ?

 

Cette parabole pose le problème de la conception de l’autorité en regard de la relation à Dieu.

Les arbres et la vigne refusent de se placer au-dessus du peuple. Conscients de ce qu’ils ont reçu de Dieu, ils veulent rester dans un schéma de disponibilité positive, à leur place, dans la joie de ce service. Point n’est besoin de désirer entrer dans une responsabilité qui dépasse  leur compétence et qui n’est pas de leur ressort.

Ils symbolisent l’attitude de la maison de Gédéon. Ils représentent ceux et celles qui n’acceptent dans leur vie que la seule autorité de Dieu et qui sont heureux de la vivre. Conscients des dons reçus, ils ont à cœur, dans une relation de confiance, de servir le Seigneur en premier et en tout. Ce sont les vrais témoins de Dieu au travers de leurs actes d’amour. C’est l’attitude de Pierre et des apôtres lors de la deuxième persécution à Jérusalem. Pierre et les apôtres réaffirmèrent devant le sanhédrin : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ». Actes 5 : 29.

Cela concerne donc, chacune de nos vies : Nous sommes placés devant un choix fondamental : Quelle autorité vais-je accepter dans ma vie ?

Gédéon a ouvert le chemin de la bonne attitude :

La seule personne qui fasse autorité, c’est Dieu et lui seul. C’est devant lui et lui seul que nous pouvons accepter d’être tenu pour responsable de tous nos actes. Lui seul a toutes les clés de lecture de nos actes de vie. Lui seul, possède toutes les informations pour délivrer un jugement en regard d’une vraie justice. Reconnaître cette autorité, c’est s’affranchir des regards  épineux…

Cette position est une force intérieure ; elle s’appuie sur la conviction d’avoir un vis-à-vis qui accueille, comprend, éduque, responsabilise, encourage et console. Quand on a l’assurance d’être aimé, on est alors prêt à donner le meilleur de soi et on ne redoute pas de rendre compte de sa conduite.

 

Mais il y a aussi le buisson d’épines ! Tous ceux, (plus nombreux qu’on ne le croit) qui avec des arguments sophistes, ont soif de pouvoir et de domination. Ils véhiculent toutes les prétentions humaines tendant à marginaliser, voire à effacer toutes références à Dieu. Ils sont leur propre norme et comme Abimélek, ils entretiennent ce concept que la fin justifie les moyens. Plus subtil dans les assemblées religieuses, il y a ceux qui pensent avoir des droits sur leur communauté. Ces directeurs de conscience ne se rendent pas compte qu’ils occupent une place qui n’appartient qu’à Dieu ! (cf. Jean 12 : 47 ; 20 : 28 ; 9 : 39).

 

D’un point de vue psychanalytique, moins on est au clair sur sa personnalité et plus on compense par un registre référant à l’autorité.

Le buisson épineux, destiné par nature à être brûlé, deviendra destructeur.

La psychanalyse éclaire tout un pan de la relation à l’autre. Elle met en évidence le fait que l’on cherche souvent à reproduire sur les autres ce que l’on est. Comme on a du mal à assumer nos propres contradictions, alors notre autodéfense inconsciente nous amène à reproduire de temps à autre ce que l’on dénonce avec vigueur.

Le buisson d’épines déclare : «  Réfugiez-vous sous mon ombrage... »  V.15.

Voilà où mènent les prétentions humaines !  Vouloir diriger l’autre son frère. Mais n’est-ce pas l’aliéner, le priver d’un espace indispensable à sa construction ?

Le buisson d’épines n’est plus conscient de ses vraies possibilités et du même coup, il usurpe  ce  qui n’appartient qu’à  Dieu. C’est la grenouille du monde spirituel  qui veut se faire plus grosse que le bœuf !

L’humain a toujours été tenté d’agir à la place de Dieu. Il n’est donc pas étonnant de voir Abimélek  s’emparer avec duplicité et manipulation de la royauté. 

 

Le processus qui conditionne autrui pour mieux le dominer entraîne inévitablement une aliénation des personnes.

Quand l’attention est portée sur l’humain, elle nous détourne de Dieu. Et là, il y a danger pour sa propre liberté.

La société civile nous responsabilise dans nos rapports les uns avec les autres, et tente de se porter garante de tout atteinte à notre intégrité. La société religieuse devrait avoir cette attitude de respect, plutôt que de culpabiliser ses fidèles, sous prétexte de discipline ecclésiastique. Refusons d’être mené là où nous ne le voulons pas ! (cf. Galates 5 : 1). Le buisson d’épines a utilisé un redoutable procédé : «  Si c’est de bonne foi que vous voulez m’oindre roi, venez... »  Juges 9 : 15.  

Réclamer la bonne foi quand on est de mauvaise foi, est la caractéristique de ceux qui n’ont pas d’argument sérieux pour nier l’existence de Dieu, ou pour défendre leur position, ou pour justifier toute incursion dans la vie d’autrui.

Croyant servir Dieu, peut-on faire l’œuvre du diable ? (cf. Jean 8 : 44). Jésus dénoncera souvent cette hypocrisie des responsables religieux de son époque. Comment dès lors avoir un repère fiable ? Analysons nos motivations : elles doivent avoir deux marqueurs incontournables : la justice et l’amour. (cf. 1 Jean 3 : 10-11).

 

Conclusion :

 

Partant d’une situation précise, cette parabole nous fait réfléchir sur la question importante du rôle de l’autorité sur les plans collectifs et personnels.

Du coup cela nous renvoie à une question très personnelle :

 

Qu’est-ce qui dirige notre vie aujourd’hui ? Quelle est notre  référence à l’autorité ? Relève-t-elle de l’humain ou de Dieu ?  

 

Nos réponses vont inévitablement conditionner nos choix, nos attitudes et nos habitudes.

Reconnaître l’autorité d’un Dieu créateur, c’est admettre l’autorité d’un Père. C’est prendre acte de tout ce que nous avons reçu, et avoir le désir de le mettre au service des autres dans une démarche de respect et d’amour... C’est avoir un comportement simple, qui n’a pas besoin de reconnaissance car habité par la grâce. Point n’est alors besoin qu’on nous admire, qu’on nous décore ou nous applaudisse... C’est Dieu secrètement que l’on sert à travers le prochain. La satisfaction est immédiatement en soi... C’est surtout utilisé au mieux ce que nous sommes. Tendre toujours et encore à développer le meilleur de soi, pour soi et pour les autres, devient le défi  de sa vie.

Quand on est bien dans sa relation à Dieu, bien dans son corps, dans son cœur, dans sa tête, et avec son prochain, les sirènes de la domination et du pouvoir ont beaucoup moins d’emprise sur nous. On en distingue plus finement les pièges, mais il faut rester vigilant.

Mais si notre conception de l’autorité repose sur le moi, sur l’humain, nous allons avoir tendance à nous approprier ce qui ne nous appartient pas : agir à la place des autres, juger, conditionner notre entourage pour arriver à nos fins. Le pire est que cette confusion peut très bien partir de bons sentiments. Le besoin d’être toujours au centre de l’arène, d’être bien vu, de se mettre en évidence, d’attirer constamment l’attention sur soi prouve parfois que quelque chose du registre de l’autorité a été mal posé. Abimélek a persisté à ne pas le voir, c’est pourquoi l’oracle de Jotham s’est réalisé.

Abimélek mourut, lors du siège de Thébets alors qu’il allait mettre le feu à la porte de la tour centrale de cette ville. Il eut le crâne brisé par un morceau de meule que lui lança une femme. Pour que l’on ne dise pas que c’est une femme qui l’a tué, il demanda à son aide de camp de lui donner la mort par l’épée (cf. Juges 9 : 50-57). Quelle fin pitoyable !

L’aveuglement de cet homme l’a conduit à la ruine.

 

Tôt ou tard toutes les postures de pouvoir et de domination se convertissent en déceptions.

Concentrons-nous donc sur la richesse spirituelle qui nous habite par grâce. Chaque humain en possède une. Peut-être convient-il, dans un premier temps d’en prendre conscience, et dans un deuxième temps de l’utiliser pour le bien et le beau, reconnaissant avant tout, que tout est cadeau de Dieu. Oui ! Tout est grâce (cf. Ephésiens 2 : 8-10).

 

Mais en ouvrant tous les possibles de la symbolique, nous comprenons encore qu'Abimélec, ce buisson d'épines menaçant, personnifie le malin destructeur dès l'origine de l'humanité. c'est à cause de lui que le Christ a été porté en croix. Sa tête a été blessée par une couronne d'épines, mais il a vaincu le malin. Sa victoire sur le mal annonce son éradication complète . Et de même d'Abimélek a eu une fin de vie pittoyable, il en sera de même pour celui que l'Apocalypse appelle  " le grand dragon, le serpent ancien, appelé le diable et Satan, celui qui séduit toute la terre" Apocalypse 12 : 9.

La fable de Jotham a une valeur prophétique. Elle nous dit qu'un jour la mort ne sera plus, il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car tout cela aura disparu. Dieu lui même habitera avec son peuple. L'apôtre Jean entendit l'ange lui dire : " Ecris ; car ces paroles sont certaines et véritables" Apocalypse 21 : 3-4.

 

                                                                         Jacques Eychenne

                                                                     

      

  

 

 

  

 

 

 

        

 

 

 

 

 

 

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