Les secrets de la pensée positive dans la Bible

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Les secrets de la

pensée positive                          dans la Bible

Philippiens 4 : 8

 

Introduction :

 

La recherche scientifique permet chaque jour d’accroître ses connaissances sur les capacités prodigieuses du cerveau. Pour mémoire rappelons, entre autres, qu’il est le siège de la cognition, de la mémoire, des émotions… Sous l’angle philosophique, le cerveau est l’ordinateur qui nous met en relation avec le monde du réel. Il perçoit, il pense, il agit. D’un point de vue sociologique, il orchestre tout ce que nous sommes en relation avec autrui. Il est de plus en plus l’objet d’un enjeu majeur parmi les scientifiques pour au moins deux bonnes raisons : - sa part d’inconnu, et – les causes de ses dysfonctionnements. Elles entraînent toutes les maladies neurologiques comme Alzheimer, Parkinson, sclérose en plaques, épilepsie etc. La partie du cerveau qui nous intéresse concerne le lobe temporal. C’est lui qui fait fonctionner la lecture, l’ouïe, la mémoire, l’odorat, le goût et les émotions. Six fonctions indispensables à une vie épanouie. C’est dans cette région du cerveau que l’on situe la capacité de penser. Alors, concentrons-nous maintenant sur l’importance de la pensée, car elle précède le plus souvent toute notre action. De nombreuses études mettent en exergue son pouvoir. Mais comment entretenir une pensée positive qui oriente une vie équilibrée, dynamique et heureuse ?

Du fond des âges, des sages ont abordé le sujet sur nos cinq continents. Aujourd’hui, médecins, psychiatres, thérapeutes, entre autres, mettent tout en œuvre pour soulager ceux qui ont des troubles cognitifs. Mais peut-on soi-même entretenir une pensée bienfaisante ?

 

Développement :

 

Sur ce sujet, sciences et spiritualité chrétienne peuvent converger. Aaron Beck, père de la Psychothérapie cognitive, mort l’année dernière à l’âge de cent ans, nous y invite. Il a identifié huit causes qui nous exposent plus sensiblement à l’angoisse, à la peur, à la tristesse. Cette étude vient d’être revisitée par le professeur Michel Lejoyeux dans son ouvrage : « En bonne santé avec Montaigne » éditions Robert Laffont, avril 2022. Après analyse, ce qui m’a intéressé relève d’une correspondance avec l’enseignement biblique. Sous cet angle et dans un souci de partage, abordons les huit points repris par le professeur Lejoyeux (nom prédestiné au sujet !). Ils concernent tous nos quotidiens. Ils peuvent être une aide dans nos propres cheminements…

 

  1. La surgénéralisation : c’est quand on fait d’un cas particulier une généralisation. Ainsi, il suffit d’identifier les mensonges d’un seul politicien pour déclarer : « tous sont des menteurs ». Les exemples ne manquent pas dans notre vie courante. Il suffit de constater qu’un mari trompe sa femme pour dire : « les hommes sont tous les mêmes ». Autrement dit, la tendance dénoncée consiste à verser dans une généralisation d’un problème particulier. Comment éviter cet écueil ? En ayant le réflexe de circonscrire le fait, l’évènement ou la faute. Isolé le fait, au lieu de l’étaler, est un facteur de la pensée positive. L’apôtre Paul a écrit aux chrétiens de Rome : « Chacun de nous rendra compte à Dieu pour lui-même » Romains 14 : 12, version LSG. Jésus précisera : « Qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’œil de ton frère ? Et la poutre qui est dans ton œil tu ne la remarques pas ? » Matthieu 7 : 3, version TOB. Salomon avait sur ce point prononcé une parole de sagesse : « Le juste réfléchit avant de répondre, mais le méchant s’empresse de répandre des calomnies » Proverbes 15 : 28, version BFC.

Le travers ainsi dénoncé nous enjoint à apprendre à discipliner notre pensée pour qu’elle soit à même de circonscrire les données d’un fait au lieu d’en faire une généralisation.

 

  1. L’abstraction sélective : C’est quand notre pensée se focalise sur un détail négatif en le sortant de son contexte. C’est sélectionner un évènement malheureux au point de ne plus penser qu’à lui. Ce peut être une parole blessante, dite au petit déjeuner, dans un contexte particulier. La personne va conclure que toute sa journée est gâchée. Il est vrai qu’une rupture de confiance, sélectionnant un seul évènement, peut porter atteinte à des années de vie sereine. En regard de cette donnée, il s’agit d’éviter d’hypertrophier un évènement. Ses conséquences peuvent porter atteintes à la pensée sereine. L’exemple de Jonas illustre ce fait. Le prophète dans son désarroi ne voyait plus que l’asséchement du ricin qui lui avait pourtant procuré une fraîcheur apaisante. Oubliant la mission qui lui avait été confiée, Jonas s’irrite au point de réclamer la mort. Dieu l’invite à la réflexion pour le détourner de son point de fixation (cf. Jonas 4). Le prophète Elie avait fait de même devant la terrible Jézabel (cf. 1 Rois 19 : 1-7). Un seul évènement douloureux peut nous faire oublier tous les bienfaits de Dieu.

 

  1.  L’inférence arbitraire : C’est quand nous cherchons à énoncer une conclusion à un sujet, sans lien logique avec sa réalité. On préfère avancer une position hasardeuse plutôt que de reconnaître son ignorance ou son erreur. Cette forme de penser est en lien avec la haute idée que nous pouvons avoir de nos connaissances. Socrate aurait prononcé cette phrase : « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien ». C’est la vraie caractéristique des savants. Ils mesurent plus, ce qui leur reste à découvrir, que ce qu’ils connaissent déjà. Sur un plan spirituel, il en va de même pour le vrai chercheur. L’apôtre Paul conseillait aux chrétiens romains de ne pas avoir d’eux-mêmes une haute opinion (cf. Romains 12 : 3).De son côté, l’apôtre Pierre disait : « Revêtez-vous tous d’humilité dans vos rapports mutuels » 1 Pierre 5 : 5, version FBJ. Le Christ n’a pas étalé son savoir d’une façon hautaine, il s’est lui-même qualifié de « doux et humble de cœur » Matthieu 11 : 29. Apprenons à accepter nos limites, plutôt que de faire confiance à notre intelligence !

 

  1. La personnalisation : C’est quand on se sent coupable d’accidents de la vie pour lesquels nous sommes étrangers. Ainsi, des parents vont se sentir coupables de la mort de leur enfant, alors que ce dernier était seulement au mauvais endroit, au mauvais moment. La culpabilité récurrente va ronger leur vie, alors qu’ils n’y sont pour rien. Nous ne pouvons rien changer concernant un fait passé douloureux. Nous ne pouvons qu’orienter notre pensée vers les aspects positifs de la vie. Il nous est salutaire d’orienter notre pensée différemment. Ainsi, nous pouvons demeurer dans la douleur permanente d’avoir perdu un être cher, comme nous pouvons aussi nous remettre en mémoire tout ce que cette personne aimée nous a apporté. La culpabilité est toujours un boulet que l’on traîne. La pensée positive s’en affranchit. Notre tendance est de chercher sans cesse des coupables (ex. dans une catastrophe). Lors de l’écroulement de la tour de Siloé à Jérusalem, 18 personnes périrent et beaucoup s’interrogèrent. Jésus de Nazareth saisit l’occasion pour dire aux habitants : « Pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Non je vous le dis » Luc 13 : 4-5, version TOB.

 

  1. La maximalisation du négatif : C’est l’exagération d’un aspect négatif insignifiant. La moindre erreur prend des proportions énormes. Tout ce qui a été fait, en bien, semble s’être évanoui sur le champ. Dans nos choix, il suffit qu’un aspect ne se présente pas selon notre souhait, pour que tout le projet porte le sceau d’un ressenti négatif. Le Christ a porté un message d’espérance en invitant tous ses auditeurs à regarder vers le haut. Après avoir décrit les phénomènes négatifs qui bouleverseront le monde, il déclara à ses disciples : « Quand ces évènements commenceront à se produire, redressez-vous et relevez la tête, car votre délivrance est proche » Luc 21 : 28, Version TOB. L’apôtre Paul, fin connaisseuse de la pensée humaine, apporte un remède à cette tendance. Il écrit aux chrétiens de Rome : « Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais surmonte le mal par le bien » Romains 12 : 21, version LSG.

 

  1. La minimisation des qualités : c’est le manque de confiance en soi. On remet toujours en question ses potentialités. On mésestime ses aptitudes à réussir. Toute notre énergie fuite au pied du mur de l’épreuve. Parfois, il suffit d’en rater une seule pour croire que tout est fichu. Chaque être humain a des qualités qui lui sont propres. Prendre conscience de ses qualités, c’est se donner le droit à l’erreur. C’est s’accorder les moyens de rebondir. Sans verser dans la prétention ou l’orgueil, il est sain d’avoir une bonne opinion de soi. David témoigne au travers d’une louange qu’il adresse à Dieu : « Seigneur, merci d’avoir fait de mon corps une aussi grande merveille. Ce que tu réalises est prodigieux, j’en ai bien conscience. » Psaume 139 : 14, version BFC.

 

  1. Le style dichotomique : C’est la conception du tout ou rien. La nuance, la pondération, le recul nécessaire à une bonne appréciation se sont évaporés. Il suffit que notre compréhension bute sur un point, pour rejeter l’ensemble de ce qui est dit. Peu avant sa mort, Jésus prit un repas avec ses proches. Pendant le souper, il se leva, ôta ses vêtements, prit un linge, versa de l’eau dans un bassin et se mit à laver les pieds des disciples. Arrivant à Simon Pierre, ce dernier s’offusqua. Jésus insista. Pierre déclara alors : « Seigneur, non seulement les pieds, mais encore les mains et la tête » Jean 13 : 9, version LSG. On retrouve cette idée du tout ou rien. Le Seigneur repositionnera son serviteur. Bien souvent notre incompréhension d’une phrase, d’un geste, d’un incident, nous bloque. Nous ne faisons pas l’effort de voir le fond des choses. Un autre évènement est dans les évangiles significatif : celui de la femme adultère. Conclusion des témoins : c’est une grande pécheresse. Jésus rectifiera et tempérera ce jugement hâtif (cf. Jean 8 : 1-11). Ailleurs, Jésus guérit un aveugle de naissance. Ce dernier par reconnaissance témoigna devant des pharisiens. Leur réaction illustre notre propos, ils réagirent avec mépris disant au miraculé :« Tu es né tout entier dans le péché, et tu nous enseignes ! ». Jean 9 : 34, version LSG. (Cette conception erronée de la maladie était comprise comme la conséquence de péchés antérieurs. Cela demeure encore vrai dans de nombreuses communautés).

 

  1. Les obligations injustifiées : C’est quand on s’impose par conviction ou par tradition des règles sinon inutiles, du moins pesantes. L’humain aime bien alourdir son sac à dos dans sa marche quotidienne. Certains aspects relèvent de traditions familiales ou culturelles, d’autres sont en lien avec des habitudes. Si l’on rajoute le poids des superstitions, additionnées aux contraintes futiles de nos quotidiens, nous avons tous les ingrédients d’une pollution de la pensée. Car tous ces éléments que je viens de citer (liste non exhaustive, il va de soi) prennent de la place dans nos pensées. L’histoire biblique est truffée d’exemples de cette nature. Dieu avait édicté, pour le bien de son peuple, dix paroles censées le placer sur le chemin du bien-être. Mais, les responsables religieux ont démultiplié ces injonctions positives en un nombre inouï de lourds préceptes (cf.la tradition rabbinique parle de 613 commandements. L’Eglise chrétienne n’a pas fait mieux). Au lieu de suivre les conseils divins, ces personnalités religieuses ont préféré se doter de leurs propres lois et de leurs propres commentaires… Le Christ a dénoncé leur hypocrisie (cf. Matthieu 23 : 1-35). Il a synthétisé ce que son père avait donné à Moïse en reformulant l’essentiel (cf. Matthieu 22 : 37-40).

Si je suis chrétien, c’est parce que le Christ ne s’est pas arrêté à dénoncer des comportements, il a pris soin de mettre à l’honneur des valeurs morales essentielles. Pour lui, l’important était de nourrir la pensée, afin de rendre chacun autonome dans sa relation au divin et à l’humain. Penser en tant que sujet responsable afin de pouvoir dire non à la pensée négative. Jésus de Nazareth dira à la foule rassemblée :

« Car c'est du dedans, c'est du cœur des hommes, que sortent les mauvaises pensées, les adultères, les débauches, les meurtres, les vols, les cupidités, les méchancetés, la fraude, le dérèglement, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie » Marc 7 : 21, version NEG.

L’apôtre Paul, pénétré par l’esprit du Christ, a écrit aux chrétiens de Rome :« Ne vous conformez pas au monde présent, mais soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence, pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bien, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait » Romains 12 : 2, version TOB.

Ailleurs, il écrira à la petite communauté de Philippes : « Au reste, frères, que tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui mérite l'approbation, ce qui est vertueux et digne de louange, soit l'objet de vos pensées » Philippiens 4 : 8, version LSG.

 

 

Conclusion :

 

Dieu nous a créés avec la capacité de penser et d’agir. Le pouvoir de la pensée recèle une puissance insoupçonnée, pouvant tantôt créer, tantôt détruire. Or, penser, étymologiquement, c’est peser. Il s’agit de déterminer le poids de ce que l’on dit ou fait. Les valeurs chrétiennes nous enseignent à penser par nous-mêmes et non à suivre le courant dominant. Si le Seigneur nous a enjoint de prendre garde à nous-mêmes (cf. Luc 21 : 34), c’est bien parce que nous avons à discipliner notre pensée, afin qu’elle se concentre sur ce qui l’élève et l’ennoblit. Personne ne peut faire ce travail intérieur à notre place. Il n’appartient pas à l’humain de procéder à une commission rogatoire de la pensée et de la conscience.

Le Christ a eu pour mission de nous aider à déceler tous les encombrants de nos pensées. Il est venu nous recentrer sur tout ce qui favorise la vraie vie. En s’adressant à chacun de nous, il nous responsabilise pour que nous orientons nos pensées vers le meilleur de la vie.

Or, aujourd’hui, tout nous pousse à nous détourner de cet objectif de vie. Les médias nous abreuvent de nouvelles alarmantes et angoissantes. Catastrophes écologiques, famines, guerre en Ukraine, Bruits de guerre ailleurs, pénurie d’électricité, de gaz, d’essence, de fioul, crise épidémique avec un covid 19 toujours présent, crise économique, la santé en danger, manque de médecins, pédiatres, infirmiers, aides à la personne, etc.

Pour sortir de cette spirale infernale, il convient de muscler sa pensée comme on le ferait pour d’autres parties de notre corps. Rien n’est simple, rien n’est facile. En situation de tensions extrêmes, seuls survivent ceux qui ont un moral d’acier. Pour les chrétiens cela équivaut à penser et repenser leur foi. L’esprit saint nous vient en aide quand nous sommes mobilisés pour relever ce défi personnel. 

 

 « Il y a quelque chose de pire que d’avoir une mauvaise pensée. C’est d’avoir une pensée toute faite » Charles Péguy.

                                                                     

                                                                                     Jacques Eychenne

 

PS : TOB, version Traduction Œcuménique de la Bible ; BFC, version Bible en français courant ; FBJ, version de la Bible de Jérusalem ; LSG, version Louis Segond ; NEG, version Nouvelles éditions de Genève.

 

Textes à consulter : Deutéronome 15 :9 ; Psaume 17 :3, version Darby ; Psaume 139 : 2 ; Matthieu 22 :37 // Marc 12 :30, version Darby. Luc 9 : 47, version Darby ; Actes 8 : 22 ; Romains 8 : 6,7,27 ; Romains 12 : 3 ; Philippiens2 : 5, version Darby ;1 Pierre 4 : 1.

 

 

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