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Je viens vers vous ou le retour du Christ Jean 14 : 28 |
Introduction :
L’apôtre Jean situe les dernières paroles du Seigneur Jésus à ses disciples dans la chambre haute de Jérusalem où ils avaient l’habitude de se retrouver. C’est à cet endroit que Jésus leur lava les pieds et qu’il prit son dernier repas un jeudi soir, la veille de sa mort. Repas au cours duquel Jésus annoncera la trahison de Judas et celle de Pierre (cf. Jean 13 : 26,38). On perçoit une ambiance singulière que la suite va mettre en actes.
Il faut croire que tous ceux qui sont autour de Jésus ressentent un malaise. Ils pressentent que quelque chose d’important va se passer. Rappelons que toutes les annonces du Christ restent encore vagues dans leur esprit. Certes, ils sont bien au cœur des évènements, mais tout demeure encore confus. Ils ne comprennent pas où le Seigneur veut en venir… La suite le démontrera… C’est alors que le Christ leur adresse ses dernières paroles. Je dis ses dernières paroles, car Il ponctue son discours par ses mots : « Je ne parlerai plus beaucoup avec vous, car le chef du monde vient, et il n'a rien en moi » Jean 14 : 30, version DRB.
Que nous apprend ce dernier entretien émouvant autour d’une table ?
Développement :
Le premier souci du Seigneur est d’apaiser ceux qui l’ont suivi après avoir été appelés. Le maître discerne bien la tension qui se vit au sein du groupe et il veut les rassurer. Le décalage entre un Christ prêt à livrer son dernier combat et les disciples inquiets de leur avenir est énorme. Entre un Sauveur assuré de sa victoire sur le mal, qui a déjà annoncé sa résurrection, et des apôtres perplexes devant la tragique situation qui se profile, il y a un espace que le Seigneur se doit de combler, au mieux, par amour.
« Que votre cœur ne soit pas troublé; vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a plusieurs demeures; s'il en était autrement, je vous l'eusse dit, car je vais vous préparer une place. Et si je m'en vais et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi; afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi » Jean 14 : 1-3, version DRB.
Que ces paroles sont puissantes d’amour et d’apaisement ! Le Seigneur les invite à lui faire confiance. N’ont-ils pas vécu des moments exceptionnels avec lui. Ont-ils manqué de quoique ce soit ? N’ont-ils pas participé aux merveilles de Dieu ? N’ont-ils pas été témoins de tous les miracles ? N’ont-ils pas vécu une marche triomphante avec le Christ ? En les consolant, Jésus ravive indirectement la mémoire de cette aventure exceptionnelle qu’ils ont vécue à ses côtés. L’amour du Christ, à cet instant, les presse à comprendre que l’histoire de leur rencontre n’est pas close. Malgré les épreuves, le meilleur est à venir. Mais de quoi parle le Seigneur ?
Du grand projet de la mise en place du royaume de Dieu. Jésus leur rappelle que ce projet ne relève pas de la science-fixion. Il n’est pas virtuel et n’est pas appelé à jouer le rôle d’un placébo sur le mal. Non ! Ce royaume est aussi vrai que le Christ est vivant. La parole du Sauveur est vraie. Il dira un peu plus loin : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » Jean 14 : 6. La vérité est au centre de toutes ses actions. Le Seigneur insiste en leur disant en substance, qu’il est impossible que sa parole soit trompeuse (cf. Jean 14 : 2). Le Seigneur ne parle pas pour ne rien dire, ces paroles cisèlent la sculpture de son œuvre…
En concentré, Jésus confirme que le lien affectueux établi sur cette terre ne sera pas rompu. Il y aura une suite heureuse et grandiose. Le lien perdurera éternellement. Litt. : « là où moi je suis, vous, vous soyez aussi ».
Arrêtons-nous un instant pour nous approprier cette promesse qui tranche avec les revendications de notre monde, dit moderne. La vie est faite de rencontres, mais la plus importante n’est-elle pas celle avec l’auteur d’un projet éternel ? Si nous croyons aux paroles changeantes des dirigeants de notre monde, pourquoi ne pas investir dans une autre parole, autrement plus vraie et plus durable ?
Et si nous avons rencontré réellement le Christ, mais que nous soyons de par les circonstances dans le doute ou l’incertitude, n’est-ce pas réconfortant de relire les paroles apaisantes du Christ. L’apôtre Paul dira à son disciple Timothée « que la parole de Christ est digne de foi, digne d’une entière et totale acceptation : Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs (et il rajoute : dont je suis le premier) » 1 Timothée 1 : 15, traduction libre.
L’apôtre Jean, quelques soixante ans après les faits, nous rapporte la préoccupation première du Christ : se faire reconnaître comme celui qui apporte la lumière au monde. Il nous a conservé ces paroles : « Le Verbe était la vraie lumière qui, en venant dans le monde, illumine tout homme » Jean 1 : 9, version T.O.B. Peu de temps avant ce repas, Jésus a sollicité la mémoire de ses disciples en disant : « Moi, la lumière, je suis venu dans le monde afin que quiconque croit en moi ne reste pas dans les ténèbres. » Jean 12 : 46, version T.O.B.
Malgré les rappels rassurants et apaisants du Seigneur, les apôtres demeurent perplexes. Thomas intervient et dit : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas et comment pouvons-nous savoir le chemin ? ». Philippe questionne à son tour : « Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit » Jean 14 : 8, version DRB. Nous mesurons mal le désarroi des apôtres. N’illustre-t-il pas le nôtre ?
Comment accepter la réponse du Christ à Philippe : « Ne crois-tu pas que moi je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? » Jean 14 : 10, version DRB. Reconnaissons que seule la foi peut accueillir cette vérité ! De tout temps, l’humain a voulu des démonstrations concrètes pour étayer sa foi, comme si la notion d’inconnu lui était contraire. Comme thomas nous voulons un chemin bien balisé, avec un itinéraire précis, des repères visuels clairs, mais que serait la foi ? Comme Philippe nous exprimons le désir légitime de voir pour comprendre, mais là encore que deviendrait la foi ? Désirez voir, touchez, n’est-ce antinomique par rapport à la foi ? N’est-ce pas précisément parce que nous ne pouvons pas encore voir et toucher que la foi doit se développer. Accueillir la parole du Christ en toute confiance, non parce que nous comprenons toutes ses paroles, mais parce que nous avons été touchés par son amour, n’est-ce pas l’essentiel pour l’instant présent ? Qui pouvait saisir la portée de ses paroles ? (cf. Jean 10 : 18).
Le Seigneur ne demande rien d’autre que notre adhésion de foi. Autant dire que cela sous-entend que nous lui fassions entièrement confiance. Mais il ne s’agit pas d’une foi résignée et contrainte. Notre foi est éveillée par l’Esprit Saint dans l’amour. C’est la raison pour laquelle, quelques paroles plus loin, le Christ précisera qu’il nous accompagne lui-même : « Je ne vous laisserai pas orphelin ; je viens à vous » Jean 14 : 18, version NBS. Jésus rassure ses disciples en les assurant de sa présence, malgré sa future absence. Il demeurera présent parmi eux par délégation : « c’est le Défenseur, l’Esprit saint que le Père enverra en mon nom, qui vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que, moi, je vous ai dit. » Jean 14 : 26, Version NEG. Le Seigneur a bien précisé que le Saint-Esprit était sous son autorité. Il le représente en toutes circonstances et il a pour vocation de s’aligner sur le message du Christ. De même que le Christ ne fait rien de lui-même (cf. Jean 5 : 19,30 ; 8 : 28), le Saint-Esprit est dans l’imitation du Christ. Il n’y a qu’un seul sauveur : Jésus-Christ et un seul Dieu le Père.
Le Seigneur avait introduit son dernier discours par des paroles apaisantes (cf. Jean 14 : 1), il va le conclure sur le même registre. Après leur avoir transmis sa paix le Seigneur déclare solennellement : « Que votre cœur cesse de se troubler et de craindre. Vous l'avez entendu, je vous ai dit: ‹ Je m'en vais et je viens à vous. › Si vous m'aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je vais au Père, car le Père est plus grand que moi. Je vous ai parlé dès maintenant, avant l'événement, afin que, lorsqu'il arrivera, vous croyiez. » Jean 14 : 27-29, version T.O.B.
Il faut croire que le cœur humain a besoin d’être sans cesse délivré de ses peurs, de ses angoisses, des miasmes de ses incertitudes, de sa crainte de l’inconnu ! Notons qu’il ne s’agit nullement d’intelligence. C’est une question de cœur. Reconnaissons qu’il nous faut parfois peu de chose pour que nous soyons troublés. Et quand on n’est plus sûr de soi, on hésite, on se replie sur soi et la crainte s’installe insidieusement…
Pour nous conforter dans nos bons choix de vie, le Seigneur engage sa Parole : « je m’en vais et je viens à vous » dira-t-il aux apôtres. Il fallait que l’envoyé de Dieu parte, qu’il retourne vers son Père après avoir triomphé à notre place, du péché. Cette séparation était incontournable, tant spirituellement que psychologiquement. Spirituellement, car il était indispensable que le mal soit vaincu, et psychologiquement parce que cette séparation avait pour objet de faire grandir les apôtres. Désormais, ils devaient reprendre le flambeau et l’assumer avec détermination. Se détacher du Maître pour être plus forts dans leur choix n’a pas été (d’après le livre des Actes) une tâche aisée. C’est la raison pour laquelle le Seigneur les a encouragés au travers de deux grandes et magnifiques promesses :
Ces deux promesses sont restées, au cours des âges, les deux grands piliers de la foi des communautés chrétiennes. Elles tranchent avec les antiennes promesses électorales !
Combien il est rassurant de nos jours de savoir que nous ne sommes pas des orphelins, c’est-à-dire, une race humaine naît de multiples mutations afin de devenir des animaux un peu plus évolués. Nous sommes le fruit d’un amour, d’une histoire appelée à transcender le temps et l’espace. La raison en est simple : nous sommes tous filles et fils de Dieu le Père. Le déni de réalité de cette paternité, entretenu quotidiennement par quelques bien-pensants n’y changera rien… Et comme un Père parle à ses enfants, un lien empreint d’affection s’est tissé au cours de l’épopée humaine, malgré les déboires, les lâchetés, les expériences d’émancipation semblables à celles des adolescents. Il traversera le temps.
« Je viens à vous » et « je demeurerais auprès de vous » témoignent en faveur d’une vérité incrustée dans le marbre ou le granit : Nous demeurons en lien aujourd’hui avec le Christ et nous le resterons demain avec le Vivant. Nous n’adorons pas un mort, mais un Vivant ! C’est la raison pour laquelle nous sommes appelés à aimer Dieu, comme nous avons été aimés de lui. L’apôtre Jean par expérience confirmera cette vérité : « Nous, nous aimons, parce que lui, le premier, nous a aimés. » 1 Jean 4 : 19, version TOB.
La foi est accueil d’une seule parole de Dieu, de Christ, du Saint-Esprit. Le Seigneur a engagé toute sa personne par ce « JE viens à vous ». Une seule parole suffit à celui ou celle qui vit le langage de l’amour. Mais l’humain de suite est prêt à questionner : Quand reviendras-tu Seigneur et comment ? A cela Jésus répond : « Vous n'avez pas à connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité; mais vous allez recevoir une puissance, celle du Saint Esprit qui viendra sur vous; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre » Actes 1 : 7-8, version TOB.
Notre envie de tout savoir doit se muer en témoignage ici et maintenant. Notre priorité est de poursuivre la tâche spirituelle qui a été confiée à ceux qui ont foi en Lui. Jésus a précisé : « Cette Bonne Nouvelle du Royaume sera proclamée dans le monde entier; tous les païens auront là un témoignage. Et alors viendra la fin » Matthieu 24 : 14, version TOB. Là encore, dans ce témoignage rendu difficile de nos jours, le Seigneur nous assure de son assistance. Matthieu le péager a été frappé par les dernières paroles du Christ. Il clôt ainsi son évangile : « moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps » Matthieu 28 : 20, version TOB. Nous n’avons pas besoin de nous perdre en conjectures pour savoir quand le Christ reviendra. Il reviendra au bon moment, car lui seul détient tous les paramètres de la victoire finale sur le mal. Soyons simplement et paisiblement traversés par ses promesses, confirmées par ses témoins : « le Christ, après s'être offert une seule fois pour enlever les péchés d'un grand nombre, apparaîtra une seconde fois - hors du péché - à ceux qui l'attendent, pour leur donner le salut » Hébreux 9 : 28, version FBJ. L’apôtre Pierre écrira à propos du retour du Christ : « Puisque tout cela doit ainsi se dissoudre, quels hommes devez-vous être! Quelle sainteté de vie ! Quel respect de Dieu ! Vous qui attendez et qui hâtez (cf. σπεύδω= prendre au sérieux) la venue du jour de Dieu, jour où les cieux enflammés se dissoudront et où les éléments embrasés se fondront ! » 2 Pierre 3 : 11-12, version TOB.
Conclusion :
« Je viens à vous » et « je demeurerais auprès de vous » ont certainement à un moment apaisé les craintes des apôtres… Soulignons la double signification de ses paroles. Nous avons l’habitude d’insister sur leurs portées eschatologiques et nous avons raison. Mais n’est-ce pas aussi comprendre ces paroles dans le présent ! Du fait que nous ignorons le moment où le Christ apparaîtra sur les nuées des cieux, n’est-ce pas plus signifiant de savoir que le Christ vient vers chacun de nous (cf. Matthieu 24 : 44)… Quelque part, Christ multiplie, chaque jour, les gestes de sa présence. La sainte Cène nous le rappelle avec émotion. Le Christ l’a vécue a quatre reprises avec les siens (cf. Jean 2 : 13 ; 5 : 1 ; 6 : 4 ; 13 : 1). Ainsi, le plus impératif est d’être attentif à sa présence aujourd’hui afin que nous ayons la joie de goûter ses bienfaits. Si nous restons vigilants et attentifs à sa présence, nous ne pourrons rater l’instant où il apparaîtra dans sa gloire accompagnés des anges (cf. Matthieu 25 : 31 ). L’apôtre Jean est tellement convaincu de cette vérité qu’il écrit : « Oui, maintenant, demeurez en lui, petits enfants, pour que, s'il venait à paraître, nous ayons pleine assurance, et non point la honte de nous trouver loin de lui à son Avènement » 1 Jean 2 : 28, version FBJ.
« Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru ! » Jean 20 : 29b, Version LSG.
Toutes nos existences humaines sont menacées par l’oubli sauf pour Dieu, le Christ et le Saint-Esprit…
Jacques Eychenne
PS : version DRB de Darby ; version TOB, Traduction Œcuménique de la Bible ; version NEG, Nouvelle Edition de Genève ; version NBS, la nouvelle Bible Segond ; version FBJ, French Bible de Jérusalem.