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Espérer au-delà de toute espérance Romains 4 : 18 1 Corinthiens 13 : 13 |
Introduction :
En ce début d’année, il est de bon ton d’exprimer des vœux et de prendre de bonnes résolutions. Cette attitude s’inscrit dans un désir de bien faire, même si les bonnes dispositions fondent parfois comme neige au soleil. Se tourner vers l’avenir fait partie des convenances, mais aussi des nécessités. Se projeter n’est-ce pas le propre de la responsabilité du vivant ! Pourtant, tenir nos bonnes promesses est moins évident qu’il n’y paraît. D’abord notre passé est toujours présent et prégnant, avec tout son poids d’encombrants, et puis aussi parce que la situation nationale ou internationale n’est guère encourageante. Que ce soit dans le domaine de la santé, de l’insécurité, des pollutions multiples, des tragi-comédies politiques, rien ne nous est épargnés pour entamer notre capital d’espérance. Et pourtant ! Sans la confiance qui induit l’espérance, il est difficile de bien vivre… Alors comment conserver le bon cap dans la traversée des tempêtes de notre temps ? Pouvons-nous trouver dans l’histoire biblique des sujets d’encouragement pour apaiser nos craintes ? En d’autres termes, comment redonner à nos vies, sérénité et envie d’entreprendre en bannissant nos appréhensions ?
Développement :
Avouons toutefois, que sur un plan plus personnel, nous ne sommes pas les premiers à devoir assumer des choix difficiles. L’apôtre Paul, s’adressant aux chrétiens de Rome, écrivait en parlant d’Abraham : « Espérant contre toute espérance, il a cru » Romains 4 : 18, version NBS. Une autre version dit « Abraham a cru et espéré, alors que tout espoir semblait vain » version BCF. André Chouraqui traduit : « Lui (Abraham), hors de l’espoir, adhère dans l’espoir ». Essayons de bien cerner la teneur de cette profonde déclaration. Que dit le texte grec : « Ος παρ᾽ ἐλπίδα ἐπ᾽ ἐλπίδι ἐπίστευσεν = litt. lui à côté (ou en partant de) de l’espérance au-delà (ou sur, contre) de l’espérance a eu foi ». Sans aller dans une étude poussée, l’idée maîtresse oppose une certaine espérance à une autre espérance. Autrement dit, la première espérance a un sens plus fort que sa deuxième mention. C’est une espérance qui s’est nourrie d’une assurance indéfectible. Cette espérance a nourri complétement (« in toto ») sa foi. Il s’agit bien du verbe avoir la foi et non celui de croire (ce dernier verbe peut se comprendre d’une manière ambigüe). C’est ainsi qu’Abraham est devenu père de nations.
Espérer, c’est ce dont nous avons tous besoin. C’est aller au-delà du visible, c’est avoir l’audace de penser que le meilleur est possible, tout en étant conscients que l’avenir ne nous appartient pas. Espérer c’est enjamber l’incertitude inhérente aux vivants, en reconnaissant que la puissance de la vie appartient au Créateur. Espérer surmonte l’inquiétude présente,
sans jamais l’ignorer ou s’y complaindre. Cette espérance ne se délite pas dans le doute. Elle possède en elle cette force résiliente qui lui donne le pouvoir inspiré de le surmonter. La raison humaine, toujours sceptique devant ce qu’elle ne comprend pas, peut un temps altérer notre discernement, mais l’espérance qui a habité Abraham, a cette caractéristique de passer outre la difficulté d’une vacuité de discours. L’espérance que nous retrouvons en Abraham devrait nourrir notre pensée. Dans l’épreuve, même la plus terrible, l’espérance entrevoit une solution sinon heureuse, du moins bénéfique. Là où la raison est impuissante, l’espérance entrevoit des solutions. Espérer, comme en amour, c’est accueillir la parole de l’aimé comme étant véridique. C’est encore faire confiance à la vie et à Celui qui l’a initiée. Au creux de l’espérance se love la foi en des possibilités que la raison juge impossible.
« Par la foi, Abraham, mis à l'épreuve, a offert Isaac ; il offrait le fils unique, alors qu'il avait reçu les promesses et qu'on lui avait dit : C'est par Isaac qu'une descendance te sera assurée. Même un mort, se disait-il, Dieu est capable de le ressusciter ; aussi, dans une sorte de préfiguration, il retrouva son fils » Hébreux 11 : 17-19, version TOB.
La raison humaine ne pouvait que contester l’ordre divin ! Abraham aurait pu se dire : « ce n’est pas Dieu qui me parle ! Peut-il me demander de transgresser le principe du respect de la vie ? » (Plus tard = le sixième commandement de la loi ; cf. Exode 20 : 13). Il aurait aussi pu se dire : « à quoi peut bien servir de me demander de sacrifier le fils de la promesse, si c’est pour le ressusciter ? » Yahweh-Adonaï ne pouvait-il pas lire dans le cœur d’Abraham et savoir qu’il resterait fidèle à son ordre ? De même, comment comprendre la promesse divine d’une grande descendance, si on supprime le fils par lequel elle doit passer ? Ainsi, ce n’est pas pour Dieu que l’expérience était nécessaire, mais bien pour Abraham. Elle ancra sa vie dans une confiance presque sans faille en son Seigneur.
L’espérance décrite dans la Bible supplante la raison et la rend surannée. Aucun argument ne peut affaiblir sa force. Pourquoi ? L’apôtre répond :
« L’espérance ne trompe pas, car l'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné » Romains 5 : 5, version TOB.
« Espérer c’est prendre en mains les tiges entrelacées du présent quelles que soient leurs épines en pensant aux fleurs bariolées qui ondulent ou qui onduleront sur leurs pointes. Prendre en mains c’est aussi donner la main à d’autres, car nos rencontres tissent avec nous notre bien à venir. Espérer c’est faire confiance à la fois en les forces de la vie et dans ce que les relations authentiques peuvent offrir » Eugénie Vegleris (philosophe parisienne de conseil).
Le plus grand crime dans l’univers de violences que nous vivons est de priver l’humain de son pouvoir d’espérer. En mélangeant le religieux et le spirituel, on a occulté la faculté de discerner ce qui relève de la responsabilité individuelle, et ce qui relève de la religion (c’est-à-dire de règles, de pouvoir et de traditions). En affirmant que la religion et la politique ne font qu’un, d’autres instances ont imposé leur définition de l’espérance. La confusion que nous pouvons encore observée est totale : on tue au nom Dieu !
Un réarmement spirituel dirigé par le Saint-Esprit devient nécessaire pour installer définitivement dans nos cœurs le besoin d’espérer.
« Ne perdez pas votre assurance, elle obtient une grande récompense.
C'est d'endurance, en effet, que vous avez besoin, pour accomplir la volonté de Dieu et obtenir ainsi la réalisation de la promesse. Car encore si peu, si peu de temps, et celui qui vient sera là, il ne tardera pas. Mon juste par la foi vivra, mais s'il fait défection, mon âme ne trouve plus de satisfaction en lui » Hébreux 10 : 35-38, version TOB.
Espérer, c’est avoir la certitude que celui qui nous a parlé en Jésus-Christ, le Fils bien aimé, a dit la Vérité. En effet, le Christ a, tout au long de sa vie, déroulé un projet cohérent qui commence aujourd’hui et se poursuivra demain. Aucun humain ne peut, ni ne pourra, occulter cette divine espérance. Quand l’amour vrai prononce une parole, cette dernière ne peut qu’aller au-delà d’un simple ressenti, car elle porte et dit le vrai.
Pour ma part, mon espérance s’appuie sur deux paroles transmises par l’apôtre Jean. C’est en m’appuyant sur ce socle que ma foi a grandi et s’est fortifiée. C’est un témoignage que je veux laisser en ce début d’année. Voici ces deux paroles :
Une des raisons fortes pour laquelle l’espérance, une fois ancrée en soi ne peut subir de dommage, est que sa pérennité est opérée par l’amour (cf. 1 Corinthiens 13 : 13). Quand Dieu écrit dans notre esprit et sur nos cœurs cette vérité incomparable, rien ne peut désormais l’effacer.
L’apôtre Paul, parlant avec expérience et autorité, a transmis à son disciple Timothée cette parole :
« Elle est digne de confiance, cette parole, et mérite d'être pleinement accueillie par tous : Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs dont je suis, moi, le premier ». 1 Timothée 1 : 15, version TOB.
Ailleurs, écrivant aux chrétiens de Rome, il écrira :
« Qui nous séparera de l'amour du Christ ? La détresse, l'angoisse, la persécution, la faim, le dénuement, le danger, le glaive ? selon qu'il est écrit : À cause de toi nous sommes mis à mort tout le long du jour, nous avons été considérés comme des bêtes de boucherie. Mais en tout cela, nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. Oui, j'en ai l'assurance : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni le présent ni l'avenir, ni les puissances, ni les forces des hauteurs ni celles des profondeurs, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus Christ, notre Seigneur. » Rom. 8 : 35-39, version TOB.
Alors oui ! la parole du Christ est certaine (cf. 2 Timothée 2 : 11 ; Matthieu 24 : 35 ; Tite 3 : 8 ; 2 Pierre 1 : 19 ; Jean 6 : 40).
Une situation de vie des disciples du Christ éclaire notre propos. Jésus est encore en Galilée. Il vient d’accomplir le miracle des pains et des poissons. Il traverse le lac en marchant sur les eaux. Une partie de la foule le suit et lui pose une question pertinente à laquelle il répond. Puis, il développe le grand sujet du pain de vie. Ne pouvant comprendre la profondeur des paroles du Maître, plusieurs de ses disciples, à partir de ce moment, se retirèrent et n’allèrent plus avec lui. C’est alors que Jésus se tournant vers les douze (qu’il avait choisis) leur dit : « Et vous, ne voulez-vous pas aussi vous en aller ? Simon Pierre lui répondit : Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. » Jean 6 : 67-68, version LSG.
Notre raison profonde d’espérer est bien là !
A qui irions-nous ou vers qui aller ? en d’autres termes : vers qui se tourner pour faire route avec ? ou encore : auprès de qui cheminer ? où : « qui devons-nous suivre « comme chef » ? Pierre exprime le désarroi de la nature humaine. Livrée à elle-même, elle semble incapable de se diriger avec sagesse et intelligence. Mais en concomitance (le fameux « en même temps » de notre Président de la République), il déploie aussi sa foi : « Tu as les paroles de la vie éternelle ». Le « supra » de son espérance est d’autant plus prégnant qu’il s’agit de la vie éternelle ! (C’est-à-dire de la finalité du projet du Père, du Fils et Saint-Esprit !).
Conclusion :
Alors oui ! Espérer au-delà de toute espérance, c’est avoir foi dans le projet divin. Il répond parfaitement aux aspirations les plus solennelles du vivant. Qu’importe le titre de la communauté à laquelle nous appartenons, c’est en tant que chrétiens que nous devons nous positionner. A l’instar des apôtres, notre espérance va plus loin qu’une commune espérance de bien-être passager. Cette espérance transcende le temps et donne à notre existence une perspective heureuse. Cette espérance-là est alimentée par la certitude que le Saint-Esprit a inscrite d’une façon indélébile dans nos cœurs. Les apôtres en sont les témoins (cf. Actes 12 : 11 ; 24 : 23 ; 1 Timothée 3 : 1, Hébreux 6).
« Ainsi, deux actes irrévocables, dans lesquels il ne peut y avoir de mensonge de la part de Dieu, nous apportent un encouragement puissant, à nous qui avons tout laissé pour saisir l'espérance proposée. Elle est pour nous comme une ancre de l'âme, bien fermement fixée, qui pénètre au-delà du voile, là où est entré pour nous, en précurseur, Jésus, devenu grand prêtre pour l'éternité à la manière de Melkisédeq » Hébreux 6 :18-20 version TOB.
Je nous souhaite une bonne année dans cette espérance vivante et édifiante…
« Amen ! Viens Seigneur Jésus ! » Apocalypse 22 : 21, Version NBS.
Jacques Eychenne
PS : BCF, version Bible en Français Courant ; TOB, version Traduction Œcuménique de la Bible ; LSG, version Louis Segond 1982 ; NBS, version Nouvelle Bible Segond.