En période de crise

 

 

En période de crise

            ou

la confiance en Dieu

      Juges 6 à 8

 

Introduction :

 

L’histoire de l’humanité révèle une répétition de crises plus ou moins graves en alternance avec quelques périodes de paix. Aucune instance internationale n’a pu imposer d’une façon satisfaisante un climat de concorde et d’entraide. Pourtant nous aurions tous intérêt à nous entendre sur cette belle et petite planète bleue. Il faut admettre que l’absence de cette sagesse met en évidence un mal devant lequel l’humain semble impuissant. Malgré tout, ces difficultés inhérentes aux humains, ont aussi révélé des hommes et des femmes d’exception. Cet aspect positif est un encouragement pour toute personne de bonne volonté ; nous parlons de celles qui ne veulent pas se résigner devant les malheurs inéluctables des sociétés modernes. En fait, il n’y a rien de nouveau sous le soleil…

C’est la raison pour laquelle la Bible peut nous servir de référence et nous instruire. Elle présente une galerie de héros de la foi en temps de crise. Ils ont accompli avec l’aide de Dieu des choses étonnantes. Qu’en est-il pour nous aujourd’hui ? Comment des croyants peuvent-ils justifier un engagement armé contre des frères d’une même famille ? Quels leçons positives pouvons-nous tirer de l’observation de ces drames qui frappent des peuples, des familles, des innocents ?

 

Développement :

 

Prenons une période de l’histoire d’Israël, et zoomons le temps où ce peuple était constamment envahi par des hordes de madianites. Ces tribus venues d’Orient pillaient les récoltes et ne laissaient « ni vivres, ni petit bétail, ni bœufs, ni ânes » Juges 6 : 4, version NBS, derrière leurs razzias. Le seul recours du peuple d’Israël fut d’aménager des positions de repli dans les montagnes, afin d’y déposer de quoi subsister. Mais à la longue, très affaibli, épuisé par ces attaques incessantes, le peuple se tourna vers Celui qui lui avait donné le pays de Canaan. Un faisceau de prières monta vers Yaweh-Adonaï, avec des cris et des larmes.

Notons que jamais une telle détresse ne serait advenue sans une période de rupture du contrat-confiance entre le peuple et celui qu’il invoquait avec instance. Cette situation est souvent résumée par le mot : apostasie.

Toutefois, il est encourageant d’acter le fait que Dieu n’est pas resté sourd aux appels de son peuple. Il suscita en son sein un guide. Il eut pour mission de sauver Israël de

l’anéantissement. En ce sens, ce personnage, classé parmi les Juges qui ont dirigé le peuple, est un type de Christ. Gédéon, tel est son nom, commença par rappeler au peuple la référence historique et fondatrice de sa sortie de l’Egypte, aussi appelée : la maison des esclaves ou de la servitude. Le prophète rappelle que c’est Dieu qui a installé son peuple en Canaan. Si aujourd’hui ils sont harcelés, c’est précisément parce que les gens de ce peuple se sont laissés séduire par les dieux Amoréens. En réalité, ce fait a constitué une rupture de contrat. Elle est énoncée de la façon suivante : « Je suis le Seigneur (YHWH), votre Dieu… Mais vous ne m’avez pas écouté » Juges 6 : 10, version NBS.

  • La première instruction que nous pouvons souligner est la suivante : quand Yaweh-Adonaï parle, nous avons toujours intérêt à bien écouter. La raison est d’une grande limpidité : Dieu veut notre bien. Il nous libère de toute servitude afin de nous faire évoluer dans une relation heureuse. C’est toujours le même projet, comparable à celui d'un père qui aime ses enfants.
  • La deuxième porte sur le choix de Dieu dans le contexte que nous avons défini. Dieu vient vers Gédéon en dépêchant un messager. Gédéon est en train de battre du froment dans la campagne pour vite le mettre à l’abri des pilleurs de Madian. Et là, une parole tombe : « le Seigneur est avec toi, vaillant guerrier ! » Juges 6 : 12, version NBS.

Cela induit un propos important : Nous sommes tous connus de Dieu. Rien de notre personnalité ne lui échappe. De plus, même si jusqu’à ce jour Gédéon n’avait pas pris conscience du fait, le messager lui précise que le Seigneur Dieu est avec lui. Il connaît même sa vaillance dans les moments difficiles.

Si nous pouvions prendre conscience que Dieu est avec nous, même si tous les éléments nous inclinent à penser le contraire, nous serions forts de sa présence et nous n’aurions aucune crainte concernant notre avenir.

  • La troisième instruction que nous pouvons trouver dans ce récit concerne les sentiments très humains de Gédéon. Il ne comprend pas et s’en excuse. Seulement, il pose la question qui le taraude : « Pardon, mon seigneur, mais si le Seigneur est avec nous, pourquoi tout cela nous est-il arrivé ? » Juges 6 : 13a, version NBS. Trois sentiments préoccupent Gédéon :

Le sentiment d’incompréhension :

Question pertinente et récurrente de l’humain face aux incompréhensions de l’existence. Qui de nous peut dire ne jamais s’être interrogés devant des malheurs soudains ou des problèmes de santé ? Nous cheminons laborieusement dans cette vie. Il nous faut faire le deuil d’une compréhension de tous nos évènements. Il faut nous centrer sur l’affirmation « Dieu est avec toi ». L’apôtre Paul esquissera une explication, quand il dira à l’Aréopage d’Athènes : « D’un seul être il a fait toutes les nations des humains, pour que ceux-ci habitent toute la surface de la terre, dans les temps fixés et les limites qu’il a institués, afin qu’ils cherchent Dieu, si tant est qu’on puisse le trouver en tâtonnant. Pourtant il n’est pas loin de chacun de nous, car c’est en lui que nous vivons, que nous nous mouvons et que nous sommes » Actes 17 : 26-27, version NBS.

 

Le sentiment d’être abandonné :

comme nous avons du mal à comprendre ce qui nous arrive, la suite logique est que nous avons le sentiment d’être livrés à nous-mêmes (cf. juges 6 13c, version NBS). C’est la solitude dans un dédale de problèmes qui nous submergent.

 

Le sentiment d’être incapable :

renforcé par ce que nous venons de dire, nous nous sentons faibles et sans aucune aptitude à bien gérer les difficultés. Gédéon ne comprend pas que le choix de Dieu se porte sur lui. Il fait partie de « la phratrie la plus faible en Manassé », et même dans cette famille, il se considère comme le plus petit (cf. Juges 6 : 15, version NBS).

L’analyse de cette description objective des sentiments de Gédéon nous fait toucher du doigt nos fragilités. Si nous en restions là, son témoignage ne nous serait d’aucun secours. Mais la suite du récit est particulièrement édifiante. Auparavant, le messager du Seigneur avait posé en introduction une affirmation : « le Seigneur est avec toi ». Mais maintenant, face aux sentiments divers qui traversent l’esprit et le cœur de Gédéon, c’est l’Eternel lui-même qui lui parle et qui engage sa parole : « Je serai avec toi », version NBS.   עִמָּ֑ךְ)  אֶהְיֶ֖ה  : avec toi je serai). Paroles réconfortantes qui ont dû rassurer Gédéon. Les mêmes assurances avaient déjà été données à Isaac (cf. Genèse 26 : 3,24), à Jacob (cf. Genèse 28 : 15 ; 31 : 3) à Josué (cf. Deutéronome 31 : 23 ; Josué 1 : 9 ; 3 : 7) à Jérémie (cf. Jérémie 1 : 8). Soulignons les belles promesses du Seigneur, elles s’adressent aussi à nous :

« N’aie pas peur, car je suis avec toi ; ne jette pas des regards inquiets, car je suis ton Dieu ; je te rends fort, je viens à ton secours » Esaïe 41 : 10, version NBS.

L’Eternel n’a fait aucun reproche à Gédéon. Il a simplement répondu à son attente en l’assurant qu’il serait avec lui. Cette instruction est aussi pour chacun d’entre nous. Il est bon de prendre acte que le secours nous vient de l’Eternel. Dans ce récit, nous pouvons pointer succinctement tout ce qui est confirmé par Gédéon.

  • Le Dieu des certitudes : Juges 6 : 14 et 16.
  • Le Dieu qui valorise : Juges 6 : 14.
  • Le Dieu qui répond : Juges 6 : 21.
  • Le Dieu qui ne cesse de parler : Juges 16 : 14,16,23,25.
  • Le Dieu qui connaît et comble nos faiblesses : Juges 7 : 2.
  • Le Dieu qui conduit et donne des instructions précises : Juges 7 : 3-5,7.
  • Le Dieu qui apaise et encourage : Juges 7 : 23.
  • Le Dieu qui veut être avec nous : Juges 6 : 16.

Il est bon parfois de faire l’inventaire des actions divines au bénéfice de l’humain !

Pour autant, la confiance ne s’improvise pas…Gédéon a répondu positivement aux injonctions divines, mais en réclamant des gages. C’était osé, mais il voulait avoir l’intime conviction que c’était bien Dieu qui l’envoyait battre Madian. L’humain a toujours été friand de signes pour asseoir sa foi. Cela peut se comprendre, et Dieu accueille parfois de telle demande. Toutefois, le Seigneur Jésus dira un jour à Thomas : « Parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru » Jean 20 : 29, version LSG.

Avant d’analyser la foi de Gédéon, soulignons que YHWH se tourna vers Gédéon et lui dit : « Va, avec cette force que tu as ; tu sauveras Israël de la main de Madian ; n’est-ce pas moi qui t’envoie ? » Juges 6 : 14, version NBS. Le positionnement de l’Eternel, dans l’original hébreu, indique qu’il désire un face à face. L’enjeu se situe entre Dieu et lui. Aucune autre considération ne doit s’interposer. Il devrait en être de même dans nos vies. Evitons tous les intermédiaires qui risquent de porter atteinte à l’éveil de notre foi. Rien ne peut se substituer à une démarche personnelle. D’ailleurs, l’Eternel ne lui dit pas de s’appuyer sur la foi d’un autre ! YHWH investit positivement en l’humain en le responsabilisant. Cela sous-entend peut-être que Gédéon n’était pas tout à fait au clair concernant la force qui l’habitait. La démarche dynamique divine avait pour objectif de décupler sa confiance en lui-même et en Dieu. Arrêtons-nous pour souligner l’importance de la confiance en soi ! Dieu ne fera jamais pour nous ce que nous sommes capables de faire. Sinon, nous serions constamment infantilisés.

Aujourd’hui comme demain, le Seigneur nous invite à prendre conscience de nos possibilités et d’avancer avec ce capital confiance. Les difficultés ne cesseront jamais, les crises feront toujours partie de nos quotidiens, l’important est de traduire en actes le potentiel qui nous as été donné. Et nous avons tous reçu !

Le texte parle de force. Elle fait appel à une énergie qui nous est propre. Ailleurs, dans le Nouveau Testament Jésus aura une parole semblable. Il dira : « le royaume des cieux est soumis à la violence, et ce sont les violents qui s’en emparent » Matthieu 11 : 12, version NBS. (βιάζω = biazo = employer la force, appliquer la force).  De quelle force s’agit-il ?  Il est question d’une disposition mentale dynamique qui porte à l’action intérieure et extérieure. Gédéon avait ce potentiel mental et Dieu lui demande d’en prendre conscience et de l’actionner. C’est en étant en marche que le corps réalise ce pourquoi il a été créé !

De quelle façon la foi de Gédéon s’est-elle exprimée ?

  • En prenant conscience de la force qui lui avait été imputée, Juges 6 : 14.
  • En réclamant un signe pour que sa foi identifie sa source, Juges 6 : 17.
  • En démontrant son amour pour Dieu par l’offrande d’un sacrifice, Juges 6 : 18-21 (alors, sa foi s’exprime et offre).
  • Sa foi adore, Juges 6 : 24.
  • Sa foi agit, Juges 6 : 27.
  • Sa foi accueille humblement la conduite de Dieu, Juges 7 : 2,4,7,9.
  • Sa foi fait référence à l’obéissance à Dieu, Juges 7 : 8.
  • Sa foi a besoin d’être fortifiée, Juges 7 : 9.
  • Sa foi est traversée par le doute et la peur, Juges 7 : 10-11.
  • Sa foi traduit une conviction et se met en action, Juges 7 : 15-17.
  • Sa foi est humble et reconnaissante, Juges 8 : 23.

Toute sa détermination s’est mise en action coordonnée, et avec précision. Elle proclame par avance la victoire de YHWH sur les Madianites. Gédéon a accepté les conditions que le Seigneur lui imposait afin que la victoire soit son œuvre et non celle des 300 combattants. C’est en regard de cette acceptation que la victoire est possible.

 

Le résultat qui se dégage du récit est non seulement une victoire contre les agresseurs, mais surtout l’instauration d’une longue période de paix. « Le pays fut tranquille pendant quarante ans, pendant les jours de Gédéon » Juges 8 : 28, version NBS. Comme nous le constatons, la paix, ce bien précieux est l’aboutissement de tout

 

un processus qui migre en nous, en temps de crise. Cela devrait éveiller notre résilience, en comptant sur l’aide toujours présente du Tout-Puissant.

Toutefois, en ce bas monde la perfection n’existe pas. Après avoir été le témoin privilégié de l’action divine, Gédéon, peut-être un peu trop sûr maintenant de lui- même, va commettre une grave erreur. Il avait pourtant bien réagi quand le peuple voulut le reconnaître comme son maître (cf. Juges 8 : 22-23) !

 

La demande de trop : Gédéon sollicita ceux qui avaient pillé le camp de Madian en leur réclamant une part du butin. Il demanda que chacun lui donne un anneau d’or (les Madianites avaient l’habitude de porter ces anneaux d’or, comme de coutume chez les descendants d’Ismaël). On étendit un manteau, et chacun, volontairement, apporta le présent. Malheureusement, cette demande masquait un dessein moins glorieux. Gédéon transforma cet or en en faisant un éphod (cf. Dans la liturgie israélite, l’éphod était le vêtement des prêtres ; mais, dans notre récit, il s’agirait plutôt d’une statue, ou d’un objet divinatoire qui entraîna une démarche idolâtre). Il fut placé dans la ville de Gédéon à Ophra. Le texte précise : « Tout Israël se prostitua avec lui ; ce fut un piège pour Gédéon et pour sa maison » Juges 8 : 27, version NBS.

Cette mésaventure du glorieux Gédéon nous a été conservée pour nous signifier qu’il faut rester toujours vigilant. Jésus a parlé de la persévérance de la foi à la fin des temps : « Parce que l’iniquité se sera accrue, l’amour du plus grand nombre se refroidira. Mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé » Matthieu 24 : 12-13, version LSG.

La profondeur du pardon divin toucha Gédéon. Le récit nous rapporte qu’il connut une heureuse vieillesse, et qu’il fut enseveli dans le tombeau de son père Joas, à Ophra.

 

Conclusion :

 

Ce récit haut en couleur nous a été conservé pour notre édification. Il nous remet en mémoire les bonnes réflexions à avoir en temps de crise. L’aspect réconfortant est que Dieu reste toujours attentif aux souffrances humaines. L’histoire d’Israël révèle que Dieu est souvent intervenu en période difficile pour susciter des vocations et proposer des solutions. Le Christ en est la parfaite illustration. Il demeure l’envoyé singulier qui est venu apporter la vraie solution aux problèmes de notre monde en crise. L’objectif restera toujours invariable. Dieu se propose en Jésus-Christ de nous donner la paix qui émaille notre bien-vivre. L’histoire de Gédéon démontre une fois de plus que le sens obvie de la foi prend en compte la tendance spirituelle générale de nos vies et non tous nos passages à vide. C’est un Père qui accueille le pêcheur.

C’est la raison pour laquelle Gédéon fait partie de la galerie des héros de la foi. Parmi les juges qui dirigèrent Israël, son nom est cité en premier (cf. Hébreux 11 : 33).

 

« Nous donc aussi, puisque nous sommes entourés d’une si grande nuée de témoins, rejetons tout fardeau et le péché qui nous enlace si facilement, et courons avec persévérance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est le pionnier de la foi et qui la porte à son accomplissement » Hébreux 12 : 1,2, version NBS.

 

                                                                                     Jacques Eychenne

 

 

PS : NBS, version Nouvelle Bible Segond ; LSG, version Louis Segond.

 

 

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