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Bien vivre Une réforme permanente Hébreux 13 : 5-6
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Introduction :
Vouloir réformer un pays peut avoir des motivations louables, mais apprendre à bien vivre quelles que soient les circonstances est de loin une nécessité impérieuse. Pour beaucoup c’est l’aspect matériel qui l’emporte. Bien vivre équivaut à bien boire et manger, à s’amuser, à avoir de l’argent, a obtenir tout ce que le cœur désir. Ainsi dans tous les domaines et sur tous les plans nos civilisations vivent dans une ambiance de consommation. Tout le système capitaliste est fondé sur ce principe. On oublie souvent que l’humain est un être pensant et que la santé globale est en lien avec un équilibre et une harmonie de vie. C’est la raison pour laquelle le Christ et les apôtres ont prodigué des conseils visant le point nodal du bien vivre.
Le Christ dira sur le sujet : « Ne vous amassez pas de trésors sur la terre, où les mites et les vers font tout disparaître, où les voleurs percent les murs et dérobent » Matthieu 6 : 19, version TOB.
Ailleurs, il est dit :
« Que votre conduite ne soit pas inspirée par l’amour de l’argent ; contentez-vous de ce que vous avez, il a dit lui-même : je ne te délaisserai jamais, je ne t’abandonnerai jamais. C’est pourquoi nous pouvons dire avec courage : Le Seigneur est mon secours ; je n’aurai pas peur. Que peut me faire un être humain ? » Hébreux 13 : 5-6, version NBS.
La tendance actuelle n’est plus dans l’expression d’un bonheur simple, d’une joie mesurée, d’une solidarité autour de chez soi. A force de parler des difficultés, les gens adoptent une position de repli. Comme une protection, ils optent pour l’individualisme. Tous les facteurs exogènes qui affectent, contraignent, ou déstabilisent notre liberté personnelle ont des conséquences directes. La France fait partie des grands consommateurs de tranquillisants. Pourtant, nous vivons dans un beau pays. Alors pourquoi ne savons-nous pas gérer intelligemment nos relations humaines et notre environnement ? Les notions de profits, de pouvoirs, de dominations, de croissances effrénées ont entraîné une tension grandissante dans les relations personnelles. Devant les menaces de pénurie de matières premières, on prend maintenant conscience des échéances climatiques dramatiques qui vont percuter nos enfants et petits-enfants. Loin de présenter un scénario-catastrophe qui ne ferait qu’amplifier le sentiment sous-jacent de culpabilité, émettons l’idée d’une vision positive au regard du message biblique. Bien que le Seigneur lui-même ait prédit une dégradation des conditions de vie dans les derniers jours de l’humanité (cf. Matthieu 24, Luc 11), les chrétiens devraient préconiser un message centré sur le bien-vivre. Mais, est-ce réalisable ?
A l’instar de tous ces grands héros de la foi, qui ont traversé, avant nous, des temps de crise, (cf. Hébreux 11) il nous faut être convaincus que nous ne sommes que de passage sur cette terre (cf. Hébreux 11 :13 ; 1 Pierre 2 :11).
Pour autant, notre responsabilité s’exerce ici et maintenant, là où nous sommes. Le chrétien est invité à assumer sa position de citoyen de la terre dans le respect de la nature et des hommes, en ayant foi dans les promesses de Dieu. Pour vivre heureux, ne vivons pas cachés, et ne nous laissons pas porter par ce vent de morosité, voire de panique, qui est appelé à souffler de plus en plus fort… Comment ? En choisissant d’opter pour une réforme permanente. Commençons par choisir une valeur importante qui nous oriente vers le bien-vivre et analysons nos comportements.
Prenons par exemple la vertu du contentement. Cela vous fait sourire ! J’entends vos remarques et j’imagine vos petits sourires ... Et pourtant !
Développement :
Les politiques commencent à nous dire qu’il faut penser différemment et revoir nos fonctionnements. Alors pourquoi ne pas écouter les auteurs inspirés de la Bible qui nous ont présenté une philosophie de vie chrétienne ? Que dit l’apôtre Paul :
« J’ai appris à me contenter de l’état où je me trouve. Je sais vivre humblement comme je sais vivre dans l’abondance. En tout et partout, j’ai appris à être rassasié et à avoir faim, à être dans l’abondance et à être dans le manque. Je peux tout en celui qui me rend puissant ». Philippiens 4 : 11- 13, version NBS.
Examinons ce texte de plus près.
L’écrivain biblique dit : « J’ai appris ». Le verbe grec (μανθάνω = manthano = 1) apprendre, être enseigné 1a) accroître sa connaissance, être augmenté en savoir 1b) entendre, être informé 1c) apprendre par usage et pratique) couvre les 2 secteurs de recherche (Il est utilisé plus d’une centaine de fois dans la Bible).
- Apprendre par l’étude ou par tradition orale.
- Apprendre par l’expérience personnelle (cf. Romains 16 :17 ; Ephésiens 4 : 20,21 ; hébreux 5 : 8).
En synthèse, l’apôtre Paul a appris en étudiant, en écoutant les récits des anciens, ainsi qu’au travers des épreuves qu’il a rencontrées sur sa route… Autant dire que cet apprentissage a nécessité une volonté de réforme. On ne décrète pas, un beau matin, avoir acquis le bien précieux du contentement !
Mais qu’est-ce qu’au juste, le contentement ? Le mot grec (αὐτάρκης = autarkes = 1) avoir suffisamment pour soi-même, sans besoin d'aide ou de support 2) indépendant des circonstances extérieures 3) content de son sort, de ses moyens, même s'ils sont minces, satisfait de ce qu’il a). Αὐτάρκης, tout comme (αὐτάρκεια = autarkeia = 1) parfaite condition de vie, sans besoin d'aide ou de support 2) suffisance en ce qui concerne les nécessités de la vie 3) esprit content de son sort, contentement) est avant tout une qualité. Celle de se suffire à soi-même. Mais elle nous conduit vers 2 notions complémentaires :
Pour le chrétien, l’état d’esprit qui devrait le conduire au quotidien, fait appel à ces 2 notions d’apprentissage de vie pratique.
Mais, comme il est difficile de vivre dans cette harmonie du corps et de l’esprit, l’aide de Dieu pour le croyant demeure une aide appréciable. C’est peut-être pour cette raison que Paul associe la foi et le contentement, dans le texte cité ci-dessus à Timothée.
D’un côté le sens de la responsabilité conduit à assumer un travail ou une activité, et de l’autre à connaître ses limites et à intégrer la confiance en Dieu dans toutes les circonstances.
« Vous vous rappelez, frères, notre travail et notre peine : nuit et jour à l’œuvre, pour n’être à la charge d’aucun de vous... » 1 Thessaloniciens 2 : 9,10, version LSG.
De son côté, Jésus rassure : « ne vous inquiétez pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps, de quoi vous serez vêtus. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement ?... Ne vous inquiétez donc point, et ne dites pas : que mangerons-nous ? Que boirons-nous ? De quoi serons-nous vêtus ?... Votre père céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu ; et toutes ces choses vous seront données par-dessus ». , version LSG.
Certains vont penser que c’est de l’utopie, voire de la provocation pour tous les chômeurs et les sans-logis ! Pourtant à la réflexion, ce que propose le Christ est loin d’être inintéressant. En creusant notre propos, on finit par être en adéquation avec la prise de conscience des scientifiques concernant la gestion de notre planète. Le mot d’ordre, à la fois consensuel et à la mode, des climatologues (mais pas qu’eux !) est :
Il nous faut changer de mode de vie. Eh bien ! C’est précisément ce que nous dit la Bible…
Le message du Christ va dans le même sens sur bien des sujets : par exemple sur le nécessaire vital. On nous a fait croire que nous avions besoin de quantité de choses pour vivre, alors qu’elles apparaissent maintenant, comme étant très secondaires, voire superflues.
En actualisant ce message, nous pourrions dire :
pour bien-vivre, il nous faut être en rupture avec un système de consommation. Il faut dénoncer le mélange subtil du superflu au nécessaire. Le bon sens devrait prévaloir. Tôt ou tard, les humains devront réapprendre à vivre simplement ! Tôt ou tard, le monde occidental devra revenir aux anciens fondamentaux sur la qualité de la vie.
Réapprendre à se satisfaire du nécessaire, c’est aussi affirmer sa solidarité avec ceux qui luttent pour subsister, c’est renoncer à des privilèges qui donnent l’illusion d’un mieux-être, c’est respecter les lois de la nature en ne forçant pas les capacités de production, c’est mettre un terme aux spéculations de toutes natures, et en fin de compte, c’est être davantage en harmonie avec soi-même et les autres.
Oui ! Il nous faut entrer en rupture avec cet état d’esprit qui donne plus d’importance au superflu qu’au nécessaire, et qui crée de puissantes convoitises pour tous ces pays d’Afrique en particulier. Pourtant, la sagesse de la vie n’est pas toujours du côté que l’on croit.
Pourquoi est-il urgent d’entrer en rupture avec nos modes de vie ?
Pour au moins 2 bonnes raisons :
Le corollaire de tout cela est la montée en puissance d’un mal fort ancien qui se nomme : l’inquiétude (elle est souvent amplement justifiée). De surcroît, la course à l’armement atomique ne rassure personne. Jadis, la possession de l’arme dissuasive avait pour objectif la protection des peuples. Elle concernait uniquement les grandes nations, et voilà que pointe à l’horizon la menace de dérapages imprévisibles. Or, que faire maintenant, alors que plusieurs nations revendiquent à leur tour, la possession de l’arme nucléaire ?
Les gens ne sont pas dupes, ils ressentent bien la redoutable échéance. L’inquiétude est tout autant nourrie par les observations des scientifiques. Côté climat ce n’est pas mieux ! La fonte de l’Arctique n’a jamais été aussi impressionnante ! Tout semble s’accélérer. On nous explique qu’il s’agit de phénomènes de démultiplications des dérèglements de la planète... Comment voulez-vous que les gens ne soient pas inquiets et ne vivent pas de plus en plus mal !
Et, si de plus, on entretient une culpabilisation collective, l’avenir paraît bien bouché.
Alors comment réagir positivement et ne pas se laisser envahir ou submerger par toutes ces mauvaises nouvelles ?
La Bible apporte une contribution édifiante et une philosophie de vie positive.
Elle nous invite à être en rupture avec l’esprit qui mène ce monde :
« N'aimez point le monde, ni les choses qui sont dans le monde. Si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est point en lui ; car tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et l'orgueil de la vie, ne vient point du Père, mais vient du monde. Et le monde passe, et sa convoitise aussi ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement. » 1 Jean 2 : 15-17, version LSG.
Ailleurs l’apôtre Jean rappellera aux chrétiens le sens de leur responsabilité.
« Nous avons connu l'amour, en ce qu’il a donné sa vie pour nous ; nous aussi, nous devons donner notre vie pour les frères. Si quelqu'un possède les biens du monde, et que, voyant son frère dans le besoin, il lui ferme ses entrailles, comment l'amour de Dieu demeure-t-il en lui ? Petits enfants, n'aimons pas en paroles et avec la langue, mais en actions et avec vérité. Par là nous connaîtrons que nous sommes de la vérité, et nous rassurerons nos cœurs devant lui. » 1 Jean 3 : 16-19, version LSG.
Parler d’amour, de partage, de solidarité, tout cela peut paraître relever du registre de l’utopie ! C’est pourtant au cœur du message du Christ, et nous sommes tous loin de vivre ce message. C’est la raison pour laquelle, prenant conscience de nos lacunes, nous avons besoin du secours divin. L’humilité et le contentement cheminent ensemble et font bon ménage…
Alors, demandons à Dieu d’avoir la force spirituelle et mentale d’être en rupture avec l’esprit qui mène ce monde à sa perte. A notre niveau stoppons cette boulimie : vouloir toujours plus, posséder plus... (souvent au détriment des autres). En portant atteinte à l’équilibre de la nature, on a indirectement fait le choix du rejet de celui qui en est l’auteur : Dieu.
La confiance en Dieu, appelée la foi, disparaît de plus en plus vite, au profit d’une sacralisation de la science. On pense que c’est elle qui sortira le monde de l’impasse vers laquelle on fonce à vive allure. L’utopie n’est peut-être pas là où on la croit !
Plus que jamais, le message chrétien doit être réaffirmé. Il contient les vraies réponses aux problèmes des humains de cette belle planète bleue.
Le contenu de ce message d’espoir pour l’humanité est loin d’être dénué de fondements intéressants, car il contient des valeurs indispensables pour notre temps. Citons la confiance en soi, en l’autre, en Dieu ; la responsabilité dans ses choix ; le respect de l’autre dans ses différences, la solidarité dans le bien, etc... Ce ne sont pas des mots plaqués. Comme Paul, nous pouvons dire que nous avons appris et que nous continuons à apprendre au travers de toutes les circonstances de la vie. Assurément, le contentement est une valeur sûre, pas du tout cotée en bourse, et pourtant ! elle fait partie des valeurs les plus fiables, les plus constantes, les plus équilibrantes.
Le contentement adoucit l’inquiétude et renforce la confiance en Dieu et en soi. Il est révélateur d’une bonne connaissance de soi, de ses besoins et de ses limites.
Voulons-nous tendre à une meilleure qualité de vie ? Alors cultivons la vertu du contentement avec application et persévérance. L’inquiétude, ce mal-être permanent s’estompera peu à peu pour laisser place à la confiance en soi, et en Dieu.
Alors les textes du Christ, de Pierre, de Paul prendront du relief sur nos routes.
« Ne vous inquiétez donc pas du lendemain ; car le lendemain aura soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine ». Matthieu 6 : 26, 27,34. « déposez sur lui (Dieu) tout votre souci (ou anxiété), car lui-même prend soin de vous » 1 Pierre 5 : 7, trad. libre.
« Ne vous inquiétez de rien ; mais, en tout, par la prière et la supplication avec action de grâce, faites connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ ». Philippiens 4 : 6, trad. Libre.
Face au scepticisme ambiant, au catastrophisme annoncé, une bonne nouvelle peut retentir sur la terre. Apprenons mieux, et plus que jamais, à vivre simplement. Le nécessaire suffit au bonheur. Ainsi, l’antidote de l’inquiétude ne serait-il pas dans le contentement ?
Conclusion :
Assurément, nous avons à réapprendre : l’apôtre Paul déclare : « ce que vous avez appris, reçu, entendu de moi, observé en moi, tout cela, mettez-le en pratique. Et le Dieu de la paix sera avec vous » Philippiens 4 : 9, version TOB.
Apportant son témoignage, l’apôtre Pierre nous recentre sur la vie du Christ et nous invite à être des imitateurs de son parcours : « Or, c'est à cela que vous avez été appelés, car le Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un exemple afin que vous suiviez ses traces » 1 Pierre 2 : 21, version TOB.
L’apprentissage de l’attitude du contentement implique une réforme dans deux domaines d’expérience pratique :
Ce travail sur soi n’est pas aisé, car notre attitude complaisante à l’égard des biens de consommation a généré dans notre psychisme des habitudes. Pour corriger et inverser la tendance, l’aide de Dieu restera pour les croyants un atout appréciable. Vivre mieux, c’est vivre simplement. Cette espérance, il faut la partager.
« Demeure tranquille, appuyé sur l’Eternel, et attends-toi à lui. » Psaume 37 : 7, version Darby.
Eychenne Jacques
PS : version TOB, traduction Œcuménique de la Bible ;version NBS, Nouvelle Bible Segond, version LSG, Louis Segond.