Etienne premier martyr chrétien

Ou
La victoire de la foi
Actes 6 et 7


 
Introduction :

 

Parmi les personnages illustres du N.T, il en est un qui est impressionnant de foi et de courage : Etienne. Il est cité en premier dans la liste de nomination des diacres (Cf. Actes 6:1-6), et il est le premier martyr de la jeune Eglise chrétienne de Jérusalem.

Son nom provient du grec stephanos (Στεφανοσ= signifie couronne). Le même mot est usité, quand on décrit la couronne d’épine posée sur la tête de Jésus. (Cf. Matthieu 27:29). Mais, c’est aussi la couronne du vainqueur (Cf.1 Corinthiens 9:25). C’est encore la marque d’une autorité fraternelle et d’un engagement de service. Pour l’apôtre Paul, ses frères bien-aimés sont sa joie et sa couronne. (Cf. Philippiens 4:1; 1 Thessalonique 2:19).
Quant à l’apôtre Jacques, il utilise ce mot pour désigner celui qui aura traversé les épreuves: « la couronne de vie lui est promise »(Cf.   Jacques 1:12).
Enfin, Jean dans l’Apocalypse résume bien le sens du mot Stephanos, quand il écrit: « Sois fidèle jusqu’à la mort et je te donnerai la couronne de la vie ».  Apocalypse 2:10

 

Développement :

 

Etienne portait donc bien son nom, lui dont le témoignage a marqué l’histoire d’une manière indélébile.
Il semble qu’Etienne fasse partie de ces juifs hellénistes convertis au christianisme. Son nom grec attesterait ses origines. Il faut rappeler que ces juifs hellénistes avaient vécu hors de la Palestine… Pourtant, ils avaient leur propre synagogue à Jérusalem et ils lisaient, chaque sabbat, les rouleaux de la loi et des prophètes, en grec. 


Etienne est décrit comme un homme profondément engagé rendant un bon témoignage. Il est  rempli de l’Esprit Saint. (Cf. Actes 6: 5 ) C’était la condition pour être mis à part en vue de ce tout nouveau service de diaconat. Nous trouvons déjà là un motif de réflexion:
Tous ceux qui sont appelés à servir l’Église, doivent avoir cette qualité d’engagement. Elle n’a rien à voir avec une quelconque perfection.

La motivation première est  d’entrer dans le désir de disponibilité, au service des autres, avec désintéressement, sagesse et humilité, pour que l’Esprit Saint agisse, (pour l’utilité commune, comme dira l’apôtre Paul).


Les circonstances qui ont amené Etienne à accepter cette charge, nous permettent de dire, que la nomination du diaconat doit correspondre à un besoin de l’assemblée.
De plus, il appartient au groupe de fidèles de faire des propositions d’après les critères
ci-dessus mentionnés. On ne s’autoproclame pas diacre ou apôtre, évangéliste ou pasteur!
On peut ressentir une aspiration à une responsabilité, mais c’est l’Esprit Saint qui conduit l’assemblée dans les propositions et les décisions… C’est ainsi que fonctionnait la naissante église chrétienne.

 

Que nous apprend le texte d’Actes 6:8 au sujet d’Etienne?

« Etienne plein de grâce et de puissance, faisait des prodiges et de grands miracles parmi le peuple. »
Etienne devint très rapidement un personnage pour le moins dérangeant pour les autorités spirituelles, en place à Jérusalem...
Il était soit admiré, soit haï, tellement son témoignage était puissant. Il ne pouvait laisser indifférent. Sa grande joie était de servir la personne et l’œuvre du Christ avec application, dévouement et désintéressement.

 

Il demeure une référence pour tous ceux qui sont poussés à accueillir dans leur vie ce don du service.
Comme on le voit, Etienne déployait une grande activité, proclamant sa foi avec hardiesse. Sa prédication était accompagnée de grands signes venant de Dieu.
Avec les autres diacres et apôtres, sa proclamation de foi connut un vif succès.
« La parole de Dieu se répandait de plus en plus, le nombre des disciples augmentait beaucoup à Jérusalem, et une nombreuse foule de prêtres obéissaient à la foi » Actes 6:7.

Cette remise en question de la religion institutionnelle et traditionnelle juive ne pouvait que provoquer des réactions violentes…


Les mêmes causes, produisant les mêmes effets, Il en est de même aujourd’hui, quand la fraîcheur, la force et la beauté du message du Christ, est face à une tradition chrétienne émanant de commentaires humains, si intéressants soient-ils.


Les premiers chrétiens étaient appelés à faire la différence entre des paroles venant de l’humain, et celles venant de Dieu. (Cf. 1Thessaloniciens 2 : 13)

Le message d’Etienne, comme celui des apôtres, était simple et conforme à la pensée de Jésus-Christ. Les chefs de différentes synagogues ont bien essayé de discuter avec Etienne, (Cf. Actes 6: 9,10) mais, comme le dit le texte des Actes:
« Ils n’avaient pas la force de résister à la sagesse et à l’esprit par lequel il parlait. » actes 6 :10

Cette situation devenait insoutenable pour les responsables en place... Cette prédication novatrice bousculait les us et coutumes. Elle était perçue comme une démarche insurrectionnelle... Alors, tout comme pour Jésus, il ne restait plus que l’usage de la force, pour faire taire ce message dérangeant. C’est, et ce sera toujours ainsi:
Quand l’institution dominante est en position de force, elle utilise des moyens coercitifs.

En fait l’histoire des hommes démontre les faits suivant : En position de force, on a tendance à imposer sa vérité aux autres ; en position de faiblesse on revendique la liberté d’expression.
Les méthodes ancestrales d’intimidation marchent toujours… elles consistent à suggérer qu’il y a danger spirituel pour le salut du peuple ... On déclare dangereux l’étude personnelle de la Bible, ou telle prédication venant de telle personne etc. De nos jours, les propos sont plus ou moins feutrés, mais la démarche de fond  est la même...


Etienne ne craignait pas les conséquences de son engagement. Il ne redoutait pas que cela puisse le mener au pire. Peut-être avait-il en mémoire ces paroles de son maître:
 « Mettez-vous dans l’esprit de ne pas préméditer votre défense, car je vous donnerai une bouche et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront résister ou contredire. » Luc 21:15

 

Le Seigneur a un urgent besoin aujourd’hui, d’hommes et de femmes, ayant les mêmes convictions et la même détermination. Le monde doit entendre clairement le message libératoire de Jésus-Christ. Le péril n’est pas qu’écologique, il est avant tout spirituel !

 Les querelles intestines des religions pour faire valoir leur prééminence, ont souvent occulté la pureté du message originel de Jésus-Christ de Nazareth. Il faut donc que des témoins, de la trempe d’Etienne se lèvent, et redisent le contenu de l’enseignement d’un salut gratuit en Jésus-Christ.

 

Mais, Il faut le redire avec fidélité et humilité, dans le respect d’une appréciation différente. Personne n’a le monopole de la compréhension profonde des paroles de Jésus. Il appartient à chacun de se faire sa propre conviction.

Etienne vint facilement à bout d’un débat avec ceux de la synagogue des affranchis. (Ces descendants juifs emmenés en esclavage par Pompée, puis libérés par la suite... Il fit de même avec les Cyrénéens, les Alexandrins et les juifs de Cilicie, juifs de la diaspora).
Au lieu de reconnaître le bien fondé des arguments d’Etienne, ces juifs décidèrent de le réduire au silence. Le texte dit : « Ils ameutèrent le peuple, les anciens et les scribes, se saisirent d’Etienne à l’improviste et le conduisirent au Sanhédrin. » Actes 6 v. 12, (version la T.O.B) 

 

Si l’on prête bien attention au texte des Actes, on s’aperçoit que 4 chefs d’accusation sont prononcés par les faux témoins, soudoyés par le pouvoir en place. Ils  énoncent 4 blasphèmes : Contre Moïse et contre Dieu. Puis contre le temple de Jérusalem et contre la loi. (Cf. Actes 6 :12-14)
 Ces accusations sont une copie conforme de celles adressées à Jésus-Christ :

 

- Contre Moise et la loi : Les Pharisiens ont  accusé à tort Jésus de ne pas respecter la loi de Moïse, et en particulier le sabbat. (Cf. Jean 5 :43-47 ; 9:16 )


- Contre Dieu : Ils l’ont accusé de se prétendre être Fils de Dieu. Le grand prêtre posa à Jésus la question, lors de son procès : « Es-tu le Christ, le fils de Dieu? »  Matthieu 26:63-64 et Jésus a répondu : « Tu l’as dit. » Matthieu 26 :63,64.  Le Christ a même été accusé par les scribes d’être possédé par Béelzébul, le prince des démons, et de faire des miracles en son nom. (Cf. Marc 3 :22) Ce fut le comble de la caricature !

- Contre le temple de Jérusalem : Les grands prêtres et tout le sanhédrin accusèrent Jésus d’avoir osé dire : «  je puis détruire le temple de Dieu, et le rebâtir en trois jours. »  Matthieu 26 : 61-65 (Voire aussi Matthieu 24 :1)


- Contre la loi et la tradition des anciens : (Cf. Matthieu 15 :2-9) Pourtant dès le début de son ministère, le Christ a clairement dit qu’il n’était pas venu abolir la loi ou les prophètes (Cf. Matthieu 5 :17-20). Mieux encore, il dénonça l’hypocrisie de ces grands docteurs de la loi. Leur observance était souvent très intéressée  (Cf. Luc 11 :45-46).

 

Comme nous le constatons, la similitude des attaques (contre Jésus et contre Etienne) renvoie à une similitude d’état d’esprit. Celui qui animait les responsables de l’époque n’était pas en conformité avec l’enseignement divin.
De nos jours, on n’oppose pas Moise à Jésus, mais plus souvent, la grâce et la foi, à la loi. Mais dans cette hypothèse, cela sous-entendrait des sources d’inspiration différentes et des auteurs différents. Ce que démentent les apôtres Paul et Pierre. (Cf. 2 Timothée 3 :16 ; 2 Pierre1 :21) L’ancien et le nouveau testament ne s’opposent pas, ils se complètent. On ne peut vraiment comprendre l’un, qu’en regard de l’autre. La révélation divine est progressive. Elle a  pour finalité d’éclairer le ministère du Christ.

 

 Notre témoignage, à l’instar d’Etienne, doit se traduire dans le calme et la confiance, sans provocation. Mais cela ne fait pas l’économie de la conviction déterminée.  Rester fidèle à la Parole divine, sans l’édulcorer ou la falsifier, c’est demeurer dans l’Esprit qui a animé Etienne.
Sinon, quelque part, c’est laisser entendre, que Dieu a mal fait les choses, et que par exemple, les 10 paroles du Sinaï nécessitaient quelques retouches...  
Ce fait étant établi, personne malheureusement ne vit l’esprit de cette loi royale comme il le faudrait, et sous ce rapport, nous sommes tous logés à la même enseigne.

Ayant acté ce fait, personne n’a le droit de donner des leçons à quiconque.

 

Mais comment Etienne répondit aux graves accusations:


Simplement par l’histoire. Il a redit l'histoire...En effet, Etienne, pour sa défense, déroula le rouleau des interventions divines.Elles traduisent la façon dont Dieu a dirigé son peuple à travers les siècles. Il présenta une vision positive de l’influence divine dans la vie du peuple élu.

Pour lui, la première accusation dont il fut l’objet est non fondée, car sa prédication se positionne dans la continuité historique. Les chefs religieux auraient même du s’en réjouir.
De plus, Etienne se reconnaît, dès le départ de son exposé, comme un enfant d’Abraham. (« Notre père Abraham... » Cf. Actes 7:2). Ce faisant, il se situe dans la même famille que ses accusateurs. Récapitulant l’histoire, Etienne cita, certes Abraham, mais aussi Isaac, Jacob, Joseph, pour en arriver à Moïse. Non seulement Etienne prouva qu’il reconnaissait l’inspiration divine  de Moïse, mais encore il s’identifia à sa déception lorsque le peuple n’accepta pas la délivrance par sa main. (Cf. Actes7:25).

Etienne présenta le mal récurrent de la nature humaine dans la répétition de ses erreurs et son amnésie historique. Et on sait où cela conduit l’endurcissement d’Israël !
 
Non seulement Etienne n’était pas contre l’enseignement de Moïse, mais il attestait que Moïse a agi d’après les instructions reçues par Dieu lui-même. (Cf. Actes 7: 44).
Citant Josué, puis David, il en arriva à Salomon le premier bâtisseur du fameux temple de Jérusalem. Pour sa défense, Etienne montra qu’il n’était pas contre le temple, mais que sa compréhension du temple était autre.
Et citant un passage d’Esaïe (Cf. Esaïe 66:1,2) il affirma une position révolutionnaire: « Le Très-Haut n’habite pas dans ce qui est fait de main d’homme. »  Actes 7: 48
Pour les responsables spirituels de Jérusalem, très fiers de leur temple, c’était une atteinte à leur amour propre et à leur orgueil national !
Cette phrase a donc du soulever l’indignation générale, car on sent bien dans le récit, qu’Etienne fut obligé de raccourcir sa défense…
Aussi alla-t-il à l’essentiel, sachant que sa voix serait bientôt réduite, à jamais, au silence.

 

Qu’aurions-nous fait à sa place?
Si nous étions convaincus qu’il nous faille rendre un dernier témoignage, que dirions- nous?
Etienne était maintenant convaincu qu’il était parvenu au terme de son engagement de foi.
A-t-il pour autant voulu adoucir ses affirmations?


A-t-il invoqué quelques circonstances atténuantes pour éviter la mort?
A-t-il pensé à sa famille, ses amis, ses biens?
A-t-il dénoncé l’illégalité d’une telle convocation ? (N’était-elle pas une parodie de procès ? Ne rappelait-elle pas celle de son Seigneur et Sauveur ? Il était devant une mise en demeure de s’expliquer sur le champ, comme dans les tribunaux d’exception...)
La mort ne lui faisait pas peur…Soutenu par l’Esprit Saint, il poursuivit sa défense en disant:
 «  Hommes au cou raide, incirconcis de cœur et d’oreilles! Vous vous opposez toujours au Saint -Esprit… » Actes 7:51(lire encore jusqu’au verset 60)

Il se dégage de ce témoignage un sentiment de force et de puissance... Et, c’est ce même Esprit qui anima tous les chrétiens de la première heure.  Et, Comment oublier son visage...Il  paraissait comme celui d’un ange… (Cf. Actes 6:15)
Chacun des témoins de cette scène fut impressionné par les paroles vibrantes d’Etienne.

Un proverbe latin médiéval dit ceci:
 « C’est par la mort et non par les paroles que les martyrs confessent leur foi ».


Ce martyr fut une semence d’espoir car, au moment même où la voix d’Etienne s’éteignit, une autre plus puissante, allait se faire entendre…
Car un homme a assisté à cette mascarade de procès et l’a approuvée…
Cet homme, c’est Saul de Tarse. (Lire  Actes 8: 1-4) Celui qui deviendra l’apôtre Paul. Le diffuseur de l’Evangile en Occident. Saul fut marqué par l’exemple et la détermination d’Etienne. L’adversaire avait voulu réduire au silence un serviteur de Dieu ! Dieu allait appeler l’un d’entre ces mêmes accusateurs et meurtriers d’Etienne,  pour prendre sa place ... De la part de Dieu, c’est plus que de l’humour : substituer l’amour à la violence cruelle...
C’est certainement sans le savoir, ce jour même, que l’appel de Dieu a été lancé dans le cœur de Saul de Tarse… Dieu a commencé à ébranler sa superbe intransigeance, par la démonstration d’amour d’Etienne, pour finalement l’amener à ne plus se tromper de combat. Dieu attendait Saul de Tarse au tournant de l’histoire, pour son plus grand bien…
Il en est de même pour nous. C’est par amour que Dieu nous fait changer de route et de cap, pour nous conduire sur un chemin de joie et de paix. Gloire à son nom et à son amour pour nous!

 

La puissance d’amour de Dieu est telle qu’elle transforme, suivant ses plans, le mal en bien (Cf. Néhémie 13 :2). On ne s’en aperçoit pas de suite, mais en se retournant, on reconnait avec une netteté inexplicable et touchante, la bonne main de notre Créateur.

 

Conclusion :

 

Ce récit si dur, et si tragique, nous apprend à considérer l’histoire des acteurs de la vraie foi : Celle qui regarde, avec une confiance en Dieu indéfectible, le présent et l’avenir.

 

Nous n’avons rien à craindre de l’avenir sinon d’oublier comment Dieu a conduit son peuple à travers les siècles, et comment il nous a conduit et continue à nous conduire, pour nous faire connaître notre Sauveur et Seigneur Jésus-Christ.

Ce témoignage d’Etienne pose le problème de la fidélité dans notre relation à Dieu...

 

Témoigner est une chose simple, quand il est trop plein d’amour envers Dieu qui nous a tout donné. Pour Etienne, témoigner c’était tout simplement redire l’histoire de l’amour de Dieu pour son peuple... Quand est-il de nous chrétiens dans notre quotidien ?

                                                                                                                      Jacques Eychenne

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