Victoire sur le découragement

 

 

     Victoire sur le   découragement

   Jean 16 : 33

 

Introduction :

 

En ce début d’année, il est bon de revisiter les paroles encourageantes du Seigneur Jésus. Cette démarche s’impose d’autant que nous ne cessons pas d’être la cible d’informations anxiogènes. Avec les moyens modernes d’information, nous sommes rapidement au courant de toutes les catastrophes qui s’abattent sur notre planète. Constamment sollicités et en tension, nous risquons de voir notre moral contaminé par le virus du découragement. Comment échapper à ces vagues sinistres qui génèrent un long cortège d’abattements, de résignations et de déceptions ? C’est là que la parole du Seigneur prend toute sa mesure. Après avoir stimulé le lien de la confiance par ces mots : « Que votre cœur ne se trouble point », Jésus dira à ses disciples : « Vous aurez des tribulations dans le monde ; mais prenez courage, j’ai vaincu le monde » Jean 14 : 1 ; 16 : 33, version LSG. Quand on sait dans quel contexte cette parole a été donnée, on ne peut que méditer sur la portée profonde d’une telle affirmation.

La Bible n’a pas pour objet de nous illusionner sur les tendances naturelles de la nature humaine. Elle nous rapporte des faits qui mettent en lumière l’aspect faillible de ces serviteurs de Dieu. Quelque part il est réconfortant de constater que ces héros de la foi ont eu leur part d’ombre. Abraham, Moïse, David, Elie, pour ne citer qu’eux, ont aussi eu leur part de découragement.

 

Développement :

 

Prenons par exemple le cas du prophète Elie. Ce géant de la foi (dont le parcours spirituel est émaillé de victoires spirituelles) nous renvoyait une image sans faille de sa personnalité. Il semblait aussi imposant que les chênes du Liban, et pourtant devant un obstacle imprévu, il sombra dans le découragement, puis dans la dépression au point de ne désirer que la mort.

Dès lors, comment comprendre qu’un homme aussi combatif et plein de foi ait pu à ce point connaître une telle déroute morale et spirituelle ? Lui qui avait fait cesser miraculeusement la pluie, fait tomber le feu du ciel, affronté à lui seul tous les faux prophètes de Baal et d’Astarté, comment expliquer qu’il se soit liquéfié devant les menaces de la terrible Jézabel, la femme du roi d’Israël Achab ?

Essayons de comprendre comment ce géant de la foi, qui sera enlevé au ciel dans un chariot de feu (cf. 2 Rois 2 : 11), a pu réclamer la mort en s’arrêtant sous un genêt ?  En d’autres termes quelles ont été les raisons de son terrible abattement ?

L’aspect surprenant du récit (cf. 1 Rois 19 : 1-8) met en évidence aucun indice nous permettant de déceler la moindre faille de sa foi. Jusqu’à la proclamation de mort, lancée par Jézabel à son encontre, rien ne pouvait supposer une telle déroute. En relisant le chapitre précédent, nous retrouvons un prophète avec une foi incomparable. Il a l’audace de défier les prophètes de Baal et d’Astarté (cf. Il est seul face à 900 prophètes ; 1 Rois 18 : 19) à la solde du pouvoir royal. Son message est puissant (cf. 1 Rois 18 : 21-24). Il provoque et même raille ses adversaires (cf. idem, v. 27-28). Il prend son temps, après avoir défié ces prophètes. Sûr de son fait, habité par la présence divine, il va intervenir seulement à l’offrande du soir en demandant au peuple de s’approcher de lui pour être témoin oculaire de la vérité qui va éclater (entre les faux et le vrai prophète de Dieu ; cf.1 Rois 18 : 30). Elie va poursuivre, tel dans un scénario hollywoodien. Il va tout disposer pour rendre le miracle impossible (par trois fois on arrose le bois censé brûler). Puis solennellement, il adresse à Dieu cette prière : « Éternel, Dieu d'Abraham, d'Isaac, et d'Israël, qu'il soit connu aujourd'hui que toi tu es Dieu en Israël, et que moi je suis ton serviteur, et que c'est par ta parole que j'ai fait toutes ces choses. Réponds-moi, Éternel, réponds-moi, et que ce peuple sache que toi, Éternel, tu es Dieu, et que tu as ramené leur cœur. Et le feu de l'Éternel tomba, et consuma l'holocauste, et le bois, et les pierres, et la poussière, et lécha l'eau qui était dans le fossé. Et tout le peuple le vit ; et ils tombèrent sur leurs faces, et dirent : L'Éternel, c'est lui qui est Dieu ! L'Éternel, c'est lui qui est Dieu ! » 1 Rois 18 : 36-39, version DRB.

Dans un tel contexte, on se questionne : comment une telle foi peut-elle soudain être réduite à néant ? Surtout qu’après ces moments hauts en couleur, Elie va monter au sommet du Carmel pour invoquer la venue de la pluie, et l’Eternel va de nouveau l’exaucer. Le texte poursuit en disant « Et la main de l’Eternel fut sur Elie » 1 Rois 18 : 46, version DBR. Comme nous le constatons, Elie ne nous fournit aucun indice pour déceler sa fulgurante déroute spirituelle. Le contraste est même saisissant : « Et il s'en alla, lui, dans le désert, le chemin d'un jour, et vint et s'assit sous un genêt ; et il demanda la mort pour son âme, et dit : C'est assez ! maintenant, Éternel, prends mon âme, car je ne suis pas meilleur que mes pères. » 1 Rois 19 : 4, version DRB. 

Que s’est-il passé dans l’esprit d’Elie ? Comment expliquer ce subit et profond découragement ? Faut-il chercher dans les circonstances récentes ? c’est peu probable ! Ou alors dans ses dispositions intérieures ? c’est peut-être une piste, car Elie prend conscience qu’il n’est pas meilleur que ses pères. Mais que peut bien nous dire cette prise de conscience ?

Si Elie fuit devant la terrible Jézabel, ce n’est pas parce qu’elle est plus forte que lui, mais c’est parce que lui est plus faible. D’où lui vient cette subite chute de tension spirituelle ?

Quand on prend le temps d’examiner les actions du prophète, on se rend bien compte que son secret espoir était de réussir à réformer profondément le peuple d’Israël. Or, sa sérieuse désillusion est d’acter que toute son action a été réduite à néant par la volonté farouche d’une seule femme : Jézabel ! Quelle humiliation !

Ce récit nous parle en ce début d’année. Il nous dit que quand tout ne se profile pas comme nous l’aurions souhaité, nous sommes affectés par le découragement. Elie a dû se dire : « avoir déployé tant d’efforts pour en arriver là, ça ne vaut pas la peine de vivre ! » Pour nous, il en va de même parfois, et on rajoute : « à quoi bon prier un Dieu qui reste sourd à nos appels à l’aide ! A quoi bon être fidèle à la parole de Dieu, si c’est pour être frappé comme le dernier des brigands ! A quoi ont servi tous les miracles dont ce peuple a été témoin ? »  En fait, et plus simplement, Elie a fait naufrage dans sa relation à Dieu, parce que les évènements ne se sont pas déroulés comme il l’espérait. Sa réaction est souvent la nôtre. Alors, concrètement, face à lui-même et touché par une profonde incompréhension de tout son service en faveur de ce peuple, que fait-il ?

Il s’isole sous un genêt après avoir fui la menace de Jézabel. Il refuse de lutter en s’appuyant sur le Dieu qui l’a conduit jusqu’à cet instant. Il se replie sur lui-même et remet toute sa vie en question, signifiant par là qu’elle n’a plus de sens. Profondément blessé, terriblement déçu, soudain frappé d’amnésie, il oublie tout ce que l’Eternel a fait pour lui depuis tant d’années. Donnant trop d’importance à cette dernière épreuve et trop de crédit à la menace de Jézabel, sa foi capitule et laisse place au découragement et à la dépression.

L’expérience du prophète est souvent la nôtre : Ce sont nos déceptions qui entraînent nos découragements et nos pertes de foi. Il suffit parfois qu’un évènement un peu plus imprévu que les autres nous interpelle profondément, pour que nous remettions tout notre engagement chrétien en question. La suite on la connaît trop bien : on cherche à s’isoler, on ne veut plus voir personne, on ne peut plus entendre les conseils de nos proches…Bref ! le découragement se mue en tristesse lancinante et nos problèmes, tels une danse de guerre de Cheyennes, tournent autour de nous.

Dans une telle situation tout comme Elie, observons que nous sommes centrés uniquement sur nous-mêmes. On a l’impression d’être seul au monde. L’attitude du prophète est éclairante sur ce point quand il s’écrie : « J'ai été très jaloux pour l'Éternel, le Dieu des armées ; car les fils d'Israël ont abandonné ton alliance, ils ont renversé tes autels et ils ont tué tes prophètes par l'épée, et je suis resté, moi seul, et ils cherchent ma vie pour me l'ôter. » 1 Rois 19 :10, version DRB. Elie se croyait seul à être fidèle et Dieu l’informa qu’au moins sept mille hommes étaient en résistance à l’intérieur du peuple d’Israël (cf. 1 Rois 19 :18).

Il est vrai que lorsque nous sommes dans une position nombriliste nos difficultés deviennent exponentielles ! Tous les héros de la foi ont eu leur part de doute, de déception et de découragement. Il y a danger quand nous croyons qu’il n’y a aucune faille dans notre armure spirituelle. L’apôtre Paul, en fin connaisseur écrira aux chrétiens de Corinthe : « Que celui qui croit être debout prenne garde de tomber » 1 Corinthiens 10 :12, version LSG.

Il est signifiant d’observer chez le prophète l’amorce de son abattement. Aussi longtemps qu’Elie a eu le souci d’accomplir la volonté divine, il a marché de victoire en victoire. C’est quand il a perdu de vue sa mission, qu’il a fui dans le désert pour y souhaiter trouver la mort, que la difficulté est survenue. Elie aurait dû se souvenir que l’œuvre de Dieu dépendait moins de ses succès (dans ses actes et dans la diffusion de sa Parole) que de sa fidélité à suivre humblement la volonté divine avec confiance.

Mais, Dieu va-t-il laisser choir son serviteur dans la détresse ?

Yaweh-Adonaï n’abandonne jamais ceux qui lui font confiance, même quand ils n’ont plus la force de poursuivre leur chemin. Elie aurait dû se souvenir des paroles du prophète Esaïe. Parlant de la bonté de Dieu, il avait dit auparavant : « Une femme oublie-t-elle l'enfant qu'elle allaite ? N'a-t-elle pas pitié du fruit de ses entrailles ? Quand elle l'oublierait, Moi je ne t'oublierai point » Esaïe 49 : 15, version LSG.

Dans l’histoire de notre prophète, l’Eternel va déployer toute sa bonté (cf. 1 Rois 19 : 4-7) :

- Elie demande la mort, Dieu par son ange va lui redonner vie. – Elie veut dormir pour tout oublier, Dieu par son ange va le réveiller. Elie ne veut plus rien, Dieu par son ange va lui ordonner de manger (par deux fois). Doit-il courir au désert pour trouver sa pitance ? Dieu par son ange lui fournit le manger et le boire. Le repas est livré à domicile…

 

L’apôtre Paul a témoigné de l’amour de Dieu pour l’humain à l’Aréopage d’Athènes : « Le Dieu qui a créé l'univers et tout ce qui s'y trouve, lui qui est le Seigneur du ciel et de la terre, n'habite pas des temples construits par la main des hommes et son service non plus ne demande pas de mains humaines, comme s'il avait besoin de quelque chose, lui qui donne à tous la vie et le souffle, et tout le reste. « À partir d'un seul homme il a créé tous les peuples pour habiter toute la surface de la terre, il a défini des temps fixes et tracé les limites de l'habitat des hommes : c'était pour qu'ils cherchent Dieu ; peut-être pourraient-ils le découvrir en tâtonnant, lui qui, en réalité, n'est pas loin de chacun de nous… ». Actes 17 : 24-27, version TOB.

 

Oui ! Assurément c’est souvent quand nous croyions que Yaweh-Adonaï nous a délaissés ou abandonnés, qu’il est en fait le plus proche de nous. Encore faut-il en prendre conscience, c’est-à-dire symboliquement, accepter la nourriture qu’il nous propose pour reprendre des forces et remuscler nos motivations de foi et d’espérance. Symboliquement le Christ a incarné la réalité de cette nourriture essentielle pour nos vies. Il est le pain de vie (cf. Luc 6 : 35).

Celui que l’on appelle Dieu, Yaweh-Adonaï, l’Eternel, le Tout-puissant, notre Père, n’a pas changé de sentiments pour toutes ses créatures (cf. Jacques 1 : 17). Il est le même hier, aujourd’hui et demain. Son grand désir est de nous éveiller à son amour par Jésus-Christ, afin que notre route nous conduise à la grande délivrance qu’il prépare.

Alors, que nous ayons des doutes, des découragements, des moments de tristesse et d’abattement, des déceptions profondes, tout cela fait normalement partie de notre expérience humaine…

 

Mais revenons à Elie… Le final de son histoire est riche d’instructions. Alors qu’il avait décidé de mettre fin à ses jours, Dieu va le relever et le conduire là où il s’était révélé d’une façon incontestable. Dieu le conduit au Sinaï, là où les 10 commandements ont été donnés à l’humanité. Dieu a gravé ce code de bonne conduite dans la pierre. Elie a marché 40 jours et 40 nuits pour arriver au Sinaï. Là encore ces chiffres sont porteurs de symboles. Ils nous renvoient à ces 40 années d’errance du peuple d’Israël avant d’arriver en terre promise. Ils nous rappellent encore les 40 jours du Christ passés au désert pour combattre le malin (cf. Luc 4 : 1-2). Ce chiffre est souvent symbole du temps de l’épreuve à traverser. Nous aussi, nous avons nos déserts, nos solitudes et nos découragements.

Elie pensait son ministère terminé. Il ne se sentait plus la force d’avancer et pourtant Dieu va lui révéler que sa mission n’est pas achevée. Du Sinaï, il lui va lui ordonner de faire route vers Damas. Elie a vécu son chemin de Damas, mais avec une motivation certainement bien différente (cf. pour une grande le chemin est presque le même qu’à l’aller). Transporté par un nouvel état d’esprit, il accomplit la mission. Puis, enfin, c’est en marchant et en parlant à son successeur Elisée, qu’Elie monta au ciel dans un char de feu conduit par des chevaux de feu (cf. 2 Rois 2 : 11). Il fut enlevé dans un tourbillon et Elisée contempla ce prodigieux évènement. Ainsi, la fin de vie de ce grand prophète fut marquée par la victoire sur le découragement.

 

Conclusion :

 

A l’aune de cette nouvelle année nous n’avons rien à redouter de l’avenir. Si sombre qu’il puisse être, nous n’avons aucune raison d’être dans la crainte, à moins d’occulter les promesses de l’amour divin envers l’humain. La confiance devrait nous aider (comme Abraham) à considérer qu’en toutes circonstances « Dieu pourvoira » (cf. Genèse 22 : 8 ; Philippiens 4 : 19) à nos besoins. Si notre Père a dépêché le Christ pour nous révéler son projet, c’est afin que nous gardions, chevillée au corps, l’espérance de jours radieux. « Or, l’espérance ne trompe point, parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné » Romains 5 : 5, version LSG.

L’important n’est point que nous soyons contaminés par le virus du découragement. Nous savons qu’il peut muter en doute, en mal-être provisoire, ou même en dépression. Le vaccin, efficace à cent pour cent, nous a été inoculé par le Christ. Il a vaincu le mal et chacun de nous peut être placé au bénéfice de cette victoire historique.

 

Comme l’apôtre Paul nous osons dire : « Oui, j'en ai l'assurance : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni le présent ni l'avenir, ni les puissances, ni les forces des hauteurs ni celles des profondeurs, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus Christ, notre Seigneur » Romains 8 : 38-39, version TOB.

Notre responsabilité nous enjoint d’aller au-delà des apparences et de bien prendre en compte les promesses divines. Permettez-moi d’en citer quelques-unes !

 

« Tourne tes pas vers le SEIGNEUR, compte sur lui, il agira… Reste calme près du SEIGNEUR, espère en lui « Psaume 37 : 5,7, version TOB.

 

« Ne crains point, car je suis avec toi ; ne sois pas inquiet, car moi je suis ton Dieu. Je te fortifierai ; oui, je t'aiderai ; oui, je te soutiendrai par la droite de ma justice » Esaïe 41 : 10, version DRB.

 

« Dieu est pour nous un refuge et un fort, un secours toujours offert dans la détresse. Aussi nous ne craignons rien quand la terre bouge, et quand les montagnes basculent au cœur des mers » Psaume 46 : 2-3, version TOB.
 

Mon souhait pour nous tous, je le trouve résumé par l’apôtre Paul :

« Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et de toute paix dans la foi, pour que vous abondiez en espérance, par la puissance du Saint-Esprit » Romains 15 : 13, version LSG.

 

 Dans un esprit de résistance face à un monde qui se convulse, ne lâchons rien de nos convictions dans le respect des opinions d’autrui…

 

                                                                             Jacques Eychenne

 

PS : LSG, version Louis Segond ; DRB, version Darby ; TOB, version Traduction Œcuménique de la Bible.

 

 

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