Nos questions sans réponse

 

 

Nos questions

 sans réponse

Essai de clarification      

 

Introduction :


Aucun croyant ne peut échapper au décalage qu’il ressent entre l’espoir que soulève la parole de Dieu, et la triste réalité de la condition humaine. Si l’on veut ne pas développer une « foi d’autruche », il importe d’affronter sans détour les questions dérangeantes. Entre autres, comment comprendre le texte suivant :


« Heureux l'homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants, qui ne s'arrête pas sur la voie des pécheurs, et qui ne s'assied pas en compagnie des moqueurs, mais qui trouve son plaisir dans la loi de l'Éternel, et qui la médite jour et nuit ! Il est comme un arbre planté près d'un courant d'eau, qui donne son fruit en sa saison, et dont le feuillage ne se flétrit point: Tout ce qu'il fait lui réussit. » Psaume 1 : 1


Si tout doit réussir à celui qui s’applique à vivre sa foi en Dieu, alors, pourquoi le diacre Etienne a été lapidé, la plupart des apôtres ont fini martyrs, de nombreux chrétiens ont été tués par l’épée, d’autres torturés, d’autres maltraités et persécutés, d’autres sciés, d’autres ont tout quitté. Ils ont erré dans les déserts, les cavernes, les antres de la terre. (cf. Hébreux 11 : 36-38. D’après une ancienne tradition juive, le prophète Esaïe aurait été scié en deux par les serviteurs du roi Manassé, note c.i. Scofield, p. 1397).


Sur le thème de la prière, nous pouvons retrouver la même difficulté. Le Seigneur n’a-t-il pas affirmé à ses disciples : « Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l’avez reçu, et vous le verrez s’accomplir. » Marc 11 : 24. Il en va de même de la maladie et de la souffrance (cf. Jean 5 : 5-12 ; Luc 5 : 17)

Comment comprendre que tant de suppliques restent sans réponse apparente ! (Que de souffrances apparemment gratuites !) Même l’apôtre Paul a été placé en face de cette réalité. Il a demandé par trois fois à être délivré d’une infirmité (on pense à un problème de vue, d’ après Galates 6 : 1). Lui, qui avait guéri tant de personnes, a dû être surpris d’entendre la réponse divine. Le Seigneur lui a répondu : « Ma grâce te suffit. Car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. » 2 Corinthiens 12 : 9  

Pourquoi tant de questions restent-elles sans réponse ? Ne sont-elles pas de nature à nous décourager dans la marche de la foi ? Y a-t-il une explication satisfaisante ? Essayons d’avancer avec prudence sur ce terrain, comme nous l’avons déjà fait à propos du parcours insolite de Job, le serviteur de Dieu. Adoptons une démarche face à ces difficultés…


Développement :


1)   Affirmons que ces textes disent la vérité pour au moins deux bonnes raisons.


a)    « Il est impossible que Dieu mente » Hébreux 6 : 18 . Si Dieu possède la toute-puissance le mensonge n’a pas lieu d’être. Il devient inutile. La raison nous indique que Dieu n’a aucun intérêt à utiliser ce stratagème. Son fonctionnement repose sur l’amour. Le mensonge est en opposition avec la nature de la relation que Dieu désire avec ses créatures. Si le mensonge est étranger à sa pratique, par contre, il est au cœur de la démarche de son opposant (cf. Apocalypse 12 : 9). Le mensonge est bien étranger à Dieu…


b)   Le témoignage des apôtres :

- « Paul, serviteur de Dieu, et apôtre de Jésus -Christ pour la foi des élus de Dieu et la connaissance de la vérité », écrivant à son enfant spirituel Tite affirmedans le contexte de « l'espérance de la vie éternelle, promise dès les plus anciens temps » que Dieu ne ment point. (cf. Tite 1 : 1-2)

- « Qui est menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ? Celui-là est l'antéchrist, qui nie le Père et le Fils. Quiconque nie le Fils n'a pas non plus le Père; quiconque confesse le Fils a aussi le Père. » 1 Jean 2 : 22-23

- « Si nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de Dieu est plus grand; car le témoignage de Dieu consiste en ce qu’ il a rendu témoignage à son Fils. Celui qui croit au Fils de Dieu a ce témoignage en lui-même; celui qui ne croit pas Dieu le fait menteur, puisqu'il ne croit pas au témoignage que Dieu a rendu à son Fils. » 1 Jean 5: 9-10

Les apôtres ont bien attesté l’absence de mensonge en Dieu.

 

2)   Evitons les comparaisons entre humains et partons du principe que chaque parcours de vie est unique. Une des difficultés qui consiste à ne pas prendre les textes d’introduction à la lettre (cf. Psaume 1 : 1 ; Marc 11 : 21), procède des comparaisons entre malades et bien portants, entre riches et pauvres etc. Ce sont ces décalages de situation qui peuvent nous faire douter, voire même crié à l’injustice. Par exemple la prospérité des humains sans foi ni loi a toujours rebuté les serviteurs de Dieu. Ne voyant que la proximité de l’apparente réussite, ils ont crié à l’injustice. Ils ont même dû penser que Dieu était impuissant. Ils ont remis en question son autorité. Le Seigneur a bien dénoncé le côté pernicieux de la différence de talents personnels. L’important est de prendre conscience de ce que l’on a reçu. (cf. Matthieu 25 : 14-29) La comparaison dénoncée est plus pertinente dans la parabole des ouvriers. (cf. Matthieu 20 : 1-15)


Témoignage d’Asaph :


« Oui, Dieu est bon pour Israël, pour ceux qui ont le cœur pur. Toutefois, mon pied allait fléchir, mes pas étaient sur le point de glisser; car je portais envie aux insensés, en voyant le bonheur des méchants. Rien ne les tourmente jusqu'à leur mort, et leur corps est chargé d'embonpoint;

Ils n'ont aucune part aux souffrances humaines, ils ne sont point frappés comme le reste des hommes. Aussi l'orgueil leur sert de collier, la violence est le vêtement qui les enveloppe; l'iniquité sort de leurs entrailles, les pensées de leur cœur se font jour. Ils raillent, et parlent méchamment d'opprimer; ils profèrent des discours hautains, ils élèvent leur bouche jusqu'aux cieux, et leur langue se promène sur la terre. Voilà pourquoi son peuple se tourne de leur côté, il avale l'eau abondamment. Et il dit: Comment Dieu saurait-il, comment le Très-Haut connaîtrait-il ? Ainsi sont les méchants: Toujours heureux, ils accroissent leurs richesses. C'est donc en vain que j'ai purifié mon cœur, et que j'ai lavé mes mains dans l'innocence: Chaque jour je suis frappé, tous les matins mon châtiment est là. Si je disais: Je veux parler comme eux, voici, je trahirais la race de tes enfants. Quand j'ai réfléchi là-dessus pour m'éclairer, la difficulté fut grande à mes yeux, jusqu'à ce que j'eusse pénétré dans les sanctuaires de Dieu, Et que j'eusse pris garde au sort final des méchants » Psaume 73 : 1-17


Témoignage de David, roi d’Israël :


        « Garde le silence devant l'Éternel, et espère en lui; ne t'irrite pas contre celui qui réussit dans ses voies, contre l'homme qui vient à bout de ses mauvais desseins. Laisse la colère, abandonne la fureur; ne t'irrite pas, ce serait mal faire. Car les méchants seront retranchés, et ceux qui espèrent en l'Éternel posséderont le pays. » Psaume 37:7-9

      

  

3)   Concentrons-nous sur l’idée maîtresse du message divin :


C’est ainsi que nous pourrons éviter de sombrer dans de mauvaises interprétations.

« Cela est bon et agréable devant Dieu notre Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Car il y a un seul Dieu, et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus -Christ homme, qui s'est donné lui-même en rançon pour tous. C'est là le témoignage rendu en son propre temps, et pour lequel j’ai été établi prédicateur et apôtre, -je dis la vérité, je ne mens pas, -chargé d'instruire les païens dans la foi et la vérité. » 1Timothée 2:3-7

 

4)   La relation de confiance : l’œuvre de toute une vie.


David s’était irrité contre la réussite de ceux qui pratiquaient le mal. Dieu l’a apaisé en le recentrant sur une incontournable relation de confiance.

« Confie-toi en l'Éternel, et pratique le bien; aie le pays pour demeure et la fidélité pour pâture. Fais de l'Éternel tes délices, et il te donnera ce que ton cœur désire. Recommande ton sort à l'Éternel, mets en lui ta confiance, et il agira. Il fera paraître ta justice comme la lumière, et ton droit comme le soleil à son midi. Garde le silence devant l'Éternel, et espère en lui. » Psaume 37:3-7

Plutôt que de buter sur une question qui nous bloque, et pour laquelle nous n’aurons ici-bas jamais de réponse satisfaisante, pourquoi ne pas investir dans la confiance en Dieu ? N’est-ce pas la solution la plus apaisante, même si nous n’avons pas la réponse à toutes nos questions. Vouloir tout savoir, tout maîtriser, n’est-ce pas aller à l’encontre de l’épanouissement de la confiance en Dieu ?

Prendre en compte ses limites, accepté d’être dépassé par la transcendance divine, prendre conscience d’être un petit élément d’un grand tout, nous aide à développer progressivement la vertu positive de la confiance en Dieu, en soi, en l’autre. Reconnaissons que cette démarche va à l’encontre des prétentions humaines. Le mythe de Sisyphe d’ Albert Camus est là pour nous rappeler l’inanité des efforts humains. Peut-on tout comprendre ? La réponse est carrément non ! La raison biblique évoquée est limpide de simplicité.

« Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit l'Éternel. Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées. Comme la pluie et la neige descendent des cieux, et n'y retournent pas sans avoir arrosé, fécondé la terre, et fait germer les plantes, sans avoir donné de la semence au semeur et du pain à celui qui mange, ainsi en est-il de ma parole, qui sort de ma bouche: elle ne retourne point à moi sans effet, sans avoir exécuté ma volonté et accompli mes desseins » Esaïe 55:8-11

 

5)   Le triomphe de l’amour :


Pour surmonter les écueils de nos questionnements sans réponse, il importe parfois de repenser nos positionnements. Le message de Dieu, transmis par les prophètes et les apôtres, définit une priorité absolue à vivre au présent.

« Tu aimeras l'Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. » Deutéronome 6 : 5

« Jésus lui répondit: Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C’est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes. » Matthieu 22:37-40

Les deux commandements sont semblables, mais pas identiques. La différence qui sépare le Créateur de sa créature est considérable. Dès lors comment peut-on aimer Dieu que personne n’a jamais vu ?

L’apôtre Jean, le chantre de l’amour répond : « Personne n'a jamais vu Dieu; si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour est parfait en nous. Nous connaissons que nous demeurons en lui, et qu'il demeure en nous, en ce qu'il nous a donné de son Esprit. » 1 Jean 4 : 12-13

Et L’apôtre explique pourquoi nous devons aimer Dieu :

« Et nous, nous avons connu l'amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru. Dieu est amour; et celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. » 1 Jean 4 : 16

« Pour nous, nous l’aimons, parce qu’il nous a aimés le premier. Si quelqu'un dit: J'aime Dieu, et qu'il haïsse son frère, c'est un menteur; car celui qui n'aime pas son frère qu’il voit, comment peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas ? Et nous avons de lui ce commandement: que celui qui aime Dieu aime aussi son frère. » 1 Jean 4:19-21

Autrement dit, si les deux commandements sont placés sur un même plan, c’est afin de nous faire comprendre qu’il est impossible d’aimer Dieu isolément en faisant fi de son semblable. L’apprentissage du lien de l’amour, se construit avec celui ou celle qui est de la même humanité. C’est certainement la raison pour laquelle l’apôtre conclut son chapitre par ces mots : « Que celui qui aime Dieu aime aussi son frère ». 1 Jean 4 :21

6)   Accepter ses réussites et ses échecs :


Une des raisons qui bloque notre compréhension des affirmations bibliques, consiste à refuser, consciemment ou pas, nos mauvais choix de parcours. Autant nous considérons nos réussites comme gratifiantes, autant nous avons du mal à dépasser nos échecs. Et pourtant, ils sont tous deux très utiles. L’expérience démontre même que l’on progresse bien plus par ses échecs que par ses réussites. Cela est vrai, si on a la volonté de progresser dans ses objectifs. L’échec tout comme la réussite n’est qu’un instantané, l’important est de savoir ce que l’on va en faire. Tout est relatif, il n’y a pas lieu d’être démobilisé.

Pour construire un comportement positif, il est intéressant de prendre en compte ce que Dieu met à notre disposition pour avancer :

 

a)    Nous ne sommes jamais seuls dans notre combat. Nous sommes accompagnés, coachés. (cf. Matthieu 28 : 20 ; Jean 16 : 7-8)

L’esprit nous aide à comprendre le plan de Dieu pour nous. (cf. Romains 8 : 26-27)

Le Christ lui-même exerce un ministère d’intercession en notre faveur. (cf. Romains 8 : 34 ; Hébreux 7 : 25)

b)   Dieu fait concourir toutes les circonstances pour notre bien, même si nous ne le percevons pas toujours. (cf. Romains 8 : 28) Dieu fait tout coopérer pour notre marche vers le royaume éternel, car elle est bien là la destination finale des croyants (cf. Hébreux 11 : 10,13-16,39). Lorsque l’on est pénétré par cette pensée positive, on aborde le quotidien avec plus d’envie, de détermination, et de confiance.


Conclusion :


Notre essai de clarification sur le thème de nos questions sans réponse, n’a pas la prétention de résoudre toutes nos interrogations. Face à la transcendance divine, nous ne pouvons qu’esquisser quelques pistes de réflexions. Gageons qu’elles puissent aider certains d’entre nous à mieux appréhender leur quotidien avec plus d’allant et de sérénité.

La sagesse et l’humilité devraient nous inciter à plus de prudence dans le jugement d’autrui. L’apôtre Pierre, parlant des écrits de l’apôtre Paul, déclare qu’il y a des points difficiles à comprendre dans ses lettres (cf. 2 Pierre 3 : 15-16). A notre tour, soyons sur nos gardes pour éviter les formules toutes faites, les phrases à l’emporte-pièce, les recettes plaquées.

Expérimentons le bonheur d’une relation paisible avec Dieu et avec nos semblables. Et si, de-ci de-là, certaines de nos questions demeurent sans réponse, que l’espérance d’une future clarification console et apaise nos cœurs.  

  

                                                                     Jacques Eychenne

 

 

 

 

 

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