ou
sur les pas de Jésus
Jean 14:6
Introduction:
La vie est comme une randonnée sur des chemins déjà empruntés la plupart du temps. Ces chemins sont formés par les traces de ceux qui nous ont précédés. Ces répétitions en toutes circonstances, ont formé les sentiers et chemins de nos existences... Mais notre parcours demeure et restera unique. C’est alors que la question se pose :
Quel chemin choisir ? Autrement dit, où veut-on aller ? Cela nous rappelle les questions que nous entendions quand nous étions adolescents : « Que veux-tu faire plus tard ? » et on se souvient de ces périodes d’hésitations et de tâtonnements. C’était déjà un temps peu confortable.
Mais repositionnons-nous sur le sujet du chemin de vie. Un proverbe grec dit : « Quand on veut aller au bain, on ne va pas au moulin » (Epictète début 2è s.)
Dès lors, comment être sûr d’être sur le bon chemin ?
Sur un plan professionnel, il se peut que le choix à un moment donné se soit imposé ; mais qu’en est-il de notre choix profond de vie ? Avons-nous répondu à cette question, ou avons-nous accepté les évènements ? En d’autres termes avons-nous fait un choix ou les évènements ont-ils décidé pour nous ?
La vie est un bien trop précieux pour le réduire à une simple réalisation de besoins primaires. Nous ressentons tous plus ou moins la nécessité de choisir une ligne directrice, une philosophie de vie qui englobe le tout et lui donne sens.
Justin martyr dans son apologie du christianisme présentait déjà, au début du 2èmesiècle, sa conviction sur ce point. Il énonçait que le message du Christ était la meilleure philosophie de vie.
Alors essayons de nous faire une conviction, et voyons si sur ce thème le message du Seigneur Jésus demeure une vraie source d’interpellation.
Développement :
Dieu a, par avance, répondu à notre nécessité de marcher, à notre désir de nous réaliser dans la joie et la paix… Si nous partons du principe que Dieu est notre Père, il ne pouvait en être autrement. Il n’est aucun parent qui mettant au monde un enfant, ne l’aide dans l’apprentissage de sa marche… Il ne s’agit pas de dicter une conduite, mais plutôt de favoriser l’apprentissage d’une marche équilibrée et autonome sur tous les plans. Après nous avoir donné un espace de liberté, Dieu a donc tracé un chemin référent. A quoi sert la liberté, si on se perd dans un désert, sans point de repère ! A quoi sert la liberté, si l’on n’a pas les éléments pour se déterminer avec conviction ! La liberté n’est pas une chausse-trappe, pas plus un labyrinthe avec en finalité un puits aux oubliettes!
L’objectif de notre Père céleste est de nous inviter à emprunter un chemin de vie, un chemin plein de relations, d’émotions, de sentiments. La perspective n’aboutit pas au néant, mais à l’ouverture vers une autre expérience plus forte, plus belle, plus radieuse.
Mais pour l’heure et par simplification, la Bible présente en synthèse 2 chemins : Le Christ, l’envoyé de Dieu, les a clairement identifiés :(Cf. Matthieu 7 : 13-14)
- Le premier, d’accès aisé, confortable et facile, mène à la perte de la relation de vie.
- Le deuxième, d’accès étroit et resserré, conduit à un chemin de pleine vie.
Le Christ, à l’instar de l’exemple de son Père, dans l’ancien testament (Cf. Deutéronome 30 :15-16), non seulement nous invite à marcher, mais plus encore, nous oriente vers le bon chemin. Le verbe grec εισερχομαι peut aussi être traduit par entrer ou pénétrer. En fait, pénétrer le plan de Dieu, c’est au figuratif entrer dans la gloire (Cf. Luc 24 :26 ; Matthieu 5 :20). Le but avoué de notre marche concerne le royaume des cieux. C’est donc une marche qui commence aujourd’hui, et se poursuivra vers le haut. C’est l’ascension la plus difficile, mais aussi la plus exaltante qui nous soit proposée.
Apparemment, les enjeux semblent simples, mais la réalité est complexe. Le bon chemin n’est pas facile à trouver, même si on a une bonne carte et que la carte est sous nos yeux. D’où le conseil du Seigneur Jésus :
« Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite... » Luc 13 :24. Là encore le verbe grec est intéressant. Αγωηιζομαι signifie en premier concourir ; mais le sens le plus usité estcombattre (Cf. Jean 18 :36 ; Colossiens 1 :29, 4 :12 ; 1 Timothée 6 :12, 2 Timothée 4 :7).
Autant dire que la découverte et la marche sur le chemin de vie font appel à un désir fort, une aspiration puissante. C’est dans ce sens que nous comprenons les paroles de Jésus : « le royaume de Dieu est annoncé, et chacun use de violence pour y entrer » Luc 16 :16b
Il ne s’agit donc pas d’être indécis, indolent, nonchalant ou rêveur !
Si nous avons ce désir, et que notre volonté est mobilisée, alors la question de fond devient :Où et comment trouver le bon chemin ?
Heureusement pour nous, Dieu notre Père a parlé et agi ; on ne peut pas faire comme si Il n’avait rien dit, ou comme si rien ne s’était passé! La Bible est parole de Dieu.
Examinons avec attention le chapitre 8 du Deutéronome :
Que nous apprend ce texte :
- Dieu a donné des commandements ou 10 paroles, (décalogue) (Cf. Exode 20)… ces paroles fondent notre relation avec Dieu, elles balisent ce chemin de vie.
Comme dans la prévention routière, ces panneaux indiquent la direction, mais aussi les dangers de parcours.
- Ce chemin n’est pas pavé de roses, l’image du désert est intéressante, et pleine d’instructions. Dieu ne nous appelle pas à la facilité, il a confiance en nous, il s’investit dans une relation de qualité. (La facilité rejoint souvent la médiocrité). Il est hors de question pour notre Dieu, de nous entraîner sur une fausse piste, ou de nous faire vivre une satisfaction au rabais et à très court terme.
- Son amour pour nous est tel, qu’il sous-tend une pédagogie jusqu’à ce jour jamais inégalée. Il veut que nous fassions l’apprentissage d’un acquis de connaissance, qui intègre surtout l’expérience du cœur. (Cf.Deutéronome 8 :2) L’objectif est limpide : nous responsabiliser dans une relation affective de qualité pour marcher au mieux sur le chemin de vie et le prolonger vers l’infini.
- Cette pédagogie devrait entraîner de notre part adhésion et reconnaissance. Elle démontre par l’expérience que nous sommes entre de bonnes mains. De plus, cette pédagogie a un objectif avoué : l’entrée dans un bon pays (idem v. 7-9) qui devient le symbole pour nous d’un autre bon pays promis : Le royaume des cieux, aménagé par le Seigneur ! C’est l’infini précédemment énoncé...
- La reconnaissance de toutes ces bonnes choses, doit nous conduire tout naturellement à bénir l’Eternel (idem v.10) c'est-à-dire, à exprimer notre joie du bonheur d’aimer et d’être aimé. C’est précisément le besoin fondamental de tout être humain sur cette terre.
- L’Eternel, notre Père, veut nous responsabiliser, c’est pourquoi il nous met en garde : « garde-toi d’oublier l’Eternel, ton Dieu… ». (idem v.11) Autrement dit, n’oublie pas que je suis ton Père et que je t’aime !
Rappelons pour mémoire que la définition grecque de la vérité peut aussi être entendue comme le non-oubli (comme le rappelle fort justement la psychanalyste chrétienne Marie Balmary). La vérité (Cf. α-ληθεια) se définit comme l’acte volontaire qui consiste à ne pas oublier nos origines et le projet de vie qui l’accompagne. C’est tellement vrai que cette histoire d’amour s’est incarnée en Jésus-Christ. Il a été envoyé pour retracer un chemin de vie.
Il me semble important de ne pas confondre la vérité avec un catalogue de points de doctrine théologique, même si ce dernier traduit un besoin...
Le grand désir de Dieu s’articule autour d’une relation d’amour :
« Je suis vivant ! dit le Seigneur, l’Eternel, ce que je désire, ce n’est pas que le méchant meure, c’est qu’il change de conduite et qu’il vive. Revenez, revenez de vos mauvaises voies… » Ezéchiel 33 :11
La plus importante difficulté mentionnée dans la Bible est l’oubli de notre passé, plus précisément de nos origines et du projet de Dieu pour nous.
Le danger serait de penser que nous sommes le fruit du hasard, et donc, les seuls artisans de notre vie. Dans ce cas, la nature humaine serait en constat d’échec, puisque aucune solution n’a été apportée à l’incontournable problème de la mort.
Le verset 14 nous invite donc à rester humbles.
Les prétentions et vanités des hommes n’ont jamais apporté de vraies solutions. La preuve par 9 se vérifie dans la situation de notre belle planète bleue. Elle vire au gris- noir ! D’ou la recommandation de Dieu : « Garde-toi de dire en ton cœur : ma force et la puissance de ma main m’ont acquis ces richesses ». (idemv.17)
Toute pédagogie n’a de valeur que si on perçoit clairement ses motivations. Le verset 16 est éloquent sur ce point. Si nous ne sommes pas convaincus que Dieu veut notre bien, alors mangeons et buvons car demain nous mourrons !
David, le bien-aimé de Dieu, a bien perçu l’enjeu du bon choix, il l’exprime dans un hymne magnifique : (Cf. Psaume 16)
En vérité, l’invitation de Dieu est limpide. Que disent ses paroles ?
« Placez-vous sur les chemins, regardez, et demandez quels sont les anciens sentiers, quelle est la bonne voie ; marchez-y, et vous trouverez le repos de vos âmes » Jérémie 6 :16
Nous qui sommes soumis à l’accélération sans freins de ce monde, nous devrions prendre le temps de nous arrêter un moment. Juste le temps de regarder où l’on se trouve. Il est vital de prendre le temps de bien se situer : Suis-je sur un bon chemin de vie ?
Le tourbillon effréné de notre quotidien ne nous laisse pas beaucoup de temps pour répondre à cette question, et pourtant notre réponse conditionne notre qualité de vie. « Vous trouverez le repos de vos âmes ».
L’effort de volonté pour sortir des banalités et diverses formes répétitives de notre quotidien vaut la peine d’être expérimenté. L’aide de Dieu est à cet endroit très appréciable pour voir clair.« Demandez quels sont les anciens sentiers ».
C’est absolument nécessaire dans notre monde malade et déséquilibré !
Salomon, le sage écrivait déjà : « Considère le chemin par où tu passes et que toutes tes voies soient bien réglées ; ne te détourne ni à droite ni à gauche et écarte ton pied du mal ».Proverbes 4 :26.
Mais il se peut aussi, que fatigués, lassés, désabusés, découragés, déprimés, profondément déçus de tout, nous soyons assis au bord du chemin, n’ayant alors plus envie d’avancer ! Souvenons-nous dans ce cas, de cet aveugle Bartimée qui a vu sa vie s’éclairer en un instant ! Alors pourquoi pas nous ? Relisons attentivement Marc 10 : 46-53.
Alors, comme David, nous épancherons nos cœurs en disant :
« Fais-moi dès le matin entendre ta bonté ! Car je me confie en toi.
Fais-moi connaître le chemin où je dois marcher ! Car j’élève à toi mon âme… Que ton bon Esprit me conduise sur la voie droite ! ». Psaume 143 :8 et 10b
« Eternel fais-moi connaître tes voies, enseigne-moi tes sentiers. Conduis-moi dans la vérité, et instruis-moi ; Car tu es le Dieu de mon salut, tu es toujours mon espérance » Psaume 25 :4-5.
Certes notre parcours n’est pas linéaire ou rectiligne… Il y a tous nos chemins de traverse, nos bouffées d’indépendance, nos illusions perdues, comme le dit un chapitre du livre de Martin Luther King dans « la force d’aimer ». (Vieil ouvrage remarquable !).
Il y a aussi nos échecs, nos vanités, nos mauvais choix, bref un passé plus ou moins intéressant et encombrant ! Et puis, il y a tout ce que nous n’avons pas imaginé, et qui nous atteint plus ou moins brutalement ! Il faut composer avec tous ces imprévus, et accepter qu’ils fassent partie de notre formation. On apprend par l’expérience.
Il faut donc bannir tous les regrets, et se dire que tout ou presque était nécessaire pour se construire, et faire l’apprentissage de la différence entre la vraie vie et sa contrefaçon.
Tout peut être utile dans sa vie, si on sait avec l’aide de Dieu tirer un parti positif de son passé. Hier, c’était hier, mais tout peut devenir possible aujourd’hui.
La parole de Dieu dit : « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs… » Hébreux 3 :7-8 ; 4 :7.
Le piège est de croire que notre passé est trop lourd, pour oser espérer quelque chose de meilleur. Du coup, certains traînent des culpabilisations comme des boulets. Le plus triste est de constater, que les milieux dits religieux entretiennent « ce fond de commerce ». Les névroses chrétiennes sont de mauvaises réponses à de bonnes questions.
On ne peut pas faire l’économie de l’apprentissage dans notre savoir vivre. Saisissons l’espace de liberté qui est devant nous, pour vivre autrement, en nous positionnant sur le sentier de haute sécurité, préparé par notre Père céleste, qui ne veut que notre bonheur.
Prenons aussi conscience que le chemin que Dieu balise n’est pas un chemin de frustrations et de privations, c’est tout le contraire.
Il ne faut pas pour autant croire, que le bon choix rende la vie plus facile. Le croyant n’avance pas en voiture blindée, immunisé contre toutes maladies, préservé de tous désagréments et accidents, assis sur un nuage d’euro millions.
Ce serait profondément injuste, et qui plus est, irresponsable de la part de Dieu.
C’est l’épreuve qui prépare l’athlète à la performance… C’est en exerçant sa foi dans l’adversité, que celle-ci se fortifie et s’embellit.
Croire que le choix du bon chemin va nous rendre la vie plus facile est un leurre… Seulement, la satisfaction profonde de combattre est bien là. Son prix est inestimable ! « A vaincre sans péril on triomphe sans gloire… » C’est bien connu !
L’expérimentation des paroles de Dieu, dans une relation franche et honnête, amène à un constat objectif amplement positif.
Témoignage de Josué à la fin de sa vie : Josué 23 :14
Nous sommes tous invités à vivre un chemin de paix, de joie et d’espoir. Les promesses de Dieu sont certaines, alors prenons le au mot, quand il déclare :
« Voici, je vais faire une chose nouvelle… je mettrai un chemin dans le désert, et des fleuves dans la solitude. » Esaïe 43 :19
« … le soleil levant nous a visité d’en haut, pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort, pour diriger nos pas dans le chemin de la paix ».Luc 1 : 78-79.
Conclusion :
Quoique nous ayons vécu, l’important est ce qui est maintenant, aujourd’hui, devant nous. Depuis que le Christ est venu, nous ne sommes plus sans repère. Son exemple peut nous servir de référence pour avancer. « C’est à cela que vous avez été appelés, parce que Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces ». 1 Pierre 2 :21
A maintes reprises, le Seigneur a dû réconforter les apôtres. Il les a invités à regarder devant et vers le haut. « Faites-moi confiance et ne soyez pas prisonniers de vos peurs. Bientôt vous serez dans la maison de mon Père. Je ne vous dis que la vérité. Moi, je pars vous préparer une place pour chacun » (transcription libre de Jean 14 : 1-2) L’objectif avoué d’une telle démarche est d’être ensemble, rassemblés en famille, dans la maison du Père, avec notre sauveur Jésus-Christ.
Et comme Thomas était interrogatif, le Seigneur l’a rassuré en affirmant : « Je suis le chemin, la vérité, la vie ». Jean 14 :6
Soyons confiants ! « L’Eternel marchera lui-même devant toi, il sera lui-même avec toi, il ne te délaissera point, il ne t’abandonnera point ; ne crains point, et ne t’effraie point »Deutéronome 31 : 8.
Soyons confiants, le chemin a déjà été ouvert pour nous. « Nous avons été créés dans le Christ Jésus pour les bonnes œuvres que Dieu a préparées à l’avance, afin que nous marchions en elles. » Ephésiens 2 :10
Nous qui avons tant besoin d’être rassurés, accueillons comme Thomas les paroles de notre Seigneur, et n’oublions pas que ces paroles sont chemin de vie.
Jacques Eychenne