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La prière à quoi ça sert ? Luc 21 : 36 |
Introduction :
Quelque temps avant de se rendre à Jérusalem pour participer à sa dernière Pâques, le Seigneur parla de son retour en gloire (cf. Luc 17 : 24-30). A cette occasion, Jésus esquissa un tableau de la situation de notre monde, tel qu’il sera avant sa venue. Il procéda par comparaison. Il décrit le comportement des gens du temps de Noé et de Lot et il ajouta : « Il en sera de même le jour où le Fils de l'homme paraîtra » Luc 17 : 30, version LSG. Or, quand on analyse la description des comportements des gens de cette époque, on ne trouve rien d’extraordinairement répréhensible. Que faisaient-ils ? Ils mangeaient, buvaient, se mariaient, avaient des enfants, achetaient, vendaient, plantaient et bâtissaient. Rien qui ne soit à première vue, anormal ou même répréhensible. Sauf que l’état d’esprit qui conduisait leurs actions était complètement négatif et destructeur (cf. Genèse 6 : 5 ; 13 : 13). De nos jours, nous retrouvons des préoccupations analogues. Plus ou moins ouvertement, on cherche à occulter, consciemment ou pas, la référence à Dieu. De ce fait, a fortiori, notre sujet de la prière interpelle. Un questionnement s’impose. Laissons de côté les moqueries, petits sourires de compassion et oppositions ouvertes, voire véhémentes, et posons-nous simplement la question : La prière : à quoi ça sert ?
Développement :
L’opinion commune peut se traduire ainsi : la prière serait le fruit de l’imagination des humains. (On croit que l’on téléphone à quelqu’un, mais en réalité il n’y aurait personne au bout du fil). Cela relèverait d’un phénomène purement psychique. A force de répéter les mêmes choses, on finirait par se convaincre qu’elles existent vraiment. Tout cela participerait à l’élaboration d’une construction mentale virtuelle. D’ailleurs dit-on, si Dieu existait, il se montrerait, et nous croirions en lui, n’est-ce pas ? Ainsi, le croyant est interpellé dans sa foi en Dieu. Notons pour l’anecdote que nous retrouvons la même façon de penser à la crucifixion du Christ ! (cf. Matthieu 27 : 40). Observons encore que même dans certains milieux religieux, on pense que la prière est l’apanage des faibles qui ne savent pas s’assumer eux-mêmes. Plus généralement, notre monde occidental, de plus en plus rationaliste et laïcisé, a la réponse à notre question posée plus haut. Pour l’homme de la rue, la prière ne sert à rien, même si elle ne fait de mal à personne, c’est un phénomène placébo. Certains, plus ouverts, parlent comme Thomas dans les évangiles. Ils ne veulent croire, que ce qu’ils peuvent voir et toucher…
Accueillons toutes ces opinions avec bienveillance et approfondissons le sujet !
Les objections concernant l’efficacité de la prière en général font référence à une construction psychique. Ce serait le réflexe inconscient d’un besoin de protection et de sécurité. C’est bien connu, l’humain n’aime pas le vide, aussi le comble-t-il par la notion d’un Dieu. Dans toutes les ethnies de la terre et depuis des millénaires, n’en est-il pas ainsi ?
Sur un plan personnel, l’argument avancé pour discréditer la pratique de la prière consiste à mettre l’accent, en raccourci, sur un développement psychique. Il relèverait de notre imaginaire qui cherche des moyens de se sécuriser. Pour ce faire, se convaincre que Dieu est bien présent et qu’il entend nos prières serait une nécessité.
L’argument peut être pertinent, car il recouvre une part de vérité. Pour autant, il n’a aucune valeur dans le registre de la prière, telle qu’elle est décrite dans la Bible. Pourquoi ? Parce que cette forme auto-suggestive conduirait tout bonnement à se convaincre soi-même pour s’auto-protéger. Ce serait comme si l’individu se parlait à lui-même… Tandis que la prière au contraire s’adresse à un autre, Dieu pour les croyants. Ce n’est pas du tout pareil ! D’un côté nous aurions une sorte d’évasion pour échapper à la dure réalité de l’existence, de l’autre nous avons un choix délibéré. Si nous retenons l’argument d’une « déformation » psychique, il faudrait admettre qu’elle s’apparente à une fuite ou à une démission de notre responsabilité. Alors qu’il n’en est rien ! La prière est le choix d’accueillir ce que Dieu nous offre pour le mettre en pratique. La fuite déresponsabilise, la prière responsabilise.
De plus, dans cette démarche de forme auto-suggestive, l’individu serait complètement replié sur lui-même, alors que la prière est ouverture à une relation de confiance. « Ne soyez inquiets de rien, mais, en toute occasion, par la prière et la supplication accompagnées d'action de grâce, faites connaître vos demandes à Dieu. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus Christ » Philippiens 4 : 6-7 , version TOB.
En d’autres termes, le fait de se construire un concept qui ferait appel à notre imaginaire isolerait l’individu (dans un monde à lui). La prière fait exactement le contraire : elle nous ouvre à une expérience personnelle, riche en émotions concrètes. A l’analyse, on peut donc qualifier l’argument d’une construction imaginaire comme fallacieux. Disons avec le sourire, que vouloir disqualifier les bienfaits de la prière est un acte de foi hors du commun !
Plus sérieusement, il est vrai que le croyant ne peut convaincre l’incrédule de l’existence de Dieu. Toutefois, sa vie peut témoigner d’un calme et d’une sérénité. Les obstacles ne sont pas supprimés pour autant, mais par la prière, Dieu donne la force de les surmonter. L’apôtre Paul écrira : « Nous sommes pressés de toute manière, mais non réduits à l'extrémité; dans la détresse, mais non dans le désespoir » 2 Corinthiens 4 : 8, version NEG.
De plus, si la prière ne relèverait que de l’auto-suggestion, quel intérêt aurions-nous, intelligemment, à la maintenir dans le temps. Elle ne pourrait être que très occasionnelle. Si on sait pertinemment qu’il n’y a personne au bout du fil, et si on persévère, c’est qu’il y a un dérèglement mental. La démarche de prière n’a rien de commun avec cela, car elle est permanente. Le même apôtre écrira aux chrétiens de Thessalonique : « priez sans cesse » 1 Thessaloniciens 5 : 17. La prière rejoint une disposition intérieure, un état d’esprit permanent…
Il est vrai que la prière ne peut se résumer à un catalogue de demandes, ni à des antiennes dépourvues de conviction. L’humain pense que ses litanies vont user la bonté de Dieu. Elle est avant tout relation de confiance qui perdure jusqu’à la mort. Elle est engagement personnel. Comme nous le constatons l’argument avancé par ceux qui dénigrent la prière n’est pas rédhibitoire. Ceux qui se font les champions de l’opposition à la prière n’ont souvent jamais pris connaissance de l’enseignement du Christ sur le sujet. Souvenons-nous de la réplique du Dr Alexis Carrel à Nietzsche : « Il n’est pas plus honteux de prier que de boire ou de respirer. L’homme a besoin de Dieu comme il a besoin d’eau et d’oxygène ».
Savons-nous prier ? C’est peut-être la meilleure question à se poser. Les apôtres l’ont posée à Jésus en ces termes : « Seigneur enseigne-nous à prier » Luc 11 : 1, version LSG.
La prière et la science : Il est acté que des zones bien définies de notre cerveau stimulent nos passages à l’acte, comme la joie, le stress, la haine… On n’a pas encore ciblé la zone de l’hémisphère cérébral qui ouvre à la spiritualité. Peut-être un jour le saurons-nous ! Mais à l’évidence le besoin de prier présuppose un désir de communion avec Dieu. Il sous-entend un minimum d’informations. Comme en technique de communication, il y a un émetteur et un récepteur. Seule l’expérience personnelle permet d’authentifier cette réalité.
De même que la médecine moderne fait référence à la psychologie et à la psychiatrie devant des cas complexes, de même le désir de prier ne peut naître sans le ressenti de nos limites et la conscience de nos véritables besoins. C’est cette prise de conscience qui déclenche l’appel à un secours extérieur (Dieu étant le générique le plus utilisé). Il est vrai que la science moderne, surtout en Occident, regarde avec scepticisme et incrédulité, ce qui relève de l’expérience spirituelle. Rationalisme et démarche scientifique s’associent bien souvent pour discréditer le croyant. Si l’homme moderne se prive des bienfaits de la prière, c’est précisément parce qu’il reproduit ce qu’il dénonce. A vrai dire, il cherche à se convaincre, parce que la référence à Dieu l’insupporte. Il s’évertue alors à se croire seul capable, uniquement avec son intelligence, de déceler ses vrais besoins et ceux des autres. Dans le domaine de la moralité, nous en voyons les conséquences et nous en constatons les dégâts, partout, sur notre belle planète bleue. Cette ivresse d’autosuffisance a des conséquences multiples.
Pourquoi dès lors ne pas prendre en compte l’enseignement de la Bible ? Que nous dit-elle en condensé ?
La force de la prière est de prendre conscience que l’humain est un tout indivisible : il est physique, mental et spirituel. L’apôtre écrira : « Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie totalement, et que votre être entier, l'esprit, l'âme et le corps, soit gardé sans reproche à l'Avènement de notre Seigneur Jésus Christ » 1 Thessaloniciens 5 : 23, version FBJ. C’est la vision holistique biblique.
L’apôtre Paul dans un langage symbolique recouvrant cette réalité écrira : « nous qui sommes dans cette tente, nous gémissons, accablés ; c'est un fait : nous ne voulons pas nous dévêtir, mais revêtir un vêtement sur l'autre afin que ce qui est mortel soit englouti par la vie. Celui qui nous a formés pour cet avenir, c'est Dieu, qui nous a donné les arrhes de l'Esprit » 2 Corinthiens 5 : 4-5, version TOB. Et pour bien marquer que la prière appelle une relation, le même apôtre dira ailleurs : « lui qui nous a marqués de son sceau et a mis dans nos cœurs les arrhes de l'Esprit » 2 Corinthiens 1 : 22, version TOB. En d’autres termes, le Créateur a mis dans notre cerveau la capacité de percevoir ce Dieu invisible. C’est la raison pour laquelle, il se révèlera à la Samaritaine, sous les mots d’Esprit : « Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité » Jean 4 : 24, version LSG. Dieu se laisse trouver par ceux et celles qui le cherchent vraiment : « vous me chercherez, et vous me trouverez, car vous me rechercherez de tout votre cœur » Jérémie 29 : 13, version DRB.
Dès lors, qu’importe si certains pensent qu’il est inutile de prier, car tout serait écrit d’avance (la fatalité dominerait l’humain)… Qu’importe, si d’autres considèrent que nous ne sommes que des animaux évolués, même si les anthropologues placent l’humain tout en haut de la chaine de l’évolution, tout en niant l’acte créateur d’un être doué d’amour et de raison. Oui qu’importe !
Quand on considère les bienfaits multiples de la prière, on ne peut qu’être reconnaissants. Le sentiment d’être vraiment écouté et entendu provoque des émotions. Devant cette réalité, la science demeure muette, comme sur l’origine de la vie. Les prétentions humaines se perdent dans un trou noir. Croire que la prière est une comédie, revient à nier les mêmes effets que le langage de l’amour. On sait physiologiquement ce qui se passe quand deux êtres s’aiment. Des changements biochimiques apparaissent. On peut les détecter aujourd’hui dans le cerveau. Point n’est besoin de procéder à une analyse poussée pour constater une augmentation de notre adrénaline et de nos endorphines. Cette analyse scientifique n’est pourtant d’aucun recours, ou d’aucune utilité, pour ceux qui s’aiment, car pour eux, le plus important est ailleurs ! L’analyse scientifique n’obère en rien la perception de la joie des amants. Pour eux, ce qu’ils retiennent, dans le présent, c’est le bonheur qu’ils ressentent. Il en est de même de la prière…
La prière est lien de solidarité. Elle nous délivre de nos égoïsmes. L’apôtre Paul témoigne : « je rends grâce à mon Dieu chaque fois que j'évoque votre souvenir : toujours, en chaque prière pour vous tous, c'est avec joie que je prie » Philippiens 1 : 3-4, version TOB. Jésus dira à l’apôtre Pierre : « mais moi, j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne disparaisse pas. Et toi, quand tu seras revenu, affermis tes frères » Luc 22 : 32, version TOB.
La prière est aussi lien de fraternité. Avant de prendre le bateau à Tyr, Paul rassembla les disciples à l’extérieur de cette ville, et il pria avec eux sur le rivage : « notre séjour achevé, nous partîmes. Nous marchions, escortés de tous, y compris femmes et enfants. Hors de la ville, nous nous mîmes à genoux sur la grève pour prier » Actes 21 : 5, version FBJ. Souvent les apôtres ont demandé à l’assemblée des fidèles de prier pour eux (cf. Actes 8 : 24 ; Ephésiens 6 : 20 ; 1 Thessaloniciens 5 :25 ; 2 Thessaloniciens 3 : 1 ; Hébreux 13 : 18 ; Jacques 5 : 16).
La prière a des effets bénéfiques, mesurables et attestés, sur la santé. Médicalement parlant, on ignore les mécanismes qui participent à ces bienfaits, pour autant, les témoignages sont légion. De ce fait, certains chercheurs abordent le sujet et avancent plusieurs pistes de réflexion. « Plusieurs hypothèses sont désormais étudiées sérieusement, elles vont de la théorie quantique à la psychoneuroimmunologie (approche corps-esprit) en passant par la réponse de relaxation et même l’intervention « d’entités spirituelles » www.passeportsanté.
La prière fortifie l’estime de soi. Elle est l’assurance d’être entendu, et surtout compris.
L’apôtre Pierre nous conseille d’expérimenter cette vérité : « déchargez-vous sur lui (Dieu) de tous vos soucis, car lui-même prend soin de vous ». 1 Pierre 5 : 7, version NEG. Se savoir vraiment aimer est un bienfait qui n’a pas de prix. Qui mieux que Dieu peut comprendre tous nos états d’âme ! Quand on se sent reconnu pour ce que nous sommes, et tel que nous sommes, l’estime de soi grandit (cf. 1 Corinthiens 15 : 10). Dire combien ce fait est d’importance est superflu. C’est la raison pour laquelle le Seigneur nous dit d’aller vers lui sans réserve : « venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos » Matthieu 11 : 28, version DRB.
La prière décuple la confiance en soi. Quand on a la conviction profonde d’être accompagné et encouragé, les sentiments qui nous habitent sont empreints d’une sincère gratitude. L’apôtre témoignait de sa confiance en Dieu en ces termes : « je suis plein de reconnaissance envers celui qui m'a donné la force, Christ Jésus notre Seigneur: c'est lui qui m'a jugé digne de confiance en me prenant à son service » 1Timothée 1 : 12, version TOB. Bien avant lui, le roi David recommandait : « confie-toi en l’Eternel, et pratique le bien…fais de l’Eternel tes délices et il te donnera ce que ton cœur désire. Recommande ton sort à l’Eternel, mets en lui ta confiance, et il agira » Psaume 37 : 3-5, version LSG. Ailleurs, il dira : « remets à YHVH-Adonaï ton fardeau, il te sustentera » Psaume 55 : 22, version DRB.
La prière qui procède d’une démarche de la foi peut avoir des effets insoupçonnés. Elle rend la médecine perplexe, car on ne peut nier l’évidence d’une transformation inexplicable. L’apôtre Jacques en disciple du Christ convaincu (pour avoir été témoin de nombreux miracles) écrira : « la prière de la foi sauvera le malade, et le Seigneur le relèvera » Jacques 5 : 15.
Conclusion :
S’il nous importe d’accueillir avec bienveillance, ceux et celles qui ne pensent pas comme nous sur le sujet de la prière, il convient de ne pas occulter tous les bienfaits de sa pratique. C’est la raison pour laquelle l’apôtre Paul a osé dire à son disciple : « je veux donc que les hommes prient en tout lieu, en élevant des mains pures, sans colère ni mauvaises pensées » 1 Timothée 2 : 8, version NEG. Luc, le médecin bien-aimé, ponctue le discours de Jésus sur la fin des temps par ces mots : « restez éveillés dans une prière de tous les instants pour être jugés dignes d'échapper à tous ces événements à venir et de vous tenir debout devant le Fils de l'homme » Luc 21 : 36, version TOB.
Priez notre Dieu est non seulement une force, mais encore une joie, mais aussi un plaisir, mais aussi un bonheur…
Jacques Eychenne
PS : Version LSG, Louis Segond ; TOB, traduction œcuménique de la Bible ; NEG, Nouvelle Edition de Genève ; FBJ, version française de la Bible de Jérusalem ; DBR, version française Darby.