La bienveillance divine

 

 

 

  La bienveillance             divine

                              ou

    nos idées fausses sur Dieu

          Les  Psaumes  

 

Introduction :

 

Parler de Dieu, c’est souvent énoncer des lieux communs teintés d’incompréhensions. Dans l’imaginaire populaire, on a la conception d’un vieillard autoritaire dont on ne comprend pas le silence, apparemment irresponsable, face aux malheurs de notre monde. Il semble même que ce Dieu soit impuissant à endiguer les vagues de destructions produites par la race humaine. On laisse entendre que nous sommes devant une autorité  despotique. L’alternative devant laquelle on se positionnerait  serait soit la résignation, soit la soumission, soit la colère ou la révolte. Autrement dit, ce que nous pouvons connaître de Dieu nous paraît inintelligible, mystérieux, inconcevable et inaccessible. Même parmi les croyants de notre terre, il y a une perception anthropomorphique (à notre image) d’un Dieu toujours prêt à punir. Un redresseur de torts qui sans cesse fait peser sur nous le poids de nombreuses culpabilisations, comme pour nous asservir. De là à penser que les religions nous empêchent de bien vivre, il n’y a qu’un pas et il est franchi  allègrement par beaucoup. L’actualité religieuse confirme cette perception. Les interventions publiques   religieuses sont trop marquées par la notion de l’interdit sans nuances. Et tout y passe sans modération : le mariage homosexuel, l’IVG (l’interruption volontaire de grossesse), la PMA (procréation médicalement assistée), l’euthanasie, le transgenre ou transhumanisme…

Le bouillon de culture de tous ces éléments agrégés fournit toutes les bonnes raisons pour rejeter la révélation de Dieu. Et si Dieu était tout autre ? Et si sa Parole, mal desservie par ses prêcheurs, présentait un Dieu à la compassion d’un Père ? 

 

Développement :

 

Certes, il est important de respecter chaque point de vue individuel, seulement on peut aussi avoir à cœur de donner une autre version des perceptions courantes du citoyen lambda sur Dieu. La Bible nous révèle autre chose qu’un vieux barbu scrutant le monde pour édicter sa volonté. C’est ce que nous nous proposons de faire dans cette réflexion.

Pour approfondir le sujet, il est utile de partir des perceptions personnelles de ceux qui, comme Abraham ou Moïse, ont été reconnus comme amis de Dieu (cf. Jacques 2 : 23 ; Exode 33 :11). Parmi ceux qui ont eu une proximité de cœur avec Dieu nous trouvons aussi David.  Lui dira « la vérité selon son cœur » Psaume 15 : 2. Il témoignera son amour pour Dieu : « je t'aime, Yahvé, ma force mon sauveur, tu m'as sauvé de la violence. Yahvé est mon roc et ma forteresse, mon libérateur, c'est mon Dieu. Je m'abrite en lui, mon rocher, mon bouclier et ma force de salut, ma citadelle et mon refuge » Psaume 18 : 2-3, version Française de la  Bible de Jérusalem.  

 

David nous parle de son Dieu, comme un fils parlerait de son père avec tendresse. C’est parce qu’il a expérimenté concrètement la bonté de ce Père, qu’il l’évoque en des termes empreints de beaucoup de reconnaissance : « fais que j'entende au matin ton amour, car je compte sur toi ; fais que je sache la route à suivre, car vers toi j'élève mon âme… Enseigne-moi à faire tes volontés, car c'est toi mon Dieu ; que ton souffle bon me conduise par une terre unie » Psaume 143 : 8,10, version FBJ.

David a présenté sa poésie en l’honneur de son Dieu en l’associant à la musique. Le chef des chantres avait la responsabilité d’accompagner les textes de David par un chant de marche le plus souvent. Ainsi, se gravait dans le conscient collectif la notion d’un Dieu paternel, dont la proximité nous révélait ses sentiments affectueux. Nous sommes très loin d’une compréhension des dieux de la mythologie  babylonienne, sumérienne, persane ou grecque. Pas plus que celle des dieux des civilisations égyptiennes. Le Dieu que nous révèlent Abraham, Moïse et David, est tout autre et incomparable.

 

Cela transparaît dans la relation mise en place au quotidien. « Et moi, je chanterai ta force, j'acclamerai ton amour au matin ; tu as été pour moi une citadelle, un refuge au jour de mon angoisse » Psaume 59 : 17, version FBJ. Non seulement dès le lever du jour David ressent le besoin de parler à son Dieu comme un fils salue son père, mais dès le matin, il entretient cette communion permanente avec lui : « Éternel ! Le matin tu entends ma voix ; le matin je me tourne vers toi, et je regarde  » Psaume 5 : 3, version Nouvelle Edition de Genève. « Ô Éternel ! J’implore ton secours, et le matin ma prière s'élève à toi »  Psaume 88 : 13, version Louis Segond. « Rassasie-nous de ton amour au matin, nous serons dans la joie et le chant tous les jours »  Psaume 90 : 14, version FBJ. «  Il est bon de rendre grâce à Yahvé, de jouer pour ton nom, Très-Haut, de publier au matin ton amour, ta fidélité au long des nuits, sur la lyre à dix cordes et la cithare, avec un murmure de harpe. Tu m'as réjoui, Yahvé, par tes œuvres, devant l'ouvrage de tes mains je m'écrie que tes œuvres sont grandes, Yahvé, combien profondes tes pensées ! » Psaume 92 : 2-6, version FBJ.

 

Dans la difficulté des quotidiens, David exprime son besoin de proximité avec ce Père : « ne te tiens pas loin de moi, car la détresse est proche, car il n'y a personne qui secoure » Psaume 22 : 11, version Darby. « Tu es mon secours, ne me laisse pas, ne m'abandonne pas, Dieu de mon salut ! »  Psaume 27 : 9, version LSG. Choisissant l’image du bon berger, David en des termes sublimes parlera de cette proximité heureuse et bienfaisante (cf. Lire le Psaume 23). Sa relation avec son Dieu n’est pas perçue comme un devoir, une obligation, une contrainte … Elle est source de vie et de bonheur : « je bénis l'Éternel, mon conseiller ; la nuit même mon cœur m'exhorte. J'ai constamment l'Éternel sous mes yeux ; quand il est à ma droite, je ne chancelle pas. Aussi mon cœur est dans la joie, mon esprit dans l'allégresse, et mon corps repose en sécurité. Car tu ne livreras pas mon âme au séjour des morts, tu ne permettras pas que ton bien-aimé voie la corruption. Tu me feras connaître le sentier de la vie ; il y a d'abondantes joies devant ta face, des délices éternelles à ta droite » Psaume 16 : 7-11, version NEG.

David s’est beaucoup interrogé sur le sens de la vie et sur la grandeur de l’univers. Il s’est senti presque insignifiant devant cette glorieuse symphonie du cosmos. Il dira : « qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui ? »  Psaume 8 : 4, version NEG. Pour lui, la majesté de toute la création des univers témoigne de l’insaisissable grandeur de Dieu devant laquelle on ne peut que s’incliner… L’émerveillement force le respect et donne du sens à la réalité de son existence en tant que Père prodigue : « les cieux racontent la gloire de Dieu, le firmament proclame l'œuvre de ses mains. Le jour en prodigue au jour le récit, la nuit en donne connaissance à la nuit. Ce n'est pas un récit, il n'y a pas de mots, leur voix ne s'entend pas. Leur harmonie éclate sur toute la terre et leur langage jusqu'au bout du monde »  Psaume 19 : 2-5, version Traduction œcuménique de la Bible.

 

Sur un plan plus personnel et plus intime, David nous dit pourquoi il importe de créer un lien fort avec ce Père des cieux et de la terre : « Éternel ! Tu me sondes et tu me connais, tu sais quand je m'assieds et quand je me lève, tu pénètres de loin ma pensée ; tu sais quand je marche et quand je me couche, et tu pénètres toutes mes voies. Car la parole n'est pas sur ma langue, que déjà, ô Éternel ! Tu la connais entièrement. Tu m'entoures par derrière et par devant, et tu mets ta main sur moi. Une science aussi merveilleuse est au-dessus de ma portée, elle est trop élevée pour que je puisse la saisir. Où irais-je loin de ton Esprit, et où fuirais-je loin de ta face ? » Psaume 139 : 1-7, version NEG.

 

David a compris qu’il était connu de ce Père, avant de le connaître lui-même : « C'est toi qui as formé mes reins, qui m'as tissé dans le sein de ma mère. Je te loue de ce que je suis une créature si merveilleuse. Tes œuvres sont admirables, et mon âme le reconnaît bien. Mon corps n'était point caché devant toi, lorsque j'ai été fait dans un lieu secret, tissé dans les profondeurs de la terre. Quand je n'étais qu'une masse informe, tes yeux me voyaient ; et sur ton livre étaient tous inscrits les jours qui m'étaient destinés, avant qu'aucun d'eux existe. Que tes pensées, ô Dieu, me semblent impénétrables ! Que le nombre en est grand ! »  Psaume 139 : 13-17, version NEG.

 

Comme un enfant a besoin des conseils de ses parents, pour se construire et développer son autonomie, David s’en est remis à son Père pour assurer son cheminement : « Sonde-moi, ô Dieu, connais mon cœur, scrute-moi, connais mon souci ; vois que mon chemin ne soit fatal, conduis-moi sur le chemin d'éternité » Psaume 139 : 23-24, version FBJ.

Après avoir loué sans cesse la grande miséricorde divine (cf. Psaume 136) et sa grandeur insondable (cf. Psaume 145 : 1-3), David encourage ses auditeurs à faire confiance à ce Père bienveillant : « L'Éternel soutient tous ceux qui tombent, et il redresse tous ceux qui sont courbésL'Éternel est près de tous ceux qui l'invoquent, de tous ceux qui l'invoquent avec sincérité ; il accomplit les désirs de ceux qui le craignent, il entend leur cri et il les sauve. L'Éternel garde tous ceux qui l'aiment… » Psaume 145 : 14,18-20, version LSG.  

Le psalmiste déclara heureux ceux qui placent leur espoir en l’Eternel (cf. Psaume 146 : 5), et il affirmera à tous ceux qui sont malheureux, incompris, seuls, cabossés et meurtris de la vie, qu’ils peuvent trouver dans le cœur de ce Père une place particulière : « Il guérit ceux qui ont le cœur brisé, et il panse leurs blessures » Psaume 147 : 3, version LSG.

Le souhait de ce Père est non seulement que nous le reconnaissions comme tel, mais plus encore que nous aspirions à sa présence dans nos quotidiens : «  je me souviens des jours d'autrefois, je médite sur toutes tes œuvres, je réfléchis sur l'ouvrage de tes mains. J'étends mes mains vers toi ; mon âme soupire après toi, comme une terre desséchée »  Psaume 143 : 5-6, version LSG. « Mon cœur a dit pour toi : cherchez ma face. Je chercherai ta face, ô Éternel ! »  Psaume 27 : 8, version Darby.

 

David est celui qui a le mieux exprimé la relation à son Père céleste, il est le trait d’union qui nous conduit à Christ et qui unit l’ancienne et la nouvelle alliance entre Dieu et l’humanité. C’est la raison pour laquelle le Nouveau Testament,  dès les premiers mots de l’évangile selon Matthieu, fait référence à David et Abraham. Pourquoi uniquement ces deux hommes sans Moïse ? Tout simplement parce qu’ils ont développé une relation personnelle d’amour avec leur Créateur et Bienfaiteur. Moïse dans l’histoire du peuple d’Israël représentait la référence à la loi. L’évangéliste Matthieu a compris, par l’esprit, que la référence à la relation d’amour primait sur l’obéissance. Ainsi l’expression surprenante : « généalogie de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham » Mattieu 1 : 1, a pour finalité d’insister sur la priorité de la relation d’amour, telle qu’elle a été vécue par ces deux patriarches.

Par cette introduction l’évangéliste Matthieu, mettant entre parenthèses la parenté avec Joseph et Marie, a voulu nous éveiller à une nouvelle découverte dans la révélation de la relation au Père. Ainsi Jésus de Nazareth dira : « tout m'a été remis par mon Père, et nul ne connaît le Fils si ce n'est le Père, et nul ne connaît le Père si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler » Matthieu 11 : 27, version FBJ.

L’évangéliste Marc rapportera les paroles de ceux qui ont suivi Jésus. Elles nous disent le projet du Père et nous apprennent qu’il a le souhait de rassembler pour toujours la famille spirituelle dispersée : « ceux qui précédaient et ceux qui suivaient Jésus criaient : Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le règne qui vient, le règne de David, notre père ! Hosanna dans les lieux très hauts ! » Marc 11 : 9-10, version LSG.

Luc, le médecin bien-aimé a conservé pour nous ces paroles vitales du Seigneur : « mais aimez vos ennemis, faites du bien, et prêtez sans rien espérer. Et votre récompense sera grande, et vous serez fils du Très-Haut, car il est bon pour les ingrats et pour les méchants. Soyez donc miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux » Luc 6 : 35-36, version LSG.

Jean, le disciple de l’amour, est celui qui a été le plus loin dans la compréhension de la relation d’amour. Elle est toute nimbée de gloire (cf. Jean 1 : 14). Jésus est venu, non seulement pour sauver le genre humain, mais aussi pour nous révéler qui était ce Dieu, ce Père transcendant : « personne n'a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui l'a fait connaître »  Jean 1 : 18, version LSG. « Le Père aime le Fils, et il a remis toutes choses entre ses mains. Celui qui croit au Fils a la vie éternelle »  Jean 3 : 35-36, version LSG. Dans sa rencontre avec la Samaritaine, le Seigneur a défini la qualité de relation que son Père souhaitait  « Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l’adorent l'adorent en esprit et en vérité »  Jean 4 : 24, version LSG. Jésus a présenté un Père attentionné et très présent dans nos vies (cf. Jean 5 : 17, Jean 8 : 16). Jean rapporte ces paroles fortes du Seigneur : « Moi et le Père nous sommes unle Père est en moi et je suis dans le PèreJésus lui dit : Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne m'as pas connu, Philippe ! Celui qui m'a vu a vu le Père ; comment dis–tu : Montre-nous le Père ? Ne crois-tu pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; et le Père qui demeure en moi, c'est lui qui fait les œuvres  Jean 10 : 30, 38 ; 14 : 9-10, version LSG.  

 

Conclusion : 

 

Si en matière de santé, aucun médicament ne peut être mis sur le marché sans avoir satisfait toute une batterie de tests pour prouver leur efficacité, sur le plan spirituel, il en est de même. Seule, l’expérimentation personnelle, dans la vie concrète, nous permet d’éprouver qui est vraiment ce Dieu si méconnu

Alors, comme l’apôtre Paul, éclairant de son témoignage tout l’Occident méditerranéen, nous pouvons aussi dire avec lui : « car j'ai l'assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur » Romains 8 : 38-39, version LSG.

« Faites de Dieu et de sa bonté tout votre trésor, c'est ce trésor-là dont on ne peut trop jouir ; c'est ce trésor-là où il n'y a jamais à épargner, parce que plus on l'emploie, plus il augmente ». Citation de Jacques-Bénigne Bossuet , les maximes et pensées (1702). Prélat prédicateur, membre de l’académie française le 8 juin 1671.

                                                                                         Jacques Eychenne

 

 

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