L'action divine dans le coeur

 

 

 

 

             L’action divine

  dans le cœur humain

           Jean 15 : 5

 

Introduction :

 

Le seigneur Jésus vient de prendre son dernier repas avec ses disciples dans une  chambre haute de Jérusalem. A cette occasion, il donne un autre sens à la fête de Pâque juive. Elle était le symbole de la libération de l’esclavage en Egypte… Désormais, on parlera de la sainte cène (cf. Luc 22 : 14-20 ; Jean 13 : 2 ; Matthieu 26 : 22-25 ; Marc 14 : 17-21). Elle sera, elle aussi, symbole de libération, grâce à la victoire du Christ sur le mal (cf. Jean 16 : 33 ; 1 Corinthiens 5 : 7). Puis Jésus se lève et invite ses disciples à le suivre (cf. Jean 14 : 31). Ils se dirigent ensemble vers Gethsémané. Et c’est vraisemblablement en chemin qu’il leur parle du lien qui doit unir Dieu le Père, Jésus son Fils et ses disciples. La parabole qu’il emploie est celle de la vigne. L’image est saisissante et accessible à tous. Elle contient un enseignement d’une très grande portée. En particulier la phrase suivante : « Je suis la vigne, vous êtes les sarments : celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là portera du fruit en abondance car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire » Jean 15 : 5, version TOB.

Qu’est-ce que Jésus de Nazareth a voulu dire à ses disciples, et au travers d’eux à chacun de nous aujourd’hui ?

 

Développement :

 

Est-ce que le Christ n’exagère pas quand il déclare que sans lui on ne peut rien faire ? (χωρὶς ἐμοῦ = sans moi, employé comme adverbe ou comme une préposition, le résultat est le même : ce qui est séparé du Christ, ou ce qui est à part, dans le sens d’en dehors de lui, rien ne peut être vraiment accompli). Il paraît évident que l’enseignement est d’ordre métaphysique…

Le Seigneur veut faire comprendre à ses disciples que le lien spirituel qui doit les lier ensemble est indispensable. Cette subordination peut contrarier notre désir de faire par nous-mêmes. C’est sûrement la raison pour laquelle, le Christ lui-même nous a donné l’exemple en nous disant : « Je ne peux rien faire de moi-même… » ; « Je ne fais rien de moi-même, je dis ce que le Père m’a enseigné… » Jean 5 : 30 ; 8 : 28 (cf. encore Jean12 : 49 ; 14 : 10).

Le Seigneur a désiré rappeler à ses disciples qu’il était venu sur cette terre pour faire la volonté de son Père (cf. Jean 4 : 34 ; 5 : 30 ; 6 : 38-40 ; 7 : 17). C’est à cette fin qu’il s’est présenté comme l’envoyé de Dieu le Père (cf. Jean 8 : 42). Cela nous conduit à penser que la prise de conscience de notre lien avec Dieu et son Christ est vitale. Spirituellement, la raison en est simple. L’apôtre Paul citant un poète à l’aréopage d’Athènes a dit : « en lui (Dieu) nous avons la vie, le mouvement, l’être » Actes 17 : 28.  Cette phrase solennelle a pour objet de repréciser le bon ordre des choses sur un plan métaphysique.

Ainsi la parabole du Seigneur a pour objectif de rendre concrète notre relation spirituelle à Dieu. De même que le sarment est le prolongement du cep et qu’il ne fait que laisser passer la sève qui le nourrit et le féconde, de même nous sommes appelés à reconnaître la nécessité vitale de notre lien à Dieu et à son Christ.

 

Naturellement, ce concept peut mettre à mal notre désir d’être complètement autonomes dans nos décisions. Mais soyons rassurés, Dieu nous a créés libres d’assumer nos choix (cf. Deutéronome 30 : 15-16). Seulement, Dieu et son Christ, dans cette parabole, nous préviennent. Nous devrons être tenus pour responsables de nos choix. Non seulement ce n’est que justice, mais c’est encore nous traiter en adultes.

Si nous acceptons avec sincérité et humilité ce lien qui nous unit à Christ et à Dieu par amour, que se passe-t-il ? Un nouvel état d’esprit nous habitera. L’apôtre Paul en parle en des termes édifiants : « par-dessus tout, revêtez l'amour : c'est le lien parfait. Que règne en vos cœurs la paix du Christ, à laquelle vous avez été appelés tous en un seul corps. Vivez dans la reconnaissance. Que la Parole du Christ habite parmi vous dans toute sa richesse : instruisez-vous et avertissez-vous les uns les autres avec pleine sagesse ; chantez à Dieu, dans vos cœurs, votre reconnaissance, par des psaumes, des hymnes et des chants inspirés par l'Esprit. Tout ce que vous pouvez dire ou faire, faites-le au nom du Seigneur Jésus, en rendant grâce par lui à Dieu le Père » Colossiens  3 : 14-17, version TOB.

 

Certes ! Rien n’est magique, mais des expériences concrètes se vivent … Cette prise de conscience ouvre notre esprit à des champs nouveaux, des inattendus de gaité, des chemins de belles découvertes.  Loin d’être perçus comme une contrainte, ce lien qui unit le cep et le sarment a une finalité positive. Le fruit en est sa raison d’être.

 

Spirituellement, il en est de même. Porter du fruit, c’est avant tout reconnaître que ce miracle de la nature (l’avènement du fruit de la vigne) n’est pas de notre fait. Quand on est ouvert à l’action divine, on comprend la phrase de l’apôtre Paul : « c'est Dieu qui fait en vous et le vouloir et le faire selon son dessein bienveillant » Philippiens  2 : 13, version TOB.

De même que le sarment laisse passer la sève qui produira la grappe de raisins, de même nous sommes invités à nous laisser transfuser par l’action divine.  Cette expérience très personnelle, qui fait référence à l’aventure de la foi, nous rend plus réceptifs à la bonté de Dieu. Comment cette dernière a-t-elle été ressentie par les disciples du Seigneur ?

 

Ils ont été unanimes à dire que Dieu a la volonté d’établir un lien de vie avec tous les humains (cf. Jean 3 : 16 ; 1 Timothée 1 : 14 ; Matthieu11 : 28 ; Marc 1 : 17 ; Jean 1 : 39...). Les prophètes, eux aussi, ont été les sujets des attentions divines : « et la parole de l'Éternel vint à Jérémie une seconde fois, lorsqu'il était encore enfermé dans la cour de la prison, disant : ainsi dit l'Éternel qui fait cela, l'Éternel qui se le propose pour l'effectuer, l'Éternel est son nom : crie vers moi, et je te répondrai, et je te déclarerai des choses grandes et cachées, que tu ne sais pas »  Jérémie 33 : 1-3, version Darby.

Ezéchiel, présentant Dieu comme le bon berger a écrit : « car, ainsi dit le Seigneur, l'Éternel : me voici, moi, et je rechercherai mes brebis, et j'en prendrai soin. Comme un berger prend soin de son troupeau au jour où il est au milieu de ses brebis dispersées, ainsi je prendrai soin de mes brebis, et je les sauverai de tous les lieux où elles ont été dispersées au jour de la nuée et de l'obscurité profonde…   Moi-même je paîtrai mes brebis, et moi je les ferai reposer, dit le Seigneur, l'Éternel. La perdue, je la chercherai, et l'égarée, je la ramènerai, et la blessée, je la banderai, et la malade, je la fortifierai… » Ezéchiel 34 : 12, 15-16, version Darby. Faisant écho aux paroles du Père, son Fils dira : « moi, je suis venu afin que les brebis aient la vie, et qu'elles l'aient en abondance. Je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis... » Jean 10 : 11, version de Genève.

Esaïe nous rapporte comment Dieu l’a appelé à être son serviteur : «  ne crains point, car je suis avec toi ; ne sois pas inquiet, car moi je suis ton Dieu. Je te fortifierai ; oui, je t'aiderai ; oui, je te soutiendrai par la droite de ma justiceCeux qui s’attendent à l’Eternel renouvelleront leurs forces »  Esaïe  41:10, 31, version Darby. 

Le roi David qui a été touché par l’amour de Dieu témoigne : « l’Eternel est près de ceux qui ont le cœur brisé et il sauve ceux qui ont l’esprit abattu ». Par expérience, il osera nous conseiller : « Sentez et voyez combien l’Eternel est bon ! Heureux l’homme qui cherche en lui un refuge ! » Psaumes 33 : 19,9, version Louis Segond.

A l’évidence quand le sarment est bien relié au cep, il porte des fruits savoureux… La connexion établie,  avec reconnaissance et humilité, nous fait prendre conscience que Dieu, par Jésus-Christ et avec le Saint-Esprit, nous dispensent  tout ce qui est nécessaire à notre épanouissement.

Dieu en Jésus-Christ nous appelle à le suivre (cf. Marc 8 : 34). C’est lui qui nous envoie transmettre ce qu’il a déposé en nous (Marc 16 : 15). C’est lui encore qui nous donne le message à faire connaître (cf. Matthieu 10 : 27). C’est lui qui nous pilote dans le témoignage à lui rendre (cf. Actes 23 : 11). C’est lui encore qui organise notre défense (cf. Luc 21 : 14). C’est l’action divine qui nous revitalise : « O Dieu ! Crée en moi un cœur pur, renouvelle en moi un esprit bien disposé »   Psaume 51 : 10, version de Genève. Par l’Esprit nos bonnes motivations sont renouvelées (cf. Actes 4 : 31 ; Ephésiens 3 : 16). Le Christ poursuit encore aujourd’hui son ministère. Il nous assure de sa présence (cf. Matthieu 18 : 20). En fait, quand on prend le temps de bien voir, on est en accord avec l’apôtre Paul quand ce dernier rappelle à son disciple Timothée  que Dieu « donne en abondance toutes choses pour que nous en jouissions » 1 Timothée 6 : 17 b.

Dès lors que nous sommes enclins à écouter les conseils d’un médecin généraliste ou d’un chirurgien spécialiste ou d’un conseiller fiscal…Pourquoi ne prêtons-nous pas plus d’attention à l’action divine ? Serait-ce à cause du témoignage des chrétiens, des responsables religieux, des exactions lamentables dans l’histoire des religions ? Aux chrétiens que nous sommes l’apôtre nous recommande sérieusement ceci : « Examinez-vous vous-mêmes pour voir si vous êtes dans la foi. Éprouvez-vous vous-mêmes. Ne reconnaissez-vous pas que Jésus Christ est en vous ? À moins peut être que l'épreuve ne tourne contre vous »  2 Corinthiens 13 : 5, version Bible de Jérusalem.

Sachons nous analyser pour éprouver notre lien comme le sarment l’est au cep. A chaque humain le conseil averti de l’apôtre peut aussi être  porteur de bienfaits : « éprouvez toutes choses, retenez ce qui est bon » 1 Thessaloniciens 5 : 21.

 

Conclusion :

 

Des millions de croyants peuvent attester les œuvres de Dieu dans leur cœur. La parabole de la vigne et du sarment nous apprend que nous sommes tous appelés à porter du fruit. Suivant l’endroit où le cep est planté, les fruits porteront les saveurs de leur terroir. Dans l’ancien temps, la vigne était soit soutenue par des bâtons, soit mise à côté d’un figuier (d’où l’expression « habiter sous sa vigne et son figuier » 1 Rois 5 : 5 ; Michée 4 : 4 ; Zacharie 3 : 10), soit était laissée rampante… Elle était très présente en Palestine et dans tout le pourtour méditerranéen. La variété des terrains et des plantations  symbolise la diversité des peuples de la terre. Si le cep a besoin des sarments pour porter des fruits, disons que Dieu a aussi besoin de chacun de nous pour être porteur de bons fruits en son honneur. La finalité du fruit n’est pas, le plus souvent, d’être consommé sur place. Les grappes ont besoin d’être pressées pour produire du jus et par la suite du vin, et c’est en vieillissant qu’il révèle le meilleur de lui-même.

Spirituellement, c’est un peu comparable. A la fois comme sarment, il faut accepter d’être émondé et comme grappe d’être pressée pour livrer le meilleur de nous-mêmes (cf. les épreuves de la vie ont aussi leur vertu. cf. Jacques 1 : 2). Le Christ en fin observateur et connaisseur des ressources de la nature a illustré pour nous une des vérités les plus fondamentales de notre existence : nous ne sommes pas faits pour vivre seuls ! La vie n’a de sens qu’en lien avec Dieu et nos semblables. Et puisque le temps n’a qu’une valeur relative, essayons de le saisir en nous posant un instant. Puis,  interrogeons-nous pour analyser les liens qui nous construisent vraiment.

                                                                    

                                                                                   Jacques Eychenne

 

 

 

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