Jésus pleura sur Jérusalem

 

 

  Jésus pleura

         sur

    Jérusalem

Luc 19 : 28-44

 

Introduction :

 

Nous sommes dans la dernière semaine du ministère de Christ. Elle se clôturera à Golgotha par une odieuse mort en croix. Tout le parcours du Seigneur, dès le début de cette semaine est riche en intensité dramatique. Mais, avant d’examiner les détails de cette entrée triomphale à Jérusalem, penchons-nous sur le contexte général. Jésus revient de Jéricho. Il a redonné vie à un homme rejeté, méprisé et moralement torturé par sa fonction de collecteur d’impôts. Il a transformé Zachée en fils d’Abraham (cf. Luc 19 : 9). Puis, il revient sur Jérusalem par cette route qui ne cesse de monter jusqu’aux deux petits villages de Bethphagé et Béthanie. C’est dans la maison de Lazare et de ses deux sœurs que le Seigneur passe ses dernières nuits (cf. Marc 14 : 3-9 ; Matthieu 26 : 6-13). Les chefs des prêtres, les spécialistes de la loi, les chefs du peuple, les sadducéens, les zélotes, tous veulent en finir avec ce personnage excessivement gênant. Mais, ils ne savent comment s’y prendre et craignent la ferveur populaire. Elle soutient chaleureusement le ministère du Seigneur-Jésus…

 

Développement :

 

D’après le récit de l’apôtre Jean, nous sommes dans le temps de la fête de Pâques. « La Pâques des juifs était proche et beaucoup de gens montèrent de la campagne à Jérusalem avant la Pâques pour se purifier. Ils cherchaient Jésus et se disaient les uns aux autres dans le temple : « Qu’en pensez-vous ? Ne viendra-t-il pas à la fête ? ». Or les chefs des prêtres et les pharisiens avaient donné l’ordre que, si quelqu’un savait où il était, il le dénonce, afin qu’on l’arrête. » Jean 11 : 55-57 (Version vie nouvelle, Segond 21).

 

Rappelons que cette grande fête juive célébrait une délivrance. Elle marquait la fin d’un état de servitude sous domination égyptienne. Cette douloureuse période avait duré 4 siècles. Elle avait été ponctuée par de nombreuses souffrances et humiliations. Sous l’action puissante de Dieu et au travers du ministère de Moïse, le peuple juif fut libéré avec grand éclat. Le passage de la mer rouge demeure le fait marquant de cette sortie d’Egypte.

Cet événement grandiose reste à jamais inscrit dans la mémoire collective du peuple d’Israël.

Donc, cette fête célébrait la joie et la reconnaissance envers Dieu. En contrepoint de cette liesse populaire, nous observons une préoccupation anachronique des chefs spirituels. Ils veulent faire arrêter le Christ pour l’empêcher de semer le trouble en ce temps de réjouissances familiales. Dans un premier acte on veut l’arrêter, dans un deuxième, tenter de mettre fin à ses jours.

 

L’apôtre Jean nous apprend que ces chefs finissent par savoir où se trouve le Christ. Il est à Béthanie chez Lazare. Ils décident donc de saisir l’occasion de supprimer aussi Lazare (son témoignage en faveur du Christ avait été productif en conversions). « Les chefs des prêtres décidèrent de faire mourir aussi Lazare parce que beaucoup de juifs les quittaient et croyaient en Jésus à cause de lui » Jean 12 :11.

Quel contraste ! D’un côté il y a un peuple en fête, et de l’autre la préméditation d'un meurtre par des responsables spirituels. N’avaient-ils pas vocation d’organiser cette merveilleuse célébration annuelle ?

Le dimanche matin de cette dernière semaine, Jésus décide de se rendre à Jérusalem malgré tous les complots qu’il sait ourdis contre lui. La rumeur de sa venue se propage rapidement. La foule se mobilise. Elle sort de Jérusalem et va joyeuse au-devant de Jésus qui vient. Pour manifester leur enthousiasme, les habitants prennent des branches de palmiers et scandent des slogans « Hosanna ! Béni celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d’Israël » Jean 12 :13.

On peut aisément comprendre l’émoi des responsables. Ils craignent maintenant le pire. Outre leurs intérêts personnels qui risquent fort d’être mis à mal, c’est l’annonce d’un roi qui peut susciter une réaction violente des autorités romaines… Mais Jésus a choisi ce moment à bon escient. Il sait que la grande famille d’Israël est rassemblée à Jérusalem pour cette fête. Il incarne la vraie délivrance de ce peuple. La sortie d’Egypte n’était qu’une préfiguration de cette délivrance spirituelle qui ouvre les portes de l’éternité. C’est vers ce point oméga que Jésus veut diriger les regards. Les honneurs qu’il a antérieurement refusés (cf. Jean 6 :15) et qui ont désappointé la réflexion des disciples, sont transformés maintenant en une acceptation choisie. Le Seigneur veut assurément attirer l’attention de tous sur la finalité de son ministère. Car, lui seul sait où cela va le mener à la fin de cette semaine.

Puis, vient un évènement surprenant, inattendu et insolite. Il a dû éveiller l’attention des disciples. Jésus en marche vers Jérusalem, arrivé au mont des oliviers, envoie deux de ses disciples lui chercher un ânon (cf. Luc 19 : 28-31). La prophétie de Zacharie s’accomplit sous leurs yeux : « Sois transportée d’allégresse, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici, ton roi vient à toi ; il est juste et victorieux, il est humble et monté sur un âne, le petit d’une ânesse. »  Zacharie 9 : 9. Justin (100-165 ap. JC) précise dans son dialogue avec Tryphon (cf. Dialogue avec Triphon, éd. G. Archambault, TE, Paris 1909, p. 237) : « Et une ânesse, attachée avec son ânon à l’entrée d’un village appelé Bethphagé, lorsque notre Seigneur Jésus Christ allait à Jérusalem, il ordonna à ses disciples de (la) lui amener ; et, s’étant assis dessus, il entra à Jérusalem. »

 

Il faut imaginer les questions des disciples… Jésus a toujours marché à pied, alors pourquoi cette démarche ? Pourquoi accepte-t-il cette mise en scène, alors que jusqu’à présent il a toujours refusé cet hommage ? (cf. Jean 6 :15 ) L’ânon n’était-il pas utilisé comme monture royale chez les juifs ? (cf. Google, sites sur le titre l’âne monture royale).Toute cette atmosphère fait écho en eux. Ils se prennent à penser que cette fois peut être la bonne. Jésus va accepter enfin la royauté… Vont-ils être encore déçus, comme lors de la multiplication des pains près du lac de Galilée ? L’apôtre Jean se contente d’écrire : « Sur le moment, ses disciples ne comprirent pas ce qui se passait… » Jean 12 : 17 (version Segond 21). Tout sera clair pour eux par la suite. Ils feront le lien avec les prophéties messianiques… Mais pour l’heure, ils se contentent de vivre l’évènement.

« Les disciples allèrent faire ce que Jésus leur avait ordonné. Ils amenèrent l’ânesse et l’ânon, mirent leurs vêtements sur eux, et Jésus s’assit dessus. Une grande foule de gens étendirent leurs vêtements sur le chemin ; d’autres coupèrent des branches aux arbres et en jonchèrent la route. Ceux qui précédaient et ceux qui suivaient Jésus criaient : « Hosanna au Fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna dans les lieux très hauts ! » Matthieu 21 : 6-9 (Version Segond 21)

Peut-être que les disciples se souviennent de l’intronisation du roi Jéhu. Lors de son sacre les gens mettaient leurs vêtements à terre sur les marches du temple (cf. 2 Rois 9 :13). Le détail souligné par Matthieu, qui associe l’ânesse et son petit, nous permet de mieux comprendre la docilité de l’ânon en pareille circonstance. La foule joyeuse acclame son Seigneur.

 

Le contenu de ces acclamations est fort de sens. Chez Marc on parle de « Béni soit le règne (ou le royaume) qui vient, le règne de David, notre père» Marc 11 :10. Chez Luc : « Béni soit le roi qui vient au nom du Seigneur, paix dans le ciel et gloire dans les lieux très hauts… » Luc 19 :38. Et Jean dit carrément : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d’Israël » Jean 12 : 13.

 

Dès lors, on comprend mieux l’inquiétude des responsables religieux en place ! Notons au passage que le mot hébreu hosanna signifie littéralement : « sauve-nous, je t’en prie » (cf. Petit Larousse, 1996, p. 521). Ces acclamations contenaient plusieurs messages importants :

-    Le peuple disait son espérance envers le Christ et son désamour envers ses religieux.

-      Le peuple faisait un lien avec son histoire ; sa référence était David.

-      Le peuple attestait la mission divine de Jésus. (Il vient au nom du Seigneur).

-     Le peuple, certainement sous l’inspiration divine, affirmait que l’évènement qu’il vivait dépassait les limites de notre planète. L’évènement devenait cosmique (// avec paix dans le ciel)

-      Le peuple reconnaissait Jésus-Christ comme le roi d’Israël.

 

A partir de là, la réaction des pharisiens s’explique aisément. Ils veulent briser ce rêve. « Du milieu de la foule, quelques pharisiens dirent à Jésus : « Maître, reprends tes disciples » Il répondit « Je vous le dis, si eux se taisent, les pierres crieront ! » Luc 19 : 39-40 (Version Segond 21).

Désormais, plus rien ne peut arrêter la liesse qui accompagne ce cortège royal. Jamais le monde n’a été le témoin d’un spectacle aussi puissant, d’une procession aussi triomphante. Elle ne ressemblait en rien au défilé des plus célèbres conquérants de l’histoire des hommes. Pas de captifs, pas de blessés, d’hommes en uniformes avec leurs armes de guerre. Pas de démonstration de force ou de puissance de destruction. Ce cortège a marqué l’histoire parce qu’il se caractérise tout simplement par le triomphe de l’Amour.

 

Voici ses trophées:

 

-     Les aveugles auxquels Jésus avait rendu la vue, on les imagine ouvrant le chemin avec empressement, levant les yeux au ciel avec reconnaissance et gratitude…

-      Les muets auxquels Jésus avait délié la langue devaient pousser les Hosanna ! les plus retentissants…

-    Les impotents et estropiés auxquels Jésus avait rendu l’usage de tous leurs membres devaient sauter de joie. Ils devaient être les plus actifs à rompre les branches des arbres pour les étaler devant le passage du Christ.

-      Les lépreux auxquels Jésus avaient rendu la peau saine, mais encore la dignité, devaient étendre leurs vêtements avec larmes et compassion…

-     Le ressuscité Lazare, devait participer à cette explosion de vie avec un cœur débordant de compassion. Nous pouvons l’imaginer en tête du cortège (Cf. Jean 12 : 17).

 

Redisons-le, jamais le monde n’a connu un tel défilé. Le déploiement de la puissance militaire est remplacé par la célébration des victoires de l’amour sur le mal. C’est cette réalité qui triomphera un jour... Elle apparaîtra lorsque le Christ reviendra pour inaugurer son royaume éternel. Alors tous les rachetés seront enlevés et viendront à sa rencontre (cf. 1 Thessaloniciens 4 : 16-17). Mais revenons au récit de Luc, le médecin bien-aimé.

Un instantané bouleversant et imprévisible se manifeste soudain... Entamant la descente vers la vallée du Cédron, Jésus face à Jérusalem s’arrête, et pleure.

« Quand il approcha de la ville et qu’il la vit, Jésus pleura sur elle et dit : si seulement tu avais toi aussi reconnu, aujourd’hui, ce qui peut te donner la paix ! Mais maintenant, cela est caché à tes yeux. Des jours viendront pour toi où tes ennemis t’entoureront d’ouvrages fortifiés, t’encercleront et te serreront de tous côtés. Ils te détruiront, toi et tes enfants au milieu de toi, et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n’as pas reconnu le moment où tu as été visitée. » Luc 19 : 41-44

 

Pourquoi Jésus se répand-il en larmes ?

 

Ce n’est pas l’approche des souffrances qui faisait pleurer Jésus… Il pouvait bien voir, non loin de là, le domaine de Gethsémané avec le jardin des oliviers. En face de lui, dans les murailles de Jérusalem, il voyait encore la porte des brebis. Elle laisserait bientôt le passage à l’agneau de Dieu. Plus loin, à l’arrière-plan, il pouvait aussi apercevoir le mont Golgotha… Mais, ce n’est pas la pensée des terribles souffrances qui faisait pleurer Jésus, c’est simplement la vue de Jérusalem. Il était venu l’aimer et la sauver, il allait expérimenter le rejet et la mort (cf. Luc 13 :34-35). Il n’y a pas pire souffrance sur terre que le rejet de l’amour, accompagné de mépris et de violence.

C’est le drame d’une rupture d’amour et ses conséquences qui ont fait pleurer le Christ. La cassure est relationnelle. Dans l’original, Jésus s’adresse à Jérusalem, comme on parlerait à un être tendrement aimé. Il y a une insistance sur le tu et le toi. « Litt. Si tu connus en ce jour-ci, aussi toi, la paix » v.42 et à la fin : « Litt. Parce que tu ne connus pas le moment de ta visite »v. 44. Dans les Saintes Ecritures le verbe connaître est fort de sens. En hébreu « yada » (voire Google, définition du verbe connaître en hébreu) = connaître, être pénétré de l’intérieur. (Cf. Genèse 4 :1) En grec « γινωσκω »= même sens concret (Cf. Matthieu 1 :25). Il s’agit d’une connaissance relationnelle profonde. Le Christ a volontairement personnalisé sa relation avec Jérusalem. Elle est le symbole de son désir de relation avec chaque individu de notre belle planète bleue (cf. Jean 3 :17 ; romains 5 : 5-8 ; 1 Jean 4 :19).

 

La prophétie de Jésus s’est bien réalisée. Le rejet de Jérusalem a entraîné des conséquences désastreuses. Les armées de Titus ont encerclé la ville le 24 mai 70 et le 25 aout 70, il ne restait que ruine et cadavres. La famine a été terrible. Flavius Josèphe rapporte le cas d’une mère qui a cuit et dévoré son bébé (Voire Google, le siège de Jérusalem). En deuxième lecture, au travers de Jérusalem, le Christ pouvait traverser les siècles et percevoir toutes les formes de rejet de son message d’amour et de salut.

Alors pourquoi ne pas s’approprier le bénéfice de ces évènements qui nous portent à réfléchir sur nos choix ?

 

Conclusion :

 

Ce récit émouvant souligne le contraste entre différentes démarches. Deux courants s’affrontent. Celui du bien, de la joie et du salut, et celui du mal, du complot, du rejet de l’autre, de la préméditation d'un meurtre. La ligne de démarcation est claire. Nous sommes invités à réfléchir à notre tour. Il est à espérer qu’aucun de nous n’entende ces paroles du Sauveur Jésus-Christ : « Tu n’as pas connu le temps de ta visite ».

Ces évènements ne nous positionnent pas en tant qu’historiens, face à des faits vieux de plus de deux mille ans, ils nous responsabilisent dans l’aujourd’hui (cf. Luc 19 :42 ; Hébreux 3 :7, 13,15). En un temps où le monde marche sur la tête, sachons faire les bons choix de vie. Saisissons toutes les occasions pour nous positionner dans le cortège du triomphe de l’amour.                                                

                                                                                     Jacques Eychenne

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