ou
Un avertissement pour TOUS
Genèse 19 :1-29
Introduction :
Nous sommes en présence d’un texte bien connu, rapportant des faits qui ont marqué le conscient et l’inconscient
collectif de notre humanité. L’histoire étant un perpétuel recommencement, voyons les instructions que nous pouvons tirer de ce récit, en un temps où la situation de notre monde est marquée par une
dégradation des valeurs relationnelles et morales. Ce constat porte gravement atteinte à la qualité de la vie. Il faut donc être vigilant !
Nous allons analyser l’attitude de tous les acteurs de cette catastrophe et voir dans quelle mesure cela peut nous concerner. Mais dans un premier temps cherchons à comprendre !
Développement :
Contexte dans lequel s’inscrit la catastrophe :
Après un séjour en Egypte dû à une famine dans le pays de ses ancêtres, Abraham suivi de lot son neveu remonta vers le Nord, traversa le désert du Néguev et s’arrêta dans le pays de Canaan vers Béthel et Aï. Le texte de la Genèse nous apprend qu’Abraham était riche en troupeaux et que son neveu ne l’était pas moins. Après une querelle entre leurs bergers, il devint évident pour eux deux, qu’il fallait mettre un terme aux querelles de leurs bergers. Ils décidèrent donc de se séparer, d’autant que la superficie de pâturage n’était plus suffisante pour leurs troupeaux.
Abraham proposa à Lot de choisir où la plaine où la montagne. (Genèse 13 :1-9). Comme quoi, même entre personnages très spirituels, l’entente, pour des raisons diverses, n’est pas toujours au rendez-vous ! La séparation devient un moindre mal. (Cp Séparation entre Paul et Marc, Actes 15 :36-41) Lot choisit la partie la plus fertile, la plaine du jourdain. Elle était comme un jardin de l’Eternel dit le texte. (Genèse 13 :10) Abraham s’installa dans la moyenne montagne prés d’Hébron.
Or, on apprend que les gens de Sodome étaient mauvais, méchants et de grands pécheurs devant l’Eternel. (Genèse 13 :13) Mais apparemment, cela n’empêcha pas Lot de s’installer et de dresser ses tentes jusqu’à Sodome. Pourquoi a-t-il agi de la sorte malgré les informations qu’il détenait ? Ce choix va être lourd de conséquence pour lui et sa famille.
Ceci m’amène à une première réflexion concernant l’importance de nos choix avec leurs inévitables conséquences. Après avoir reçu l’information sur la cruauté des Sodomites, Lot aurait dû réagir ! Dans un premier temps, il s’en est tenu à la beauté et à la fertilité du site. Certains diront : « Il a eu un coup de cœur pour cette plaine ! » Il a assurément choisi la facilité, pensant, peut-être, que le reste pouvait s’arranger. Lot n’a vu que le beau coté du paysage, sans vraiment prendre le temps de la réflexion.
Comment comprendre son choix ?
Il avait connaissance des vraies valeurs spirituelles, comment a-t-il pu choisir et rester dans un environnement pareil ? A-t-il cru pouvoir changer ces gens ? Etait-il conscient du danger ?
Pensait-il pouvoir préserver les siens et ne jamais être contaminé par cette atmosphère contraire à la volonté de Dieu ?
De cette histoire bien connue, nous pouvons tirer quelques instructions pour notre temps.
En quoi le choix de Lot peut-il nous concerner ?
Aujourd’hui, il semble évident que nous constatons une nette dégradation des relations humaines à tous les niveaux. La violence prend de plus en plus le pas sur la négociation, les conditions de travail sont martelées par l’exigence de la rentabilité, les tensions sont palpables tant sur le plan familial que social. Dans bien des situations, on ne sait plus que faire ! De surcroît, le sens de la responsabilité s’émousse et se meurt lentement, mais sûrement.
La démission de notre engagement de chrétien peut aussi être à notre porte. Lot a-t-il présumé de ses forces, de ses capacités
à gérer cette situation ? Il l’a regardée peut-être, comme un défi à sa portée. Qu’en est-il de nous quand nous pensons être suffisamment armés spirituellement, adultes et intelligents, pour faire
face à la pollution de notre environnement moral ?
Avons-nous la faiblesse de nous laisser guider par la vue ? Visons-nous la facilité de la plaine ? Au lieu de réagir fortement, préférons nous nous fondre dans la masse ? Quelle est la nature
profonde de notre choix ?
Subir ou réagir, il n’y a que 2 alternatives de fond...
Il est clair qu’il y a des comparaisons possibles entre le temps de Lot et le notre, entre la situation de Sodome et Gomorrhe et la notre.
Sans forcer le trait, sans verser dans une totale noirceur, essayons de voir ensemble ces similitudes.
Outre le climat de violence dont nous avons parlé, il y avait beaucoup plus grave à mon sens dans ces deux
villes...
A Sodome, l’étranger n’était pas respecté pour lui-même. La démonstration de la négation de la différence était faite. La conséquence perverse a suivi naturellement : l’être humain n’étant plus
reconnu comme un frère a été réduit à un simple objet. On s’en est servi pour s’amuser. Dans la circonstance il est devenu un objet de plaisir par le biais de déviances sexuelles condamnées par
Dieu...
La banalisation de l’homosexualité met-elle en péril notre environnement familial au même titre que les pollutions atmosphériques ? Sans aucun doute ! Il n’y a pas que l’environnement naturel de
notre planète qui est en péril ! Les pollutions morales et spirituelles sont aussi très présentes.
Dans l’engagement chrétien, entre le laxisme et l’exclusion, il y a une voie médiane, celle que le Christ a tracée courageusement au péril de sa vie.
Là où Dieu nous a placé, c’est cette voie qu’il nous faut suivre. Ainsi ce récit nous propulse dans une brûlante actualité !
Analyse des intervenants du drame :
1) Dieu : Genèse 18 :17,20-22
Comme un bon pédagogue, Il ne fait rien sans prévenir : Dieu a parlé, posé les bases de toute bonne relation, et nous renvoie à notre responsabilité. C’est trop facile de croire que si Dieu existe,
il ne permettrait pas ceci ou cela. Où serait notre liberté ? Notre responsabilité ? Dieu ne veut ni pantins, ni marionnettes ! Et, si nous ne vivons pas ce qu’Il nous a conseillé, c’est notre
affaire ...
Nous ne pouvons pas revendiquer la liberté et refuser ses conséquences. Par exemple, on ne peut pas retenir la force de
la grâce sans prendre en compte sa justice. L’amour vrai marche de paire avec une obéissance joyeusement intégrée. La fidélité n’est pas du légalisme. Certes, nous sommes au bénéfice de la grâce,
mais cette liberté ne doit jamais être un prétexte pour vivre selon notre bon plaisir. L’obéissance volontaire et réfléchie de la loi royale, dans l’esprit plus que dans la lettre, restera toujours
la preuve par neuf de la profondeur de nos sentiments pour Dieu.
Dieu a parlé, il continue de le faire de diverses manières, gardons-nous de vouloir entendre ce qui nous convient. Dans notre récit, Dieu a continué d’agir :
- Il a dialogué avec Abraham pour lui faire comprendre que la justice est une protection contre l’homme lui-même. Pour seulement 10 justes dans cette ville, Dieu l’épargnerait...
- Il a envoyé 2 messagers, (ce qui nous renvoie au ministère des anges en faveur de l’humanité), pour aider Lot à prendre conscience de la gravité de la situation.
- Dieu a sauvé ce qui pouvait l’être, exactement comme font par exemple les viticulteurs après une catastrophe naturelle. Le dialogue, la manifestation de l’amour et de la justice, voilà
l’attitude récurrente de Dieu en faveur de chaque être humain.
2) les messagers ou anges :
Les mêmes très certainement qui ont rencontré Abraham. 3 au départ, 2 à Sodome. Ils se présentent sous forme humaine, dans la proximité humaine, pour être mieux entendus. (Genèse 18 :16,22)
- Ils sont mandatés par Dieu pour mettre en évidence la dépravation de Sodome. Ces faits avérés justifieront la destruction de Sodome.
- Ils veulent passer la nuit dans la rue pour que les faits reprochés à Sodome soient actés. (Genèse 19 :2)
- Ils protègent Lot et sa famille. (V.10, 11)
- Ils informent Lot de leur mission. (V.12, 13)
- Ils insistent devant les réticences de Lot. (V.15)
- Ils prennent Lot et les siens par la main, les tire dehors, à cause de leur inconscience.
- L’un des deux anges donne la marche à suivre (V 17-22)
- L’exécution de Sodome est différée tant que tous ne sont pas à l’abri !
Que faire de plus ! L’attitude de ces serviteurs de Dieu est pleine de compassion. Elle traduit les vrais sentiments de Dieu à l’égard de notre humanité. Dans la symbolique, les anges expriment la
bienveillante volonté de Dieu pour l’humain, pour chaque humain...
3) Abraham :
Acteur indirect du récit, il est en fait, très présent, car c’est grâce à son intercession en faveur de Sodome, que Lot et les siens ont la vie sauve. La noblesse de cœur du patriarche met en
évidence sa cohérence spirituelle. Il va jusqu’au bout de son engagement pour ces villes et leurs habitants, Lot et sa famille. Son exemple rappelle qu’il est impossible de comprendre l’amour de
Dieu, quand on le dissocie de sa justice. L’Amour et la Justice de Dieu sont inséparables. Alors pourquoi n’aimons-nous parler de la justice de Dieu ? Pourquoi cela nous dérange tant ?
Dieu continue encore de nos jours à dialoguer avec nous afin de nous faire saisir cette réalité et nous sortir du même coup de notre inconscience face au péril...
4) Lot :
C’est un personnage ambigu. Il a la connaissance du vrai Dieu, et pourtant cela ne se traduit pas dans son quotidien. Les faits traduisent sa faiblesse :
- Il choisit la facilité de la plaine fertile, alors qu’il aurait du laisser le choix d’abord à son oncle. Il marche par la vue, mais sans intelligence.
- Il ne prend aucune information sur la région avant de s’y établir.
- Quand il constate la dégradation de son environnement moral, il s’en accommode. Il ne protège même pas les siens.
- Il semble même avoir été en complicité avec les responsables de la ville. Lot se tient à la porte de cette ville, là précisément où les anciens se rassemblaient pour juger les affaires de
cette cité. (comp. Deutéronome 21 : 19-21)
- Lot est un homme de compromis. Il n’hésite pas à offrir ses filles en pâture à cette foule pour assurer la tranquillité de ses invités. (Genèse 19 :8)
- Lot a perdu toute crédibilité morale. Son autorité de chef de famille n’est plus reconnue. Il n’est plus écouté ! on croit même qu’il plaisante ! (V. 14)
- Il est inconscient du danger et de l’urgence, les anges sont obligés de le tirer par la main...
- Quand il réalise la gravité de la situation, il ne pense qu’à lui. (Cf.V.19, 20)
Pourtant Lot va avancer et être sauvé... C’est un encouragement pour nous, car tous, nous pouvons nous reconnaître dans le comportement de Lot, sur un point ou un autre !
Face à une dégradation morale évidente de notre environnement, quel est notre positionnement ? Sommes-nous résistants, accommodants, tolérants à l’excès, juges implacables, laxistes,
légalistes, utilisateurs de la grâce comme paravent ou simple camisole ?
5) Filles et Gendres:
Les filles mariées n’ont pas voulu suivre leur père et sont mortes avec leur famille. Les filles non mariées ont suivi le père et ont eu la vie sauve. Si Lot avait conservé sa vraie place de
père responsable, ne pensez-vous pas que toute la famille aurait suivi ?
Ne croyez- vous pas que cela nous renvoie à notre responsabilité au milieu de notre propre famille ?
6) La femme de Lot :
On ne connaît même pas son nom, le récit nous invite à penser qu’elle n’existe qu’au travers de son mari. Et comme son mari est inexistant dans sa responsabilité, elle devient par voie de
conséquence inexistante à son tour. Elle a suivi parce qu’il fallait suivre, mais son cœur est ailleurs. C’est elle pourtant qui a certainement le sens le plus aigu de la famille. Elle avance, mais
son esprit est avec ses enfants laissés derrière elle. Son geste traduit sa volonté de ne pas les abandonner dans la détresse. Cette femme m’émeut...
Elle a passé tant d’année à suivre un mari inconsistant, abrité derrière l’oncle Abraham (venu le secourir à plusieurs reprises). Elle aspirait à être l’épouse d’un chef de clan, comme Sarah...
Et puis voilà que l’occasion d’être indépendante et de pouvoir se réaliser se présente... C’est l’arrivée à Sodome... Enfin de la stabilité : un toit, des murs, un point d’eau fixe. Fini les errances par tous les temps à la recherche de nourriture. On a plié les tentes ; tout est maintenant à la portée de la main. Elle peut enfin s’installer et vivre une vie sociale dans une cité, même si elle est observée et regardée comme une étrangère.
Et puis le drame arrive : Les étrangers que son mari veut héberger (selon l’importante tradition nomade d’hospitalité), sont pris à partie, le ton monte, et elle entend que Lot négocie et offre
ses jeunes filles pour résoudre la situation. Ah ! Si seulement elle avait eu un garçon ! Ses filles ne comptent que comme monnaie d’échange... Lot aurait dû défendre les siens, sa faiblesse
resurgit, la crainte de son épouse aussi !
Elle sait qu’elle n’a pas voix au chapitre et que ses filles non respectées, seront sacrifiées sur l’autel sodomite. Elle est spectatrice, transie, impuissante, déjà pétrifiée de déceptions, et de surcroit, elle sait au travers du témoignage des 2 messagers, que Sodome va être détruite...
Mais grâce à l’intercession d’Abraham, les anges interviennent, il faut partir vite, le danger est imminent. La famille se sépare, cette femme, cette mère laisse derrière elle ses gendres et ses filles ainées. Son mari a du mal à se déterminer, il hésite, (il s’attarde dit le texte hébreux) les anges semblent trainer la famille de force (Ils le tirèrent par la main T.O.B).
Tout son rêve de femme, de mère et d’épouse s’écroule. Elle suit cet homme comme elle l’a toujours fait, mais son cœur est brisé, à quoi bon le suivre ? Ce qu’elle laisse en arrière est trop important pour elle, elle ne peut envisager un autre avenir, alors elle s’arrête, et se retournant voit tout son passé partir en fumée.
Elle voit Sodome consumée par le feu et cette vision la fige et la pétrifie à jamais en statue de sel. Elle n’avait plus goût à la vie et pourtant le sel dans ces régions est symbole de vie... Mais pour elle, il n’y a plus d’avenir...
La foi de cette épouse et mère n’a pas pu aller au-delà du cercle familial. L’ordre d’avancer sans se retourner était clair, mais elle n’a pu l’assumer. C’est émouvant sur un plan humain et tragique sous l’aspect spirituel. Un peu comme si elle était déjà morte quelque part avant de partir de Sodome, car sa vie n’avait de sens qu’entourée des siens. Affectivement on peut comprendre, mais quand tout repose sur l’humain, ne sommes-nous pas aussi en danger ?
Ils sont encore nombreux ceux qui avancent en regardant en arrière ! Ceux qui conduisent en regardant dans le rétroviseur prennent des risques certains. Au premier obstacle, cela peut être l’accident
sans retour à la position de départ...
Ce regard en arrière est le symbole spirituel d’un choix, d’un refus de faire confiance à Dieu. C’est la négation d’une foi qui s’élance vers l’inconnu, malgré tous les évènements contraires...
Suis-je moi-même dans ce cas ?
Est-ce que tout ce qui me lie à cette terre dans les affections familiales, ou le confort matériel, sont des obstacles à ma foi ? Le Seigneur n’a-t-il pas dit que nous étions appelés à être le sel de
la terre ? Mais si le sel perd sa saveur avec quoi la lui rendra-t-on ? Il ne sert qu’à être jeté dehors...(Matthieu 5 :13)
Conclusion :
Cette tragédie de Sodome et Gomorrhe nous concerne, car elle fait partie de notre quotidien. Jésus l’a même prédite :
« Ce qui arriva du temps de Lot arrivera pareillement. Les hommes mangeaient, buvaient, achetaient, vendaient, plantaient, bâtissaient ; mais le jour où Lot sortit de Sodome, une pluie de feu et de soufre tomba du ciel, et les fit tous périr. IL EN SERA DE MEME LE JOUR OU LE FILS DE L’HOMME PARAITRA ». Luc 17 : 29,32 Jésus a précisé : « Souvenez-vous de la femme de lot. »
On entre là dans tout le symbolisme de cette histoire. Regarder en arrière signifie ne plus vouloir faire confiance à Dieu. C’est refuser de marcher avec Lui, c’est rompre la relation d’amour, c’est
ne plus avoir foi en Lui. C’est ne pas vouloir aller au-delà de l’humain...
Quand on refuse d’avancer avec Dieu, alors la foi se fige, elle se pétrifie en statue de sel. La vie spirituelle
sans foi est morte !
Lot symbolise chacun de nous avec nos compromis, nos prétentions, nos inconsciences des dangers, nos absences de vrais choix. Et pourtant, il fut sauvé par l’intercession d’Abraham. De même, c’est
par l’intercession du Christ que nous pouvons et osons avancer, même si parfois Dieu nous prend par la main et nous tire pour nous faire sortir de situations que nos avons mal
choisies.
Quoiqu’il puisse nous arriver et malgré nos erreurs d’appréciations dans bien des domaines, NE PERDONS JAMAIS CONFIANCE EN DIEU. Dieu veut nous sauver. 1 Timothée 1:4
Laissons le mot de la fin à l’apôtre Paul :
« Une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière et tendant vers ce qui est en avant, je cours vers le but pour obtenir le prix de l’appel céleste de Dieu en Jésus-Christ ». Philippiens 3
:14 (version la nouvelle Bible Segond, 2002)
Jacques Eychenne