Le détour d'Edom

 

 

 Le détour d’Edom

                     OU 

    les leçons du désert

   Nombres 20 :1-6 ; 14-2

Introduction :

 

Si l’histoire d’Israël nous a été conservée, c’est pour notre instruction, à nous qui sommes parvenus à la fin des siècles, dira l’apôtre Paul (cf.1 Corinthiens 10 :11). Or, parmi ces récits anciens, il en est un qui est particulièrement édifiant. Il nous renvoie à un moment particulier de l’histoire du peuple d’Israël dans sa marche vers le pays de Canaan. C’était déjà, concrètement, l’aspiration à avoir un territoire sécurisé. Quand le peuple d’Israël arriva à Kadès, non seulement il avait fait le plus dur du parcours, mais il n’était plus très loin du pays de Canaan, pays de la promesse. C’était la dernière ligne droite, la dernière étape, le final... Seulement entre le pays de la promesse et eux, il y avait le pays d’Edom…Or, les habitants de ce territoire étaient fortement armés, et ils avaient la réputation de bien défendre leur terre. Moïse désirait aller au plus vite et au plus court. On le comprend. On estime que le peuple avait déjà parcouru plus de 1500kms, dans les circonstances difficiles que nous savons, pendant près de 40 ans, dans ces régions aréiques.

Son désir de choisir la route la plus courte était donc amplement justifié !

Mais c’était compter sans la volonté du roi d’Edom. Il percevait cette traversée comme un péril, surtout après avoir eu connaissance de la façon extraordinaire dont ce peuple était sorti d’Egypte. Comment ne pas prendre en compte le fait que l’Egypte était le royaume le plus puissant de la région ! Si Israël l’avait vaincu, il y avait de quoi être inquiet. Il est des circonstances qui forcent la réflexion... Le roi d’Edom avait donc de bonnes raisons d’être pour le moins prudent, pour ne pas dire méfiant. Aussi, malgré la demande instante de Moïse, son refus fut catégorique.

Les conséquences pour Israël furent terribles, non seulement il fallut faire un grand détour, mais plus encore sur le plan spirituel, ce fut un désastre…

 

     Développement :

 

Cette situation nous fait instinctivement poser questions :

Pourquoi Dieu n’a-t-il pas permis, à son peuple, de traverser ce pays d’Edom sans encombre ?

Pourquoi, dans sa toute-puissance, Dieu n’a-t-il pas muselé ou réduit à néant les prétentions hégémoniques du roi d’Edom ? Pourquoi, après une sortie d’Egypte prodigieuse n’est–il pas intervenu pour accompagner la marche de son peuple, pour une arrivée triomphante ? (Question subsidiaire : Pourquoi Dieu permet-il que nous fassions de longs détours dans nos vies, déjà jonchées d’obstacles pénibles, pour arriver à comprendre des choses très simples ?).

Mais revenons à l’histoire du peuple d’Israël. Que disent les Saintes Ecritures en réponse à ces questions. Les éléments de réponse ne manquent pas. Citons entre autres, le témoignage contenu dans la lettre aux Hébreux : (cf. Hébreux 3 :12-19). La réponse paraît limpide : le peuple a été incrédule. En termes relationnels, nous dirions que la confiance en Dieu avait disparu, elle n’était pas au rendez-vous. A quoi peut bien servir une action de Dieu en faveur de son peuple, si ce dernier ne veut plus de lui !

 

Quand la foi n’est plus au cœur de notre relation à Dieu, que se passe-t-il ?

Le doute s’installe, des murmures et des critiques apparaissent… La vision devient négative, la perception des évènements s’en trouve faussée… On entre dans le déni spirituel. Il s’en suit souvent, en conséquence, l’errance dans le « désert ». Si le peuple s’était montré confiant, ne pensez-vous pas qu’il aurait traversé le pays d’Edom, comme il a traversé la mer rouge ? Nous pouvons être convaincus que Dieu aurait pu placer des murailles invisibles pour que son peuple ne soit pas atteint. A Dieu rien n’est impossible, comme le dit Luc, le médecin bien-aimé (cf. Luc 1 : 37).

L’axe de rotation de notre relation à Dieu est entièrement centré sur la confiance. Cette confiance, dans le libellé théologique, c’est la foi.

 « Sans la foi il est impossible de plaire à Dieu » Hébreux 11 : 6, version LSG.

Quand la foi est totalement absente, que se passe-t-il ? qu’observe-t-on réellement ? (cf. Nombres 20 : 3-5).

- On cherche querelle aux autres.

- On rend les autres responsables de nos malheurs.

- On pose beaucoup de questions, alors que l’on en redoute les réponses.

- On ne voit plus que l’aspect négatif des évènements.

- On entre dans la litanie des Pourquoi ? Pourquoi Eternel, pourquoi nous,   pourquoi moi ? 

- On entretient la complainte des inlassables murmures.

- On accuse les responsables spirituels.

- On ne s’aperçoit plus que la difficulté vient de nous... Etc.

 

La situation du peuple d’Israël dans le désert est un reflet de ce que nous sommes. C’est la raison pour laquelle l’intervention de Dieu est à analyser avec attention.

Il nous fait faire des détours, et des contours, pour que l’on réfléchisse sur le contenu de notre relation avec Lui. Mais que de murmures dans nos vies ! Nous ne sommes jamais satisfaits. Nous voulons tout et son contraire. On se plaint de ne pas posséder, et pourtant c’est souvent ce que nous possédons qui encombre notre marche vers « notre Canaan ». Savez-vous pourquoi nous n’avançons pas, pour ne pas dire tournons en rond ? N’est-ce pas parce que nous avons une relation à Dieu puérile, intéressée et exigeante (à chacun de mettre le qualificatif qui lui est propre).

Tout comme pour ce peuple d’Israël, la Canaan de notre bien-être spirituel, n’est pas loin de nous. Dieu a un bon projet pour l’humain (cf. Jérémie 29 : 11), mais nous ne lui faisons pas vraiment confiance. Nous comptons sur lui, uniquement quand nous avons épuisé humainement toutes les solutions, pour nous sortir d’affaire. De même, la Canaan céleste n’est pas loin, en ligne droite, elle est très près de nous. En fait, ce n’est pas le Seigneur qui tarde dans l’accomplissement de sa promesse. C’est peut-être nous qui ne sommes pas prêts à aller à sa rencontre, en traversant par la foi l’Edom de notre temps. Les paraboles des dix vierges et des talents, sont éclairantes sur ce point (cf. Matthieu 25 : 1-30).

Le peuple a sombré parce que sa relation à Dieu n’était plus une réalité vivante et positive. Pourtant, Dieu n’a cessé d’encourager, par Moïse, le peuple à lui faire confiance : Ne lui avait-il pas accordé la victoire sur le roi Arad ? A-t–il été plus confiant pour autant ? Cette expérience l’a-t-il rapproché de Lui ? Non ! (cf. Nombres 21 : 1-5).

Alors la patience de Dieu change d’aspect, elle devient pédagogique. Il faut des remèdes chocs à des situations difficiles.

L’Eternel présente alors la thérapie douloureuse du serpent d’airain (cf. Nombres 21 : 6-9). L’israélite mordu par un serpent devait regarder la représentation en airain du reptile (cf. origine du caducée), élevé sur une perche. Le remède de Dieu était simple à exécuter : un simple regard suffisait. Personne ne pouvait se sauver de ce venin mortel sans faire cette démarche de foi. Dieu ne demandait qu’une seule chose : regarder ce serpent pour vivre. Oui, c’est incroyable, un seul regard suffisait... (Si un journaliste avait couvert l’évènement, il aurait titré : Un regard pour la vie, ou le regard de la vie... C’est au travers d’un repère hautement symbolique, que l’on mesure la puissante miséricorde divine, et la fabuleuse pédagogie d’un Père pour ses enfants).

 Aujourd’hui, aux portes de la Canaan céleste, le peuple de Dieu en marche, est confronté à la même réalité, à la même pédagogie d’amour. C’est la même histoire qui se déroule, avec la même finalité : l’entrée du peuple de Dieu dans le pays promis, càd, son royaume (la Canaan céleste, symbole du royaume de Dieu (cf. Hébreux 11 : 13-16).

Devant notre difficulté à agir par la foi, Dieu renouvelle l’expérience du passé :

Nous avons tous été mordus par ce serpent antique, clairement identifié dans l’Apocalypse (cf. Apocalypse 9 : 12). Mais quelle est la situation des humains de notre monde contemporain ?

Face à cette confrontation avec le mal, qu’observons-nous ?

 

 - La négation de cette morsure : les incrédules Ils disent : balivernes, légendes,   invention des religieux pour maintenir chacun dans l’obscurantisme… (C’est bien connu, la religion est l’opium du peuple !) ou encore : il n’existe ni Dieu, ni diable… La morsure ! Cette fameuse morsure n’est qu’une vue d’un esprit faible et borné… Les incrédules pensent que les croyants s’accrochent à Dieu, comme à une bouée de sauvetage dans un naufrage, parfois avec sarcasme.

-   La non conscience de la gravité du venin : les réalistes épicuriens.

Voulant profiter des jouissances de la vie, ils préfèrent nier la dégradation morale et spirituelle de nos sociétés. (Ils disent : ne vous en faites pas, ce n’est rien, ce n’est pas grave, laissez faire le temps, Dieu est tellement bon, on ira tous au paradis, profitez de la vie…)

  • La conscience de la gravité de la morsure : les réalistes pragmatiques (sans Dieu)

Ils reconnaissent la gravité de la blessure et cherchent dans ce monde, le médecin avec le remède. Spirituellement, ils cherchent un guide vivant : gourous, voyants, toutes sortes de charlatans manipulateurs, illusionnistes… Mais, il faut payer cher, et même très cher. Pourtant ce ne sont que des remèdes placébos. L’illusion fond comme neige au soleil.     

  • Et puis, heureusement, la conscience de la gravité de la morsure. Ils recherchent en Dieu la solution : Ils sont les acteurs d’une foi relationnelle.

Devant la gravité des faits, ils prennent le temps de la réflexion. Ils se remettent en question. Sachant que Dieu est avant tout un père aimant, ils choisissent de faire confiance une fois pour toutes à son envoyé Jésus-Christ. N’a-t-il pas dit :

« Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle. »  Jean 3 : 14,15, version LSG.

Observons que l’invitation divine s’adresse à chacun (cf. quiconque). Mais, sans conscience de notre véritable situation et sans humilité, il devient difficile d’accueillir le projet divin. 

Mais comment une invitation si simple, et si fondamentale peut-elle être refusée ?

Quelque part en revisitant l’histoire de ce peuple, on reste perplexe devant son incrédulité. Pourtant, ne voyait-il pas chaque jour, la manifestation de la bonté de Dieu ? En effet, que disent les textes anciens :

« Je t’ai conduit pendant 40 ans dans le désert dit l’Eternel ; tes vêtements ne se sont point usés sur toi, et ton soulier ne s’est point usé à ton pied… » Deutéronome 29 : 5, version LSG.

Dieu, comme un super intendant a donné à boire et à manger à son peuple, ainsi que de quoi se vêtir durablement. Il a répondu à ses inquiétudes concernant les besoins primaires de sa vie quotidienne. Et de plus, il l’a conduit chaque jour à l’école de la vie, comme un père conduit chaque matin son enfant à l’école de la république. De jour, il y avait une nuée qui traçait sa route, de nuit une colonne de feu signalait sa présence parmi le peuple. C’était un peu comme un feu de camp au milieu des tentes… Dieu assurait ainsi à chacun, les bienfaits de sa garde, de sa protection, de sa direction (cf. Exode 40 : 38).

Et pourtant, malgré tout ce débordement d’attention et d’affection, les israélites ne sont pas entrés dans la relation et le projet de Dieu. Quelle tristesse pour Dieu ! Quelle douleur pour ce Père aimant ! Bien des siècles plus tard, Jésus, l’envoyé du Père, connaîtra la même douleur. L’expérience récurrente est similaire. Devant Jérusalem, la capitale chérie, il a pleuré (cf. Luc 19 : 41-44). L’évangéliste Matthieu rapporte ainsi la déclaration émouvante du Seigneur :

« Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! » Matthieu 23 : 37, version LSG.

Reprenons maintenant le récit de l’expérience du peuple d’Israël. Un seul regard suffisait pour avoir la vie sauve, cela paraît incroyable ! (cf. Nombres 21 : 9) L’apôtre Jean, le disciple qui aimait Jésus, recevant l’instruction spirituelle en rapport avec l’expérience de ce peuple d’Israël, déclara :

« Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque

 

croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle » Jean 3 : 16, version LSG.

Le serpent d’airain, symbolisait donc la victoire du Christ sur le serpent ancien, appelé le diable et Satan (cf. Apocalypse 20 : 2). A travers cette histoire, nous découvrons symboliquement que le Christ est le seul qui puisse vraiment rassembler, protéger, guérir et sauver. Quiconque, prenant conscience de sa nature mortelle et regardant à la croix, héritera la vie éternelle. Voilà la bonne nouvelle annoncée depuis les temps anciens. Pourtant, l’histoire biblique nous donne un avertissement : seule une petite poignée d’israélites a survécu à cette traversée du désert. Et cela, malgré tout le déploiement d’attentions prodigué par Dieu, le Père aimant. Il en sera de même à la fin des temps. Jésus a prononcé une parole redoutable de réalisme : « Il y aura beaucoup d’appelés, mais peu d’élus » Matthieu 22 : 14, version LSG. On n’aime pas cette phrase, mais pourtant elle existe !

La parabole du festin des noces (cf. Matthieu 22 : 1- 14 ; Luc 14 :15-24) est là pour nous appeler à la vigilance. Nos traversées du désert ne sont pas sans risques. Mais soyons rassurés, nos choix libres peuvent nous ouvrir une éternité bienheureuse. Notons que dans ces récits, l’invitation aux festins des noces, ne tient pas compte du passé des personnes, mais bien de leur présent (D’un côté dans le texte de Matthieu, on parle de bons et de méchants et, de l’autre, dans celui de Luc, de pauvres, d’estropiés, d’aveugles, de boiteux et de sans domicile fixe). Observons que la seule condition, sous-entendue, est d’avoir revêtu un habit de noces dans le premier cas, et simplement d’accepter l’invitation à participer au repas, dans l’autre. Autrement dit, faire simplement acte de foi, avec conviction, tout comme un seul regard vers le serpent d’airain redonnait la vie à tout israélite.

      Ces deux paraboles complémentaires disent la grande intention de Dieu pour   l’humain.

Dieu accueille les volontaires authentiques, les déshérités de la société, mais pas les resquilleurs, ni ceux qui ne le désirent pas.

Le Seigneur nous dit encore aujourd’hui : « Venez, car tout est déjà prêt. » Luc 14 : 17, version LSG. De même que l’israélite n’avait rien à faire, sinon porter un regard sur le serpent d’airain, de même aujourd’hui, il nous suffit de regarder à la croix pour être guéri. Un seul regard de foi nous projette dans l’espérance de son royaume d’amour. N’est-ce pas magnifique ! Un seul vrai regard d’espérance en Christ !

 

Conclusion :

 

Aujourd’hui est un jour de grâce, aujourd’hui le Seigneur réclame notre totale adhésion à son projet d’amour pour nous. Restons éveillés sur nous-mêmes avec l’aide de l’Esprit, bannissons le doute, accueillons sans réserve l’intention merveilleuse de Dieu pour nous. Construisons une relation solide et durable avec Dieu, acceptons son invitation de participer à son banquet des noces, au festin des noces de l’agneau, comme le dit l’apocalypse (cf. Apocalypse 19 : 7,9).

Un seul regard d’amour suffit. Osons le porter dans la simplicité et la pleine confiance. Tout le reste nous sera donné de surcroît (cf. Matthieu 6 : 33).

                                                                                   

                                                                          Eychenne Jacques

 

     PS : LSG, version Louis Segond 1975.

                                                                                  

 

 

 

 

 

 

 

 

   

 

 

 

 

 

 

 

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