Le bienveillant centenier romain

 

 

              Le bienveillant

      centenier romain !

       Matthieu 8 : 5-13

Introduction :

 

Après avoir prononcé son grand discours sur la montagne des rives du lac de Galilée, Jésus en chemin guéri un lépreux (cf. Matthieu 8 ; 1-4). Il fut ensuite abordé à l’entrée de la ville de Capernaüm par un centenier romain. Capernaüm était une ville relativement importante pour l’époque. Elle était située sur une route commerciale à l’extrémité nord de la mer de Galilée, et dans laquelle était stationnée une garnison romaine. Capernaüm était le territoire de Pierre et d’André (cf. Matthieu 4 : 18 ) de Jacques, Jean, et Matthieu (cf. Matthieu 4 : 21 ; 9 : 9 ). Cette rencontre nous plonge d’emblée dans un climat exceptionnel, car en bonne logique tout s’opposait à une telle rencontre, surtout assistée comme souvent en Israël par des témoins plus ou moins curieux. Le fait est suffisamment rare pour retenir notre attention. Regardons le récit. Que nous apprend-il ?

 

Développement :

 

« Jésus entrait dans Capharnaüm quand un centurion s'approcha de lui et le supplia en ces termes: « Seigneur, mon serviteur est couché à la maison, atteint de paralysie et souffrant terriblement.» Jésus lui dit: « Moi, j'irai le guérir ? » Matthieu 8 : 5-7, version TOB.

Ce haut gradé de la force romaine était à la tête d’une centaine de soldats. Pour venir assurer le maintien de l’ordre dans cette région insurrectionnelle, il fallait avoir de réelles qualités de fermeté et de diplomatie (rappelons pour mémoire les relations explosives entre Juifs et Romains, entre l’occupant et l’occupé). Les Romains adoraient l’empereur et une multitude de dieux, les Juifs sont monothéistes. Ils n’adorent que Yahvé-Adonaï. Ces conquérants païens sont considérés par la foule du bassin galiléen comme impurs. Collaborer avec eux provoque l’exécration des instances religieuses de Jérusalem.

Or, voilà que Jésus est interpelé par cet officier romain. Brisant toutes les barrières humaines, le Seigneur accepte l’opportunité de cette rencontre. La mission de Jésus n'est pas d'accumuler les guérisons, mais d'annoncer une bonne nouvelle à portée universelle. Cette confrontation avec cet étranger, au début de son ministère, est une occasion pour en faire la démonstration. On aurait pu penser que répondre à la demande de cet officier était une compromission dangereuse pour la suite de sa mission. Il n’en fut rien. Jésus est aussi venu en ce monde pour cet homme-là. La soudaineté exceptionnelle de la réponse du Christ démontre qu’il a été sensible à son appel. Le Sauveur est d’autant plus touché par sa démarche qu’elle  concerne son serviteur. Il est couché, paralysé et souffrant terriblement. Qui aurait pu penser que ce chef romain était habité par une telle démarche compassionnelle ? Qui aurait pu imaginer qu’il soit en phase avec le Seigneur sur le terrain de l’amour désintéressé ?  N’oublions pas que ce serviteur souffrant n’est qu’un esclave à cette époque ! En général, on ne s’embarrassait pas de la vie d’un esclave, on le remplaçait tout simplement par un autre ! Il importe donc de relever les liens empathiques qui unissaient les deux hommes. Le fait avait sûrement le mérite d’être inhabituel, voire rare…

 

Si le Seigneur répond aussi vite, c’est assurément parce que ce centenier exprime une préoccupation d’amour pour son serviteur. L’exemple est unique dans le Nouveau Testament. Remarquons que cet officier romain brise lui aussi la barrière des a priori. Il est aussi en phase avec le Seigneur sur ce point. Sa maison fait partie d’un casernement de l’armée. Ses gestes ne peuvent passer inaperçus. Sa hiérarchie aurait de quoi le remettre au pas ! C’est un gradé Romain qui demande secours à un Juif. Oui ! Mais pas n’importe lequel ! La réputation de Jésus l’avait déjà précédé. Elle dérangeait passablement les instances religieuses de Jérusalem. Certainement que ce centenier, dont on ne connaît pas le nom, était bien informé sur le comportement singulier du Seigneur. D’ailleurs, il l’apostrophe par le mot de « Seigneur », ce qui est peu banal dans la bouche d’un Romain. Il sait donc que Jésus de Nazareth arpente la Galilée en guérissant gratuitement les malades. Cet officier est intelligent, il a vite compris que ce Jésus était son dernier recours.

Ce Romain a eu la hardiesse de croire en Jésus et à sa capacité de répondre favorablement à sa demande. Il a eu foi en lui, alors même que les gens de son peuple doutaient de sa messianité. Ce Romain est un exemple pour nous dans le contexte actuel où le repli sur soi, la peur de l’étranger, la crainte de la compromission nous isolent les uns des autres.

Dans le récit présenté par Luc avec des variantes, on apprend que ce centenier avait même construit la synagogue de Capernaüm (cf. Luc 7 : 5). Bienveillance ou diplomatie, le fait est là !  Son attitude est empreinte d’humilité…

 

En réponse à la touchante requête de ce soldat Romain, Jésus offre de se rendre immédiatement à son domicile pour guérir son serviteur. C’est une réponse appropriée à un acte de foi.  Mais le centurion décline cette proposition en disant simplement : « Je ne suis pas digne que tu entres chez moi  » Matthieu 8 : 8.

 

Ce soldat pose un regard sincère sur lui-même. Il s’évalue indigne et exprime les limites de ses capacités d’action. Son comportement va favoriser l’action du Seigneur Jésus, car il est implicitement reconnaissance de la puissance de guérison du Maître.

Il ne dit pas : « mon serviteur n’est pas digne que tu viennes. » Il s’implique personnellement : « Je ne suis pas digne ».

D’après la tradition juive, la personne qui pénétrait dans la maison d’un non-juif devenait rituellement impure. Le centenier qui était visiblement familier avec cette pratique religieuse, se sentait indigne de faire vivre à Jésus une telle humiliation. il avait suffisamment de foi pour savoir que Jésus pouvait guérir en prononçant  simplement une parole, sa Parole, même à distance.

 

Comment peut-il dire : « je ne suis pas digne » ? Tout Juif était sous la domination du gouvernement de Rome. Or, il est un citoyen romain. Ce sont les Juifs qui doivent s’abaisser, et non pas lui. Et il n’est pas un citoyen romain ordinaire. Il est un officier romain qui a un rang élevé. Ce centurion occupe une position nettement supérieure à ce pauvre prédicateur nazaréen. Et pourtant, malgré l’importance de son statut, le centurion a perçu quelque chose en Jésus qui l’a incité à s’auto-évaluer sans appréhension et en toute simplicité.

 

Il n’a plus de grade devant Jésus. Il devient serviteur à son tour. Alors, qu’a-t-il discerné en Jésus ? Il a reconnu en Jésus son supérieur. Il s’est humilié pour son serviteur. Quel acte de foi ! Ses soldats lui obéissent au doigt et à l’œil. Il n’a qu’à donner un ordre et il sait que tout sera fait selon ses instructions. Il a toutefois reconnu que son pouvoir de commandement ne pouvait pas se comparer à celui de Jésus. Il est limité, il exerce un pouvoir purement humain. Jésus lui, exerce son autorité, non pas sur quelques hommes seulement, mais sur tout ce qui existe, même sur la maladie. Son autorité vient de son Père Céleste; elle vient d’en haut. Son pouvoir est divin, et ce centurion le sait intimement, au plus profond de lui, puisque il dit à Jésus : « Dis un seul mot ! »v.8. C’est déjà le premier pas vers la conversion. Il sait que si Jésus ordonne à cette maladie de disparaître, elle disparaîtra. Jésus n’a qu’à dire un mot et le  centenier sait que tout sera accompli. Quelle belle démonstration de confiance! Comment ce païen a-t-il pu acquérir une si grande foi ? En Israël, Jésus l’a cherchée parmi les siens, mais en vain…  l’originalité de la foi  de cet homme repose  exclusivement sur la personne du Christ. Il est écrit en Hébreux 11.6 que :

«  sans la foi il est impossible de plaire à Dieu ; car il faut que celui qui s’approche de Dieu croie que  Dieu est, et qu’il est le rémunérateur de ceux qui le recherchent. » 

 

On peut dire que ce centurion illustre bien cette définition de la foi. Avoir la foi, c’est croire que Christ est. C’est croire que Jésus est le Seigneur des seigneurs et que tout dans l’univers est soumis à son autorité. Celui qui s’approche de Dieu, croit qu’il est le rémunérateur en Jésus-Christ de ceux qui le recherchent de tout leur cœur. Le centurion a recherché Jésus en ayant confiance. Il sait que cet homme Jésus, est le seul à pouvoir l’aider dans ses besoins. Il a dû surmonter bien des obstacles, car un Romain ne demande pas de l’aide à un Juif. En effet, il n’était pas acceptable socialement qu’un païen aborde un Juif, et le fait qu’il soit un officier romain rendait la situation encore plus insolite, improbable. Il lui a donc fallu donc beaucoup de courage et d’humilité pour s’approcher du Nazaréen. Mais ce centenier était prêt, sa force de conviction pouvait braver la médisance, l’incompréhension, le rejet et peut-être même une désapprobation ou  une punition de la part de son autorité militaire.   Il alla vers le Seigneur avec une foi en mouvement. Intérieurement Il sait que le Seigneur est son dernier recours.

L’expérience de ce centenier peut aussi être nôtre !

 

Nos vies ne sont pas un long fleuve tranquille. Que d’obstacles, d’imprévus, de problèmes de santé … alors, essayons de nous  approcher du Christ. Faisons un pas vers Lui, et il nous répondra. Il viendra chez nous, en nos cœurs malades. Et même si nous nous sentons impurs, que la prière n’arrive pas à sortir de notre bouche empêchée, alors comme ce centenier osons parler à Jésus et lui demander :

 

« Dis un seul mot, et je serai guéri ! ».

 

La foi est dans la puissance du Christ, et en Lui seul. Non seulement le centurion avait confiance en l’autorité et la puissance des paroles de Jésus, mais il était aussi convaincu que la présence de Jésus auprès de son serviteur n’était pas nécessaire pour qu’il soit guéri. La plupart des gens qui allaient vers Jésus dans l’espoir de recouvrer la santé essayèrent d’être à la portée de sa main, car ils croyaient qu’un contact physique devait s’établir. Or le centurion pensait différemment. Ses paroles démontrent qu’il avait la ferme conviction que la puissance de Jésus n’est pas limitée dans l’espace. Face à l’incrédulité de son peuple, Jésus montre ainsi que la guérison appartient à tout homme, de toute nation, c’est l’universalité de la foi qui se met en mouvement. Tout est possible à celui qui croit, car tout concourt au bien de celui qui aime Dieu (cf. Romains 8 : 28).

 

Cette première guérison à distance, rapportée par les évangiles, nous permet de repenser le rôle important de l’intercession par la prière. Le serviteur a été guéri par Jésus sur la base de la foi du centurion, et non pas sur celle du serviteur. Jésus n’a pas demandé au centurion : « Est-ce que ton serviteur croît en moi ? ». Si le serviteur fut guéri, c’est en réponse à la foi du centurion. Nous savons qu’une personne dans le besoin peut être aidée sur la base de la foi d’une autre personne. Il est vrai que Dieu demande à chacun de placer une confiance personnelle en Jésus, mais il n’en demeure pas moins que certains peuvent bénéficier d’une intervention divine qui a été sollicitée par la foi de ceux qui prient Dieu. Cet événement nous encourage à prier davantage pour les autres.

 

Jésus continua à parler de la foi en révélant à ses auditeurs que dans le futur, il y aura un réveil spirituel parmi les païens. Plusieurs d’entre eux iront vers Jésus par la foi, tout comme le centurion l’avait fait. Jésus a initié un mouvement, un déplacement. Les futurs bénéficiaires viendront de toutes les parties du monde, de l’est et de l’ouest, pour se joindre à Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume des cieux. C’est presque inimaginable! Comment peut-on penser que des Juifs et des païens puissent prendre place ensemble autour d’une table pour jouir des délices du royaume ? Les Juifs considéraient qu’il était répréhensible pour eux de manger avec des non-Juifs (cf. Actes 11.3). Et voilà que Jésus leur annonce cette troublante prédiction : un jour, des païens s’assiéront avec les patriarches juifs autour de la même table, lors d’un festin dans le Royaume.

L’est et l’ouest sont bien sûr deux points cardinaux opposés. Ils indiquent ici les régions les plus éloignées, c'est-à-dire le monde entier. Il faut aussi  comprendre le sens figuré. Jésus faisait référence non seulement à ceux qui sont éloignés géographiquement d’Israël, mais aussi à ceux qui sont loin spirituellement. Et ceci englobe autant les gentils que les Juifs. Le centurion, Abraham, Isaac et Jacob avaient ceci en commun pour se retrouver ensemble au ciel : ils avaient tous la foi. Étant païen, le centurion ne pouvait évidemment pas provenir de la lignée d’Abraham. Par contre, à cause de sa foi, il pouvait être considéré comme étant un fils spirituel d’Abraham, ayant droit au même héritage spirituel. Autrement dit, c’est la foi, et non   l’appartenance au peuple de Dieu qui sert de critère d’entrée dans le royaume des cieux.

 

De nombreux païens,  venant de l’Orient et de l’Occident, festoieront avec Abraham, Isaac et Jacob dans le futur Royaume du Christ. Toutefois, parmi ceux qui étaient supposés se retrouver au banquet, ceux qui étaient destinés au Royaume, les Juifs de naissance qui ont pourtant professé reconnaître Dieu comme roi, certains d’entre eux auront l’horrible surprise d’être jetés dans les ténèbres où il y aura des pleurs et des grincements de dents. Ils ne seront pas admis à prendre place au festin dans le Royaume.

 

Les Juifs croyaient que tous ceux qui descendent par filiation de la postérité d’Abraham, hériteront à coup sûr du Royaume de Dieu. Jésus rectifie leur pensée en leur annonçant cette choquante vérité : les Juifs ne sont pas tous assurés d’une place au festin messianique.

Les Juifs, en tant que fils du Royaume de par leur filiation, pensaient qu’en vertu de leur lien naturel avec la descendance d’Abraham, rien ne pouvait les empêcher d’être dans ce Royaume. Ils croyaient aussi que les portes du ciel ne s’ouvraient pas aux païens. Les fils du Royaume, c’est-à-dire la grande Église universelle rassemblera tous ceux qui auront cru en Christ. Ne comptez pas sur votre engagement dans telle ou telle communauté, seule la foi ouvrira les portes du Royaume…   Le fait d’être le peuple élu de l’Ancienne Alliance ne confère pas aux Juifs, l’assurance absolue qu’ils se retrouveront tous dans le Royaume des cieux. Quel bouleversement ! Seule la foi est prise en compte. Mais la foi est souvent malmenée par les événements de la vie, alors soyons comme ce centenier, enracinés dans la certitude que Christ seul peut mettre en action la guérison. Il est notre espérance, ainsi,   notre confiance en Lui et en Lui seul doit être inébranlable.

 

 Conclusion :

 

La conclusion de cette aventure de foi voit le serviteur du centenier guéri. Seuls l’amour et la foi ont triomphé : la guérison du serviteur l’atteste. Jésus ordonne maintenant au centenier de retourner chez lui afin de retrouver son serviteur remis de ses maux, de sa paralysie, de sa terrible souffrance. Jésus ne s’est pas rendu au chevet du malade, du paralytique, il l’a guéri à distance, comme il nous guérit toujours. Le centenier s’est déplacé, il a parlé, il a épanché son cœur. Cet homme, ce militaire réputé dur et insensible, a compris. Il a adhéré et il a manifesté sa foi. A son retour chez lui, il ne sera plus le même. Il est sauvé et son serviteur aussi. Ils font alors partie tous les deux du Royaume déjà en place, mais encore en devenir. Les hommes ne seront pas jugés sur la base de leur appellation religieuse,  mais sur la base de ce qu’ils ont été, des hommes de foi, des hommes que Dieu a régénérés pour un héritage qui leur est réservé dans les cieux (cf. 1 Pierre 1.3-4). Notre admission au ciel a pour fondement ce seul critère : la foi en Christ. Car sans la foi, il est impossible d’être agréable à Dieu (cf. Rappel : Hébreux 11 : 6).

 

Le témoignage du Christ est éloquent :

« Je vous le dis en vérité, même en Israël je n’ai pas trouvé une aussi grande foi » Matthieu 8 : 10.

 

En louant la foi de ce centurion, ce païen en apparence, Jésus nous pose indirectement cette question : « Êtes-vous prêts à m’accorder la même confiance que celle de cet officier romain ? »

La réponse nous appartient.

 

                                                              Claude Albano, Jacques Eychenne

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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