La liberté en Christ

         Galates 5

 

Introduction :

 

Après avoir démontré aux Galates qu’ils étaient bien les enfants de la promesse, donc les enfants de la femme légitime et libre, l’apôtre Paul va aborder les conséquences pratiques de cette prise de conscience fondamentale. Le Christianisme n’est ni une théorie, ni une philosophie, il s’ancre dans une pratique de vie et véhicule des valeurs à expérimenter au présent, avec une perspective d’avenir. Paul va maintenant s’appliquer à développer les caractéristiques concrètes de la vie d’un enfant de la promesse, libéré afin de vivre le projet qui émane de Dieu.

 

Développement :

 

« C'est pour que nous restions libres que le Christ nous a libérés. Donc tenez bon et ne vous remettez pas sous le joug de l'esclavage. » Galates 5 : 1, (version de Jérusalem)

Effectivement, les Galates doivent comprendre que si le Christ les a rendus libres, c’est afin qu’ils le restent. Tout retour en arrière s’apparente à une démarche d’autojustification et de mépris du sacrifice du Christ.  Autrement dit, cette vraie libération qui nous est octroyée par le Seigneur, n’est pas un blanc-seing pour faire n’importe quoi !

 

L’apôtre va donc définir en quoi consiste cette liberté et quel est son objectif. Si Christ nous a libérés de la condamnation de la loi, ce n’est certes pas pour que nous nous remettions sous sa domination. De toute façon, le poids des exigences légales ne pourra jamais être totalement assumé. Alors Paul leur dit : « tenez-bon, ne revenez pas en arrière ». Aux chrétiens d’Ephèse, Paul expliquera : «  Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire »  Ephésiens 2 : 20. La conviction de l’apôtre repose sur des révélations divines, mais aussi sur son expérience passée de zélateur appliqué de la loi. Aussi peut-il témoigner :

« C'est moi, Paul, qui vous le dis : si vous vous faites circoncire, le Christ ne vous servira de rien. De nouveau je l'atteste à tout homme qui se fait circoncire : il est tenu à l'observance intégrale de la Loi.  Galates 5 : 2-3

L’apôtre insiste et signe : la justification par les œuvres de la loi est une aberration. Cela ne sert à rien de s’acharner à chercher la perfection par l’obéissance aux prescriptions légales. Ces lois avaient une utilité temporaire. Elles étaient liées, en grande partie, à la mission que Dieu avait confiée au peuple d’Israël, dans l’attente de la venue d’un Messie. Paul touche ici le point le plus sensible du problème. Il demeure malheureusement encore. L’être humain préfère toujours développer quantité d’efforts pour se justifier devant Dieu, plutôt que d’accepter simplement d’être gratuitement justifié  par lui. Les autojustifications pour gagner le ciel ou gagner son paradis, sont encore d’une intense actualité…

Si les Galates pensent que le fait de se faire circoncire contribue à leur salut, alors le ministère du Christ ne sert à rien (cf. Galates 2 : 21)

 

La loi n’a pas pour objectif de nous sauver, mais de nous aider à bien vivre tout simplement. Afin de créer un électrochoc salutaire, Paul va employer une des phrases les plus fortes de ses écrits : « Vous êtes séparés de Christ, vous tous qui cherchez la justification dans la loi ; vous êtes déchus de la grâce. » Galates 5 : 4.

Pourquoi une telle force dans le propos ? Parce que les Galates se fourvoient et mélangent les objectifs de la loi et de la grâce. Le rôle de la loi est double. Il nous prévient des dangers de parcours et nous sanctionne quand nous nous écartons du bon chemin. Pour employer une image de bonne conduite en voiture, la loi est comparable aux panneaux de circulation de la route. Ils signalent un danger, ils s’inscrivent dans le registre de la prévention. Par contre les radars sanctionnent les transgressions de la loi. Prévention et sanction renvoient à la responsabilité du conducteur. Dans le domaine spirituel, ni la prévention, ni la sanction n’a pour objectif de sauver le pêcheur. (De même toute la signalisation routière ne pourra jamais empêcher les accidents mortels.)

 

Donc, les Galates se trompent. Chercher une justification dans la loi, c’est d’une part lui accorder un pouvoir qu’elle n’a pas, et c’est nier le remède que Dieu préconise en Jésus-Christ. C’est comme si le Christ n’avait jamais été l’envoyé de Dieu. En plus, les Galates se leurrent : personne ne peut être irréprochable au regard de la loi. Ecrivant aux chrétiens de Rome, Paul dira plus tard: « nous avons déjà prouvé que tous, Juifs et Grecs, sont sous l'empire du péché, selon qu'il est écrit : Il n'y a point de juste, pas même un seul; nul n'est intelligent, nul ne cherche Dieu; tous sont égarés, tous sont pervertis; il n'en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul … Rom 3 : 9-12 

Pourquoi les Galates sont-ils séparés de Christ ? Parce qu’en voulant rester uniquement dans une obéissance à valeur salvatrice, ils s’écartent eux-mêmes du plan de Dieu (cf. Jean 3 : 16-17). L’erreur des Galates est funeste. Au lieu de s’appuyer sur les promesses de Dieu, ils préfèrent donner une valeur salvatrice à leur obéissance pourtant toute relative à la loi.

En s’arc-boutant sur son obéissance à la loi, l’humain revendique des compensations, pour ne pas dire des droits au salut. La relation à Dieu dégage un parfum de marchandage. Je fais, tu me dois.

Paul établit donc une nette démarcation entre ce qui repose sur l’humain et ce qui relève du divin. Le salut n’a qu’un seul auteur : Dieu. L’acte de foi accueillant ce salut est la seule voie raisonnable qui conduit à l’accomplissement final du plan de Dieu par Jésus-Christ. Il déclare :

« Pour nous, c'est de la foi que nous attendons, par l'Esprit, l'espérance de la justice. Car, en Jésus -Christ, ni la circoncision ni l'incirconcision n'a de valeur, mais la foi qui est agissante par la charité. »  Galates 5 : 5-6 

Autrement dit, l’obéissance à la loi mène à une compétition entre les humains, alors que la foi appelle l’humilité et relie à l’amour. D’un côté on s’approprie des mérites, de l’autre on donne et on se donne par amour. Rappelons à cet endroit que la foi ne relève pas de l’œuvre de l’homme, elle est avant tout don de Dieu. C’est par grâce qu’elle est déposée dans le cœur de l’homme. De même, c’est par grâce que le salut nous est accordé, par le moyen de la foi. La foi est comme une main qui saisit le cadeau proposé. (cf. Ephésiens 2 : 8 ; Hébreux 12 : 2) Mais le cadeau vient de Dieu, pas de l’homme. Il en est ainsi pour que l’humain ne s’attribue aucun mérite d’aucune sorte, et que tout conduise à Dieu par Jésus-Christ.

 

Paul ne comprend toujours pas l’attitude des Galates, alors il interroge :

« Vous couriez bien: qui vous a arrêtés, pour vous empêcher d'obéir à la vérité ? » Galates 5 : 7  La question est assortie d’une recommandation. Paul choisit l’image, bien connue, du levain. Le levain principe de fermentation, devient synonyme de corruption (cf. Matthieu 16 : 6 ; Luc 12 : 1 ;  1 Corinthiens 5 : 6-8).

Puis, l’apôtre confirme sa position par un engagement personnel. Après avoir dit aux Galates qu’il a confiance en eux (cf. Galates 5 : 11-12), il leur explique que s’il est encore persécuté, c’est parce qu’il reste fidèle à l’évangile de Christ. Le scandale de la croix devient une pierre d’achoppement pour les judaïsants. En parlant ainsi, Paul se positionne dans la grande tradition prophétique (cf. Actes 7 : 52).

Mais Paul, quelque peu agacé par les perturbateurs de Jérusalem, prononce une phrase un peu crue. «  Ceux qui vous troublent, puissent-ils se castrer aussi » v.12. Paul à l’air de dire que s’ils veulent pratiquer la circoncision, il faut qu’ils aillent jusqu’au bout, « en se coupant tout le reste ». C’est assez osé, mais cela reste bien dans la logique paulinienne. Il les pousse à aller dans la cohérence de la mutilation, comme des eunuques (ποκόπτω = se mutiler, s’émasculer, se châtrer. Marc 9:43, 45; Jean 18:10, 26; Actes 27:32.)

 

Après ce balancement entre mots forts et plus doux, très propre au style de l’apôtre, ce dernier va clore cette partie de son exposé par un rappel des fondamentaux de vie chrétienne : la liberté et l’amour. L’un est au service de l’autre et réciproquement. Le Christ a illustré cette réalité au dernier repas pris avec ses disciples.  En se positionnant comme serviteur (en lavant les pieds des apôtres), le Seigneur indiqua dans quel climat  l’amour devait se  vivre, c’est-à-dire, par le service. Ainsi, pour Paul, la loi et la grâce se fondent dans un tronc commun. La synthèse est tout entière contenu dans l’amour (cf. Galates 5 : 14).

L’apôtre Paul n’évacue pas la loi comme le font ceux qui se méprennent sur le vrai sens de la liberté chrétienne. Il lui redonne ses lettres de noblesse. Il dira aux Romains :

« La loi donc est sainte, et le commandement est saint, juste et bon… Nous savons, en effet, que la loi est spirituelle ; mais moi, je suis charnel, vendu au péché ». Romains 7: 12,14  La loi n’est donc pas le lieu d’une compétition pour savoir lequel est le plus saint. Si tel est le cas parmi vous (dit Paul aux Galates), ne soyez pas surpris si vous en arrivez à  vous « mordre et dévorer » (cf. Galates 5 : 15 a). Dans les communautés chrétiennes, ce type de rapport nauséabond avec la loi entraîne souvent les critiques, les attaques personnelles, les divisions. Le processus est autodestructeur (cf. Galates 5 : 15 b).

 

Ce n’est pas pour autant que la marche soit rendue plus facile ! L’apôtre va préciser sa pensée en opposant ce qui vient de la chair (ce qui est propre à notre nature humaine) et ce qui vient de l’esprit (ce qui vient de Dieu).Comme nous l’avons déjà observé, le cheminement de la pensée paulinienne procède par contraste. Après avoir mis en relief la foi et les œuvres, la loi et la grâce, Paul développe ce qui découle de ces apparentes oppositions. La loi met en évidence les défauts de l’homme, la grâce place en lui le fruit de l’esprit. Les uns sont les fruits de l’homme, l’autre est le fruit par excellence de Dieu. Les œuvres de l’homme sont pluriel (cf. Galates 5 : 19), le fruit de l’esprit est unique et singulier (cf. galates 5 : 22)

 

Puis, L’apôtre va définir la nette démarcation qui sépare ceux qui vivent selon la chair (cf. tout ce qui lié au concept de l’homme pécheur) et ceux qui essaient de vivre selon le plan initial de Dieu (Précisons les mots. La chair= σὰρξ = la nature humaine, la nature terrestre de l'homme séparé de l'influence divine, prompt au péché et à l'opposition à Dieu. L’esprit = πνεῦμα = vie spirituelle qui procède de Dieu. Les théologiens parlent de l’être σαρκικός et de l’être πνευματικός, les deux termes sont employés par Paul dans Romains 7 : 14).

 

« Si vous êtes conduits par l'Esprit, vous n'êtes point sous la loi. »  Galates 5:18  Autrement dit, quand Dieu vous inspire, vous n’êtes plus sous la condamnation de la loi. Le problème est que les Galates, comme nous-mêmes, sommes peut-être bien disposés, mais notre chair est faible. Le fameux chapitre 7 de la lettre envoyée par Paul aux Romains traduit l’intensité du combat intérieur, les confusions, les incapacités à se dépêtrer de cette gangue du péché. Si nous voulons sortir de ce bourbier, il n’y a qu’une seule issue : accepter d’être conduit par Dieu en Jésus-Christ (cf. Romains 7 : 24-25). Rappelons que par son sacrifice, Christ est le seul à nous libérer complètement du poids de toutes nos fautes (cf. 1 Timothée 2 : 5).

 

Paul égraine ensuite les comportements de l’homme livré à lui-même. La liste est impressionnante, mais bien conforme à la réalité (cf. Galates 5 : 19-21) Nous ne la connaissons que trop bien. Précisons toutefois pour être bien compris, qu’aucun de ces vices énoncés par Paul n’est en soi suffisant pour priver quelqu’un du salut, sinon personne ne pourrait être sauvé. L’apôtre nous renvoie au fond du problème. Quel est-il ?

L’important n’est pas dans le faire ou ne pas faire, l’important concerne la non-reconnaissance de ses propres erreurs. Cette triste absence est liée à une volonté absurde de se croire capable de bien gérer sa vie tout seul. Ainsi, banaliser nos travers, c’est mettre Dieu sur la touche, mais en prendre conscience et réclamer son aide, c’est composer avec lui. C’est accepter de participer au royaume éternel de Dieu. En définitive, c’est moins en regard de la piètre réalité de notre pratique de vie que nous serons jugés (cf. Romains 3 : 23-28), qu’au secret de nos motivations sincères et profondes liées à la repentance. Souvenons-nous des paroles de Jésus adressées aux Pharisiens : « Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler à la repentance des justes, mais des pécheurs.  Luc 5:31-32  Pour reprendre l’image du Seigneur, disons que l’important n’est pas d’être malade (nous le sommes tous), mais plutôt d’en être conscient et d’accepter l’intervention du médecin. Dans cette perspective la culpabilisation n’a pas lieu d’être (en général, on ne reproche pas à quelqu’un d’avoir une maladie grave). En acceptant l’intervention du Christ dans notre vie, c’est comme si nous acceptions d’être suivi par notre médecin personnel. Mais soyons clair, nous sommes tous malades, croyants et non-croyants. Au départ, il n’y aucune différence entre les hommes, car « tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » Romains 3 : 23

 

Cela dit, intéressons-nous maintenant aux facteurs de guérison contenus dans le fruit de l’esprit. Rappelons que l’apôtre oppose les œuvres multiples des hommes qui veulent toujours gagner le paradis par leurs efforts, à un seul fruit aux multiples propriétés.

 

« Mais le fruit de l'Esprit, c'est l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la tempérance; la loi n'est pas contre ces choses. Ceux qui sont à Jésus-Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs. Si nous vivons par l'Esprit, marchons aussi selon l'Esprit. Ne cherchons pas une vaine gloire, en nous provoquant les uns les autres, en nous portant envie les uns aux autres. » Galates 5:22-26 

 

Ce fruit de l’esprit ne peut qu’être unique. Il est le reflet de ce que Dieu est, de ce que Jésus-Christ est, de ce que le Saint-Esprit est (cf. Jean 10 : 30).

 

Le fruit dont il est question ici est l’action naturelle de Dieu dans le cœur d’une personne quand cette dernière s’ouvre à son esprit. Cette action continue s’étend dans le temps et peut couvrir toute une vie. L’apôtre reprend le thème qu’il avait si bien développé dans sa première lettre envoyée aux chrétiens de Corinthe (cf. 1 Corinthiens 13 : 13). En plaçant l’amour au cœur du fruit, non seulement Paul est en harmonie avec le message principal de Jésus-Christ, mais encore il fait découler toutes les autres manifestations de cette notion première. Dans la vie de Christ, tous les traits de son caractère sont estampillés de cette distinction. D’une manière plus commune, notons que le fruit de l’esprit communique une qualité de vie, indispensable à un bien vivre ensemble. Pour asseoir sa démonstration, l’apôtre se plaît à faire remarquer que la loi n’est pas contre ces choses. La loi place un cadre de vie, le fruit de l’esprit remplit ce cadre de vie. Ne comprenons pas l’inverse ! La loi est sécurisante et protectrice, elle favorise la pratique de l’amour, mais sans amour le cadre devient un repère du légalisme.

L’apôtre invite les Galates à plus de cohérence. La vie de l’esprit est indissociable à la marche de l’esprit. Ce que nous recevons de Dieu est lié à ce que nous en faisons après. Autrement dit, il ne devrait pas y avoir de séparation entre l’être et le faire. L’action de l’esprit de Dieu devrait être visible dans la marche des Galates, comme dans la nôtre. Dans le cas contraire, inévitablement pourrions-nous dire, cela conduit l’humain dans les fossés de l’envie, des provocations, des vaines gloires…

 

Conclusion :

 

Les temps passent, les humains restent les mêmes. Notre humanité ne sait pas tirer profit de ses expériences passées. L’homme est autodestructeur pour lui-même. Quelques prises de conscience se font jour, de si de là, mais les enjeux sont trop forts. L’appât du gain, la vanité de la gloire, le besoin de tout contrôler est trop puissant, pour que s’éveille une conscience éclairée. Qui pense aujourd’hui que notre espoir réside dans le fait concret d’être conduit par l’esprit de Dieu ?

La confusion est partout et surtout dans le religieux. Le Christ avait prévenu « quiconque vous fera mourir, croira rendre un culte à Dieu »  Jean 16 : 2b. Quand il n’y a plus de repère, c’est le fanatisme qui occupe le terrain.

L’apôtre Paul apporte aux galates une réponse positive. Il la fait sienne puisqu’il déclare : « Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi par l’Esprit » galates 5 : 26

Cette vision heureuse peut être nôtre, si nous nous emparons par la foi des promesses de Dieu. Le bonheur de cette marche est de savoir où elle nous conduit.  

Marchons, marchons, qu’un sang nouveau abreuve nos sillons !

                                                                                      

                                                                                     Jacques Eychenne

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