Joseph Barnabas

 

 

 

   Joseph Barnabas

          Une référence dans

        un monde en désarroi

          Actes 2 : 32-37

 

Introduction :

 

Le premier discours de l’apôtre Pierre à la Pentecôte (cf. Actes 2 : 14-36) attestait avec force la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Après l’avoir entendu, les habitants de Jérusalem ont été ébranlés dans leur conscience. Ils s’exclamèrent : « Hommes frères, que ferons-nous ? » Actes 2 : 37. L’apôtre Pierre préconisa un examen de conscience menant à la repentance, suivi d’un engagement par le baptême au nom du Christ (cf. Actes 2 : 38). Cela donna naissance à la première communauté chrétienne de Jérusalem, puisqu’environ trois mille personnes vinrent grossir les rangs du noyau primitif des 120 disciples.  Pierre, dans un deuxième discours, s’adressa au peuple de Jérusalem (cf. Actes 3 : 12-26). Par la suite, Pierre et Jean, répondant aux membres du Sanhédrin, prononcèrent la célèbre réplique : « Jugez s’il est juste devant Dieu, de vous obéir plutôt qu’à Dieu » actes 4 : 19. Puis, les apôtres continuèrent à faire des prodiges et des miracles, ils vécurent une sorte de deuxième Pentecôte (cf. Actes 4 : 30-31). C’est à partir de là que la communauté chrétienne s’organisa. Le communisme primitif venait de naître. « Nul parmi eux n'était indigent : en effet, ceux qui se trouvaient possesseurs de terrains ou de maisons les vendaient, apportaient le prix des biens qu'ils avaient cédés et le déposaient aux pieds des apôtres. Chacun en recevait une part selon ses besoins. »   Actes 4 : 34-35, version TOB.

C’est dans ce contexte qu’apparaît un homme appelé Joseph, surnommé Barnabé ou Barnabas. « Ainsi Joseph, surnommé Barnabas par les apôtres - ce qui signifie l'homme du réconfort - possédait un champ. C'était un lévite, originaire de Chypre. Il vendit son champ, en apporta le montant et le déposa aux pieds des apôtres. »  Actes 4 : 36-37, version TOB. Pourquoi Luc mentionne uniquement l’exemple de Barnabas ? Tout simplement parce qu’il va, désormais, avoir un rôle prépondérant au sein du collège apostolique. Penchons-nous sur son parcours édifiant…

 

Développement :

 

Qui est vraiment Barnabas ? On sait que c’est un personnage important, car il est cité plus d’une trentaine de fois dans le Nouveau Testament, principalement dans le livre des Actes des apôtres. Luc nous apprend qu’il était originaire de Chypre. Il faisait partie de la classe sacerdotale des lévites.  S’était-il établi à Jérusalem ? Avait-il une fonction au temple ? Avait-il suivi le Christ pendant son ministère ? La Bible ne nous fournit aucune d’indication.   

Mais si les apôtres ont pris soin de surnommer Joseph : Barnabas, c’est qu’à l’évidence il le connaissait bien, même si le changement de nom était courant dans la Bible. Venant des apôtres, le fait ne peut pas être neutre. Il signale pour le moins que Barnabas les fréquentait depuis un certain temps. La démarche venant du collège des apôtres a valeur de reconnaissance, voire de consécration.  Il n’est donc pas utopique de penser qu’il faisait partie des 120 disciples réunis à Jérusalem. Toutefois, les évangiles restent muets sur ce point. Par contre, le surnom donné par les apôtres à Joseph confirme la bonne connaissance qu’ils avaient de lui. Ainsi, ils l’appelèrent Barnabas, en Hébreu, Bar nabas, fils de la prophétie (Bar = fils de ; nabas même racine que nabi = prophète). Il faut savoir que L’exhortation constituait la part la plus importante de ce ministère. Cela explique pourquoi Luc traduit en grec : fils d’exhortation ou de consolation. Par la suite, Luc attestera que Barnabas était bien reconnu comme prophète par la jeune communauté chrétienne d’Antioche (cf. Actes 13 : 1).  

Quelles étaient les qualités édifiantes de ce serviteur de Dieu ? Essayons de les repérer dans les faits :

- Comme nous l’avons mentionné plus avant, Barnabas est un homme soucieux du bien d’autrui. Il n’hésite pas à vendre sa propriété pour aider ceux et celles qui sont dans le besoin (cf. Actes 4 : 37). Il est Lévite. Sa généalogie devait être dans la lignée de celle de Lévi au temps de Moïse (Le Lévite était attaché au service du temple. Il pouvait être choriste, musicien, gardien, juge, artisan. Il était employé aux tâches subalternes du temple. Il était chargé de garder les portes du temple, jour et nuit, suivant son tour de garde. Il prenait soin des ustensiles du temple, des voiles et des cordages. Il était sous la responsabilité d’un descendant direct d’Aaron.).

Dans ce contexte, il n’est donc pas étonnant d’acter sa bonne disposition de partage. Il a été éduqué dans le cadre des services religieux au temple. Ce qui invite à penser que sa présence à Jérusalem est relativement ancienne. Ce qui est clair par contre, c’est que sa disposition d’esprit de service va perdurer dans son ministère.

 

- c’est aussi un homme courageux. Alors que Saul de Tarse est poursuivi par les Juifs qui veulent le mettre à mort, Barnabas brave le danger, puis la suspicion de ses propres frères dans la foi. Il le protège et le prend avec lui. C’est lui qui le présente aux apôtres et raconte sa conversion sur le chemin de Damas. Il atteste sans détour que Saul a bien prêché franchement au nom de Jésus. Rappelons ici que beaucoup doutaient de la conversion rapide de ce persécuteur des témoins du Christ (cf. Actes 9 : 23-29).

 

- c’est encore un homme disponible et volontaire. A la suite de la première persécution survenue à propos du diacre Etienne à Jérusalem, les fidèles se dispersent. Un bon nombre se retrouvent alors dans la ville romaine d’Antioche, capitale de la Syrie. Et qui l’Eglise de Jérusalem envoie-t-elle pour galvaniser la foi des fidèles ? Barnabas ! Dès son arrivée, il exhorte la petite communauté naissante à ne pas faiblir devant l’adversité. Parlant de son attitude Luc écrit : « lorsqu’il fut arrivé, et qu'il eut vu la grâce de Dieu, il s'en réjouit, et il les exhorta tous à rester d'un cœur ferme attachés au Seigneur. Car c'était un homme de bien, plein d'Esprit-Saint et de foi. Et une foule assez nombreuse se joignit au Seigneur. »  Actes 11 : 23-24, version LSG.

Barnabas est habité par une bonté naturelle. Les évènements vont révéler sa sagesse dans toute la force de sa maturité spirituelle.

 

- Barnabas est aussi un homme de confiance. C’est lui qui va chercher Saul à Tarse pour l’associer à son œuvre missionnaire (cf. Actes 11 : 25). C’est lui (associé à Saul) qui lors la famine en Judée, sous le règne de l’empereur romain Claude, organise les secours à apporter aux anciens de Jérusalem et certainement à toute la région. (cf. Actes 11 : 29-30). 

 

- Barnabas devint alors un évangéliste infatigable. Il fut consacré avec Saul de Tarse par le Saint-Esprit pour accomplir l’œuvre de Dieu. Le premier tandem missionnaire venait de voir le jour.

 

- Barnabas est un leader débonnaire. Il a l’aptitude du travail en équipe. Animé par l’Esprit-Saint, il forme avec Saul de Tarse (désormais appelé Paul), une équipe performante. A Icône, Lystre et Derbe en Cappadoce, la parole annoncée trouve un bon écho dans les cœurs, malgré des forces d’opposition. Parfois même les écueils sont surprenants. Par exemple, les habitants de Lystre, voyant Barnabas et Paul faire marcher un boiteux de naissance, les prirent pour des dieux ayant revêtu forme humaine. Spontanément, ces gens appellent Barnabas Jupiter et Paul Mercure. Cela a dû leur faire drôle !  Mais ce n’est pas tout … Leur témoignage étant à ce point impressionnant, la foule voulut leur offrir un sacrifice (cf. Actes 14 : 6-18). Cette popularité aurait pu les détourner de leur mission, il n’en fut rien.

 

- Barnabas aime le travail en équipe. Il a le sens de l’organisation. Avec Paul, lapidé à Lystre, et laissé pour mort… il l’entoure et le récupère hors de la ville. Il repart à Derbe le lendemain et crée une petite communauté. Pas d’état d’âme, d’apitoiement sur soi… Même blessé, il repart…

Voyant l’essor que prenait l’annonce de l’évangile, Barnabas et Paul décident ensemble d’organiser et de structurer les communautés naissantes avant leur départ pour Antioche.

« Ils firent nommer des anciens dans chaque Église, et, après avoir prié et jeûné, ils les recommandèrent au Seigneur, en qui ils avaient cru. »  Actes 14 : 23, version LSG. 

 

- Barnabas est un homme consciencieux. Toujours en tandem avec Paul, il ne se contente pas d’agir. Ils rendent compte ensemble de leur travail aux frères d’Antioche, car ce sont-eux qui les avaient recommandés à la grâce de Dieu (cf. Actes 14 : 26-28). Ce rapport verbal, ils le déroulent comme une histoire merveilleuse, démontrant le respect qu’ils avaient pour cette communauté d’Antioche.

 

- Barnabas est aussi ambassadeur avec Paul auprès de l’Eglise de Jérusalem. Là se trouvaient les apôtres et les anciens, et il fallut aborder l’épineuse question de la circoncision des païens. C’est à la suite du témoignage éloquent de Barnabas et de Paul, que Jacques convoqua le premier concile de l’Eglise chrétienne à Jérusalem (en 49-50 apr.J.-C) ; Une décision a minima, fut approuvée par le Saint-Esprit. Paul et Barnabas allèrent porter la nouvelle à Antioche. Une lettre précisant la décision de l’Eglise de Jérusalem fut lue devant tous (cf. Actes 15 : 22-29).

 

- Barnabas est aussi un homme de conviction et de caractère. Il s’opposera à Paul quand celui-ci refusera d’emmener avec eux, Marc son cousin. Prétexte invoqué par Paul : il les avait abandonnés en Pamphylie. Barnabas n’est pas homme aux paroles mielleuses et à l’attitude émolliente. Le dissentiment est fort, le parler-vrai est de rigueur. Pas question de chercher des pis-aller, des demi-mesures… Alors, les deux compères de la première heure décident de se séparer. Barnabas voyagera avec Marc et Paul aura désormais pour compagnon de route Silas (cf. Actes 15 : 36-41). L’amitié fraternelle entre Paul et Barnabas ne sera pas altérée pour autant. Paul reconnaîtra plus tard, en acceptant de nouveau Marc dans son équipe, qu’il lui est « fort utile pour le service » 2 Timothée 4 : 11. De plus, Paul reconnaîtra et témoignera qu’il fut avec Barnabas, nommé responsable de l’évangélisation en terre dite païenne (cf. Galates 2 : 9).

 

- Barnabas est un homme désintéressé. (Nous en avons déjà pris conscience lors de la vente de son champ). Quand Paul voulut défendre son apostolat, il dénonça une injustice par rapport aux autres apôtres. En effet, les apôtres restés à Jérusalem jouissaient de certaines faveurs. Ils pouvaient continuer à travailler tout en évangélisant. Ils étaient aussi accompagnés le plus souvent de leur épouse. Par contre Paul et Barnabas semblent avoir été privés des mêmes droits, d’où le plaidoyer de Paul aux Corinthiens (cf. 1 Corinthiens 9 : 1-6). Mais, notons que nous n’avons aucune revendication de Barnabas… Pas de revendication syndicale … Quoi qu’il en soit, cela met en évidence, l’esprit d’abnégation des deux serviteurs de Dieu.

 

- A côté de toutes ces qualités, Barnabas n’a pas échappé à la faiblesse humaine. Lors du double jeu hypocrite joué par l’apôtre Pierre lors de sa venue à Antioche, Barnabas n’a pas eu la clairvoyance de faire le bon choix.

Nous connaissons l’incident. Luc rapporte les paroles de Paul : « mais lorsque Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu'il était répréhensible. En effet, avant l'arrivée de quelques personnes envoyées par Jacques, il mangeait avec les païens ; et, quand elles furent venues, il s'esquiva et se tint à l'écart, par crainte des circoncis. Avec lui les autres Juifs usèrent aussi de dissimulation, en sorte que Barnabas même fut entraîné par leur hypocrisie. Voyant qu’ils ne marchaient pas droit selon la vérité de l'Évangile, je dis à Céphas, en présence de tous : si toi qui es Juif, tu vis à la manière des païens et non à la manière des Juifs, pourquoi forces-tu les païens à judaïser ? » Galates 2 : 11-14, version LSG. 

Cependant cette expérience malheureuse a certainement aidé Barnabas à mieux

appréhender le comportement de son cousin Marc (cf. en lien avec sa démission). En effet, face à l’âpreté et à la vivacité des discussions dans les communautés (déjà à cette époque), on peut comprendre que Marc, encore jeune dans la foi, ait pu fuir le débat.

 

Conclusion :

 

Parmi les grands noms qui ont donné leur lettre de noblesse au christianisme, il ne faut pas oublier la figure de proue qu’a été Barnabas ou Barnabé (nom francisé). Par ses qualités d’accueil, sa bienveillance innée, sa consécration à Dieu, son tempérament naturel de leader, il est un exemple pour notre génération. Travailleur responsable, ardent et fervent d’esprit et d’actions, par la parole et par le geste, il laisse une trace indélébile dans l’histoire de la naissance du christianisme.

Il en a fallu du courage pour surmonter tous les périls de cette époque, par tous les chemins de l’Asie Mineure ! On ne saura jamais à quel point la personnalité de Barnabas a perfectionné celle de l’apôtre Paul. Son fort tempérament, associé à l’aide du Saint-Esprit, a produit une influence salutaire qu’il nous est difficile aujourd’hui d’évaluer. Il a parrainé Paul dans les moments les plus critiques, alors qu’une vive suspicion existait dans les jeunes communautés chrétiennes sur sa transformation radicale en faveur de l’évangile de Christ.

Ce juif simple, lévite et serviteur originaire de l’île de Chypre a tenu une place appréciable dans le récit de Luc avec les Actes des Apôtres. Il a été le premier compagnon de Paul. En regard de son amour bon enfant, les apôtres lui ont décerné le surnom de Barnabas, qui signifie « fils de l’encouragement » ou « fils de l’exhortation ».

Puisque rien n’est plus édifiant que la biographie d’hommes de Dieu, revisitons son parcours et imprégnons-nous de ce qu’il y a de meilleur dans la nature humaine, quand elle se tourne résolument vers Dieu.

Cela est d’autant plus nécessaire que nous observons un délitement accéléré des valeurs morales parmi les dirigeants de nombreux pays. On se croirait dans la jungle où le plus gros mange le plus petit.

Barnabas restera à jamais l’exemple-type du serviteur consacré qui ne recule devant aucune difficulté. Que sa foi puisse être contagieuse pour notre bien personnel, mais encore celui des communautés chrétiennes, et enfin de l’humanité tout entière. 

« C’est une belle harmonie quand le dire et le faire vont ensemble » Michel Eyquem, seigneur de Montaigne, plus connu sous le nom Michel de Montaigne. Philosophe humaniste, écrivain érudit et moraliste français de la Renaissance (1533-1592).     

                                                                                    

                                                                                  Jacques Eychenne

 

PS : TOB, version Traduction Œcuménique de la Bible ; LSG, version Louis Segond éditions 1982.

 

 

 

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