Tout est possible à Dieu

 

 

  Tout est possible

           à Dieu

      Marc 10 : 27

 

Introduction :

 

Jésus de Nazareth vient de parcourir avec ses disciples les chemins de la Judée. Après s’être longtemps concentré sur son enseignement en Galilée, il est descendu vers le Sud, a traversé la Samarie, et a fait un crochet par la Pérée (territoire à l’Est du Jourdain). Beaucoup de gens, maintenant, le cherchent et le suivent. Et selon son habitude, il se met à les instruire (cf. Marc 10 : 1). Dans ce contexte, le Seigneur va répondre à plusieurs questions posées par les pharisiens (entre autres sur la répudiation de la femme). Entre temps arrivent des parents qui amènent à Jésus leurs enfants pour qu’il pose la main sur eux et les bénisse (cf. Marc 10 : 16). Mais la réaction des disciples, qui estiment que les enfants perturbent son enseignement, indigne le Maître. De ce fait, il saisit l’occasion pour leur annonçait que le royaume de Dieu est pour ceux qui ont ce cœur d’enfant (cf. Marc 10 : 14).

Puis, le Seigneur se remet en route, quand arrive en courant un homme (Matthieu le présente jeune cf. Matthieu 19 : 22, mais ni Marc, ni la Peshittâ, ne précisent son identité, seul Luc parle d’un chef cf. Luc 18 : 18). Il se jette à ses genoux et lui pose sans attendre la question suivante :

« Bon maître que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? » Marc 10 : 17, version NBS (cf. Le récit est rapporté aussi par Matthieu 19 : 16-26 et par Luc 18 : 18-27).

Question pertinente ! Elle a traversé les siècles et nous interpelle à notre tour… Alors, examinons la réponse de Jésus, en laissant de côté la forme empressée, quelque peu théâtrale, de cet homme (chez Marc, le récit laisse entendre que cet homme est mature puisqu’ il fait lui-même référence à sa jeunesse ; cf. Marc 10 : 20 ; l’amalgame est fait avec le récit de Luc).

 

Développement :

 

La question que pose avec empressement cet homme devait « travailler » son esprit depuis un moment, d’où son intervention pour le moins audacieuse. (Détail sur les textes : dans Matthieu 19 : 16, le « bon » porte sur ce que cet homme doit faire, alors que pour Luc et Marc, le « bon » qualifie le Maître). Mais qu’importe ! les deux aspects sont intéressants. L’un renvoie à Dieu seul (bonté intrinsèque et absolue), et par extension à son envoyé Jésus-Christ, l’autre à sa bonté révélée qui est donnée aux humains (cf. par les 10 paroles de la loi et par leur développement exposé par le Christ).

Précisons maintenant, que les disciples ont été très attentifs à l’explication fournie par Jésus à cet homme (qualifié plus loin dans le texte, de riche). Le dialogue est empreint d’une réelle émotion. La traduction araméenne rapporte : « Yéchou’ regarda en lui et l’aima » Marc 10 : 21, version Peshittâ. Cet homme est venu sincèrement rencontrer celui dont tout le monde parlait, il a osé une intervention surprenante ; il est, à présent décontenancé par la réponse qu’il entend.

A cet homme riche, Jésus va d’abord approuver sa bonne attitude vis à vis de la loi, car il l’a strictement observée depuis son jeune âge. Mais il rajoute :

« Il te manque une chose : va vendre tout ce que tu as et donne l’argent aux pauvres, alors tu auras des richesses dans le ciel ; puis viens et suis-moi » Marc 10 :21, version FBJ.

Ce qui est admirable dans ce récit, c’est la formulation positive du Seigneur. On pourrait dire aujourd’hui : « tu as fait le plus dur, il ne te manque plus qu’une seule chose ». Une seule pour hériter la vie éternelle. On aurait presque envie de répondre pour lui, et pourtant ! Cette dernière seule chose a brisé son élan. A l’ouïe des paroles du Maître, il prit un air sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grandes possessions (cf. Marc 10 : 22). Le renoncement, auquel faisait allusion le Seigneur, lui est apparu comme un obstacle infranchissable…

Jésus s’est alors tourné vers ses disciples et leur a dit, certainement avec beaucoup d’empathie :

« Comme il sera difficile à ceux qui ont des richesses d'entrer dans le Royaume de Dieu ! " Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles. Mais Jésus reprit et leur dit : " Mes enfants, comme il est difficile (à ceux qui se confient dans les richesses (1) d'entrer dans le Royaume de Dieu ! Il est plus facile à un chameau de passer par le trou de l'aiguille qu'à un riche d'entrer dans le Royaume de Dieu ! " Ils restèrent interdits à l'excès et se disaient les uns aux autres : " Et qui peut être sauvé ? " Fixant sur eux son regard, Jésus dit : " Pour les hommes, impossible, mais non pour Dieu : car tout est possible pour Dieu » Marc 10 : 23-27, version FBJ. (1) (Les témoignages critiques sont en faveur de l’authenticité de cette répétition sans laquelle la phrase manquerait de sens. De plus, le procédé répétitif était habituel à cette époque dans l’enseignement. Voire l’exemple des prophètes). (c'est moi qui souligne).

 

Jésus, regardant autour de lui, dit à ses disciples : « qu’il est difficile à ceux qui ont des biens d’entrer dans le royaume de Dieu » Marc 10 : 23, version NBS. L’anecdote d’un chameau qui ne peut passer par le chas d’une aiguille devait être connue. Jésus a toujours employé des comparaisons avec des histoires populaires. (Il fait référence à ce qui est connu de tous). On en trouve des traces, a postériori, dans la tradition rabbinique. Mais au lieu d’un chameau, le récit mentionne un éléphant. (Jésus a dû prendre soin d’actualiser en choisissant un animal du terroir !) Citation ci-dessous :

« Rava a dit : sache qu’on ne montre à un homme, ni un palmier en or, ni un éléphant entrant dans le chas d’une aiguille » Talmud Bavli, traité Berakhot 55 b, commentaire de la Peshittâ sur le texte.

 

Selon sa pédagogie, Jésus a voulu à la fois surprendre et provoquer son auditoire en présentant l’impossibilité de faire passer un chameau par le trou d’une aiguille.

En entendant ces paroles, les disciples furent déconcertés (traduction TOB). L’original est fort : θαμβέω = thambeo = terrifier, être stupéfait, être effrayé, très étonner.

L’effet que le Seigneur voulait produire est réussi. Il a pour finalité d’attirer toute l’attention sur l’explication de texte qui va suivre.

La stupéfaction passée, il va réactiver la force de son propos avec une répétition.

 

La redondance, présentée à l’adresse des disciples, se présente comme suit :

« Comme il sera difficile à ceux qui ont des richesses d'entrer dans le

Royaume de Dieu ! » Marc 10 : 23, version FBJ. (Un énoncé qui se veut général).

« Mes enfants, comme il est difficile (à ceux qui se confient dans des richesses) d’entrer dans le Royaume de Dieu ! » Marc 10 : 24, version FBJ. (Une parole qui se veut plus intime, plus personnelle).  

 

Notons encore la délicatesse du Seigneur. Il voit ses disciples interloqués et surpris, et il les rassure par l’expression : « mes enfants ». De plus, prenant en compte la question de ses propres disciples, le Maître renverse la situation : « Pour les hommes, impossible, mais non pour Dieu : car tout est possible pour Dieu ».

 

Le contexte met en évidence deux aspects de cet « impossible ».

Le premier démontre l’impossibilité d’être sauvé par l’obéissance à la loi. Cet homme, venu vers Jésus, en est la preuve par neuf (il avait été parfait dans son observation de la loi des 10 commandements depuis sa jeunesse).

Le deuxième affirme la suprématie de la puissance de la grâce divine. C’est par elle, et par l’action de l’Esprit Saint, qu’un détachement des richesses de ce monde est possible. (Marc est le seul à laisser entendre que ce n’est pas la possession des richesses qui fait problème, mais plutôt l’intérêt démesurée qu’on leur porte ; cf. Marc 10 : 24, version LSG).

David avait déjà intégré cette double vérité. Il reconnaissait son besoin d’apprendre par le cœur comme gage de liberté :

« Rends-moi intelligent, j’observerai ta Loi et je la garderai de tout cœur » Psaume 119 : 34, version TOB ; ou encore, « Tes mains m’ont fait et façonné ; rends moi intelligent, et j’apprendrai tes commandements » Psaume 119 : 73, version DRB. Les apôtres abonderont aussi dans ce sens : « personne ne sera justifié devant lui par la pratique de la Loi : la Loi ne fait que donner la connaissance du péché. Révélation de la justice de Dieu » Romains 3 : 20, version FBJ. Et encore : « C'est par la grâce, en effet, que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi ; vous n'y êtes pour rien, c'est le don de Dieu » Ephésiens 2 : 8, version TOB.

 

Ainsi, prenons conscience que tout est possible à Dieu.

 

Dans notre parcours spirituel personnel, ou même communautaire, nous avons énormément de mal à intégrer cette vérité. Il est vrai qu’à vue humaine, souvent tout nous semble bouché, insoluble, irréalisable. On ne voit aucune solution à nos problèmes. Et pourtant !

Quand Marie, cette jeune adolescente entendit les paroles de l’ange Gabriel, elle aussi, l’a interrogé en disant : « Comment ceci arrivera-t-il, puisque je ne connais pas d'homme ? » Luc 1 : 34, version DRB. Autrement dit : « comment cela peut-il se faire ? ». Elle s’est trouvée devant le mur de l’impossible. Elisabeth, sa parente a fait la même expérience. Pour elle, sa stérilité était comme un mur infranchissable. L’ange a répondu à ces deux situations inextricables : « Rien n’est impossible à Dieu » Luc 1 : 36, version FBJ.

Quand Jésus demanda à Simon Pierre d’avancer en pleine eau et de jeter ses filets pour la pêche, ce dernier rétorqua en substance que ce n’était pas réaliste. Il venait de peiner toute la nuit sans rien prendre. Autant dire que pour Pierre c’était impossible (dans ces circonstances d’avoir un quelconque résultat), et pourtant le miracle se produisit au point que les deux barques ont pu être remplies de poissons jusqu’à ras bord (cf. Luc 5 : 1-5). Dans ces trois cas, seule la foi a pu être témoin de la puissance divine (cf. La Bible nous rapporte de nombreux cas semblables).

 

Alors pourquoi doutons-nous que : tout soit possible à Dieu ?

 

Pourtant Dieu n’a pas changé. Il n’est pas d’humeur fluctuante (cf. Malachie 3 :6 ; Psaume 33 : 11 ; Hébreux 6 :17-18 ; idem pour Jésus-Christ son envoyé, Hébreux 13 : 8).  Ses promesses sont toujours présentes et vivantes. Dès lors, pourquoi cherchons-nous humainement la façon dont elles vont s’accomplir, plutôt que d’accepter simplement la vérité sur leur accomplissement ? Seule la foi agissant dans le calme et la confiance (cf. Esaïe 30 : 15) peut accéder à ce : « tout est possible à Dieu ».

Le prophète Esaïe avait raison de dire : « tu sauras que je suis Yahvé, ceux qui espèrent en moi ne seront pas déçus » Esaïe 49 : 23, version FBJ.

 

Ce n’est pas parce que Dieu, notre Père, est invisible qu’il n’est pas présent.

Ce n’est pas parce que Dieu, notre Père, est silencieux qu’il ne parle pas.

Ce n’est pas parce que Dieu, notre Père, est apparemment absent, qu’il n’agit pas.

 

Humainement, le possible de Dieu se manifeste surtout quand on est convaincu par de son contraire. C’est par la foi, quand les situations nous entraînent sur la pente du désespoir, que nous prenons le mieux conscience qu’une main invisible nous est tendue (cf. « quand je suis faible, c’est alors que je suis fort … » 2 Corinthiens 12 : 10).

Bien sûr, comme les disciples, nous pouvons, nous aussi, nous poser la question : « Dans ce monde de plus en plus préoccupé par les richesses, qui peut être sauvé ? ». A cela, le Christ peut de nouveau nous dire :

« Pour les hommes, impossible, mais non pour Dieu : car tout est possible pour Dieu ».

En vérité, la seule bonne explication réside dans cette affirmation : A Dieu tout est possible, car Dieu est Amour (cf. 1 Jean 4 : 8,16,19).

Seule la foi qui véhicule une assurance de ce que l’on espère, associée à une intime conviction présente au cœur, dans les réalités invisibles qui émanent de Dieu, peut s’inscrire dans   le « tout est possible pour Dieu ».

Cette foi inspirée par l’Esprit Saint, dépassant ce qui paraît relever humainement de l’impossible, voit la solution avant le problème, l’amour avant la haine, la résurrection avant la mort, la restauration de la terre avant sa destruction. Ainsi, ayons ce regard de la foi ! Ne nous attardons pas sur nos accidents de vie, nos épreuves, nos souffrances, voyons plutôt la fidélité d’un Père qui veille sur nous. Il ne permettra pas que nous soyons éprouvés au-delà de nos forces. Plus encore, il nous fera entrevoir une sortie de « nos tunnels » pour nous faire entrer dans la lumière de la joie en Christ (cf. 1 Corinthiens 10 : 13).

La foi dans le « tout est possible pour Dieu » a aussi cette vertu de nous mettre en contact direct avec la puissance insoupçonnée de la grâce divine. « Tout ce qui nous est donné de bon et tout don parfait descendent d'en haut, du Père des lumières, en qui il n'y a pas de variation ou d'ombre de changement » Jacques 1 : 17, version DRB. Ou encore dans une autre version :

« Toute grâce excellente et tout don parfait descendent d'en haut, du Père des lumières, chez lequel il n'y a ni changement ni ombre de variation » Jacques 1 : 17, version LSG.

 

Conclusion :

 

A la question de l’homme : « que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? » ainsi qu’à celle des disciples : « Et qui peut être sauvé ? », le Seigneur a répondu : « Tout est possible pour Dieu ». Cela ne peut s’accueillir que par la foi. Elle a été expérimentée par le larron sur la croix. A nous de suivre maintenant son exemple. Pour hériter de la vie éternelle, il convient de pénétrer l’idée force que cela ne peut, en aucun cas, dépendre de nous… Et c’est quand la conviction d’un salut gratuit en Jésus-Christ s’installe en nous, que nous pouvons en retour être dans les bonnes dispositions pour observer ses commandements. (L’obéissance est une conséquence de la foi, non son préalable !).

 

Par-delà ce récit, Jésus fait référence à la puissance de la grâce divine. Elle nous parle de l’influence victorieuse d’un amour (qui peut l’emporter dans le cœur le plus récalcitrant). Comme pour cet homme, le Seigneur a toujours pour nous ce regard pénétrant qui sait déceler nos vraies motivations. Dieu ne condamne pas les riches, il dit seulement que ceux qui se confient dans les richesses de ce monde font fausse route. Ainsi, Jésus perce par amour nos carapaces de protection pour visiter le fond de nos motivations. A nous d’être vrai ! « C’est une belle harmonie quand le dire et le faire vont ensemble » Montaigne.

 

Au moment où nous voyons que notre avenir est bouché, que nous ne savons plus comment nous en sortir, que nos forces mêmes nous abandonnent, que tout espoir s’évanouit, rappelons-nous que pour Notre Père « rien n’est impossible ». A l’instar d’Abraham, de Sara, Isaac, Jacob, Joseph, Moïse, Josué, Rahab, Gédéon, Pierre, Paul et bien d’autres, laissons entrer la beauté de la grâce divine dans notre cœur, et alors la foi jaillira naturellement comme une source rafraîchissante.

 

La confiance est la jonction sublime entre l’amour et la foi.

 

De même qu’à Golgotha, l’espoir a jailli là où il était improbable, de même qu’au tombeau la foi s’est révélée là où tout semblait définitivement clos et perdu, le miracle peut s’opérer dans chacune de nos vies. Grâce à l’amour d’un Père, manifesté par son Fils, et activée pas l’Esprit Saint, notre foi-confiance pourra intégrer la puissance indéfinissable de la vie qui est qualifiée : éternelle.

 

« La confiance est l’une des possibilités divines de l’homme » Henri de Montherlant romancier, essayiste et dramaturge français.

                                                                                   Jacques Eychenne

 

PS : NBS, version Nouvelle Bible Segond ; FBJ, version Française de la Bible de Jérusalem ; LSG, version Louis Segond 1982 ; TOB, version Traduction Œcuménique de la Bible. DRB, version Darby.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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