"N'ayons pas peur !"

 

 

  « N’ayons pas peur ! »

           Exode14 : 13 

             Jean 6 : 20

Introduction :

 

Tout au long de l’histoire du peuple élu, Yaweh-Adonaï n’a cessé d’encourager Israël à avoir une confiance totale en Lui. Ce choix divin révélait une disposition bienveillante. Il avait pour vocation de s’étendre à tous les peuples de la terre. Mais, il faut croire que l’indigence humaine est imperméable à l’expression spontanée de la foi. Tout ce qui échappe à la maîtrise des situations auxquelles nous pouvons être confrontées engendre angoisse et anxiété. La crainte peut perturber notre sens du jugement. De même, physiologiquement, elle libère les hormones du stress que sont la noradrénaline et l’adrénaline. Le cerveau réagit rapidement et prépare l’action. Tout le corps est contaminé par un danger, perçu plus ou moins imminent. La réaction peut être salutaire, tout comme elle peut aussi être invalidante. Quoiqu’il en soit, cet état d’âme n’est jamais confortable.

Pourtant, n’est-ce pas un atout de connaître ses limites et de pouvoir compter sur quelqu’un qui peut nous accompagner au quotidien dans nos choix ?

Le prophète Esaïe nous rappelle le projet divin. Il s’identifie à celui d’un père :

« Peuple de Jacob, maintenant ton Créateur, lui qui t’a formé, Israël, le Seigneur te déclare : « N’aie pas peur, je t’ai libéré, je t’ai engagé personnellement, tu m’appartiens » Esaïe 43 1, version BFC.

Ce Père attentionné a le projet d’apaiser nos peurs. Il désire que nous avancions calmes et confiants. Les écrits bibliques nous fournissent une démonstration édifiante de son action dans nos cœurs, pour peu que nous en prenions conscience. Concernant l’histoire du peuple d’Israël, l’apôtre Paul écrira :

 « Ces événements leur arrivaient pour servir d'exemple et furent mis par écrit pour nous instruire, nous qui touchons à la fin des temps » 1 Corinthiens 10 :11, version TOB. Et ailleurs : « Or, tout ce qui a été écrit jadis l'a été pour notre instruction, afin que, par la persévérance et la consolation apportées par les Écritures, nous possédions l'espérance » Romains 15 : 4, version TOB.

 

Développement :

 

Parmi tous les exemples édifiants, revisitons le moment ou Dieu intime à son Serviteur Jacob de descendre vers le sud en Egypte, car le pays d’Israël est frappé par une effroyable famine. Quand on connaît le contentieux antagoniste qui existait entre Israël et l’Egypte, on peut comprendre l’inquiétude de Jacob. Pourtant, Yaweh-Adonaï avait

déjà tout bien préparé pour que ce peuple subsiste. Rappelons-nous que les frères de Joseph, jaloux de l’amour que le patriarche accordait à son petit dernier, avaient décidé de le supprimer. Mais Grâce à l’intervention de l’aîné Ruben, il fut vendu à des nomades ismaélites en partance pour l’Egypte. Joseph n’avait que dix-sept ans (cf. Genèse 37 : 20-22, 28, version LSG). Puis, Joseph fut oublié. Mais Dieu veillait. Il envoya un songe à Pharaon, et c’est Joseph qui fut appelé pour le lui expliquer (Joseph était alors employé par l’officier Potiphar, chef des gardes de Pharaon). Devant l’intelligence et la sagesse de Joseph (que Dieu lui avait données !), Pharaon lui confia la responsabilité d’être son premier ministre. Après s’être fait reconnaître à ses frères, Joseph prit toutes les dispositions pour que son Père descende en Egypte, mais Jacob resta froid devant le récit de ses fils. C’est alors que Yaweh-Adonaï le visita dans la nuit, dans une vision, et lui dit :

« Dieu dit à Israël dans une vision nocturne : Jacob ! Jacob ! et il répondit : Me voici. Dieu reprit : Je suis El, le Dieu de ton père. N'aie pas peur de descendre en Égypte, car là-bas je ferai de toi une grande nation » Genèse 46 : 2-3, version FBJ. Ainsi, s’écrit la grande histoire de ce patriarche qui devait incarner l’identité d’un peuple qui portera le nom d’Israël (cf. Genèse 32 : 2).

Dieu veille toujours, il suffit de lui faire confiance et d’obéir à sa Parole ! (Méditons aussi sur la belle attitude de Joseph à la fin de sa vie. Cf Genèse 50 : 15-21).

 

Un autre temps fort de l’histoire d’Israël fut la libération de son esclavage en Egypte. Après avoir contraint le Pharaon à le laisser partir à la suite de prodiges spectaculaires qui ont forgé son identité, Yaweh-Adonaï n’a pas inspiré Moïse à prendre le chemin le plus court pour rejoindre la terre promise. La raison évoquée est la suivante : en traversant le pays des Philistins, Israël aurait été amené à combattre ce peuple redouté, et par peur, il aurait pu avoir la tentation de revenir en Egypte. Alors, Dieu lui fit faire un détour par le chemin du désert en direction de la mer rouge (cf. Exode 13 : 17-18). Cependant, Dieu accompagnait son peuple inquiet :

« L'Éternel allait devant eux, le jour dans une colonne de nuée pour les guider dans leur chemin, et la nuit dans une colonne de feu pour les éclairer, afin qu'ils marchent jour et nuit » Exode 13 : 21, version NEG.

Malgré toute l’attention divine, lorsque le peuple parvenu en face de la mer rouge vit arriver derrière lui l’armée égyptienne avec toute sa cavalerie, il prit peur. Pris de panique, les enfants d’Israël s’en prirent violemment à Moïse. A vue humaine la situation paraissait désespérée. C’est alors que Moïse, homme de foi et de conviction, prit solennellement la parole. Inspiré par Dieu, il apostropha le peuple avec ces paroles :

« N'ayez pas peur ! Tenez bon et vous verrez comment le Seigneur interviendra aujourd'hui pour vous sauver. En effet, ces Égyptiens que vous voyez aujourd'hui, vous ne les reverrez plus jamais » Exode 14 : 13, version BFC.

Ce fait historique restera à tout jamais conservé dans la mémoire collective de ce peuple. Il nous apprend que même dans les circonstances les plus dramatiques, Yaweh-Adonaï, notre Père nous accompagne. Il n’est jamais aussi près de nous que lorsque nous le pensons loin ou même absent !

 

Lors d’une autre circonstance, précisément à Kadès-Barnéa, quand le peuple dut passer par le territoire des Amoréens, il réitéra ses murmures et ses lamentations. Pourtant la terre promise était toute proche !

Les israélites furent tétanisés par les apparences défavorables ; En effet, les Amoréens était plus grand de taille, plus nombreux et leurs villes étaient très bien fortifiées. Apparemment, le défi semblait insurmontable… Moïse dut s’appuyer une nouvelle fois sur sa relation avec Dieu. Par la foi, il déclara :

« Ne tremblez pas, n'ayez pas peur d'eux. Yahvé votre Dieu qui marche à votre tête combattra pour vous, tout comme vous l'avez vu faire en Égypte. Tu l'as vu aussi au désert : Yahvé ton Dieu te soutenait comme un homme soutient son fils, tout au long de la route que vous avez suivie jusqu'ici. " Deutéronome 1 : 29-31, version FBJ.

Cette angoisse récurrente, nous pouvons la pointer tout au long de l’histoire de ce peuple. Rappelons qu’il symbolise l’humanité toute entière. Il est le livre ouvert de nos états d’âme face à toutes les difficultés rencontrées dans nos existences. La relation affective de Yaweh-Adonaï avec son peuple, sera reprise par le Christ qui nous révèlera tout l’amour d’un Père.

Nous aurions pu parler de l’attitude positive du prophète Elisée face à la menace de la Syrie (cf. 2 Rois 6 : 16) ; de la peur du roi Ezéchias face à l’imminence d’une invasion assyrienne, et des Paroles apaisantes du prophète Esaïe invitant le Roi Ezéchias à ne pas avoir peur des menaces de Rabschaké, roi d’Assyrie (cf. Esaïe 37 : 6-7) …

Ce que l’histoire de ce peuple nous révèle peut se traduire par une grande histoire d’amour. Comment ne pas citer le prophète, quand il nous parle de l’accueil de Dieu pour Israël qu’il définit comme son épouse :

« N'aie pas peur, tu n'éprouveras plus de honte, ne sois pas confondue, tu n'auras plus à rougir ; car tu vas oublier la honte de ta jeunesse, tu ne te souviendras plus de l'infamie de ton veuvage. Ton créateur est ton époux, Yahvé Sabaot est son nom, le Saint d'Israël est ton rédempteur, on l'appelle le Dieu de toute la terre. Oui, comme une femme délaissée et accablée, Yahvé t'a appelée, comme la femme de sa jeunesse qui aurait été répudiée, dit ton Dieu. Un court instant je t'avais délaissée, ému d'une immense pitié, je vais t'unir à moi » Esaïe 54 : 4-7, version FBJ.

« Car les montagnes peuvent s'écarter et les collines chanceler, mon amour ne s'écartera pas de toi, mon alliance de paix ne chancellera pas, dit Yahvé qui te console ». « Tu seras fondée dans la justice, libre de l'oppression : tu n'auras rien à craindre, libre de la frayeur : elle n'aura plus prise sur toi » Esaïe 54 : 10,14, version FBJ. (Petite précision : En hébreu, comme d’ailleurs en arabe, le verbe être ne se conjugue pas au présent. C’est soit en regard du passé, soit en regard du futur).

 

Abordons maintenant, la relation de Jésus de Nazareth avec ses disciples.

 

Le Seigneur exerce les débuts de son ministère en Galilée. Hérode vient de faire décapiter Jean-Baptiste selon la volonté express de sa femme Hérodias. A cette nouvelle, Jésus se retire à l’écart dans un lieu désert. La foule l’ayant vu partir près du lac de Galilée le suit dans un état de liesse populaire. Ne vient-il pas d’accomplir le miracle de la multiplication des 5 pains et deux poissons ! Ces galiléens pensent avoir trouver l’homme providentiel qui peut, à l’instar du messie promis, redonner à Israël son indépendance et son rayonnement. Ils le cherchent pour le couronner roi, or, ce n’est pas dans les plans du Christ. Seulement, les apôtres partagent cet enthousiasme populaire et le Maître est contraint de leur intimer l’ordre de passer de l’autre côté du lac, pendant qu’il renverrait cette foule euphorique.

Les disciples obtempèrent sans trop comprendre. Il faut se rappeler qu’ils venaient de passer une journée inoubliable. Le Seigneur a brisé net un rêve qu’ils avaient caressé. A leur déception va se surajouter un évènement imprévisible.

Matthieu et Jean racontent :

« La barque se trouvait déjà à plusieurs centaines de mètres de la terre ; elle était battue par les vagues, le vent étant contraire. Vers la fin de la nuit, il vint vers eux en marchant sur la mer. En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent affolés : « C'est un fantôme », disaient-ils, et, de peur, ils poussèrent des cris. Mais aussitôt, Jésus leur parla : « Confiance, c'est moi, n'ayez pas peur !» S'adressant à lui, Pierre lui dit : « Seigneur, si c'est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. » « Viens », dit-il. Et Pierre, descendu de la barque, marcha sur les eaux et alla vers Jésus. Mais, en voyant le vent, il eut peur et, commençant à couler, il s'écria : « Seigneur, sauve-moi !» Aussitôt, Jésus, tendant la main, le saisit en lui disant : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba. Ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui et lui dirent : « Vraiment, tu es Fils de Dieu !» Matthieu 14 : 24-33, version TOB. (Voire aussi Jean 6 : 15-21).

 

La parole de Jésus de Nazareth « c’est moi, n’ayez pas peur » résonne plus fort que jamais dans notre monde agité et balloté par des crises existentielles. Nous constatons que les hommes politiques de tout bord sont dépassés. Plus personne n’a confiance à la parole de ses dirigeants. En conséquence, nous voguons sur une mer agitée, et chacun cherche un moyen de se raccrocher au bastingage.

Dans ce contexte, il est important de savoir en quoi et surtout en qui on place sa confiance ?

Le Christ nous invite, aujourd’hui comme hier, à avoir confiance en Lui. Essayons simplement d’expérimenter ce qu’il nous promet. Dans les circonstances actuelles nous n’avons rien à perdre et tout à gagner. Aussi loin que nous soyons de Lui, décidons de faire demi-tour, et écoutons sa voix. Ne nous privons pas d’une belle expérience à vivre !

Tout comme Pierre, nous pouvons nous donner le droit d’avoir peur devant des évènements inattendus et déstabilisants. « Que celui qui croit être debout prenne garde de tomber » a écrit l’apôtre Paul, et il a rajouté cette phrase mémorable :

« Aucune épreuve ne vous est survenue qui n’ait été humaine, et Dieu qui est fidèle, ne permettra pas que vous soyez éprouvés au-delà de vos forces ; mais avec l’épreuve, il préparera aussi le moyen d’en sortir, afin que vous puissiez la supporter » 1 corinthiens 10 : 13, version LSG. (Je choisis le mot épreuve plutôt que mot tentation, car en grec, πειρασμός = peirasmos, c’est avant tout une expérience à vivre, une épreuve, avant d’être négativement une tentation).

Mais aussi, tout comme Pierre, nous pouvons appeler à l’aide. Il n’y a pas de pudeur mal placée, quand nous sentons que tout nous échappe et se dérobe à nos pieds ! Accepter la main tendue du Christ a marqué l’expérience personnelle de l’apôtre Pierre, et nous savons par la suite quelle belle œuvre, à la gloire de Dieu, il a réalisé sous la conduite du Saint-Esprit.

« N’ayez pas peur », c’est encore le message du Seigneur adressé à Pierre, Jacques et Jean sur la montagne de la transfiguration. Quand les apôtres virent le visage de Jésus briller aussi fort que le soleil, et ses vêtements devenir aussi blancs que la plus éclatante lumière, ils furent tous les trois effrayés. Pour ajouter à leur désarroi, ils virent Moïse et Elie s’entretenir avec le Christ. Puis une nuée lumineuse a accompagné la scène.  Ensuite, venant du ciel ils entendirent ces paroles :

« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur, écoutez-le » Matthieu 17 : 5, version FBJ.

Devant ce spectacle éblouissant, les apôtres tombèrent le visage contre terre et ils furent saisis d’une très grande peur. Alors, le Seigneur s’approcha d’eux et posa sa main sur eux avec amour. Puis, il leur dit : « relevez-vous, et n’ayez pas peur » Matthieu 17 : 7, version FBJ.

 

Conclusion :

 

Nous aurions pu citer de nombreux autres passages parallèles comme l’expression : « soyez sans crainte », mais j’ai choisi plus précisément la formule : « N’ayez pas peur » …

N’ayons pas peur, même si comme pour Jacob, il nous est parfois difficile de faire confiance à nos proches. Sa compréhension des évènements ne correspondait pas à son intime conviction. Alors Dieu est intervenu. Il l’a invité à partir vers une terre étrangère dont la réputation était traditionnellement hostile. Nous aussi, nous avons droit à l’erreur en toute bonne conscience, seulement acceptons d’être repositionné dans la bonne direction d’une voie sûre. N’ayons pas peur d’avancer malgré nos appréhensions, car Dieu veille sur chacun de nous pour notre plus grand bien…

N’ayons pas peur, si Dieu permet que nous traversions des situations difficiles, s’il accepte que nous empruntions des chemins tortueux. Son objectif est invariable. Il veille et veut, comme pour Israël, nous conduire en terre promise…

N’ayons pas peur, si à vue humaine nous nous trouvons coincés dans une position apparemment inextricable. Dieu peut nous ouvrir des voies, comme il a fendu les eaux de la mer rouge…

N’ayons pas peur, si nos vies doivent traverser de nombreuses tempêtes, car, comme pour les disciples, Christ veille et nous accompagne ; il peut agir sur les vents les plus contraires de nos traversées…

N’ayons pas peur, si nous ne comprenons pas tout des écrits bibliques, et si la recherche de la volonté divine pour soi est souvent difficile à percevoir ; si encore comme Pierre, Jacques et Jean, nous tombons face contre terre devant la gloire céleste. Prenons conscience que nous sommes aimés. Le Christ veille et nous relèvera, comme il l’a fait pour Pierre, Jacques et Jean…

N’ayons pas peur, devant tous les cataclysmes, guerres, violences, pertes des valeurs morales, pillage des ressources de la terre, déclin d’un monde qui veut se passer de Dieu, car notre Père a pris la peine de nous prévenir…

N’ayons pas peur, car Yaweh-Adonaï a donné des gages de son amour pour cette humanité, et pour chacun de nous. De plus Emmanuel, le Seigneur Jésus-Christ a engagé sa Parole : « Moi, je suis avec vous jusqu’à la fin des temps » Matthieu 28 : 20, version TOB.

 

L’apôtre a raison de dire par expérience :

« tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » Romains 8 : 28, version TOB. Alors, apprenons à lui faire confiance !

 

« Ne crois pas que tu t’es trompé de route quand tu n’es pas allé assez  loin ». Claude Aveline, écrivain, poète, résistant français (1901-1992). Fils de parents juifs ayant fui la ségrégation raciale qui sévissait en Russie en 1891. A obtenu la nationalité française en 1905.

 

                                                                          Jacques Eychenne

 

 

PS : BCF, version de la Bible en Français Courant ; TOB, version de la Traduction Œcuménique de la Bible ; FBJ, version Française de la Bible de Jérusalem ; LSG, version Louis Segond, 4è édition 1982.

 

 

 

 

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