Les jeux olympiques

 

 

Les jeux olympiques

                           ou

      une parabole moderne

       Philippiens 3 : 14

   1 Corinthiens 9 : 24-26

Introduction :

 

Un brin d’histoire pour se rappeler que les jeux olympiques ont été organisés à Olympie au sud de la Grèce en l’année 776 pendant l’été. La première motivation de la création de ces jeux fut d’ordre religieux. En effet, c’est en l’honneur de Zeus, le roi des dieux grecs, le seul depuis l’antiquité qui faisait l’unanimité dans le monde grec, que la manifestation eut lieu. Chaque athlète priait Zeus avant de concourir. La deuxième motivation fut une raison politique. Les grecs étaient divisés en différents états. Ils se faisaient souvent la guerre. Une trêve fut donc déclarée, autant dire que la promotion de la paix répondait spécialement aux aspirations de ce peuple. La troisième motivation est dans le droit fil avec le respect de la tradition. Le sport et l’activité sportive ont toujours joué un rôle pédagogique dans l’éducation des jeunes athlètes grecs. Et puis, au cours des siècles la pratique olympique tomba en désuétude…

C’est alors qu’un français, Pierre de Coubertin, eut l’idée géniale (il l’annonça à la Sorbonne, le 23 juin 1894 et créa un comité olympique international) de renouer avec cette antique tradition grecque. Son idée était de populariser la pratique du sport, mais aussi de promouvoir une paix internationale en rassemblant les athlètes du monde entier. Ainsi se déroulèrent en 1896 les premiers jeux olympiques modernes à Athènes (j’ai eu le privilège de fouler cette longue piste olympique).

En regard de la pratique religieuse importante chez les Grecs, au travers de l’activité physique, pouvons-nous trouver dans la Bible des références comparables au monde de ces sports de jadis ? Quelles valeurs spirituelles peuvent retenir notre attention ? Peut-il y avoir des correspondances ?

 

Développement :

 

Depuis la création de l’humain et dès son apparition dans le jardin d’Eden, nous avons dans le concret, les principes fondamentaux d’un bien vivre. Une harmonie entre l’activité physique avec un état d’esprit conforme aux attentes du créateur présidait son quotidien. Adam et Eve avaient la responsabilité d’entretenir un magnifique jardin dont nous ne connaissons pas les dimensions. Pour assumer leur quotidien, il fallait qu’ils prennent soin de leur corps. Une nourriture essentiellement frugivore devait leur apporter l’énergie nécessaire à l’accomplissement de leur tâche. De plus, spirituellement, ils devaient rester en étroite relation avec leur Père créateur. De ce constat, il ressort un principe que nous pouvons qualifier de la manière suivante : « Un esprit saint dans un corps sain ». Je dis bien saint, car YHWH, appelé Adonaï, avait le projet d’inspirer et par la suite de conduire notre humanité. A cet effet, Moïse rapportera les paroles divines :

« Vous serez saints pour moi car je suis saint, moi, l’Eternel » Lévitique 20 : 26, version LSG.  

Nourriture, hygiène de vie, activités, toutes les précisions avaient été données pour que l’humain s’épanouisse dans l’harmonie et la paix. Malheureusement, depuis l’Eden jusqu’à la mise à part d’un peuple, nommé Israël (signification : Dieu se montre fort ou qui débat avec Dieu, après l’expérience de la lutte de Jacob avec le messager divin), le non-respect des directives paternels peut être acté.

Pourtant, en dehors d’Israël, d’autres peuples avaient acquis cette certitude d’une harmonie du corps. Au quatrième siècle avant Jésus-Christ, le célèbre Hippocrate, le père de la médecine, lui-même médecin et philosophe, avait écrit : « l’homme doit harmoniser l’esprit et le corps ». Et ce sera bien plus tard qu’un poète romain du nom de Juvénal énoncera la phrase célèbre, qui traduite en français donne : « un esprit sain dans un corps sain ».

La venue de Jésus de Nazareth a révélé un message cohérent semblable. Il traduisait la volonté de son Père céleste. Le Christ a lui-même donné l’exemple. Il a travaillé avec son père comme menuisier-charpentier. L’exercice physique lui était familier. Il suffit de refaire ses parcours pour s’en apercevoir. Jusqu’à la fin, il a œuvré :

« Le Seigneur travaillait avec eux, et confirmait la parole par les miracles qui l'accompagnaient » Marc 16 : 20, version NEG (travailler =συνεργέω = travailler ensemble, aider dans le travail, être associé dans le labeur).

Comme un athlète de haut niveau, le Seigneur s’est donné à fond dans toutes ses activités, n’ayant même pas un lieu où il puisse reposer sa tête (cf. Luc 9 : 58-62).

Mais le christ a surtout insisté sur l’importance du mental, autant dire de l’état d’esprit. Avec Lui, ce n’est pas tant ce que l’on fait qui a de la valeur, mais la motivation qui conduit l’action. Comme pour le mental d’un athlète, le seigneur a placé la spiritualité en première position. Il nous a signifiés qu’avant même de concourir dans ce véritable combat de la vie, il fallait être rempli de l’Esprit. C’est ce qu’il a remarquablement souligné dans son entretien avec ce chef des pharisiens nommé Nicodème. Pour illustrer son propos, il a intimement confié à ce dignitaire religieux les paroles suivantes :

« En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d'en haut, nul ne peut voir le Royaume de Dieu. " Nicodème lui dit : " Comment un homme peut-il naître, étant vieux ? Peut-il une seconde fois entrer dans le sein de sa mère et naître ? " Jésus répondit : " En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d'eau et d'Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l'Esprit est esprit. Ne t'étonne pas, si je t'ai dit : Il vous fait naître d'en haut. Le vent souffle où il veut et tu entends sa voix, mais tu ne sais pas d'où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l'Esprit » Jean 3 : 3-8, version FBJ.

Le texte simple et bien connu met en évidence plusieurs aspects importants :

 

  • La vie est comme un marathon. Nous sommes tous appelés à concourir. Le Christ nous renvoie à la ligne de départ et souligne la solennité de notre existence. Si nous voulons participer, et si nous avons le projet de faire de notre mieux, il nous indique de quel esprit nous devons être animés. Il y a nécessité à « booster » notre mental en dirigeant notre aspiration vers le haut.
  • La naissance selon la chair n’est pas la fin de l’épreuve. Nous pouvons avoir cette motivation première, mais dans ce cas il faut accepter de n’être comparable qu’à des plantes. Elles naissent, poussent, et meurent (cf. Esaïe 40 : 8). Pour pouvoir aller jusqu’au bout de notre course, le Seigneur nous rappelle qu’il y a nécessité à naître d’en haut. Il nous dit que non seulement cela est incontournable pour bien vivre, mais plus encore que c’est le seul moyen d’être vraiment libre. Le vent de l’esprit nous ouvre un espace de liberté. Il est sans égal.

Ailleurs, Jésus de Nazareth fera une révélation mémorable à une femme samaritaine. Il lui révélera ce qu’il n’avait jamais dit auparavant, et ce qu’il ne redira plus jamais : « Dieu est esprit, et ceux qui adorent, c'est en esprit et en vérité qu'ils doivent adorer » Jean 4 : 24, version FBJ. Ainsi l’état d’esprit est primordial. Cela est manifeste dans la vie des athlètes des jeux olympiques. Ils ressentent la nécessité d’avoir un coach et parfois un préparateur mental. Spirituellement nous en avons un, disponible, attentionné et gratuit !

 

Mais le mental n’est pas tout, il faut prendre soin de son corps et l’entrainer à concourir.

 

« Le succès n’est pas un but mais un moyen de viser plus haut » Pierre de Coubertin.

 

L’apôtre Paul aurait très bien pu écrire cette phrase, lui le compétiteur modèle dans la foi. Aux chrétiens de la communauté de Corinthe, il écrira :

« mais je traite durement mon corps et le tiens assujetti, de peur qu'après avoir proclamé le message aux autres, je ne sois moi-même éliminé » 1 Corinthiens 9 : 27, version TOB. L’apôtre n’avait pas besoin de s’astreindre à un régime particulier. Ces incessants marathons avaient pour objectif de remporter la victoire d’abord sur lui-même.

 

Seulement le Christ et les apôtres nous ont encouragé à concourir pour des valeurs hautement spirituelles. L’exemple de l’apôtre Paul est significatif à cet endroit. Il a consacré toute son énergie pour remporter une autre médaille plus précieuse que l’or. De ce fait, il n’a jamais cessé, à l’instar de Christ, de nous encourager à imiter son exemple :

 

« ne savez-vous pas que, dans les courses du stade, tous courent, mais un seul obtient le prix ? Courez donc de manière à le remporter. Tout athlète se prive de tout ; mais eux, c'est pour obtenir une couronne périssable, nous une impérissable. Et c'est bien ainsi que je cours, moi, non à l'aventure ; c'est ainsi que je fais du pugilat, sans frapper dans le vide » 1 Corinthiens 9 : 24-26, version FBJ.

Aux chrétiens de Philippes, il témoignera en ces termes :

 

« je cours vers le but, pour remporter le prix de la vocation de Dieu en Jésus-Christ » Philippiens 3 : 14, version NEG.

 

L’apôtre visait plus que l’or périssable. Sa détermination sans faille, sa résilience dans l’effort, son abnégation, la force de sa foi avaient un seul but :

« dès maintenant m'est réservée la couronne de justice qu'en retour me donnera le Seigneur, en ce Jour-là, lui le juste juge ; et non seulement à moi, mais à tous ceux qui auront aimé sa manifestation » 2 Timothée 4 : 8, version TOB.

Certes, « l'exercice corporel est utile à peu de chose, mais la piété est utile à toutes choses, ayant la promesse de la vie présente et de la vie qui est à venir » 1 Timothée 4 : 8, version JNDPour l’apôtre, c’est l’harmonie de l’être dans sa globalité qui est préconisé !

 

Les liens entre les valeurs de l’olympisme et l’enseignement biblique sont évidents. Jugez plutôt :

 

Les maîtres mots ou les valeurs clefs de l’’olympisme et du para-olympisme sont :

  1. Amitié, respect et excellence pour le premier.
  2. Détermination, égalité, inspiration et courage pour le deuxième.

Or ces valeurs ont un socle éminemment chrétien quoiqu’on en dise.

 

a) l’amitié : « Mais il est un tel ami plus attaché qu’un frère » Proverbes 18 : 24b, version LSG.

« « l’ami aime en tout temps. Et dans le malheur il se montre un frère » Proverbes 17 : 17, version LSG.

Le Christ lui-même a souvent interpelé son prochain par ces mots : « mon ami » Matthieu 20 : 13 ; 22 : 12 ; 26 : 50. Il parlera de Lazare comme étant son ami (cf. Jean 11 : 11). L’apôtre Paul agira de même (cf. Tite 1 : 8) ; de même que les apôtres Jacques et Jean (cf. Jacques 2 : 23 ).

 

b) le respect : « montrez du respect à qui vous le devez et honorez celui à qui l'honneur est dû » Romains 13 : 7, version BFC.

 

c) l’excellence : « Mais nous avons ce trésor dans des vases de terre, afin que l'excellence de la puissance soit de Dieu et non pas de nous » 2 Corinthiens 4 : 7, version DRB. Pour l’apôtre Paul, l’excellence est en lien pratique avec la connaissance de la vie de Christ (cf. Philippiens 3 : 8).

 

d) la détermination : dans la Bible, elle naît d’une prise de conscience qui induit un accompagnement permanent de Dieu. « C'est le SEIGNEUR qui marche devant toi, c'est lui qui sera avec toi, il ne te délaissera pas, il ne t'abandonnera pas ; ne crains pas, ne te laisse pas abattre » Deutéronome 31 : 8, version TOB. L’exemple de Ruth est significatif sur ce point. N’oublions pas que la foi en Jésus-Christ se voit aussi par la détermination avec laquelle on appréhende nos quotidiens. Le Christ tout comme les apôtres sont là, référents (cf. Philippiens 2 8 ; 3 : 13-14).

 

e) l’égalité : Elle ne se limite pas bibliquement parlant à la position des humains devant Dieu. Dans la réalité, nous sommes tous issus d’un même sang (cf. Actes 17 : 26). La Bible souligne le fait que nous sommes tous frères. Dieu ne fait acception de personne. Le témoignage de l’apôtre Pierre, dans la maison de Corneille, fait foi : « En vérité, je reconnais que Dieu ne fait point de favoritisme » Actes 10 : 34, version NEG. L’apôtre Paul dispensera le même enseignement (cf. Romains 2 : 1 ; Galates 3 : 28). 

 

f) le courage : Dieu a toujours invité son peuple à être courageux. « Soyez forts et courageux, ne craignez pas, ne tremblez pas devant elles, car c'est le SEIGNEUR ton Dieu qui marche avec toi : il ne te délaissera pas, il ne t'abandonnera pas » Deutéronome 31 : 6, version TOB. Dieu le Père, le Christ, les apôtres, tous ont été fidèles à cette règle de conduite. Citons pour mémoire la célèbre exhortation du Seigneur à ses disciples à la fin de son ministère : « Je vous ai dit ces choses, pour que vous ayez la paix en moi. Dans le monde vous aurez à souffrir. Mais gardez courage ! J'ai vaincu le monde » Jean 16 : 33, version FBJ.

 

Ainsi, ce que nous avons vu et entendu, en ce mois d’Aout en France, est de nature à nous faire réfléchir. Les jeux para-olympiques nous renvoient à cette puissance de vie transmise par notre Créateur. Des athlètes qui courent tout en étant aveugles, d’autres qui jouent au football dans les mêmes conditions, uniquement dirigés par le son d’un ballon à clochettes, un autre qui saute 1,94 m en hauteur avec une seule jambe, un autre qui tire à l’arc avec sa bouche et son pied, un autre qui nage sans bras… Qui aurait pu imaginer de tels défis ?

Pour poursuivre la réflexion de cette parabole moderne, rappelons-nous dans quel contexte politique eut lieu cette trêve olympique en Grèce. Si en prolongation des jeux de Paris 2024 les hommes et les femmes de bonne volonté pouvaient se donner la main se serait merveilleux. (Malheureusement on semble plus préoccupé aux retombées financières de l’évènement qu’au rappel des valeurs qui président à la concorde, à la paix et à la fraternité).

On peut craindre que pour le monde entier ce temps des jeux n’ait été qu’un temps de spectacle, qui une fois terminé reconduit chaque pays à ses habitudes, ses tourments et à ses démons. Pour tous ceux et celles qui veulent donner du sens à leur vie, nous pouvons prolonger une bénéfique réflexion. Peut-être nous conduira-t-elle à avoir un regard différent sur tous les déshérités de cette terre ? Peut-être serons-nous plus empathiques pour tous ceux et celles qui n’ont pas la totalité de leur moyen physique et psychique, tous ces parias de nos sociétés qui sont laissés au bord du chemin ?

 

Conclusion :

 

Suivant le conseil de l’apôtre Paul : « examinez toutes choses et retenez ce qui est bon » 1 Thessaloniciens 5 : 21, version LSG.

Pour nous, essayons de savoir ce qui peut nous être profitable dans le symbolisme de cette parabole moderne. 

 

  • Historiquement elle nous renvoie à une origine religieuse. Cela nous fait poser question : pourquoi nous vivons ? Qu’est-ce que nous visons dans notre vie ? Quelles sont nos motivations ? Que nous le voulions ou pas, nous devons tous à un moment ou à un autre passer la ligne d’arrivée !
  • La vie, notre vie, fait référence à la nécessité d’un progrès, d’un développement le plus harmonieux possible. Dès lors, quelles valeurs utilisons-nous pour progresser sur la piste sur laquelle nous sommes placés. Car il y aura une arrivée et un verdict sur notre performance (cf. 2 Corinthiens 5 : 10). Le choix de notre coach est important, il nous faut faire le bon, car lui seul peut décupler nos possibles (cf. Matthieu 28 : 16-20 ; 7 : 7-12 ; 11 : 24). Spirituellement, un seul coche toutes les cases de nos attentes (cf. Actes 4 : 12 ; Hébreux 9 : 26-28).
  • Si les jeux étaient l’occasion de faire une trêve dans les conflits, pourquoi ne pas nous essayer à prendre du temps pour rechercher la paix intérieure et la joie qui sont les fruits d’un bien-vivre ?  N’est-ce pas à ces conditions que les mots égalité, fraternité, liberté, auront du sens.
  • Cet état d’esprit nous fera découvrir un Père. Son projet est de nous voir tous passer la ligne d’arrivée dans le temps de la grâce (cf. 1 Timothée 2 : 4). Sa finalité est de construire avec nous un monde nouveau. Aujourd’hui la réflexion et nos choix sont entre nos mains et notre cœur…

 

« L’espérance est un risque à courir » Georges Bernanos, écrivain français (1888-1948).

 

« La vie n’a de valeur que si elle est un feu sans cesse renaissant » Pierre Vallery-Radot, médecin français (1889-1975).

                                                                                    Jacques Eychenne

 

PS : LSG, version Louis Segond 1982 ; NEG, Nouvelles Editions de Genève ; FBJ, version Française de la Bible de Jérusalem ; TOB, version de la Traduction Œcuménique de la Bible, JND, version de John Nelson Darby ; BFC, version de la Bible en Français Courant.

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