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Avons-nous encore des raisons d’espérer ? ou L’espérance une question de confiance Romains 4 : 18 |
Introduction :
La situation de notre monde, et en particulier de notre continent européen, nous interroge de plus en plus. Nous constatons un délitement des valeurs les plus élémentaires comme le respect de l’autre, le droit légitime des peuples à disposer d’eux-mêmes, le non-respect des devoirs des grandes nations (elles piétinent la reconnaissance des frontières reconnues par l’O.N.U), le retour de prétentions impérialistes, l’agressivité des enjeux économiques, la guerre souterraine de l’information… Sans être alarmiste et sombrer dans une dialectique de la peur, force est de constater que les 3 puissantes oligarchies qui revendiquent la suprématie d’une grande partie du monde posent problème. Dès lors, on ne peut que s’interroger sur le présent et l’avenir.
Si on ajoute à cela la perte de conscience du sens moral et spirituel, la pratique courante du mensonge, la désinformation déstabilisatrice des pays démocratiques, les moyens coercitifs pervers de toute nature, les abus sexuels, les actions terroristes, le rétrécissement des libertés individuelles, nous avons de nombreuses raisons de réfléchir à cette accélération actée de l’histoire. Car que nous le voulions ou pas, nous sommes tous pollués par cette atmosphère ambiante. Elle nous projette dans un tourbillon où la réflexion devient ténue. Comme on le disait jadis : « tout part à-vau-l’eau ».
Dans ce contexte préoccupant, avons-nous encore des raisons d’espérer ? Sur un plan chrétien ma réponse est oui ! Nous avons toutes les bonnes motivations d’espérer sans angélisme ni ambiguïté, et je vais vous dire pourquoi.
Développement :
Même si pour beaucoup l’avenir paraît incertain, il est une vérité séculaire qui a fait ses preuves dans l’histoire de l’humanité. Elle décline le fait que l’espérance est indissociable de la vie.
Pour le chrétien qui normalement se réfère à la révélation divine, l’espérance se conjugue aux trois temps : le passé, le présent, le futur. Ce rapport au temps est essentiel, sinon rien ne nous distingue du règne animal. D’une façon générale pour le citoyen lambda, l’espérance est comme une entrée en résistance pour faire face aux évènements quotidiens. On cultive la résilience, et on l’utilise comme un cataplasme sur une douleur. Cette attitude est louable. Elle fait référence au sens de la responsabilité. Mais pour l’heure, elle apparaît comme une solution non satisfaisante pour bien vivre.
Pour le chrétien authentique, l’espérance donne sens à la vie. Elle nous permet de comprendre pourquoi nous sommes là et où nous allons. Elle se vit au présent avec toutes ses conséquences. Le Seigneur Jésus l’a magnifiquement illustrée dans la parabole du semeur et l’apôtre Paul reprendra le sujet en précisant clairement : « Celui qui laboure doit labourer avec espérance » 1 Corinthiens 9 : 10, version LSG.
Le thème de l’espérance est donc très prégnant dans la Bible. Le témoignage d’Abraham est éloquent à cet endroit. Espérant contre toute espérance, il a eu foi en la Parole de Dieu (cf. Romains 4 : 18). L’épître aux Hébreux nous détaille son acte de totale confiance. Après avoir dit qu’il est impossible que Dieu mente, l’écrivain ajoute :
« nous trouvons un puissant encouragement, nous dont le seul refuge a été de saisir l’espérance qui nous était proposée. Cette espérance, nous la possédons comme une ancre de l’âme, sûre et solide ; elle pénètre au-delà du voile… » Hébreux 6 : 18-19, version LSG.
Allant plus loin, l’écrivain de l’épître (peut-être l’apôtre Paul lui-même), nous donne une définition qui lie indissociablement foi et espérance :
« La foi est une manière de posséder déjà ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités que l’on ne voit pas » Hébreux 11 : 1, version TOB ; ou encore : « La foi est la garantie des biens que l’on espère, la preuve des réalités qu’on ne voit pas » Hébreux 11 : 1, version FBJ.
Le chrétien averti n’a nulle raison d’être inquiet, car la Parole de Dieu a tracé en caractères clairs la trame générale de l’histoire de notre monde avec un final qui dépasse l’entendement humain.
Pourquoi donc avons-nous raison d’espérer ?
Primo, parce que nous avons été prévenus (cf. Jean 14 : 29). Les vérités prophétiques démontrent la fiabilité de la parole divine. Elles sont comme une lumière dans l’obscurité de le nuit (cf. 2 Pierre 1 : 19 ; Daniel 2). Elles sont fiables, car elles engagent l’amour et l’honneur de YHWH-Adonaï, notre Dieu secourable. Ce n’est pas par une volonté humaine que son grand projet nous a été transmis. Le Saint-Esprit a assuré « le service après-vente » (cf. 2 Pierre 1 : 21).
Secundo, parce que Dieu a apposé son sceau au bas de toutes les révélations concernant la finalité de l’histoire de notre planète. Son autorité est donc engagée. Son témoignage est irréfragable. Il est le fait de son amour pour nous.
« Or, l’espérance ne trompe point, parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné » Romains 5 : 5, version LSG.
De surcroît, L’espérance se vit comme une mesure à trois temps (cf. En musique = lente, moyenne, rapide). Elle appréhende le passé, le présent, le futur.
L’espérance a pour référence la reconnaissance que nous avons un Père. Il en est de même dans notre propre parcours de vie. Spirituellement, cette réalité historique devrait nous ancrer dans une relation affective comme celle que nous vivons dans notre propre famille. Elle est simplement de nature différente. Le psalmiste écrit :
« Du lieu de sa demeure il observe tous les habitants de la terre ; lui seul forme le cœur, il discerne tous leurs actes » Psaume 34 : 14, version FBJ.
Le roi David s’exclamera : « Je confesse que je suis une vraie merveille, tes œuvres sont prodigieuses : oui, je le reconnais bien » Psaume 139 : 14, version TOB.
Cette reconnaissance est incontournable, si nous voulons vivre l’espérance chrétienne. C’est pourquoi, un des premiers objectifs du fils bien-aimé Jésus-Christ a été de nous révéler son Père. C’est ce qu’il expliquera à Philippe (cf. Jean 14 : 8-31).
Avant de se rendre à Gethsémané, le Seigneur Jésus dira à ses disciples : « Et maintenant, Père, glorifie-moi auprès de toi de cette gloire que j'avais auprès de toi avant que le monde fût. « J'ai manifesté ton nom aux hommes que tu as tirés du monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés et ils ont observé ta parole » Jean 17 : 5-6, version TOB.
L’espérance inscrit en nous, au présent, une certitude a plusieurs volets.
D’abord l’assurance que nous sommes dès à présent dans la présence et l’accompagnement du Christ. C’est une expérience personnelle à expérimenter. L’apôtre Paul a expliqué la transformation qui s’opère entre le passé et le présent dans la marche chrétienne : « Rappelez-vous-qu’en ce temps-là vous étiez sans Christ, exclus de la cité d'Israël, étrangers aux alliances de la Promesse, n'ayant ni espérance ni Dieu en ce monde ! Or voici qu'à présent, dans le Christ Jésus, vous qui jadis étiez loin, vous êtes devenus proches, grâce au sang du Christ. Car c'est lui qui est notre paix… » Ephésiens 2 : 12-14, version FBJ.
L’espérance au présent, c’est donc croire en une Parole, celle du Christ (cf. Jean 14 : 1-3). Ne nous a-t-il pas dit : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » Matthieu 28 : 20, version LSG. Ou encore, il dira à Marthe : « Je suis la résurrection et la vie, celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » Jean 11 : 26, version LSG.
Croire en sa Parole, c’est marcher avec assurance sans crainte du lendemain. C’est aussi accéder à un espace de liberté, car le Christ nous a affranchis pour que nous soyons réellement libres (cf. Jean 8 : 36).
L’espérance au présent, n’est-ce pas aussi tout simplement vivre l’amour en expérimentant toutes les bonnes paroles délivrées par Jésus-Christ. En communiant chaque jour avec lui nous découvrons la profondeur de la véritable joie (cf. Jean 15 : 10-14).
J’aime cette supplique du psalmiste quand il dit : « Notre âme attend Yahvé, notre secours et bouclier, c'est lui ; en lui, la joie de notre cœur, en son nom de sainteté notre foi. Sur nous soit ton amour, Yahvé, comme notre espoir est en toi » Psaume 33 : 20-22, version FBJ.
L’espérance au présent, ancre de notre âme, instille en nous une profonde sérénité. Elle nous permet d’affronter toutes les difficultés de la vie avec plus d’aisance. La confiance surpasse le doute. Mais l’espérance ne supprime pas les épreuves, elle ne nous déconnecte pas non plus des réalités, elle nous donne la force de les combattre et de les surmonter. L’apôtre Paul qui a traversé tous les dangers (cf. 2 Corinthiens 11 : 23- 28) précise :
« Si en effet nous peinons et combattons, c'est que nous avons mis notre espérance dans le Dieu vivant, le Sauveur de tous les hommes, des croyants surtout » 1 Timothée 4 : 10, version FBJ.
Mais par-dessus tout, l’espérance au présent installe d’une façon irréversible l’assurance que nous sommes dès à présent sauvés, c’est-à-dire, candidat à la réalité d’un monde
totalement nouveau. Pour l’heure, concrètement, cela revient à nous dire que rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus- Christ. Comme l’apôtre Paul nous témoignons et disons :
« Oui, j'en ai l'assurance, ni mort ni vie, ni anges ni principautés, ni présent ni avenir, ni puissances, ni hauteur ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur » Romains 8 : 38-39, version FBJ.
Jésus a dit : « celui qui croit en moi a la vie éternelle » Jean 6 : 47, version LSG. Il n’est pas dit aura, mais a la vie éternelle (cf. ἔχει verbe indicatif présent à la 3è personne du singulier du verbe ἔχω = avoir).
L’espérance se vit avec la confiance. Cette dernière est au cœur de la foi.
« Ayant donc reçu notre justification de la foi, nous sommes en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, lui qui nous a donné d'avoir accès par la foi à cette grâce en laquelle nous sommes établis et nous nous glorifions dans l'espérance de la gloire de Dieu » Romains 5 : 1-2, version FBJ.
Je reprends ici le témoignage d’Abraham pour mettre en exergue la sublime expression de l’apôtre Paul. Elle a instruit bons nombres de croyants :
« espérant contre toute espérance, il crut et devint ainsi père d’une multitude de peuples… » Romains 4 : 18, version FBJ (cf. dans le texte grec, il faudrait traduire plus justement : il a eu la foi ; - πιστεύω = pisteuo = penser être vrai, être persuadé de, donner du crédit, placer sa confiance en ; racine de πίστις = la foi).
La foi dans le Nouveau Testament grec fait référence à la confiance (cf. Colossiens 2 : 12 ; 2 Corinthiens 5 : 7) à la fidélité (cf. Romains 3 : 3) ; à la connaissance (cf. 2 Timothée 1 : 12).
L’espérance se vit dans l’attente de la réalisation de toutes les promesses divines.
« Espérer ce que nous ne voyons pas, c’est l’attendre avec constance » Romains 8 : 25, version FBJ (ὑπομονή = hupomone = constance, persévérance, endurance).
L’espérance nous fait courir comme un athlète. L’apôtre Paul utilise cette image sportive pour nous signifier qu’il a un objectif : remporter le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ (cf. Philippiens 3 : 14, version LSG).
L’espérance est encore comme une assurance tous risques.
Cette formule d’assurance dépasse en garantie toutes nos erreurs de parcours. Elle a le pouvoir de les transformer en bonus pour nos vies. Cette espérance met dans nos cœurs la conviction que l’amour de Dieu est en action à chaque fois que nous le laissons agir. Notre responsabilité consiste à rechercher quotidiennement sa volonté en toutes circonstances (cf. Marc 3 : 35, Jean 9 : 31, Romains 12 : 2). Laisser notre Père agir, c’est croire que son amour va se mouvoir pour notre bien. L’apôtre Paul a eu le privilège d’expérimenter cette vérité. Il l’a formulée dans sa lettre à l’église de Rome :
« Nous savons que toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son propos » Romains 8 : 28, version JND.
L’espérance bannit la crainte et la peur du lendemain. L’histoire du peuple d’Israël est là pour nous instruire. Au soir de sa vie Moïse délivra un dernier message à son peuple, car ce dernier doutait de voir un jour la terre promise. Il désespérait d’en prendre rapidement possession. Alors Moïse leur dit solennellement à l’âge de cent vingt ans (avant de passer le flambeau à Josué) :
« Soyez forts et tenez bon, ne craignez pas et ne tremblez pas devant eux, car c'est Yahvé ton Dieu qui marche avec toi : il ne te délaissera pas et ne t'abandonnera pas. " Puis Moïse appela Josué et il lui dit aux yeux de tout Israël : " Sois fort et tiens bon : tu entreras avec ce peuple au pays que Yahvé a juré à leurs pères de leur donner, et c'est toi qui les en mettras en possession. C'est Yahvé qui marche devant toi, c'est lui qui sera avec toi ; il ne te délaissera pas et ne t'abandonnera pas. Ne crains pas, ne sois pas effrayé » Deutéronome 31 : 6-8, version FBJ.
L’espérance c’est surtout la relation que l’on veut poursuivre avec un Père. La prière de Jésus est significative à cet effet. Il nous recommande de la formuler ainsi :
« Notre Père qui es dans les cieux, que ton Nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel… » Matthieu 6 : 9-10, version FBJ.
Conclusion :
L’espérance, cette ancre sûre et solide de l’âme, a pour bénéfice d’accueillir le Christ avec toutes ses promesses. L’apôtre Paul, souvent cité dans notre réflexion, l’avait bien compris. Il se présente à son disciple Timothée en déclinant les références de son mandat : « Paul, apôtre du Christ Jésus selon l’ordre de Dieu notre Sauveur et du Christ Jésus, notre espérance » 1 Timothée 1 : 1, version FBJ. Dans ses recommandations aux chrétiens de Rome, il mentionnera « la joie de l’espérance » Romains 12 : 12, version FBJ, malgré les tribulations. Alors oui ! l’espérance chrétienne nous parle de Dieu et de son envoyé Jésus-Christ :
« Dieu a bien voulu leur faire connaître de quelle gloire est riche ce mystère chez les païens : c’est le Christ parmi vous ! l’espérance de la gloire ! » Colossiens 1 : 27, version FBJ.
Dans une de ses premières lettres envoyées vers les années 50-52 ap. J.C., l’apôtre Paul prononcera cette prière à l’adresse des chrétiens de Thessalonique :
« Que notre Seigneur Jésus Christ lui-même, ainsi que Dieu notre Père, qui nous a aimés et nous a donné, par grâce, consolation éternelle et heureuse espérance, consolent vos cœurs et les affermissent en toute bonne œuvre et parole » 2 Thessaloniciens 2 : 16-17, version FBJ.
Dès lors comment ne pas admettre que l’espérance est indissociable de la vie ! Certes espérer dans le langage humain c’est prendre un risque, mais dans la Parole divine, le risque est dans notre résistance à accueillir Christ, notre espérance.
« Demandez-vous compte du sentiment qui domine votre vie, et vous saurez ce qu’elle vaut » A. de Gasparin, écrivain et théologien protestant français.
Jacques Eychenne
PS : LSG, version Louis Segond, 4è. éd. 1982 ; FBJ, version Française de la Bible de Jérusalem ; TOB, version de la Traduction Œcuménique de la Bible ; JND, version John Nelson Darby.